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21 décembre 2019

Homélie de la messe de Minuit

Homélie de la messe de Minuit - projet 4

 Les enfants, nous venons de jouer une petite saynète qui nous fait entrer dans le mystère de Noël. Je voudrais vous raconter une petite histoire. C'est celle de Silo, un petit berger(1) du temps de Jésus. Il était tout jeune et le soir de Noël il a perdu sa brebis. Il l’a longtemps cherché, mais quand il l’a trouvé il faisait nuit. Et comme il était un peu perdu, il a été lui aussi à l'auberge, attiré par les lumières et la fête. Mais les bergers, au temps de Jésus, n'étaient pas considérés comme des gens biens. Ils étaient rejetés parce qu'ils sentaient forts, qu'ils avaient les mains sales. il s'est vu interdire la porte de l’auberge.. alors il s’est couché à côté du puits, affamé et apeuré.
Quand les premières étoiles sont arrivées c'est lui a rencontré Marie et Joseph et les a conduit à la crèche.Comme ils avaient soif,  il a confié sa brebis à Joseph puis il a couru plusieurs fois, entre le puits et la crèche.  Lorsque les anges ont appelé ses frères,  il était là, lui aussi, les mains vides. Il était fatigué d’avoir aidé Joseph, d’avoir donné à boire à l’âne, d’avoir porté de l’eau à Marie, mais il avait les mains vides. Il est entré tout doucement alors que les autres bergers arrivaient. Ils avaient tous des petits cadeaux pour Joseph et Marie, du fromage, de la laine. Lui n'avait rien, qu'un cœur d'enfant et les mains propres à force d’avoir titré de l’eau. Quand Marie a vu cette foule, elle a cherché à poser le petit Jésus pour recevoir tous ces petits cadeaux et elle lui a confié l'enfant. Il avait les mains vides et c'est lui qui a reçu Jésus.

Pourquoi ? D'après- vous ?

Ce soir, peut-être allez-vous recevoir des cadeaux de vos parents. Peut-être y aura-t-il des lumières de toutes les couleurs au sapin...

N'oubliez pas l'essentiel. Ce n'est pas l'extérieur qui compte. L'essentiel c'est l'amour. C’est l’amour qui/que vous donnera Jésus.

C’est Noël chaque fois que vous serez serviteur, chaque fois que l’amour sera premier pour vous.
C’est aussi l’amour qui conduit votre papa et votre maman qui est l’important. L’essentiel c'est surtout Jésus qui vient et vous rend visite, vous inviter à aimer...
L'essentiel c'est d'avoir un cœur pur... et un cœur qui bat pour ceux qui sont exclus, souffrants.

L'essentiel c'est l'amour de Jésus qui vient vous visiter
L'essentiel c'est d'oublier le superflu
L'essentiel c'est d'avoir un cœur qui bat pour aimer.
L'essentiel c'est l'amour.

Alors vous comprendrez que contempler la crèche, comme la Croix, c’est contempler l’amour qui se donne et vous invite à donner. Ces deux lieux sont les lieux où Dieu se montre faible, où il se met à nu devant l'homme pour l'inviter à aimer.

Petit message pour les parents :
Il y a quelques jours le pape a mis au Vatican un gilet de sauvetage sur un crucifix. Ce gilet appartenait à un disparu en Méditerranée. Pourquoi ce geste ? Parce que pour lui, les nouveaux migrants, ceux qui sont exclus de l’auberge, sont à nos portes et souvent nous restons à l’auberge... Je vous laisse méditer cela, au jour de Noël.

(1) Autre variation d’un conte raconté par le P. Cantalamessa
PS : Silo est le héros de mon livre éponyme (en téléchargement gratuit sur Fnac.com), dont je présente ici une petite variation




Projet 3 - homélie du 4eme dimanche de l’avent

Projet 3
Quel est l'enjeu de ces quatre lectures que la liturgie nous propose à quelques jours de Noël ?

Peut être une interpellation : celle qui nous conduit à recevoir ce Dieu qui sauve...
Puis une contemplation : celle des pas de Dieu vers l'homme
Enfin une méditation : comment Joseph nous montre le chemin

Interpellation donc :
Nous allons fêter Noël. Mais la fête qui se prépare n'est rien si nous n'allons à l'essentiel : accepter ce Dieu qui sauve...

Quel enjeu pour nous ?
Il nous est donné par le psaume, retrouver la pureté intérieure :
L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.

L'enjeu de l'avent est de purifier notre cœur pour accueillir véritablement, je dirais même virginalement la venue de Dieu en nous.

C'est dans l'entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons la clé de lecture de ces textes.
« personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.»
‭‭Jean‬ ‭3:3

Notre baptême doit être une nouvelle naissance. le renouvellement de ce qui constitue le cœur de notre état de baptisé. Purifier nos cœurs, c'est se laisser interpeler par Dieu, voir ce qui n'est pas amour en nous. Chacun d'entre nous est d'ailleurs invité avant Noël au sacrement de réconciliation qui scelle entre Dieu et nous une alliance nouvelle. Purifions notre vie. Ouvrons nos cœurs à l'esprit.

L'avent est baigné et stimulé par cette démarche d'ouverture du cœur qui naît d'une Contemplation.

Isaïe évoque la naissance d'un fils de roi qui sortira le peuple de l'exil. Mais cette prophétie n'avait jamais été pleinement réalisée car nous le savons bien, le peuple juif n'est, comme nous, rarement digne de la miséricorde divine. C'est pourquoi elle est reprise dans un autre contexte, plus large, celui du salut que Jésus Christ nous apporte.

Christ vient nous sauver.

Plus que la magie enfantine qui s'est forgée autour de Noël, ce qui nous est donné à contempler, le salut véritable n'est pas seulement la magie de Noël mais le changement de nos cœurs qui passe de la morale et le jugement à un amour plus large, celui de Joseph qui passe du jugement à la confiance, celui que nous avons aussi à trouver en nous, le chemin de la confiance au delà du doute.. celui qui est plus grand que Noël, le d'un Christ venu changer nos cœurs, le don de la Passion, d'un Christ mort pour nous et que Dieu a ressuscité.

Dieu nous sauve... Tel est le message donné à Joseph, tel est le message que nous avons à découvrir dans et au delà de Noël. Dieu nous sauve en ouvrant nos cœurs au delà d'une morale étriquée. Joseph est une belle figure à contempler sur ce chemin, vers ces fiançailles à laquelle Dieu nous invite

15 décembre 2019

Homélie du 22/12/19 - 4eme dimanche de l’avent - Année À - Matthieu 1

Projet 2 - voir plus haut le projet 3
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Quel est l'enjeu de ces quatre lectures que la liturgie nous propose à quelques jours de Noël ?

Peut être une interpellation : celle qui nous conduit à recevoir ce Dieu qui sauve...
Puis une contemplation : celle des pas de Dieu vers l'homme

Interpellation donc :
Nous allons fêter Noël. Mais la fête qui se prépare n'est rien si nous n'allons à l'essentiel : accepter ce Dieu qui sauve...

Quel enjeu pour nous ?
Il nous est donné par le psaume :
L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.


L'enjeu de l'avent est de purifier notre cœur pour accueillir véritablement, je dirais même virginalement la venue de Dieu en nous.

C'est dans l'entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons la clé de lecture de ces textes.

«Jésus lui répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.» Nicodème lui demanda: «Comment un homme déjà âgé peut-il naître de nouveau? Il ne peut pourtant pas retourner dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois?» Jésus répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit.»
‭‭Jean‬ ‭3:3-5‬

Notre baptême doit être une nouvelle naissance. le renouvellement de ce qui constitue le cœur de notre état de baptisé nous invite à purifier nos cœurs.  C'est pour cela que chacun d'entre nous est invité avant Noël au sacrement de réconciliation qui scelle entre Dieu et nous une alliance nouvelle. Purifions notre vie. Ouvrons nos cœurs à l'esprit.

Mais ce chemin qui est celui de tout l'avent est aussi baigné et stimulé par une Contemplation.

Le texte d'Isaïe fait à l'origine référence à une naissance : celle d'un fils de roi qui sortira le peuple de l'exil. Mais cette prophétie n'avait jamais été pleinement réalisée car nous le savons bien, le peuple juif n'est, comme nous, rarement digne de la miséricorde divine. C'est pourquoi elle est reprise dans un autre contexte, plus large, celui du salut que Jésus Christ nous apporte. e. Plus que la magie enfantine qui s'est forgée autour de Noël, ce qui nous est donné à contempler, le salut véritable n'est pas seulement la magie de Noël mais le don de la Passion (Christ mort pour nous) et de la résurrection.


10 novembre 2019

Homélie du 32eme dimanche - Résurrection - version finale ?


De quel côté sommes-nous ?
Du côté de la vie, de la foi, de l’espérance et de la charité
Ou du côté de la mort, de la haine et du jugement ?
Il n’y a pas d’entre deux et saint Luc depuis le récit du Fils prodigue nous conduit vers ce choix.
Un petit mot sur le contexte... avant de voir l'enjeu pour nous.Le cœur de ces trois textes s’ordonne autour de la résurrection.
La première lecture est pratiquement le seul texte de l’Ancien Testament où ce concept effleure et la question posée par les Saducéens montre que le sujet n’était pas partagé par la plupart des Juifs. S’il n’y a pas de résurrection tout s’arrête. Et l’on peut percevoir le désespoir des Juifs qui sont face aux premiers martyrs.
Et nous que pensons-nous du sujet ?
J’ai vu passer une étude qui affirmait qu’une tranche importante des catholiques ne croyait pas à la résurrection. Comment est-ce possible ? Si le Christ est mort sans ressusciter que croire ?
Si Jésus fait allusion à Abraham, Isaac et Jacob comme des vivants et non des morts, c’est pour nous entraîner au-delà de notre vision étriquée du monde. Croire en Dieu c’est croire que l’amour dépasse les limites de la mort. C’est croire qu’en dépit de nos erreurs, Dieu continue à crier vers nous.
La question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». traduit cette bienveillance de Dieu au-delà de nos erreurs. Rappelons-nous : L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui
Depuis Adam, Dieu ne cesse de courir à nous...
Et la Bible n’est qu’un long récit de nos manières de ne pas entendre l’appel... La résurrection est le cadeau final, ce qui nous inscrit dans l’espérance...
Christ est mort par la faute des hommes, mais Dieu est plus grand que nos erreurs. Dieu ne cesse de nous tendre la main... Croire que tous ceux qui nous ont précédé dans la vie, nous précède auprès du Père.
Dans les icônes orthodoxes on voit même le Christ relever Adam et Ève des ténèbres de la nuit, signe que Christ est venu pour sauver l’humanité passée et future, alors n’ayons pas peur. Il est vivant !
Croire c’est aussi avancer. Nous  pouvons le faire de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de le suivre dans une vie totalement consacrée, ceux qu’il appelle « les anges »...
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?
Laissons-nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du lévirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ? 
Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité. 
« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

31 octobre 2019

Homélies du 2 et 3 novembre - Messe des défunts et Zachée

  1. Homélie du 2 novembre - Commémoration de tous les fidèles défunts
Projet n.3

Aujourd’hui nous faisons mémoire de nos défunts. l,enjeu pour nous n’est pas de tomber dans une mémoire négative ou un jugement de ceux qui nous ont précédé.
le risque  est d’entrer dans le jugement. c'est notre rapport à la loi...

« La mort a été engloutie dans la victoire.  Ô Mort, où est ta victoire ?
Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?  L'aiguillon de la mort,c'est le péché ; ce qui donne force au péché, c'est la Loi. » (1, Co 15,56)

Arrêtons-nous nous sur cette dernière phrase. « ce qui donne force au péché, c'est la Loi. » quand nous brandissons la loi comme un étendard nous ne sommes pas dans la miséricorde et l'amour mais dans le jugement et le pouvoir...
Attention à nos poussées moralisatrices.

« ce qui donne force au péché, c'est la Loi. »
« Que celui qui n'a pas péché jette la première pierre ». (Jn 8)
Non  l’enjeu si bien décrit par le livre de la sagesse est de croire, d’espérer et d’aimer.

Ces trois vertus théologales doivent être la clé de l’approche de la mort.

croire en la résurrection 
espérer que nous nous retrouverons dans l’amour
vivre de cet amour:

Qu'est-ce qui nous attend en effet ?
La question que pose ces textes peut nous conduire à entrer dans ce type de considération pour nous-mêmes et dépasser celle que nous nous posons sur ceux qui nous ont précédé.
Peut-être que ce détour est même souhaitable par rapport à une fausse idée sur le mystère de la mort...
Qu'est-ce qui nous attend ?
Finalement, la réponse est double.

1ère réponse
Elle repose d'abord sur ce que nous faisons dans l'orde de l'amour. C'est ce à quoi nous appelle l'évangéliste : tout ce qui est amour nous fait entrer dans l'infini de Dieu amour.
« Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ;j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ;j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;j'étais nu, et vous m'avez habillé ;j'étais malade, et vous m'avez visité ;j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !' »

Nos choix nous donnent la direction. Notons d'ailleurs que selon Matthieu ce n'est pas Dieu qui conduit au châtiment mais l'homme qui y va tout seul par son refus de Dieu : « ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel »...(Mat 25, 46). Ils s'en iront tout seuls...

C'est là où la 2eme réponse que nous donne la tradition de l'Église est importante et intrinsèquement liée à la première :
Puisque Dieu est miséricorde, il est venu pour sauver en nous ce qui n'est pas encore amour. En nous détournant de l'amour nous choisissons nous mêmes notre mort. En nous laissant transformer par Lui, nous purifions ce qui n'est pas encore amour.
C'est par ce détour que nous pouvons maintenant revenir à ceux qui sont déjà partis.

Ils sont morts à nos yeux et pourtant, comme l'affirme la première lecture ils sont dans le cœur de Dieu.
« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ;
aucun tourment n'a de prise sur eux. » (SG, 3, 1)
Ce qui a été amour est toujours vivant tel est notre espérance.



Projet 2 : Homélie du 3 novembre

Il y a une correspondance intéressante entre ce que je disais hier et les textes d'aujourd'hui.
Tout dépend de nos choix, de notre désir de laisser Dieu demeurer en nous.

"Notre Dieu [nous] trouve dignes de l'appel qu'il [nous] a adressé ;
par sa puissance, qu'il [nous] donne d'accomplir tout le bien que [nous] désirons,
et qu'il rende active [notre] foi". Nous dit la lecture de 2 Thessaloniciens (1, 11).

Cette dignité n'est pas un dû mais un appel à la responsabilité.

Souvent nous voulons prendre la main sur notre histoire, maîtriser l'autre. C'est la tentation du diacre, comme du mari, de la femme sur sa maison, comme du prêtre sur sa paroisse. 

Nous voulons consciemment ou non avoir le pouvoir. 

Le chemin de Dieu passe par une descente de nos tours humaines. Une descente à Jéricho. Les pères de l'église y voit un premier signe dans ce texte... 

Comme Zachee (Luc 19), écoutons humblement Jésus nous dire : « descend vite, il faut que je demeure chez toi »

Prenons le temps d'entendre Jésus nous dire cela...
Laissez vous habiter par Dieu en commençant par cette eucharistie...
En avançant tout à l'heure vers l'autel tendez vos mains pour signifier cela...
Seigneur viens... viens habiter chez moi. Viens transformer ma vie.



19 septembre 2019

Homélie du 25ème dimanche ordinaire - Am 8, Ps 112, 1 Tm 2 et Luc 16 - Dieu et l'argent

Projet 5
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Où sont nos priorités ?
Je vous posais déjà cette question il y a 15 jours et vous allez trouver que je radote un peu.
Pourtant cette apparente rengaine n'est que la suite du message de Jésus rapporté par Luc,
qu'il développe patiemment depuis le chapitre 14. Rappelez-vous déjà les mouvements auxquels il nous appelait :
- l'abaissement
- le choix de Dieu d'abord
- l'attention à Dieu et au véritable prochain.
A plus court terme, dans l'évangile lu dimanche dernier, avec le récit du fils prodigue, notre curé nous interpellait sur la miséricorde de Dieu, mais aussi sur l'attitude du deuxième frère, notre propension au jugement et notre attachement au matériel... Que vaut un veau gras par rapport au frère
retrouvé, à l'amour...
Aujourd'hui Luc va plus loin. Il nous conduit à voir ce qui en nous nous sépare de Dieu et notamment de deux des trois écueils principaux de l'homme : le pouvoir et l'argent. Combien d’enferment sur nous mêmes, de portes que nous fermons, de porte monnaies qui ne laissent échapper que des pieces jaunes. Tout cela nous empêche d’ouvrir nos mains à ceux qui pleurent et qui crient à notre porte... !

Déjà Amos insistait sur ce point : "vous écrasez les malheureux, anéantissez les humbles"...
Le pouvoir, l'avoir (et le valoir) sont les trois failles de l'homme.
Par notre désir de prendre pouvoir sur l'autre, d'opprimer ou de juger les faibles (comme le deuxième frère du fils prodigue) nous éloigne de Dieu...

L'avoir, l'amour de l'argent est la deuxième faille. Elle pollue nos relations...
Et l'épisode du gérant malhonnête montre comment nous rusons avec lui.
Mais Luc dénonce cela avec force : se détacher de l'argent... devenir
généreux non pour acheter l'autre mais pour aimer en vérité. Voici à
quoi Dieu nous appelle...
Renoncer...
------- (supplément pour dimanche)
C’est ce que vont faire aujourd’hui parents, parrains et marraines de ces trois enfants, baptisés aujourd’hui...
Les jeunes enfants ne sont pas encore pollués par cela. En cela, ils nous précèdent dans le royaume. En contemplant ces 3 enfants que nous allons baptiser aujourd'hui je vous invite, à la suite de Jésus, à retrouver la candeur de votre enfance, à devenir des dépendants de Dieu, loin du pouvoir et de l'avoir...
Et vous parents, parrains et marraines, je vous invite à conduire ces enfants loin de ces chemins qui nous détournent de Dieu... Non pas en les gâtant de cadeaux et en les rendant dépendants à l’argent, mais bien en les conduisant à l’essentiel,
———
L’enjeu est d’aller à l’inverse de ce qui nous attire. Loin de l’argent et du pouvoir, il y a l’humilité et le don. Un amour désintéressé et débordant, l’amour qui nous vient de Dieu. Cet amour là s’est manifesté en Christ. Il est le chemin...
J’en viens à 1 Timothée 2 « le Christ s’est donné lui-même en rançon pour tous ». L’erreur serait de croire que la rançon est payée à un dieu jaloux. Le prix payé par le Christ est le prix payé du don de soi pour nous inviter au même don et ainsi nous libérer de la tentation du pouvoir et de l’argent. C’est un agenouillement devant l’homme. La rançon au temps de Jésus était le prix payé pour libérer l’esclave. En offrant sa vie, Christ nous aide à nous libérer du mal. En communiant à son Corps nous participons à cela. Méditons le dans le silence.

13 septembre 2019

Les richesses sont-elles dangereuses pour le salut ? - Saint Jean Chrysostome

     


En la fête de Chrysostome un cadeau de Clerus.org

HOMÉLIE 34 (13,8) OU LES PROPHÉTIES SERONT RENDUES INUTILES, OU LES LANGUES CESSERONT, OU LA SCIENCE SERA ABOLIE.

Chrysostome sur 1Co 3400

3400
(
1Co 13,8)

ANALYSE.

1. La charité supprime tous les maux.
2. La connaissance que nous avons de Dieu en cette vie ne peut être qu'une connaissance imparfaite.
3. Eloge de la charité.
4-7. Avec quelle ardeur il faut embrasser la charité. — Combien Dieu a fait de choses pour unir les hommes entre eux. — Des mariages. — Pourquoi Dieu les a défendus entre parents. — Comparaison de deux villes, l'une toute de riches, l'autre toute de pauvres. — Du respect pour l'Ecriture. — N'y rien ajouter, n'en rien retrancher. — D'où viennent les richesses et la pauvreté. — Dieu attend les mauvais riches à pénitence.

3401 1. Après avoir montré l'excellence- de la charité, en ce que les grâces et les succès du monde ont besoin d'elle, après avoir énuméré toutes ses vertus, et montré qu'elle est le fondement de la philosophie parfaite, il montre dans un nouveau et troisième point quelle est sa valeur. Et il le fait pour persuader à ceux qui sont humbles qu'ils ont le principal des biens, et que s'ils ont la charité, ils ne possèdent pas moins et possèdent même plus que ceux qui sont combles de faveurs; et aussi pour rabaisser ceux qui, combles de ces faveurs, en seraient enorgueillis, et pour leur montrer qu'ils n'ont rien s'ils n'ont la charité. Les hommes s'aimeront entre eux quand l'envie et l'orgueil seront supprimés parmi eux, et d'un autre côté, s'ils s'aiment les uns les autres, ils écarteront loin d'eux ces vices. Car « la charité n'est sujette ni à l'envie ni à l'orgueil ». Ainsi il a entouré les hommes comme d'un mur solide, et de cette concorde générale qui supprime tous les maux, et n'en devient que plus ferme, il leur a présenté toutes les raisons qui peuvent relever leur courage. C'est un même esprit qui donne, dit-il, et il donne en vue de l'utilité ; il distribue ses dons comme il lui plaît, et il les distribue à titre de faveurs et non de dettes. Quelqu'un eût-il reçu de moindres dons, il compte cependant parmi les élus, et jouira de grands honneurs; celui qui en a reçu de plus grands, a besoin de celui qui en a moins, et c'est la charité qui est le premier des dons et la voie la meilleure.

C'est ainsi que parlait l'apôtre, unissant les hommes entre eux par un double lien ; par la croyance qu'ils ne sont pas moins bien partagés, quand ils ont la charité, et que, s'ils s'empressent vers elle et la possèdent, ils ne souffriront plus aucun des maux de l'humanité, soit parce qu'ils ont la source de tous les biens, soit parce que tout en n'ayant rien, ils ne sont plus sujets à aucune lutte : car celui qui a été captivé par la charité, est tout aussitôt exempt de luttes. Aussi montrant tous les biens que l'on recueille de la charité, il a décrit ses fruits, dont le seul éloge est capable de guérir les maux des hommes. En effet, chacune de ces paroles est un remède suffisant pour guérir leurs blessures. C'est pourquoi il disait : «Elle est patiente », contre ceux qui s'emportent aux disputés; «elle est exempte d'envie », contre les hommes qui portent envie à ceux qui sont au-dessus d'eux; « elle n'est pas arrogante », contre ceux qui ne veulent condescendre à rien ; « elle ne cherche point son intérêt », contre ceux qui méprisent l'intérêt des autres; « elle ne s'excite point, elle ne médite point le mal », contre ceux qui se portent aux outrages ; « elle ne se plaît point (528) à l'injustice, et elle se plaît à la vérité », encore contre les envieux; « elle défend tous les hommes », contre ceux qui dressent des embûches; « elle espère tout », contre ceux qui se désespèrent; « elle supporte tout et ne perd jamais patience », contre ceux qui se livrent facilement à la discorde.

Après avoir ainsi montré la grandeur de la charité et sa supériorité, il en fait voir l'excellence sous un autre point de vue; il compare la charité à d'autres objets pour exalter sa valeur, et il dit: « Ou les prophéties seront rendues inutiles,ou les langues cesseront».En effet, si elles n'ont été accordées aux hommes qu'à cause de la foi, dès que celle-ci sera répandue par toute la terre, elles seront inutiles. Mais cette affection mutuelle ne cessera point, elle s'accroîtra au contraire, et sera plus forte encore dans l'avenir que dans le présent. Car aujourd'hui. il y a bien des causes qui affaiblissent et diminuent la charité, les richesses, les affaires, les maladies du corps et les souffrances de l'âme. Mais que les prophéties et les langues cessent, cela n'est pas étonnant; que la science elle-même soit abolie, voilà qui soulève des questions, car il ajouté : « Ou la science sera abolie ». Quoi donc? Nous vivrons alors dans l'ignorance ? A Dieu ne plaise ! Car la science alors devra être augmentée, et c'est pourquoi l'apôtre disait : « Alors je connaîtrai comme je suis connu ». (
1Co 13,12) C'est pourquoi, afin de ne pas laisser croire que la science cessera, de même que les prophéties et les langues, après avoir dit: « Ou la science sera abolie », il ne s'en contente point, mais il ajoute la manière dont elle sera détruite, disant.: « Nos connaissances sont partielles, et nos prophéties sont partielles. Mais quand sera venu ce qui est parfait, alors sera inutile ce qui est partiel ». La science donc ne sera point abolie, mais seulement la science partielle : non-seulement nous aurons autant et d'aussi grandes connaissances, nous en aurons de plus grandes encore. C'est ce qu'un exemple montrera bien, nous savons aujourd'hui que Dieu est partout, mais comment? Nous l'ignorons : Nous savons qu'il a tout tiré du néant, mais la manière, nous l'ignorons ; qu'il est né d'une Vierge, mais comment, nous l'ignorons également. Il montre ensuite combien grande est la différence entre ces deux sciences, et que ce qui nous manque n'est pas peu, disant : « Quand j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; quand je suis devenu homme, j'ai rejeté ce qui était de l'enfant ». Il nous le montre encore par un autre exemple, disant : « Nous voyons maintenant à travers un miroir (12) ».

3402 2. Après avoir montré ce miroir, il ajoute « Dans une énigme », prouvant plus clairement encore que notre science présente ne consiste qu'en de faibles parties. « Mais alors face à face », non pas que Dieu ait une face; c'est pour exprimer sa pensée d'une manière plus claire et plus intelligible. Voyez-vous comme notre connaissance s'accroît par degrés? « Maintenant je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu». Voyez-vous comme il rabaisse doublement leur orgueil, et en ce due leur science n'est que partielle, et en ce qu'ils ne l'ont point tirée d'eux-mêmes? Ce n'est pas moi en effet, dit saint Paul, qui connais Dieu, c'est Dieu qui s'est fait connaître à moi. De même donc qu'aujourd'hui il me connaît d'abord, et vient vers moi, ainsi alors j'irai vers lui avec un empressement bien plus vif qu'aujourd'hui. En effet, celui qui demeure dans les ténèbres ne peut pas, avant d'avoir vu le soleil, s'empresser vers la beauté de ses rayons, c'est le soleil qui de lui-même et par son éclat se, montre à lui, mais quand il a perçu cette splendeur, il poursuit la lumière. Voilà ce que veut dire cette expression : « Comme je suis connu » ; non pas que nous connaîtrons Dieu comme il nous connaît, mais de même qu'aujourd'hui il vient vers nous, ainsi alors nous irons vers lui, et nous connaîtrons bien des mystères aujourd'hui cachés, et nous jouirons de cette science et de ce commerce bienheureux. Si, en effet, Paul qui savait tant de choses n'était qu'un enfant, réfléchissez à ce que sera cette science nouvelle, si l'ancienne n'était qu'un miroir et une énigme, pensez à ce que sera Dieu vu face à face. Pour vous faire sentir cette différence, et faire entrer dans votre âme un rayon obscur de cette connaissance, rappelez-vous les prescriptions de l'ancienne loi, maintenant que la grâce a brillé. Avant la grâce, elles paraissaient grandes et merveilleuses ; écoutez pourtant ce que Paul en dit après la grâce : « Ce qui a brillé en cette partie n'a pas été glorifié à cause d'une gloire supérieure ». (2Co 3,10)

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Pour rendre ma pensée plus claire, appliquons notre discours à une de ces prescriptions qu'on accomplissait alors sous la forme mystique, et vous verrez quelle est la différence. Prenons la Pâque, si vous- voulez, et l'ancienne et la nouvelle, et vous reconnaîtrez l'excellence de celle-ci. Les Juifs célébraient l'ancienne, mais ils la célébraient comme. s'ils la voyaient à travers un miroir et une énigme. Ces mystères cachés ne se présentaient pas même à leur pensée, et ils ne savaient point quelles étaient ces choses qu'ils annonçaient, mais ils ne voyaient qu'un agneau immolé, et le sang d'une bête, et les portes qui en étaient arrosées. Mais que le Fils de Dieu incarné dût être immolé et délivrer la terre, et donner son sang à goûter aux Grecs et aux barbares, ouvrir le ciel à tous, et offrir au genre humain les biens d'en haut, qu'il dût porter cette chair sanglante au-delà des cieux et des armées des anges, des archanges et des autres puissances, et la placer sur un trône divin à la droite du Père, brillant d'une gloire ineffable: voilà ce que ne savaient point les Juifs, ni aucun autre parmi les hommes, et ce qu’ils ne pouvaient point soupçonner. Mais que disent les impies, qui osent tout? que cette parole : « Maintenant je connais en partie », s'applique à la Providence, car saint Paul avait la cou naissance parfaite de Dieu. Et comment se fait-il qu'il se donne le nom d'enfant? Comment voit-il à travers un miroir, comment à travers le voile d'une énigme, s'il possède la science parfaite? Pourquoi est-ce qu'il attribue cette science au Saint-Esprit, à l'exclusion de toute autre puissance créée, disant : « Qui est-ce qui connaît les pensées de l'homme, sinon l'esprit qui est en lui ? Ainsi personne ne connaît ce qui se rapporte à Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu ». (1Co 2,11). Et d'un autre côté, le Christ déclare que cette science est à lui tout seul, car il parle ainsi « Personne n'a vu le Père », si ce n'est celui qui « vient du Père ; celui-là a vu le Père » (Jn 6,46) : nous apprenant que cette vue seule est la connaissance claire et parfaite. Comment celui qui connaît la substance d'un être peut-il en ignorer l'économie? La connaissance de la substance est plus difficile que l'autre. —Ainsi, suivant l'apôtre, nous ignorons Dieu? — Loin de là ; nous savons qu'il est, mais quelle est sa substance, nous l'ignorons. Et ce qui prouve que cette parole : « Maintenant je connais en partie », ne s'applique point à la Providence, c'est la suite, car saint Paul ajoute : « Alors je connaîtrai comme je suis connu ». Or ce n'est point la Providence, c'est Dieu qui connaît. Cette opinion n'est donc pas simplement inique, elle l'est deux, et trois et mille fois. C'est par conséquent une vanité absurde, non-seulement de se glorifier de savoir ce que savent seuls le Saint-Esprit et le Fils unique de Dieu, mais encore de prétendre arriver par le raisonnement à cette connaissance parfaite, quand saint Paul n'a pu en saisir qu'une partie, et encore par une révélation d'en haut; car je défie que l'on me montre un seul passage de l'Ecriture qui raisonne de ces choses. Mais laissons de côté la folie des impies, et voyons ce que l'apôtre dit encore de la charité. Il ne s'en est pas tenu là, il ajoute : « Maintenant restent la foi, l'espérance, la charité, mais, la charité l'emporte sur les deux autres vertus ».

3403 3. Car la foi et l'espérance cessent, quand sont arrivés les biens dans lesquels on a cru et qu'on a espérés. C'est ce que veut dire saint Paul par ces paroles: « L'espérance qu'on voit n'est point l'espérance ; pourquoi en effet espérer ce que déjà l'on voit». (Rm 8,24) Et en un autre endroit : « La foi est la substance des choses que l'on espère et la preuve des choses qui n'apparaissent point ». (He 11,1) C'est pourquoi la foi et l'espérance cesseront, quand ces biens nous seront apparus; mais la charité s'en accroîtras et deviendra plus forte. Autre éloge de la charité : elle ne se contente point des biens qu'elle a ; elle s'efforce toujours d'en trouver de nouveaux.

Faites-y attention : il a dit que la charité est le plus grand des dons, et la voie la meilleure pour les obtenir; il a dit que sans elle, ces dons ne nous servent pas beaucoup; il l'a décrite par des traits nombreux, il veut de nouveau l'exalter d'autre façon et montrer qu'elle est grande en ce qu'elle est stable. C'est pourquoi il a dit : « Ce qui nous resté, c'est la foi, l'espérance, la charité, ces trois vertus, mais la charité l'emporte sur les autres ». Comment donc l'emporte-t-elle?, en ce que les autres passent. Si donc telle est la force de la charité, il ajoute à bon droit : « Poursuivez la charité ». En effet il faut la poursuivre et s'empresser vivement vers elle, car elle est prompte à s'envoler, et grands sont les (530) obstacles qui nous arrêtent dans notre course vers elle. Il faut donc déployer une grande énergie pour la saisir; c'est ce que le bienheureux Paul voulait montrer, car il n'a pas dit: Suivez la charité, mais « poursuivez la charité », nous excitant ainsi et nous enflammant du désir de l'atteindre. Dieu, dès le commencement du monde, a employé des moyens innombrables pour la faire pénétrer dans nos âmes : car il a donné à tous les hommes un seul père, Adam. Pourquoi ne naissons-nous pas tous de la terre? Pourquoi ne naissons-nous pas déjà formés et développés, comme Adam? C'est afin que donnant le jour à nos enfants et les élevant, et que nés nous-mêmes d'autres, nous nous aimions les uns les autres. C'est pourquoi il n'a pas formé la femme de la terre. Comme il ne suffisait pas pour nous inculquer le respect qui mène à la concorde, d'être de la même substance, et qu'il- fallait encore avoir un auteur unique de notre race, il a voulu qu'il en fût ainsi. Séparés aujourd'hui par l'espace seul, nous nous considérons comme étrangers les uns aux autres; cela serait arrivé bien plus encore, si notre naissance avait eu deux principes. C'est pourquoi il n'a fait en quelque sorte du genre humain qu'un seul corps, qui n'a qu'une tête. Et, comme au commencement il paraissait y en avoir deux, voyez, comme il les a rassemblées et unies en une seule par le mariage. « A cause de cela » dit-il, « l'homme abandonnera son père et sa mère, et il s'attachera a sa femme et ils seront deux en une même chair ». (Gn 2,24)

Il n'a point dit: la femme, mais« l'homme», parce que c'est en lui que la concupiscence est la plus grande. Et Dieu l'a voulu ainsi afin de fléchir la supériorité de l'homme. par la tyrannie de cet amour, et de le soumettre à la faiblesse de la femme. Comme il fallait établir le mariage, il a donné à l'homme une femme sortie de lui ; car Dieu a tout fait en vue de la charité. Si en effet, les choses étant ainsi, le démon a pu les égarer et semer entre eux l'envie et la discorde, que n'aurait-il pu, s'ils n'avaient pas été sortis d'une même souche? Il a voulu ensuite que la soumission fût d'un côté, et le commandement de l'autre, car l'égalité des honneurs a coutume d'engendrer les disputes; il n'a donc pas établi un gouvernement populaire, mais la royauté, et dans chaque maison vous pouvez observer le même ordre que dans une armée. Le mari a le rang d'un roi, et la femme d'un gouverneur ou d'un général d'armée; les fils ont le troisième rang, le quatrième est aux domestiques; ils commandent à ceux qui sont au-dessous d'eux, et un seul est souvent mis à la tête de tous les autres, et envers eux a le rang d'un maître, mais, en tout le reste; il est domestique. Après cela il y a encore des différences dans le commandement, suivant qu'il s'exerce sur les femmes ou sur les enfants, et envers les enfants, d'autres différences suivant l'âge et le sexe ; car la femme n'a point le même empire sur tous ses enfants. Et partout Dieu a créé de nombreux commandements, afin que la concorde et le bon ordre subsistassent toujours. C'est pourquoi, avant que le genre humain se fut multiplié, quand ils n'étaient encore que deux, il a donné à l'un le commandement, et imposé à l'autre l'obéissance. Pour que l'homme ne méprisât point la femme plus faible que fui, et que celle-ci ne s'éloignât pas de lui, voyez comment il l'a Honorée et unie à lui, même avant sa création; car il dit « Faisons-lui une compagne » (Gn 2,18), montrant ainsi qu'elle a été créée pour être utile à l'homme, et lui conciliant l'affection de l'homme, par cette raison qu'elle lui est utile; car nous aimons d'une affection plus vive ce qui a été fait à cause de nous. D'un autre côté, pour que la femme ne s'enorgueillît d'être pour lui une compagne nécessaire, et ne brisât ce lien, il l'a tirée d'une côte de l'homme, montrant qu'elle n'est qu'une partie de tout le corps. Pour que l'homme aussi ne S'enorgueillît point, Dieu n'a point permis qu'elle fût à lui tout seul, comme elle fut d'abord; il a fait le contraire, en lui faisant procréer des enfants; ainsi s'il a donné la supériorité à l'homme, il ne lui a point donné tous les avantages.

3404 4. Avez-vous vu que de liens d'amour Dieu a faits pour nous? Mais tous ces gages de concorde reposent sur la nature, et sur ce que nous sommes de la même substance; (en effet, tout être animé aime ce qui est semblable à lui;) et sur ce que la femme est née de l'homme, et les enfants de tous les deux. De là naissent mille affections diverses: il y a l'affection pour un père, pour un aïeul, pour une mère, pour une nourrice; il y a l'affection pour un fils, un petit-fils, un arrière petit-fils, pour une fille et pour une nièce; nous aimons celui-ci comme notre frère, celui-là comme (531) notre oncle ; celle-ci comme une soeur, celle-là comme une cousine. Et qu'est-il besoin d'énumérer tous les degrés de parenté? Dieu a encore imaginé une autre source d'affection: en défendant les mariages entre proches, il nous conduit vers les étrangers, et attire ceux-ci vers nous. Comme ils ne peuvent nous être unis par les liens de la nature, il les unit à nous par le mariage, alliant des maisons entières par une seule fiancée, et mêlant les familles aux familles : « N'épouse point », dit-il, « ta soeur, ni la soeur de ton père, ni une autre jeune fille qui ait avec toi une pareille parenté » (Lv 18,8-10) ; et il énumère tous les degrés de parenté qui empêchent le mariage. Il suffit, pour être attiré vers quelqu'un, d'être né du même sang, et d'être uni par les différents liens de parenté. Pourquoi resserrer en des bornes étroites les vastes désirs de la charité ? Pourquoi trouver dans la parenté seule une cause d'amitié, quand on peut faire naître une occasion nouvelle d'amitié en épousant une femme étrangère, et en gagnant par elle une série de parents, une mère, un père, des frères et leurs parents ? Voyez-vous de combien de manières Dieu nous a unis les uns aux autres ? Cependant il ne s'en est pas tenu là ; il a voulu encore que nous eussions besoin les uns des autres, pour nous unir de cette façon, car la nécessité crée des affections. Aussi n'a-t-il pas voulu qu'il y eût en tous les pays toutes les productions, pour nous forcer ainsi à nous mêler les uns aux autres.

Après avoir voulu que nous eussions besoin les uns des autres, il a rendu les communications faciles; en effet, s'il n'en était pas ainsi, de, nouvelles difficultés et de nouveaux obstacles naîtraient de là. Si, quand on 'a besoin d'un médecin, d'un forgeron ou d'un autre artisan, il fallait le chercher au loin, on périrait à coup sûr. C'est pourquoi Dieu a fait les villes, et les a unies les unes aux autres. Pour nous permettre de visiter facilement ceux. qui sont loin de nous, il a étendu la mer entre les peuples, et leur a donné la vitesse des vents, et a rendu ainsi les voyages faciles. Au commencement même, il a réuni tous les hommes en un seul lieu, et ne les a dispersés que quand ceux qui furent combles (le cette faveur s'entendirent pour le mal; mais de tous côtés il nous a unis, et par la nature, et par la parenté, et par la langue, et par la communauté de séjour. Et de même qu'il ne voulait point nous chasser du paradis, (car, s'il l'avait voulu, il n'y aurait point du tout placé l'homme après sa création, mais ce fut l'homme qui, par sa désobéissance, fut cause de cet exil) ; de même ne voulait-il pas qu'il y eût diversité de langues; il n'y en avait point au commencement, et aujourd'hui, par toute la terre, toutes les lèvres prononceraient les mêmes paroles. C'est pourquoi aussi, quand il fallut détruire la terre, il ne nous fit point d'une matière nouvelle, et il ne rejeta point le juste, et il envoya au milieu des flots le bienheureux Noé, pour être comme l'étincelle qui devait ranimer le genre humain. Au commencement, il n'avait établi qu'une seule domination, celle du mari sur la femme; mais quand le genre humain fut tombé en toute espèce de désordres, il établit encore d'autres dominations, celle des rois et des magistrats, et cela par charité.

Comme la malice dissout et détruit notre race; il a établi, comme des médecins au milieu des villes, polar prononcer des jugements et pour bannir cette malice qui est le fléau de la charité, et pour ne former de la cité entière qu'un seul corps. Pour établir cette concorde, non-seulement dans les villes, mais dans chaque maison, après avoir revêtu le mari du commandement et lui avoir donné le premier rang, après avoir armé la femme de la concupiscence, et placé entre eux la procréation des enfants comme un don, il imagine encore d'autres moyens de consolider entre eux l'affection. Il ne donna point tout à l'homme, ni tout à la femme ; il partagea les dons entre eux, assignant à la femme la maison, et à l'homme la place publique; il imposa à l'homme la charge de nourrir la maison, car c'est lui qui cultive la terre, et à la femme la charge de la vêtir, car tisser et tenir la quenouille appartient à la femme. C'est Dieu même qui a donné à la femme le talent de filer. Malheur à la cupidité qui veut supprimer cette distinction ! Car la mollesse de beaucoup d'hommes les a conduits à filer, et leur a mis clans les mains la navette, la chaîne et la trame. Mais là même apparaît la sagesse avec laquelle Dieu a dispensé ses dons ; car nous avons besoin de la femme pour des ouvrages tout à fait nécessaires, et nous avons besoin de plus petits que nous pour les choses mêmes d'où dépend la vie; et l'on aurait beau posséder toutes les (532) richesses, on ne pourrait se soustraire à cette nécessité qui nous fait dépendre de ceux qui sont au-dessous de nous. En effet, ce ne sont pas seulement les pauvres qui ont besoin des riches, ce sont encore les riches qui ont besoin des pauvres, et plus même que ceux-ci n'ont besoin d'eux.

3405 5. Pour rendre cette vérité plus claire, imaginons, si vous voulez, deux villes, l'une de riches, et l'autre de pauvres, et dans la ville des riches il n'y aurait point de pauvres, et dans la ville des pauvres il n'y aurait point de riches, car nous y faisons un triage parfait; voyons maintenant quelle est celle qui pourra se suffire. Si nous trouvons que c'est la ville des pauvres, il sera prouvé que les riches ont plutôt besoin d'eux. Dans la ville des riches, il n'y aura point d'artisans, ni architecte, ni forgeron, ni cordonnier, ni boulanger, ni laboureur, ni chaudronnier, ni cordier, ni quelqu'artisan que ce soit. Qui donc des riches voudra travailler à ces métiers, puisque les artisans mêmes, devenus riches, ne veulent plus supporter ces durs travaux? Comment donc cette ville pourra-t-elle subsister? On me dira que les riches achèteront tout des pauvres à prix d'argent. Ainsi déjà ils ne pourront se suffire à eux-mêmes, s'ils ont besoin des pauvres. Et qui donc construira les maisons ? Les achètera-t-on aussi ? Mais cela ne se peut. Il faudra donc appeler des artisans, et enfreindre la loi que nous avons établie au commencement, alors que nous avons fourni la ville d'habitants : vous vous souvenez, en effet, que nous avons dit qu'elle ne renfermerait point de pauvres. Et voici que la nécessité même, contre notre gré, y appellera et y introduira les pauvres. D'où il appert qu'une ville sans pauvres ne peut subsister; et que si une cité demeure en effet sans en recevoir, ce ne sera bientôt plus une cité, car elle périra. Ainsi aucune ville ne pourra se suffire, si elle n'a appelé dans son sein des pauvres pour la conserver.

Voyons d'un autre côté la ville des pauvres, et si pareillement elle se consumera dans le besoin par l'absence des- riches. Et d'abord établissons et définissons clairement les richesses. Quelles sont les richesses? l'or, l'argent, les pierres précieuses, les vêtements de soie, de pourpre et d'or. Maintenant que nous savons quelles sont les richesses, bannissons-les de la ville des pauvres, si nous voulons établir une vraie cité des pauvres; que l'or ni les vêtements que j'ai nommés n'apparaissent aux habitants, même en songe; ajoutez, si vous voulez, l'argent et les ustensiles d'argent. Eh bien ! dites-moi si à cause de cela la ville sera dans le besoin. Nullement: s'il faut bâtir, on n'a besoin ni d'or, ni d'argent, ni de perles, mais du travail des mains, et non pas de mains quelconques, mais de mains calleuses et de doigts endurcis, de bras forts, de poutres, de pierres ; s'il faut tisser des vêtements, on n'a point besoin d'or ni d'argent, mais de mains, de l'industrie et du travail des femmes. S'il faut cultiver et piocher la terre, a-t-on besoin de riches ou de pauvres? Evidemment de pauvres. Et s'il faut travailler le fer ou quelqu'autre métal, c'est alors surtout que nous aurons besoin du peuple. Quand donc aurons-nous besoin des riches, sinon quand il faudra détruire cette ville? Car, lorsque les riches une fois entrés, le désir de l'or et des perles se sera emparé de ces sages (car j'appelle sages ceux qui ne cherchent point le superflu), quand ils se seront adonnés à l'oisiveté et à la volupté, tout sera perdu. Mais si les richesses, direz-vous, ne sont pas utiles, pourquoi Dieu nous les a-t-il données? Et où prenez-vous que c'est Dieu qui nous a donné les richesses? L'Ecriture dit : « L'argent est à moi, et l'or est à moi » (
Ag 2,8), et je les donnerai à qui je voudrai.

Si je voulais me rendre coupable d'inconvenance, je rirais ici à gorge déployée, pour me moquer de ceux qui parlent ainsi, car ils sont semblables à de petits enfants qui, admis à la table d'un roi, avaleraient, en même temps que les mets royaux, tout ce qui leur tomberait sous la main. C'est ainsi qu'ils mêlent leur pensée à celles des saintes Ecritures. Ces paroles : «L'argent est à moi et l'or est à moi », ont été dites, je le sais, par le prophète, mais celles-ci : Je le donnerai à qui je voudrai, ne se trouvent point chez lui, elles y ont été introduites par ces gens misérables. Voici pourquoi le prophète Aggée parle ainsi. Comme il avait promis souvent aux Juifs, après le retour de Babylone, de leur montrer un temple aussi beau que l'ancien, quelques-uns n'ajoutaient pas foi à ses paroles, et ils pensaient que c'était une chose presque impossible que le temple, après avoir été réduit en cendres et en poudre, apparût dans son ancienne splendeur, et lui, pour dissiper leur incrédulité, parle au (533) nom de Dieu, et c'est comme s'il disait : Que craignez-vous? Pourquoi n'avez-vous pas foi? « L'argent est à moi et l'or est à moi », et je n'ai point besoin, pour construire mon temple, de l'argent emprunté avec usure. Et il ajoute : « La gloire de cette maison sera au-dessus de la gloire de la première ». (Ag 2,10) N'allez donc pas mêler des toiles d'araignées à un vêtement royal. Car si l'on surprenait quelqu'un occupé à mêler à la pourpre un tissu grossier, on le punirait du dernier châtiment ; et, à plus forte raison, quand il s'agit du spirituel, car ce n'est point là une faute légère. Et que dire des additions et des soustractions? Le changement d'un point et une leçon différente, donnent souvent lieu à des sens absurdes.

3406 6. D'où viennent donc les riches? Direz-vous. C'est qu'il est dit en effet: « Les richesses et la pauvreté viennent du Seigneur ». (Qo 2,14) Nous demanderons à ceux qui nous adressent cette objection : est-ce que, toute richesse et toute pauvreté viennent du Seigneur? Qui pourrait le prétendre? Nous voyons que c'est par les rapines, les tombeaux ouverts, et les duperies et les autres méfaits de ce genre qu'on se procure souvent les richesses, et que ceux qui les possèdent ne méritent pas même de vivre. Répondez-moi; direz-vous que ces richesses viennent de Dieu ? Loin de là; mais d'où viennent-elles? Du péché. Car la courtisane qui livre au déshonneur sa personne, s'enrichit; et le bel adolescent qui vend sa beauté, possède de l'or au prix de la honte ; et celui qui ouvre les tombeaux et les pille, amasse des richesses iniques, et de même le voleur qui perce les murs. Est-ce donc du Seigneur que viennent toutes les richesses? Mais, direz-vous, que répondrons-nous à cette parole de l'Ecriture?Apprenez d'abord que la pauvreté même ne vient pas de Dieu, et ensuite nous y viendrons. En effet, quand le jeune homme prodigue dépense sa fortune avec les courtisanes, les magiciens, ou se ruine par d'autres passions, et qu'il devient pauvre, n'est-il pas clair que ce n'est pas Dieu qui l'a rendu ainsi, mais sa propre prodigalité ? D'un autre côté, si l'on tombe dans la pauvreté par paresse ou par folie, ou parce qu'on s'est laissé aller à des entreprises dangereuses et iniques, n'est-il pas manifeste que, dans aucun de ces cas, ce n'est point Dieu qui vous a jeté dans la pauvreté. L'Ecriture ment donc? Loin de là, mais c'est folie de ne pas examiner ses paroles avec tout le soin qu'elles méritent. Car si nous confessons que l'Ecriture ne peut mentir, et si nous avons prouvé que toutes les richesses ne viennent pas de Dieu, la difficulté vient de la faiblesse d'esprit de ceux qui lisent sans réflexion. Et il faudrait les renvoyer, après avoir ainsi justifié l'Ecriture de leurs accusations, et les punir de la négligence avec laquelle ils lisent les Ecritures. Mais je leur pardonne, et pour ne pas les laisser plus longtemps dans le trouble, je veux leur indiquer la solution, en rappelant d'abord quel est l'auteur de ces paroles, en quel temps et à qui il les a dites.

Dieu, en effet, ne parle pas semblablement à tous; de même que nous ne parlons point de la même façon aux enfants et aux hommes. Quand donc ces paroles ont été prononcées, et par qui, et à qui? Par Salomon, dans l'Ancien Testament, et elles furent adressées aux Juifs qui ne connaissaient que les choses sensibles, et qui estimaient par là la puissance de Dieu. Ce sont ceux qui disaient : « Pourra-t-il nous donner du pain ? » (Ps 78,20) et : « Quel prodige nous montres-tu? (Mt 12,38) Nos « pères ont mangé la manne dans te désert. « (Jn 6,31) Ceux dont le ventre est le Dieu». (Ph 13,19) Comme c'est ainsi qu'ils concevaient Dieu, il leur dit : Dieu peut aussi faire des riches et des pauvres; non pas qu'il le fasse toujours, mais il le peut, quand il lui plaît; ainsi a-t-il dit « Celui qui menace la mer, et la dessèche, et change en déserts tous les fleuves » (Na 1,4), quoiqu'il ne l'ait jamais fait. Comment donc le prophète entend-il cette parole? Il ne veut pas dire que Dieu le fasse toujours, mais qu'il peut le faire. Quelles sont donc la pauvreté et les richesses qu'il donne? Souvenez-vous du patriarche, et vous saunez les richesses que Dieu donne. C'est Dieu lui-même qui a donné ses richesses à Abraham, et plus tard à Job, qui dit : « Si nous avons reçu les biens du Seigneur, pourquoi ne supporterions-nous pas les maux qu'il nous envoie? » (Jb 2,10) C'est là aussi la source des richesses de Jacob. La pauvreté qui vient de Dieu est aussi louable; c'est celle qu'il enseigne aux riches, disant : Si tu veux être parfait, vends ce que tu possèdes, donne tout aux pauvres, et viens, (534) suis-moi (Mt 19,21), et la recommandant en un autre endroit à ses disciples, et disant « Refusez-vous à posséder de l'or, de l'argent ou deux tuniques ». (Lc 9,3) Ne dites donc pas que c'est Dieu qui donne toutes les richesses, car nous avons montré que c'est par le meurtre, les rapines et mille autres méfaits qu'on les amasse.

Mais ramenons le discours à notre première question : si les richesses ne sont utiles à rien, pourquoi sont-elles créées? Que répondrons-nous? Que les richesses ainsi amassées ne sont pas utiles, et que celles qui viennent de Dieu sont très-utiles. C'est ce que vous pouvez apprendre par les actions mêmes des riches. Car Abraham. possédait ses richesses pour les étrangers et tous les nécessiteux. Quand arrivèrent chez lui trois hommes, ainsi qu'il croyait, il tua un veau et pétrit trois mesures de farine; toujours assis à sa porte à l'heure de midi; voyez sa libéralité toujours empressée à dépenser ses biens pour tous; voyez-le payant de sa personne, ainsi que de ses richesses, et encore dans une vieillesse avancée. Il était le port des étrangers et de ceux qui étaient dans la nécessité, ne possédant rien qui lui fût propre, pas même son fils, car il le sacrifiait sur l'ordre de Dieu, et avec son fils il se donnait lui-même, et toute sa maison, quand il fut si prompt à délivrer son neveu. Et il ne le faisait point par amour du gain, mais par humanité. Quand ceux qu'il avait délivrés le mirent en possession des dépouilles, il refusa tout, jusqu'au fil d'une robe, et jusqu'au cordon d'une sandale.

3407 7. Tel était aussi le bienheureux Job, car il disait : « Ma porte était ouverte à tout venant. J'étais l'oeil des aveugles et le pied des boiteux ; j'étais le père des infirmes, aucun étranger ne demeurait à ma porte » (Jb 31,33Jb 29,15 Jb 29,16) ; les infirmes, quand ils s'adressaient à moi dans le besoin, n'étaient point trompés dans leur espoir, et je n'ai point permis qu'un pauvre sortit de ma maison l'estomac vide. Je ne puis tout énumérer, mais il faisait plus encore, distribuant son argent à tous les nécessiteux. Voulez-vous voir maintenant les riches que Dieu n'a point faits, et savoir comment ils ont usé de leurs richesses? Voyez celui de Lazare, qui ne lui donnait pas même les miettes de sa table; voyez Achab qui a enlevé au pauvre sa vigne ; voyez Giézi et tous ceux qui furent comme lui. Ceux qui possèdent les richesses à juste titre, parce qu'ils les ont reçues de, Dieu, les dépensent conformément à ses préceptes; ceux qui ont offensé Dieu en les acquérant, l'offensent encore en les dépensant; en les prodiguant à des courtisanes et à des parasites, en les cachant et en les enfouissant, et en n'en donnant rien aux pauvres. Et pourquoi, direz-vous, Dieu permet-il que de tels hommes soient riches? Parce qu'il est patient, parce qu'il veut nous amener à la pénitence, parce qu'il a préparé la géhenne, et fixé le jour où il jugera lé monde. S'il frappait tout de suite les riches, Zachée n'aurait pas eu le temps de se repentir, de rendre. le quadruple de ce qu'il avait ravi, d'ajouter même la moitié de ses biens. Matthieu n'aurait pas eu le temps de se convertir et de devenir apôtre,, s'il avait été enlevé avant l'heure favorable, et ainsi de beaucoup d'autres. C'est pourquoi Dieu attend, les appelant tous à la pénitence, s'ils s'y refusent, s'ils persistent dans leurs péchés, ils entendront Paul leur dire : « Qu'à cause de leur dureté et de leur coeur impénitent, ils amassent contré eux de la colère, au jour de là colère, de la révélation et du jugement équitable de Dieu ». (Rm 2,5). Evitons cette, colère, enrichissons-nous des richesses célestes, et poursuivons la pauvreté louable. C'est ainsi que nous atteindrons les biens célestes; puissions-nous les obtenir tous, par la faveur et la bienveillance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, appartiennent la gloire, la puissance, l'honneur, aujourd'hui et toujours, et jusqu'à la fin des siècles. Ainsi soit-il.


En cette fête de saint Jean Chrysostome une lecture stimulante par le P. de Forges

Écoutez 2019 - 05 - 09 DeForges Les richesses sont-elles dangereuses pour le salut ? de Podcast du College des Bernardins dans Podcasts. https://podcasts.apple.com/fr/podcast/podcast-du-college-des-bernardins/id1077794976?i=1000448706009

01 septembre 2019

Homélie de mariage n.9 - Cantique 2 et Genèse…

Notes pour un mariage célébré le 31/8

A - Texte d'accueil
Bonjour,
Nous sommes ici réunis dans un écrin particulier, cette belle église de S., que je découvre avec beaucoup d'entre vous.
Nous sommes venus pour contempler un mystère, qui éclaire le monde depuis qu'il est notre monde.
Nous sommes venus pour célébrer l'amour d'un homme et d'une femme, prêt à s'unir pour l'éternité... Il y a d'autres amours, d'autres façon d'aimer, à commencer par l'amour d'une mère pour son enfant... Mais aujourd'hui, c'est de mariage que nous allons parler. Et ce mariage a quelque chose à dire sur l'amour en général.
Par vos textes choisis aujourd'hui, V et J. vous allez nous transporter plus de 2500 ans en arrière, dans ce qu'on appelle les textes « sapientaux » (les textes de sagesse) où le peuple hébreu, à son retour d'exil, nous donne une lecture non pas historique de la création et du monde, mais une lecture spirituelle, c'est-à-dire une forme de mythe idéal. Un mythe ?
Plus qu'un mythe... Une direction... Une prophétie... disait Irénée, un Père de l'Église au 2ème siècle. Les deux lectures (le cantique des cantiques et le deuxième chapitre de la Genèse évoqués dans l'évangile de Marc (9) sont écrits environ 500 ans avant JC. Ils nous conduisent à méditer ce que nous cherchons tous...
Aimer... Aimer jusqu'au bout... Aimer plus que tout...
Alors entrons dans cette célébration dans le silence.
Au début du chapitre 2 de la Genèse, évoqué dans l'évangile, l'homme découvre la femme et pousse un cri. En Hébreu, le mot est waouh..
Aujourd'hui, V. tu es en droit de dire Whaoouu... Et moi, jeune diacre, marié depuis 33 ans bientôt, je m'agenouille devant ton cri intérieur, comme beaucoup d'entre nous, parce que ce cri du cœur est une interpellation à aimer jusqu'au bout. C'est aussi une invitation à louer Celui qui est à l'origine de tout cela... Celui qui ne figure pas dans votre liste d'invités, mais qui est là à vos côtés. Entrons dans le silence...

B- Homélie
Comme je l'évoquais dans mon mot d'accueil je m'agenouille devant le mystère de votre rencontre, devant ce qui s'annonce, quelque chose de grand, d'immense.,.
votre couple s'est forgé dans un métal précieux. Tu le disais toi-même Valentin, vous avez construit un trésor d'une grande qualité, comme un diamant qui se prépare à l'éternité.

Que dire face à cela ?
Trois mots peut-être : courir quitter et chair
Et Deux lettres J V... comme les premières lettres de vos prénoms...
trois mots et deux lettres qu'on trouve dans les deux lectures pas forcément dans le bon ordre.

I - courir

Je vous souhaite de tout mon cœur de continuer dans cette lancée, d'entrer dans cette course infinie où l'un et l'autre allez pouvoir être le meilleur de vous-même et le meilleur à deux, pour porter au monde ce qui vous habite, pour entrer dans une fécondité toute particulière.

Ii- 3 verbes

Votre mariage est le début ou plutôt la poursuite d'une grande saga. Comme je l'évoquais, plusieurs séries de verbes évoquent pour moi ces directions que vous aller prendre.

III - Quitter

Quitter ses parents, me semble déjà bien entamé pour vous. Mais ce concept est central dans la Bible. On le retrouve au delà du deuxième chapitre de la Genèse, notamment dans l'orde donné à Abraham par Dieu. « va quitte ton pays, [tes certitudes] »... Pour illustrer cela je vous donne un petit exemple. Quand j'ai épousé Daniele elle buvait du chocolat et.moi du thé. Quelques années plus tard, c'était l'inverse...L'exemple est très matériel par rapport à l'enjeu.
Quitter c'est s'ouvrir à l'autre...
Quitter un éventuel repli sur soi, une tour solitaire, descendre de votre tour, vous disais-je déjà il y a six mois, écouter, attendre. C'est le chemin d'une vie... je reviendrai là dessus....


IV - Faire silence

Le deuxième point fortement lié au premier est de faire silence, entendre la musique de l'autre, des autres, de Dieu...?

V - Une seule chair

Le troisième stade serait de danser, faire une seule chair...
Le mot hébreu est plus vaste que ce que l'on ne l'entend dans la langue française : il signifie pour moi symphonie. Chacun de vos talents doit s'harmoniser pour entrer dans la danse. Et je ne parle pas seulement de vos corps mais de votre être.

La rencontre, la danse des corps est importante car elle est source de joie.

Le pape Jean Paul II en parlant de la rencontre des corps évoquait le mot de liturgie, c'est à dire que dans vos rencontres les plus intimes se joue un deuxième niveau, immense, une joie contagieuse et qui vous dépasse...

Pourquoi ?

Parce que Dieu est là, au milieu de votre danse la plus intime, en vous donnant l'un à l'autre, il est le grand donateur qui s'efface dans votre joie. Ce don est immense et en même temps respectueux de votre liberté. il est au cœur de votre amour, non pour l'enfermer mais pour le dilater, le rendre fécond.

Faire une seule chair est plus grand encore.

Vous m'avez dit que vous n'excluiez pas d'avoir des enfants. La chair de votre chair... Je m'en réjouis et je serai là si vous voulez les baptiser ;-)

Mais l'enjeu de faire une seule chair est plus vaste.

Faire une seule chair, c'est donner naissance à la joie, à la vie, être semence de vie, d'éternité, rayonner de votre amour, devenir signe, joie contagieuse pour vos enfants présents et à venir. Joie aussi pour le monde. Communion généreuse qui se nourrit de vos rencontres les plus intimes et les transcendent...

VI - Courir 2.O

J'en reviens au verbe courir. Le bien aimé courre vers l'objet de son désir (Cantique 2) mais l'enjeu est plus large : monter... grimper, courir, c'est à dire s'inscrire dans une course vers l'amour, entrer dans une dynamique qui dépasse largement l'aujourd'hui de votre mariage car c'est l'enjeu de votre vie. Se laisser saisir par l'amour (cf. Philippiens 3), embraser votre entourage de votre joie... Que votre union devienne feu, buisson ardent, lumière pour le monde, c'est à dire signe...

Julie, tu l'exprimais à ta manière, votre fécondité sera quelque chose de plus large que la seule fécondité charnelle, que les enfants que vous attendez, parce que l'amour qui vous habite vaut la peine d'être vécue, parce que l'amour est plus fort que la mort parce que l'amour qui vous vient de Dieu et qui vous portera peut-être à Dieu est le coeur, l'essence même de votre union.

Valentin, tout cela s'inscrit entre liberté et don... Il y'a une articulation à découvrir entre la joie de recevoir et la prise de conscience que ce don vient d'un donateur qui s'efface....

Dans votre course vous serez signe efficace, c'est-à-dire « sacrement » d'un amour plus grand...

VI - le « V » et le « J »

Ce mouvement s'inscrit dans un V...
Descendre de sa tour, quitter ses certitudes pour remonter à deux, en communion...

Ce mouvement en théologie s'appelle la kénose. Il s'est dessiné en « J », Jésus, le Christ...
« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement
le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, (en grec ekenosen) prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix.
C'est pourquoi Dieu l'a exalté : il l'a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom » (lettre de saint Paul aux Philippiens 2, 7-10)

Le Christ Jésus est votre chemin. Il sera là à vos côtés. Il vous donnera la force (les chrétiens appellent cela la grâce) d'avancer, si vous l'invitez à demeurer chez vous. Car le mariage est aussi parfois une épreuve, « impossible à l'homme, mais possible avec Dieu » (cf. Mat 19), source de tout amour et chemin d'un amour qui va jusqu'au bout...

(1) cf. Cantique des cantiques, mais aussi un thème repris par Grégoire de Nysse dans la vie de Moise et mon livre éponyme
(2) sur ce point voir mes travaux sur la dynamique sacramentelle


31 août 2019

Mariage et création - 4 - Acceuil d'un mariage


Texte d'accueil pour un mariage - Projet

Bonjour,
Nous sommes ici réunis dans un écrin particulier, cette belle église de XXX, que je découvre avec beaucoup d'entre vous.
Nous sommes venus pour contempler un mystère, qui éclaire le monde depuis qu'il est notre monde.
Nous sommes venus pour célébrer le monde dans ce qu'il a de plus iconique, l'amour d'un homme et d'une femme, prêt à s'unir pour l'éternité... Il y a d'autres amours, d'autres façon d'aimer, à commencer par l'amour d'une mère pour son enfant... Mais aujourd'hui, c'est de mariage que nous allons parler. Et ce mariage a quelque chose à dire sur l'amour en général.
Par vos textes choisis aujourd'hui, X et Y vous allez nous transporter plus de 2500 ans en arrière, dans ce qu'on appelle les textes « sapientaux » (les textes de sagesse) où le peuple hébreu, à son retour d'exil, nous donne une lecture non pas historique de la création et du monde, mais une lecture spirituelle, c'est-à-dire une forme de mythe idéal. Un mythe ?
Plus qu'un mythe... Une direction... Une prophétie disait Irénée, un Père de l’Église au 2ème siècle. Les deux lectures (le cantique des cantiques et le deuxième chapitre de la Genèse évoqués dans l'évangile sont écrits environ 500 ans avant JC. Ils nous conduisent à méditer ce que nous cherchons tous...
Aimer... Aimer jusqu'au bout... Aimer plus que tout...
Alors entrons dans cette célébration dans le silence.
Au début du chapitre 2 de la Gn, évoqué dans l'évangile l'homme découvre la femme et pousse un cri. En Hébreu, le mot est waouh..
X, aujourd'hui, X, tu es en droit de dire Whaoouu... Et moi, jeune diacre, marié depuis 33 ans bientôt, je m'agenouille devant ton cri intérieur, comme beaucoup d'entre nous, parce que ce cri du cœur est une interpellation à aimer jusqu'au bout. C'est aussi une invitation à louer Celui qui est à l'origine de tout cela... Celui qui ne  figure  pasdans votre liste d'invités, mais qui est là à vos côtés. Entrons dans le silence...