(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 374-375
Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
28 avril 2016
Création vivante et dynamique - Balthasar
Dans la foulée de ce que nous écrivions sur dynamique sacramentelle, on peut contempler encore une fois ce que Balthasar écrit sur la création. Il nous faut dit-il "dépasser la notion déiste de la création d'après laquelle Dieu produit lui-même, à la manière d'un artiste humain, une oeuvre achevée qui aurait en elle, comme par exemple une oeuvre de Rembrand ou de Bach, tout ce qui est nécessaire pour renvoyer à son auteur (...). Dieu est [au contraire] libre de créer et demeure libre en créant et après avoir créé" (...). Son activité accompagnatrice, conservatrice et vivifiante (...) sa fidélité adaptée à la créature (son engagement jusqu'au bout (...) jusqu'au sacrifice (1) permet de faire de la création une dynamique toujours perfectible qui ajouterais-je donne à l'homme par la triple kénose trinitaire une liberté incomparable de parfaire le dessein initial, de s'y lover et d'atteindre à sa manière l'enjeu de l'amour qui porte le projet créateur de Dieu.
27 avril 2016
Peindre l'image en nous - Saint Colomban
Souvent abordé le thème de l'image et de la ressemblance. (Gn 1,26)... J'apprécie d'autant ce qu'en dit saint Colomban : "À nous donc de refléter pour notre Dieu, pour notre Père, l'image de sa sainteté... Ne soyons pas les peintres d'une image étrangère... Et pour que nous n'introduisions pas en nous l'image de l'orgueil, laissons le Christ peindre en nous son image." (1)
(1) Saint Colomban, Instruction 11, 1-4 ; PL 80, 250-252 (trad. Orval), source AELF
(1) Saint Colomban, Instruction 11, 1-4 ; PL 80, 250-252 (trad. Orval), source AELF
25 avril 2016
Dynamique sacramentelle - 9
Après avoir posé l'exhortation apostolique vient le temps de la réception intérieure. Elle se nourrit d'autres lectures qui entrent en résonance. Théobald me conduit indirectement sur une piste. Il évoque la foi des petites communautés, ces églises qui naissent "d'une foi qui engendre", ces petits groupes qui "restent debout même dans les moments difficiles" (1). Et tout d'un coup la connexion se fait. Le couple dont rêve notre pape (2) n'est il pas aussi une petite cellule fragile qui devient sacrement quand elle résiste en dépit des difficultés internes ou exogènes et donne à croire que l'amour est possible, non seuls mais nourris de la bonne nouvelle et de l'espérance glissée en l'homme en des germes parfois indicibles.
Cette dynamique sacramentelle (3) n'est pas brillante de mille feux. Elle est dans la persévérance et j'oserai dire dans la résilience pour inclure ceux qui en apparence seulement n'ont pas trouvé tout de suite ce que aimer veut vraiment dire et mais qui découvrent, dans une deuxième chance, la force d'espérer encore.
(1) Christoph Théobald op Cit p. 73 et 74.
(2) cf. billet n° 16, conclusion d'Amoris laetitia
(3) cf. notre livre éponyme
(2) cf. billet n° 16, conclusion d'Amoris laetitia
(3) cf. notre livre éponyme
24 avril 2016
La non violence absolue
Est-ce parce que je vais être grand-père que cette phrase de Theobald à propos de l'Apocalypse me touche ? : "La non-violence absolue de la vie fragile [est] celle de l'enfant qui naît face à la bête". (1) En ces temps où la violence nous entoure, il y a en tout cas ici un lieu de contemplation. Comme le suggérait Danielou la naissance ouvre une faille spirituelle en l'homme.
(1) Christoph Théobald op. Cit p. 65
23 avril 2016
Tendresse pastorale et rêve - Amoris Laetitia - n. 16 (suite et fin)
Il y aurait encore beaucoup à dire sur la tendresse pastorale qui se dégage dans ce texte. Mes billets ont eu pour but d'insister à cette lecture. Reprenons en guise de conclusion cette phrase du 9eme chapitre : " Vouloir fonder une famille, c'est se décider à faire partie du rêve de Dieu, choisir de rêver avec lui, vouloir construire avec lui, se joindre à lui dans cette épopée d'un monde où personne ne se sentira seul". (1)
(1) Pape François, AL 321, citant le discours à Philadelphie du 26/9/2015.
Une seule chair
"Ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père (1) ."
A contempler à l'aune de mes propos précédents sur Gn 2, 24ss
A contempler à l'aune de mes propos précédents sur Gn 2, 24ss
(1) Traité de saint Hilaire sur la Trinité, source AELF
21 avril 2016
Dynamique sacramentelle 8 - AL n15
"La danse qui fait avancer grâce à cet amour jeune, la danse avec ses yeux émerveillés vers l'espérance (...) [qui maintient dans] un chemin de croissance" (AL 166) pourrait être une belle définition de la dynamique sacramentelle. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle est réaliste, en ne cachant ni ombre et lumière : "Chaque mariage est une histoire de salut (...) [qui suppose] une part de fragilité qui, grâce au don de Dieu et une réponse créatrice et généreuse, fait progressivement place à une réalité toujours plus solide et plus belle" (AL 221).
Non seulement notre pape a ici la plume d'un poète mais il fait entrer cette dynamique conjugale dans un chemin d'espérance !
Et il poursuit à propos de Gn 2,7 ss en parlant d'un amour artisanal où le couple sous l'oeil attentif du Créateur se découvre progressivement. "Même dans les moments difficiles l'autre surprend encore et de nouvelles portes s'ouvrent pour les Retrouvailles, comme si c'était la première fois et à chaque étape ils se "façonnent" de nouveau mutuellement. L'amour fait qu'on attend l'autre et qu'on exerce cette patience propre à l'artisan héritier de Dieu".
20 avril 2016
Dynamique sacramentelle 7 - AL n.14
Leçon d'humilité ? La encore le pape exprime mieux ce que j'ai cherché à dire dans "La dynamique sacramentelle" : "Le mariage ne peut se comprendre comme quelque chose d'achevé (...) ils sont créateurs d'un projet qu'il faut mener à bien ensemble (...) un avenir à construire quotidiennement (...) inachevé, appelé à grandir, en évolution".
AL 218
19 avril 2016
Fécondité - AL n. 13
Après de belles pages sur la maternité, le pape François ouvre en grand la notion de fécondité en y incluant, au delà de l'adoption cette responsabilité du couple à être attentifs à ceux qui ne communient pas aux mêmes joies.
J'aime sa citation d'un poète argentin "bras dessus bras dessous nous sommes bien plus que deux"(1) (AL 181) et surtout son commentaire de 1 Cor 11, 17-34 adapté à la communauté familiale, un "avertissement aux familles qui s'enferment dans leur confort et s'isolent (...) indifférentes à la souffrance des familles pauvres".
Il ne faut pas oublier que "la mystique du Sacrement à un caractère social" (2) (AL 186).
J'aime sa citation d'un poète argentin "bras dessus bras dessous nous sommes bien plus que deux"(1) (AL 181) et surtout son commentaire de 1 Cor 11, 17-34 adapté à la communauté familiale, un "avertissement aux familles qui s'enferment dans leur confort et s'isolent (...) indifférentes à la souffrance des familles pauvres".
Il ne faut pas oublier que "la mystique du Sacrement à un caractère social" (2) (AL 186).
(1) Mario Benedetti, Te Quiero
(2) Citation de Benoît XVI, Caritas in Veritate, n. 14 AAS 98, 2006
(2) Citation de Benoît XVI, Caritas in Veritate, n. 14 AAS 98, 2006
Image et ressemblance - Une dynamique
Cette différence entre image et ressemblance souvent commentée dans la pensée d'Augustin et Bonaventure se trouve déjà dans les réflexions de saint Irénée. Elle n'est pas, nous dit Balthasar (1) entre une trace corporelle et une image spirituelle comme le diront certains pères de l'Église platonisants, mais s'inscrit plutôt dans une dynamique. "L'expression peut osciller [chez Irénée] de telle sorte que le point de départ (...) est appelé tantôt image ou ressemblance, ou bien les deux termes peuvent être distingués aussi dynamiquement de la manière suivante : par le péché l'image a perdu la ressemblance avec Dieu, mais du fait que Dieu se rend par l'incarnation semblable à la nature tombée et "récapitule en soi l'image du commencement", la ressemblance sera de nouveau acquise. Cette intelligence dynamique de l'image est celle qui révèle l'histoire du salut et qui est proprement biblique et théologique. Car l'image de Dieu est le Fils à l'image duquel l'homme a été fait ; c'est pourquoi dans les derniers temps il est apparu afin de montrer que l'image était semblable à lui-même"(2).
Cette page a pour moi de l'intérêt car elle fonde une partie de mes réflexions sur la dynamique sacramentelle, qui prolonge pour moi en l'homme cette pédagogie divine particulière.
Il y a poursuit d'ailleurs Balthasar un caractère trinitaire à cette doctrine de l'image et de la ressemblance parce que la créature étant en devenir les deux mains de Dieu (Christ et Esprit) "ne cessent pas de lui imprimer leur forme (...) et ainsi la nature montre partout les contours et les présages, le plan de ce qui doit être développé à travers le devenir et le temps en direction de l'image parfaite"(3).
Cette dynamique n'est elle pas la course humaine décrite en Ph3, celle que qui oubliant le passé tâche de nous faire "saisir" par Dieu. Nous ne sommes et ne serons jamais image et ressemblance, mais notre course est d'y tendre.
"Pour suivre la conduite de Dieu, l'homme doit être libre, et cette liberté apparaît aussi dans la conduite elle même qui est toujours une conduite doucement persuasive, jamais une conduite contraignante (4).
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 2, Styles, d'Irénée à Dante, (GC2) p. 58
(2) Irénée, Contre les Hérésies, 2, 367. 2,145 et D2, cité par Balthasar op Cit p. 58
(3) GC2 p. 59
(4) Ibid. citant saint Irénée AH 2, 289 et 2, 286
Cette page a pour moi de l'intérêt car elle fonde une partie de mes réflexions sur la dynamique sacramentelle, qui prolonge pour moi en l'homme cette pédagogie divine particulière.
Il y a poursuit d'ailleurs Balthasar un caractère trinitaire à cette doctrine de l'image et de la ressemblance parce que la créature étant en devenir les deux mains de Dieu (Christ et Esprit) "ne cessent pas de lui imprimer leur forme (...) et ainsi la nature montre partout les contours et les présages, le plan de ce qui doit être développé à travers le devenir et le temps en direction de l'image parfaite"(3).
Cette dynamique n'est elle pas la course humaine décrite en Ph3, celle que qui oubliant le passé tâche de nous faire "saisir" par Dieu. Nous ne sommes et ne serons jamais image et ressemblance, mais notre course est d'y tendre.
"Pour suivre la conduite de Dieu, l'homme doit être libre, et cette liberté apparaît aussi dans la conduite elle même qui est toujours une conduite doucement persuasive, jamais une conduite contraignante (4).
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 2, Styles, d'Irénée à Dante, (GC2) p. 58
(2) Irénée, Contre les Hérésies, 2, 367. 2,145 et D2, cité par Balthasar op Cit p. 58
(3) GC2 p. 59
(4) Ibid. citant saint Irénée AH 2, 289 et 2, 286
18 avril 2016
Le chant de l'amour
La fin du chapitre 4 d'Amoris Laetitia est d'une tendresse pastorale étonnante. On y sent l'oreille écoutante du vieux prêtre qui a accompagné des couples quand le crépuscule d'une vie émousse la passion mais ne met pas un terme au projet commun. A consommer sans modération.
Gn 2 et Irénée
Au delà d'un premier niveau de lecture sur le "ils feront une seule chair" qui peut nous conduire à la contemplation de la joie de l'amour conjugal, on peut contempler un second niveau dans la naissance de l'enfant chair unique issu de deux chairs qui s'unissent. Une troisième facette de contemplation peut être trouvée dans cette ouverture de la fécondité conjugale qui en se faisant communion devient liturgie et signe sacramentel pour l'Église d'une union du Christ et de l'Église. Un dernier aspect peut être manduqué à la suite de saint Irénée dans la contemplation de l'union de la glaise et du souffle, de l'Adam et de l'esprit où la chair devient éponge du souffle divin. Formée par la main de Dieu, cette glaise modelée par ses mains devient temple et louange d'une alliance qui le dépasse et, en recevant et rejoignant le corps du Christ , "il participe à la sagesse et la la force artistique de Dieu, car la force de Dieu qui communique la vie s'achève dans la faiblesse (2 Co 12,9), c'est à dire dans la chair(1)".
Le couple saisi de cette dynamique peut alors prendre une dimension sacramentelle véritable.
(1) Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, 2, 327 cité par Hans Urs von Balthasar, GC tome 2 p. 57
16 avril 2016
Ne me touche pas ?
En écho à la phrase célèbre de Jésus, voici une contre résonance chez Theobald : "Nous sommes invités à le toucher, à le rencontrer, à le manger, à nous nourrir de lui et à entrer dans son mouvement pascal d'effacement" (1).
Contre résonance mais aussi résonance, car le "me touche pas" Jn 20, 17 prononcé à Marie Madeleine est compatible avec les propos du théologien. Ne pas toucher c'est entrer dans le cacher dévoiler de Dieu, respecter l'inconnaissable divin et percevoir que bien que nourriture il nous échappe encore.
(1) Christoph Théobald, op. Cit. p. 30
15 avril 2016
Pour une vision positive de la sexualité - AL, note 11
"Dieu lui-même a créé la sexualité qui est un don merveilleux fait à ses créatures. Lorsqu'on l'entretient et qu'on évite sa déviance, c'est pour que ne se produise l'appauvrissement d'une valeur authentique." (1)
Les propos du pape François méritent d'être soulignés tant on véhicule souvent une vision contraire de l'Église. Il souligne le trait reprenant sur ce point les catéchèses de Jean-Paul II (septembre et octobre 1980) : "le besoin sexuel des époux n'est pas objet de mépris" (2). Il est "don de Dieu qui embellit la rencontre des époux" (AL 152).
Le pape ne s'arrête pas là bien sur et il est dans son rôle quand ses propos insistent sur le réalisme et les dangers d'une dépersonnalisation des relations. (AL 153) car on sait d'expérience que cette porte ouverte peut aussi être utilisé à l'envers. J'ai même vu avec stupeur de bons chrétiens utiliser ces propos positifs pour justifier leurs excès. L'enjeu réside dans cette symphonie à construire où chaque Personne est respectée. Un "équilibre fragile" (cf. AL 157) qui est laissé aux soins des époux qui trouvent seulement dans l'expérience le lieu de leur plénitude (3).
Mais j'aime surtout quand il cite plus loin à nouveau Jean-Paul II : Le sens procréatif de la sexualité, le langage du corps et les gestes d'amour vécus dans l'histoire d'un mariage, se convertissent en "une continuité ininterrompue du langage liturgique" et la "vie conjugale devient en un certain sens, liturgie". (4)
(1) Amoris Laetitia 150
(2) ibid
(3) cf. Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale
(4) Jean-Paul II , catéchese du 4 juillet 1984, nn 3.6, cité par le pape François AL 215, cf. Homme et femme il les créa, p. 30
Mais j'aime surtout quand il cite plus loin à nouveau Jean-Paul II : Le sens procréatif de la sexualité, le langage du corps et les gestes d'amour vécus dans l'histoire d'un mariage, se convertissent en "une continuité ininterrompue du langage liturgique" et la "vie conjugale devient en un certain sens, liturgie". (4)
(1) Amoris Laetitia 150
(2) ibid
(3) cf. Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale
(4) Jean-Paul II , catéchese du 4 juillet 1984, nn 3.6, cité par le pape François AL 215, cf. Homme et femme il les créa, p. 30
14 avril 2016
Semina Verbi - AL - 8
La mention des "semences du Verbe" en AL 77, les logos spermatikos de saint Justin, déjà apparues dans le rapport intermédiaire du synode, n'étonne pas dans la démarche pastorale de François. Qu'est ce qui est derrière ? Une contemplation du travail de Dieu en l'homme, y compris chez ceux qui n'entrent pas dans les critères sacramentels catholiques. Hors de l'Église, l'amour est possible et les germes de la Parole, déposés en tout homme doivent être contemplés comme tels, accueillis, encouragés voire éclairés....
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