07 juin 2019

Don de Dieu - Esprit de Pentecôte - Saint Hilaire - Amour en toi

« Quant au don qui réside dans le Christ, il est toujours le même pour tous ; et puisqu'il ne manque jamais, il est donné à chacun autant qu'il veut en profiter ; il réside en chacun autant qu'il veut l'obtenir. Ce don demeure avec nous jusqu'à la fin du monde, il nous réconforte dans notre attente ; il est un gage, par l'activité de ses bienfaits, de ce que nous espérons pour l'avenir, il éclaire les esprits, il illumine les cœurs. » (1)
Il est comme ce fleuve débordant du Temple auquel Ezéchiel fait mention dans son chapitre 47 : « 01 L'homme me fit revenir à l'entrée de la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l'eau jaillissait vers l'orient, puisque la façade de la Maison était du côté de l'orient. L'eau descendait de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l'autel.
02 L'homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l'extérieur, jusqu'à la porte qui fait face à l'orient, et là encore l'eau coulait du côté droit.
03 L'homme s'éloigna vers l'orient, un cordeau à la main, et il mesura une distance de mille coudées ; alors il me fit traverser l'eau : j'en avais jusqu'aux chevilles.
04 Il mesura encore mille coudées et me fit traverser l'eau : j'en avais jusqu'aux genoux. Il mesura encore mille coudées et me fit traverser : j'en avais jusqu'aux reins.
05 Il en mesura encore mille : c'était un torrent que je ne pouvais traverser ; l'eau avait grossi, il aurait fallu nager : c'était un torrent infranchissable.
06 Alors il me dit : « As-tu vu, fils d'homme ? » Puis il me ramena au bord du torrent.
07 Quand il m'eut ramené, voici qu'il y avait au bord du torrent, de chaque côté, des arbres en grand nombre.
08 Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l'orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux.
09 En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
10 Alors des pêcheurs se tiendront sur la rive depuis Enn-Guèdi jusqu'à Enn-Églaïm ; on y fera sécher les filets. Les espèces de poissons seront aussi nombreuses que celles de la Méditerranée.
11 Mais ses marais et ses bassins ne seront pas assainis : ils seront réservés au sel.
12 Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d'arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »
(1) Saint Hilaire, Traité sur la Trinité, source office des lectures AELF, 7eme vendredi de Pâques 

06 juin 2019

Solitude périphérique - 3

L'enjeu est d'aller au bout du monde à la recherche de ceux qui ne croient plus en Dieu, qui souffrent, qui souffrent sans comprendre. Tel est l'enjeu d'une pastorale du seuil (1) véritable. Le rite n'a pour eux plus aucun sens et pourtant ils sont demandeurs de quelque chose. Quelque chose à trouver, à travailler, à faire naître, à faire revivre.

Comment accueillir ces quêtes, ces peurs, ces besoins de reconnaissance, de bénédictions, de rassemblements, de liturgie qui sont étrangères à tous nos rites et pourtant friands de rituel...

Comment entendre, écouter, faire naître et jaillir, sans imposer, juger, réduire, comparer.

Quelle kénose ? Quelle diaconie ?

Ce ne sont probablement pas les mots qui touchent, mais autre chose, le regard, l’attention, l’écoute, la capacité à les rejoindre comme ils sont...

Le champ reste à labourer et la terre est souvent desséchées, les graines sont en attente, semences dû Verbes enfouies et prête à s’abreuver à la source vive d’un Amour oublié...



(1) cf. mon livre éponyme

Paroles humaines, parole de Dieu - 2 - Joseph Moingt - Esprit du christianisme

Surprenante correspondance dans mes lectures aujourd'hui entre Joseph Moingt et Christoph Théobald.
Mais est-ce un vrai hasard ? où le résultat d'une quête ?

« La révélation n'est pas une parole soudain tombé du ciel dans l'oreille d'un prophète ou d'un scribe inspiré, cela, c'est le mythe qui enveloppe toute religion ; non, elle est réminiscence et dévoilement d'une vérité depuis toujours déposée par Dieu dans l'esprit des hommes, car il est à la recherche de tout le temps mais ils apprennent à leur recherche de tout temps mais ils apprennent à le chercher dans le déploiement infini des temps. (1)

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 23

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Paroles humaines, parole de Dieu - Christoph Théobald

Paroles humaines, parole de Dieu

Qu'est-ce que la parole humaine si on ne remonte à sa source, à Dieu ?Jésus lui-même fait toujours allusion père. Il n'est pas en soi la vraie parole de Dieu, même s'il est médiateur. Il dit des paroles par sa vie, par sa mort et sa résurrection.
L'Ecriture en soi n'est pas Parole de Dieu, la tradition non plus.
« il n'y a pas d'accès à Dieu en dehors d'un acte d'interprétation » (1)
Tout nécessite une interprétation et en même temps doit être traversé par une volonté permanente d'écoute et d'interpellation qui se nourrit de prière et de discernement. (1)

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, parole de Dieu, Salvator, 2015, p.22



Envoyé de mon iPhone

05 juin 2019

Au fil de Jean 17, 1-11 - Foi et raison

« Ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru » Jn 17

Qui pourra suivre le Très-Haut jusqu'en son être inexprimable et incompréhensible ? Qui scrutera les profondeurs de Dieu ?... Qui donc est Dieu ? Père, Fils et Esprit Saint, Dieu est un. Ne te demande rien de plus au sujet de Dieu. Que ceux qui veulent savoir le fond des choses concernant Dieu commencent par considérer l'ordre naturel. Comprendre la Trinité est en effet justement comparé à la profondeur de la mer, dont la Sagesse de Dieu a dit : « Le fond des profondeurs, qui peut l'atteindre ? » (Eccl 7,24)... Comme le fond des mers est invisible aux regards des hommes, ainsi la divine Trinité demeure insaisissable à la compréhension humaine. C'est pourquoi, si quelqu'un veut comprendre ce qu'il doit croire, qu'il ne s'imagine pas pouvoir le faire davantage par des raisonnements que par la foi, car la sagesse divine que tu recherches ainsi se retirera plus loin encore.
Recherche donc cette connaissance suprême non en discutant mais en menant une vie parfaite, non par la langue mais par la foi qui jaillit d'un cœur simple et n'est pas le résultat de conjectures savantes. Car si tu cherches l'ineffable par des raisonnements, il s'éloignera davantage de toi ; si tu cherches par la foi, la Sagesse se tiendra là où elle demeure : à ta porte (Pr 1,21) ; et là où elle se tient, elle peut être vue, ne serait-ce qu'en partie. En toute vérité, elle est atteinte dès l'instant où l'on croit à ce qui est invisible tout en acceptant de ne pas le comprendre. Puisque Dieu est invisible, nous devons croire en lui ; et cependant Dieu peut être vu en quelque manière par le cœur pur (Mt 5,8) (1)

(1) Saint Colomban, Instruction 1, 2-4 ; PL 80, 231 (trad. Orval rev.), source : l'Évangile au Quotidien 

01 juin 2019

Homélie de Baptême - 2


Frères et sœurs, qu’est-ce que ce texte nous amène à contempler à la lumière de ce qui va se passer tout à l’heure.
Jésus est là, au tout début de sa vie publique.
On ne sait pas encore grand-chose de lui, si ce n’est ce que dit Jean le Baptiste : il est saint... innocent...
Pourquoi demande-t-il le baptême ? 
Baptiser, C’est sortir de la mort. L’eau pour les juifs c’est la mort... l’enjeu est de « passer de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. » nous dit saint Jean (1 Jean 3,14). Le geste de Jésus est ici symbolique. Il plonge avec tous les baptisés pour inviter à plonger avec lui dans l’amour fou, celui qui aime jusqu’à en mourir.
Il veut signifier par ce geste qu’il s’associe à l’homme dans sa quête de l’amour. Dieu amour est à genoux devant l’homme...

C’est à la suite de ce geste de Jésus que le baptême a été institué dans l’Église. Et c’est dans la même démarche que N.  s’inscrit aujourd’hui.
pourquoi ?
Si l’on regarde N. qui va être baptisée tout à l’heure, rien ne va changer en apparence. Elle restera le petit trésor qui fait le bonheur de ses parents. Et pourtant tout aura changé. Car le Seigneur, le Dieu créateur qui l’aime depuis toute éternité a décidé de répondre à la demande de ses parents, de l’introduire plus en avant dans son cœur, de la faire entrer dans la communauté des aimants.
Qu’est-ce à dire ?
Eh bien ce pas, ce premier pas est le début d’un long chemin où elle va prendre conscience de cet amour inouï de Dieu pour l’homme.

Pour cela elle a besoin de vous, parrain et marraine, parents, mais aussi de vous tous ici présents qui vous êtes déplacés pour venir à ce baptême. Ce que nous allons signifier par des gestes ne représente rien si vous ne mettez pas chacun votre petite pierre pour transformer cet enfant en signe visible de l’amour. Elle a besoin de vous, de votre amour pour rayonner de l’amour.
Sa première naissance est une naissance de chair, elle a besoin d’aller plus loin, de quitter ce qui l’enferme dans des addictions, dans le mal avec un grand « M » et pour cela elle a besoin de l’aide de Dieu et de l’aide de la communauté. De la communauté familiale, de la communauté chrétienne. Comme je le disais le baptême symbolise la traversée de la mort, la traversée de tout ce qui nous empêche d’aimer. Dans ce plongeon dans l’eau on se purifie de ce qui nous empêche d’avancer, mais ce chemin pour aller plus loin ne fonctionnera qu’à trois conditions :
La première, qui conditionne toutes les autres et que chacun à sa manière vienne aider l’enfant à devenir plus aimant.
La deuxième et que vous puissiez l’introduire à la contemplation de l’amour dans sa manifestation la plus explicite : je parle de Jésus-Christ, celui qui a été jusqu’à mourir pour nous.
La troisième et que pour cela vous preniez tous les moyens pour l’éduquer dans la foi.
Parrain marraine, X.Y. vous avez été désignés par les parents pour aider N, à avancer sur ce chemin. S’il vous ont choisi, si Dieu vous a choisi, c’est parce qu’il y a quelque chose en vous qui signifie l’amour. Et cet amour qui est en vous, qui vous habite et qui fait que vous avez été choisis entre tous, votre responsabilité est de le transmettre, de faire fructifier ce que l’enfant à en lui, de rallumer la flamme qui dort, d’accompagner chaque enfant vers l’autonomie en amour. Cela ne va pas consister à gâter l’enfant, mais au contraire à lui faire trouver l’essentiel, ce qui est véritablement amour et l’amour est autre chose que des cadeaux matériels, c’est ce qui est le plus compliqué, le plus intime, c’est la capacité de se donner. Ce que le Christ seul a vraiment réussi.
Parfois les parents n’auront pas cette force parce qu’ils seront traversés, eux aussi, par des crises (après 32 ans de mariage je parle en expert). Votre responsabilité sera d’autant plus grande qu’ils vous auront choisis. Et je ne parle pas des drames qui peuvent arriver et que je n’espère pas, où là, votre responsabilité sera entière. Le baptême ne s’arrête pas aujourd’hui.
C’est le chemin d’une vie.
Quand viendra le temps, votre enfant demandera alors à recevoir en lui le corps du Christ. Il deviendra alors temple du Seigneur, porte Christ. Pour cela vous avez vous aussi à avancer, à devenir temple de Dieu, pour signifier par votre vie que Dieu est source, chemin et amour.

30 mai 2019

Nudité et silence - Adrienne von Speyr - Kénose 161 (et déréliction)

Version 2 :
A la nudité à laquelle nous appelle Dieu au début d'Exode 33, Adrienne von Speyr semble, si l'on suit F. Marxer (1) percevoir au bout de la déréliction la « nudité sans recours du Fils abandonné, dont la nuit spirituelle revêtira l'âme de nos mystiques (...) la seule parole qui puisse se déployer est le silence, le silence partagé par le Père et le Fils (...) il est devenu le Verbe muet du Père (...) la chair se meurt, le Père se tait pour ne faire qu'un avec le Fils qui se tait (...) silence de la mort du Fils et silence de la réponse du Père ».

Pourquoi ? veux-t-on crier...
« Adrienne précise et explicite les raisons de cette nuit qui refuse au Fils tout soulagement. Le Père ne persécute pas le Fils selon quelque sadique inclination, mais en accord parfait avec la volonté salvifique du Fils qui n'a pas d'autre choix (...) l'Agapè, par sa seule force, sans aide ni répit quelconque [doit] venir à bout des ténèbres »(1)

C'est, précise F. Marxer, aussi le chemin de Marie de la Trinité et Mère Teresa. C'est aussi l'impasse apparente de tout homme face à la souffrance. Sans explication, sans autre présence que le Silence, l'appel intérieur qui nous conduit à continuer d'aimer, d'espérer et de croire alors que tout nous pousse à fuir. Je citais au début Exode 33. Comme je l'ai longuement montré, ce passage où Moïse cherche Dieu après le veau d'or est clé, il passe par l'échec et la nudité, le quiproquo et l'erreur pour aboutir à la vision...

La nuit qu'évoque Adrienne et qu’il faudrait reprendre plus longuement
n’est qu’une facette de la nuit du combat des ténèbres où le Christ avance seul, première victime innocente de ce qui au XXème siècle deviendra le chaos sans nom du crime organisé. En cela le Silence de Dieu est le prélude d’un grand silence qui dure. De ce silence que dire ? Seule la croix éclaire fragile la violence inouïe des hommes dont nous sommes tous un peu responsables, dès que nous tournons le dos à l’amour.

La croix est le signe inouï de Dieu, Père et Fils. Signe incompris, méprisé, bafoué et pourtant lueur de ce qui est notre Salut...

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 318-9

Homélie de mariage - 4 - Hébreux 13 et Jean 15

Extrait de l’Ébauche pour la quatrième. Commentaires bienvenus...
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Qu'est ce qui fait ce lien très particulier qui vous rassemble ? Deux choses, à mon avis :
  1. Votre générosité débordante, l'un comme l'autre
  2. La complémentarité de vos tempéraments 
Prenez le temps d'approfondir cela...

Votre générosité vient de cet amour que vous partagez. Elle en dépend. c’est de votre amour, puissant, indéfectible que vient cette force. Et plus encore, c’est de Dieu même que vient ce don. Même si vous en oublierez parfois la source, sachez qu’il vous a choisis l’un pour l’autre, qu’il vous a réunis, qu’il vous porte dans son cœur, vous accompagne et vous accompagnera...

J’aimerais revenir sur ces belles lectures que vous avez sélectionnées. J’évoquais votre générosité, elle transparaît aussi dans la lettre de saint Paul aux Hébreux que nous venons d'entendre.
 « Frères, (...) N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. »

[je ne sais pas si vous voyez des anges chez vous. Moi je les ai aperçus. Peut-être parce que j’ai des yeux pour cela... il y a peut-être votre grand-mère, si discrète et pourtant toujours là, vos enfants, des petits anges parfois... il y a aussi le grand-père trop vite parti, mais qui est là - j’en suis certain - et qui vous porte dans son cœur, parce qu’il est auprès de Dieu et que ma foi me fait affirmer qu’il se penche, maintenant avec Jésus sur la rambarde du ciel et qu’il prie avec vous, pleure avec vous, danse avec vous aussi.

Si je me permets de dire cela, c’est parce que Paul le dit aussi aux Hébreux : « Dieu lui-même a dit : Jamais je ne te lâcherai, jamais je ne t’abandonnerai. C’est pourquoi nous pouvons dire en toute assurance : Le Seigneur est mon secours, je n’ai rien à craindre ! » (Heb 13)

Ce que dit Paul dans sa lettre, « Jésus le disait [aussi] à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » c’est dans l’Évangile que vous avez choisi. 

L’amour de Dieu n’est pas un sens unique. C’est comme une danse. Parce qu’il nous aime, il nous invite à danser avec lui. 

« Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. (Jn 15)

Sébastien et Jennifer, tout à l’heure vous allez prononcer un oui qui vous engage pour le reste de votre vie. Nous en avons beaucoup parlé samedi dernier et je suis convaincu de notre discussion que vous en mesurez l’enjeu...

Ce sera, je le sais un chemin de joie et de larmes parfois. Toute vie, dans l’amour n’est pas un long fleuve tranquille. Ce que vous avez ciselé l’un avec l’autre, ce que vous avez construit, constitue une base solide pour aborder les mois, les années à venir. N’oubliez pas la joie d’aujourd’hui, n’oubliez pas ce que vous avez tissé hier, n’oubliez pas, surtout, que Dieu est là, à vos côtés, même s’il reste discret parfois. Il a confiance en vous, parce que, depuis votre baptême, son amour vous habite, parce que vous demeurez en lui.

Votre amour est signe. Il déborde déjà de générosité. Soufflez sur cette flamme, elle est image de l’amour de Dieu. C’est en cela que votre amour prend sa dimension de sacrement. La meilleure traduction du mot sacrement c’est signe efficace.

Homélie de mariage 2 et 3 - 1 Corinthiens 13 et Matthieu 5

Ci-joint un extrait de l'ébauche de ma troisième homélie de mariage qui reprend en partie la fin de ma deuxième homélie de mariage. Commentaires bienvenus...
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Vous êtes des sages.... il transparaît en vous une sagesse. (...) On sent chez vous une recherche profonde, qu'on lit à livre ouvert dans cette première lecture que vous avez choisi : s'il me manque l'amour, je ne suis rien...
L'amour est là. On le sent tout particulièrement chez vous au point que j'ai envie de m'agenouiller. En effet qui suis-je pour juger ce qui vibre en vous, vous a fait dépasser les préjugés, les histoires, le passé pour espérer l'un dans l'autre, mettre votre confiance l'un dans l'autre, avancer ? 
Je vais vous confier un secret, si j'ai envie de m'agenouiller devant vous, c'est bien parce que je reconnais entre vous une tendresse très particulière, qui vous embrase et vous dépasse. Votre amour est né en vous mais il vient d'ailleurs, il vient de Dieu. Ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est vous mêmes dans cette belle première lecture que vous avez choisi. 
Rappelez-vous : 
« S'il me manque l'amour, je ne suis rien »
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.
L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien d'inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais. (1 Cor 13)
Cet amour, vous l'avez reconnu en vous et pourtant il parle de Dieu, il parle de son Fils, mort sur la Croix. Un amour qui « espère tout, qui endure tout. Un amour qui « ne passera jamais »
Quand je me suis marié, moi aussi, j'ai été porté par un beau texte que j'avais choisi le jour de mon mariage et qui disait à peu près ça : « oubliant le chemin parcouru je me laisse saisir par l'amour ». je vous souhaite de vous laisser saisir par ces textes que vous avez choisi, car c'est un chemin, une course infinie.
Quel est l'enjeu ?
Devenir « le sel de la terre. (...)  la lumière du monde. (...) Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5)
Je reprends cet Evangile que vous avez vous-même sélectionné.
Le sel de la terre.
Qu'est-ce que le sel...? 
Une saveur, un amplificateur de goût, un réveil des sens ? 
Ce n'est pas rien d'être le sel de la terre. Cela implique, pour Jésus, de réveiller l'amour là où il a perdu son goût, d'aller jusqu'au bout de l'amour. Lui a été jusqu'à La Croix. Et vous, jusqu'où irez-vous ?
Tout à l'heure vous allez vous engager l'un vers l'autre pour la vie, pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur vous n'aurez pas forcément besoin de Dieu. Peut-être pourrez-vous lui dire un petit merci....
Pour le pire, vous vous demanderez où Il est passé ? Et vous serrerez les dents, comme vous avez su le faire dans le passé. Et bien, même si vous ne sentez pas sa Présence je vous assure qu'il sera là. Parce qu'il est Amour. Parce qu'il vous aime. Parce qu'il vous a choisi l'un comme l'autre. Parce qu'il vous a conduit l'un à l'autre.
Par votre façon de vivre, par votre ouverture aux autres, vous êtes déjà sur cette voie. Que dire ? 
L'Amour est plus fort que la mort, les souffrances, les obstacles, les chaos de la vie.
Aimer pour la vie c'est entrer dans l'Espérance de la résurrection 
Ce qui compte c'est cette symphonie, cette maison vivante que vous constituez et que vous n'allez pas cesser de construire.
L'amour qui coule déjà en vous est un Fleuve immense, une source de lumière pour les autres 
Un Amour qui ne cesse de jaillir...
Je vous souhaite de continuer à vivre ce chemin sans faillir. Votre amour est signe. Qu'il le devienne pour tous ceux qui vous entourent. C'est dans l'amour donné, partagé, débordant que Dieu se manifeste, qu'il agit, et qu'il vous soutient...

23 mai 2019

Au fil de Jn 14, 23-29, garder sa Parole - homélie du 6ème Dimanche de Pâques. Assemblée dominicale en absence de prêtre (ADAP)

« Si vous n'acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Ac 15, 1-2.22-29

Qu'est-ce que la circoncision des juifs symbolisait et pourquoi y échappe t on ? Elle avait une vertu hygiénique dans un pays de poussière et de sable, mais l'enjeu était ailleurs, elle signifiait pour les juifs une ouverture véritable du cœur, un schma Israël : Écoute... 

Saint Paul l'explique : « Le vrai Juif, ce n'est pas celui qui l'est au dehors, et la vraie circoncision, ce n'est pas celle qui paraît dans la chair. Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement, et la circoncision, c'est celle du cœur, dans l'esprit, et non dans la lettre: ce Juif aura sa louange, non des hommes, mais de Dieu. » Romains 2, 27-28

Il développe pour cela une exhortation de Jérémie : « Si tu veux revenir Israël, - oracle de Yahweh, reviens vers moi. (...) : Défrichez vos jachères, et ne semez pas dans les épines. Circoncisez-vous pour Yahweh, et enlevez les prépuces de votre cœur, hommes de Juda et habitants de Jérusalem » Jérémie 4:1 ;3 BCC1923

Il nous faut nous aussi devenir plus attentif, devenir écoutant, devenir signe efficace du Verbe que nous avons reçu...

Nous allons recevoir le pain de vie. Certains l'attrape avec deux doigts comme un truc à saisir. Non, ce n'est pas un truc, c'est Jésus qui vient et mettre nos deux mains ouvertes et dire amen, c'est commencer à signifier l'attitude intérieure qui se fait en nous. 

Combien de temps portons nous le Christ en nous ? Est-ce qu'il demeure vivant en nous ? 
Combien de temps avant que les soucis du monde reprennent le dessus sur le Christ ?
Cette expérience que nous venons de faire de l'Ecriture, [ce partage en petits groupes, cette manducation lente et silencieuse] doit éclairer et interpeller notre façon de vivre la messe du dimanche. Est-ce que nous prenons vraiment part à la danse à laquelle Dieu nous invite ?

Entendons-nous son cri : « J'ai joué de la flûte et vous n'avez pas dansé » (Luc 7, 32)

Il nous faut transformer nos corps et nos cœurs pour devenir temple véritable du corps du Christ, être de véritable « porte-Christ » comme le disait une vieille catéchèse des premiers siècles.

L'Apocalypse 21 nous y invite : « Dans la ville, je n'ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c'est le Seigneur Dieu, Souverain de l'univers, et l'Agneau. La ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine : son luminaire, c'est l'Agneau. »

Nous ne devrions plus avoir besoin d'aller à la messe tous les dimanches si nos corps et nos cœurs continuaient de porter le Christ comme le centre de nos vies, si nous demeurions signe vivant de Dieu ressuscité, si notre joie était image fidèle du sacrement que nous avons reçu comme ces 7 enfants baptisés ce week-end et que je vous demande de porter dans la prière. 

Je vais maintenant exposer le saint sacrement et je vous invite à écouter une nouvelle fois l'Evangile, comme un trésor : 
: « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera,
nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
    Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé.
    Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
    mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
    Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n'est pas à la manière du monde
que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
    Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m'en vais,
et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
    Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. »(1)

Ce Dieu qui vient, nous pouvons nous sentir indigne de le porter, surtout si nous n'avons pas confessé nos fautes depuis longtemps. Quand viendras la communion, faites-le en toute conscience. Dieu entendras alors votre cri et quel que soit votre geste (mains tendues ou croisées » il habitera votre cœur, telle est ma foi...

(1) Textes liturgiques, source © AELF.
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20 mai 2019

Au fil de Jean 14, 24-26, Je demeure avec vous - Amour en toi 34 - baptême 3

« Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera,nous viendrons vers luiet, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14, 24-26 - AELF)
Par le baptême notre cœur se transforme pour accueillir Dieu en nous, pour devenir des porte-Christ. Laissons Dieu agir, car sa grâce nous transforme et nous renouvelle.
Écoutons sur ce point Grégoire de Nysse : « Il est survenu une autre naissance, une vie différente, un nouveau genre de vie, une transformation de notre nature elle-même. Quelle naissance ? Celle qui est l'œuvre non de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : la naissance qui vient de Dieu.
Comment cela ? Je vais le montrer clairement par mon exposé. Cet enfant est porté dans le sein de la foi ; il est amené à la lumière par la nouvelle naissance du baptême ; sa nourrice, c'est l'Église qui l'allaite par son enseignement ; sa nourriture, c'est le pain venu du ciel ; son arrivée à l'âge adulte, c'est une conduite parfaite ; son mariage, c'est son union avec la sagesse ; sa postérité, c'est l'espérance ; sa maison, c'est le Royaume ; son patrimoine et ses richesses, ce sont les délices du paradis ; sa fin n'est pas la mort, mais la vie éternelle dans la béatitude préparée pour ceux qui en sont dignes. ~
Voici le jour que le Seigneur a fait, différent des jours apparus au commencement de la création, qui sont mesurés par le temps. Celui-ci est le commencement d'une autre création : Dieu fait, en ce jour, un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le Prophète. Quel est ce ciel ? Le firmament, l'édifice solide de la foi au Christ. Quelle est cette terre ? Le cœur excellent, comme dit le Seigneur, c'est la terre qui boit la pluie tombée sur elle, et qui donne une riche moisson. Dans cette création, le soleil, c'est la vie pure ; les astres sont les vertus ; l'air, c'est une conduite limpide ; la mer, c'est la profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance ; la verdure et les bourgeons, c'est la bonne doctrine et les enseignements divins dont se nourrit le troupeau du pâturage, c'est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c'est la pratique des commandements.
En ce jour est créé l'homme véritable, celui qui est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ce jour que le Seigneur a fait, tu vois de quel monde il est le principe. Le prophète dit que ce n'est pas un jour comme les autres jours, ni une nuit comme les autres nuits.
Mais nous n'avons pas encore parlé de ce qu'il y a de plus extraordinaire dans le don que ce jour nous apporte. C'est qu'il a détruit les affres de la mort. C'est qu'il a mis au monde le premier-né d'entre les morts. ~
Je monte, dit-il, vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui, pour nous, est devenu comme nous, a voulu, par suite de son unité de nature avec nous, faire de nous ses frères. C'est pourquoi il fait monter sa propre humanité auprès du Père véritable afin d'attirer par lui tous ceux de sa race.(1)

(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélie pascale, source office des lectures du 5eme lundi de Pâques, AELF 

19 mai 2019

Au fil de jean 13 - Imitation et gloire - Homélie du 5eme dimanche de Pâques - Année C - 2

« Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c'est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres. » (Jn 13)

Qu'elle est la gloire dont nous parle Jésus? La question mérite d'être travaillée en entendant l'Évangile. D'autant qu'elle mérite un énorme déplacement par rapport à notre vision humaine.

Frères et sœurs, cet évangile est court, mais nous conduis au terme d'un parcours inouï celui où Dieu nous invite à grimper sur une haute montagne, celle de l'amour.
Grimper ? Où plutôt descendre ?

Un journaliste que je ne citerais pas parlais récemment de la Tour Eiffel en lui donnant le surnom de Notre dame de fer... Tour de Babel.... pourrais-t-on dire. Il faudrait relire Apocalypse 18 (cf. Plus bas)
pour comprendre peut-être que notre tour à nous, à l’image de Notre Dame est descendue très bas...pour ne laisser qu’une chose, la Croix, visage du Père.

Je vous propose de le lire l’Evangile aussi à l'envers. 

Aimons-nous les uns les autres...
Pas à moitié, en passant, en critiquant par derrière La critique de l'autre trahit notre orgueil, notre jalousie 
Aimons-nous les uns les autres comme
Comme le dit Paul à plusieurs reprises dans ses lettres: imitez moi comme j'imite le Christ. Ce n'est pas sur l'apparence que cela se joue, mais bien dans cette course infinie où je me laisse saisir par lui (cf. Ph 3).
Il est le chemin...
C'est là un commandement nouveau. Il ne s'agit pas d'aimer comme le fond tous les hommes, dans une logique d'échange : je t'aime parce que ou pour que tu m'aimes. Non, la nouveauté du Christ c'est d'entrer dans le don gratuit, immense, sans limites, débordant d'un Dieu qui s'oublie pour se donner jusqu'à la Croix. 
C'est peut-être sous les pas de Jean Vanier que nous avons à chercher le chemin de l'amour gratuit.
Quelle est la découverte de Jean Vanier ? c'est peut-être de regarder les choses à l'envers. Le petit, le faible, le rejeté, le fêlé nous donnes accès à Dieu. 
Le fragile révèle ma fragilité et me fait tomber à genoux devant le petit et le faible.
Comme le diacre Philippe pendu par les pieds laissons nous retourner. La gloire de Dieu, c'est de voir le monde à l'envers des hommes : aimer le petit et le faible. 
C'est le chemin du Christ, la kénose, Écoutons ce que nous dit Paul en Ph. 2. Il s'est abaissé, c'est fait esclave, c'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné la gloire. 
Nous en venons à l'Évangile.
À contempler : 
1 le contexte du discours  : le dernier repas, après le lavement des pieds ! À contempler !
2 L'inversion où nous conduit Paul (la kénose) par Paul en Ph 2, 11 : c'est de comprendre que c'est dans l'abaissement et l'humilité que le Christ dévoile sa gloire.
C'est à genoux que Dieu se révèle.

3 Le commandement : aimer vous comme, n'a de sens que sur le comme Difficile, avec nos yeux du XXIème siècle de voir la gloire divine dans le lavement des pieds et la bouchée à Judas. Et pourtant, il faut entendre les deux versets non sous l'angle de la gloire mondaine, mais sous celui de la révélation de la faiblesse divine : en paraphrasant et remplaçant « gloire » (doxa, kabod au sens d'Exode 34) par « lumière de la révélation » on obtient une version peut-être plus accessible à l'homme d'aujourd'hui : « Maintenant le Fils de l'homme s'est dévoilé et Dieu a été révélé en lui comme Dieu humble et aimant. Si Dieu a été révélé en lui, Dieu aussi le/[se] révélera en lui, [et] il le glorifiera aussitôt.»
Quand nous comprenons cette clé de lecture tout s'éclaircit. Il est le chemin. Il est la Vie. 
Cette gloire, d'un amour transpercé, va prendre alors sens silencieusement. Nous pouvons suivre Paul dans sa course. C'est ce que nous révèle la première lecture. L'amour qui nous conduit à imiter le Christ est le royaume nouveau vers lequel il nous conduit. En nous avançant vers l'Eucharistie, nous pouvons dire Me voici. Je veux marcher à ta suite. Je veux m'agenouiller moi aussi. Aimer comme tu nous as aimé.

Homélie de baptême - 2

Ébauche - commentaires bienvenus 
Frères et sœurs, qu'est-ce que ces textes nous amènent à contempler à la lumière de ce qui va se passer tout à l'heure.
Allez baptiser les nations nous dit l'Évangile.
Baptiser pourquoi ?
Si l'on regarde ces trois enfants qui vont être baptisés tout à l'heure, rien ne va changer en apparence. Ils resteront des petits trésors, des enfants qui font le bonheur de leurs parents. Et pourtant tout aura changé. Car le Seigneur, le Dieu créateur qui les aiment depuis toute éternité a décidé de répondre à la demande de leurs parents, de les introduire plus en avant dans son cœur, de les faire entrer dans la communauté des enfants de Dieu.
Qu'est-ce à dire ?
A travers ce sacrement quelque chose se construit...
Ce pas, ce premier pas, est le début d'un long chemin où ils vont prendre conscience de cet amour inouï de Dieu pour l'homme et qu'à cet amour ils sont conviés, comme invités. Dieu veut danser avec eux !
Pour cela ils ont besoin de vous, parrains et marraines, parents, mais aussi de vous tous ici présents qui vous êtes déplacés pour venir à ce baptême. Ce que nous allons signifier par des gestes ne représente rien si vous ne mettez pas chacun votre petite pierre pour transformer ces enfants en signe visible de l'amour. Ils ont besoin de vous, ils ont besoin de votre amour pour rayonner eux-mêmes de l'amour dont ils sont issus et qu'il vont donner à leur tour. Vous avez choisi ce texte mais vous en avez aussi proposé d'autres. Il y a notamment cet extrait de l'Évangile de Jean au chapitre trois qui nous parle de renaissance. Pourquoi renaître alors qu'on vient de naître ?
Parce que, en fait, notre première naissance est une naissance de chair, elle a besoin d'aller plus loin, de quitter ce qui nous enferme dans des addictions, dans le mal avec un grand « M » et pour cela nous avons besoin de l'aide de Dieu et de l'aide de la communauté. De la communauté familiale, de la communauté chrétienne. Le baptême symbolise la traversée de la mort, la traversée de tout ce qui nous empêche d'aimer. Dans ce plongeon dans l'eau on se purifie de ce qui nous empêche d'avancer, mais ce chemin pour aller plus loin ne fonctionnera qu'à trois conditions : 
La première, qui conditionne toutes les autres et que chacun à sa manière vienne aider l'enfant à devenir plus aimant.
La deuxième et que vous puissiez l'introduire à la contemplation de l'amour dans sa manifestation la plus explicite : je parle de Jésus-Christ, celui qui a été jusqu'à mourir pour nous.
La troisième et que pour cela vous preniez tous les moyens pour l'éduquer dans la foi.
Parrain marraine, N.N. vous avez été désignés par les parents pour aider chacun de ces enfants à avancer sur ce chemin. S'il vous ont choisi, si Dieu vous a choisi, c'est parce qu'il y a quelque chose en vous qui signifie l'amour. Et cet amour qui est en vous, qui vous habite et qui fait que vous avez été choisis entre tous, votre responsabilité est de le transmettre, de faire fructifier ce que l'enfant à en lui, de rallumer la flamme qui dort, d'accompagner chaque enfant vers l'autonomie en amour. Cela ne va pas consister à gâter l'enfant, mais au contraire à lui faire trouver l'essentiel, ce qui est véritablement amour et l'amour est autre chose que des cadeaux matériels, c'est ce qui est le plus compliqué, le plus intime, c'est la capacité de se donner. Ce que le Christ seul a vraiment réussi.
Parfois les parents n'auront pas cette force parce qu'ils seront traversés, eux aussi, par des crises (après 32 ans de mariage je parle en expert). Votre responsabilité sera d'autant plus grande qu'ils vous auront choisis. Et je ne parle pas des drames qui peuvent arriver et que je n'espère pas, où là, votre responsabilité sera entière. Le baptême ne s'arrête pas aujourd'hui.
C'est le chemin d'une vie.

Au fil de l’apocalypse 19 - Christ lumière

« Alors j'entendis comme la voix d'une foule immense, comme la voix des grandes eaux, ou celle de violents coups de tonnerre. Elle proclamait : « Alléluia ! Il règne, le Seigneur notre Dieu, le Souverain de l'univers.
19.07 Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l'Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure.
19.08 Un vêtement de lin fin lui a été donné, splendide et pur. » Car le lin, ce sont les actions justes des saints.
19.09 Puis l'ange me dit : « Écris : Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau ! » Il ajouta : « Ce sont les paroles véritables de Dieu. »
19.10 Je me jetai à ses pieds pour me prosterner devant lui. Il me dit : « Non, ne fais pas cela ! Je suis un serviteur comme toi, comme tes frères qui portent le témoignage de Jésus. Prosterne-toi devant Dieu ! Car c'est le témoignage de Jésus qui inspire la prophétie. » Apocalypse 19
La lumière du Christ est un jour qui n'a pas de nuit, un jour qui n'a pas de fin. ~ Que le Christ soit lui-même ce jour, l'Apôtre nous le dit : La nuit est partie, le jour est arrivé. La nuit est partie, dit-il, donc elle ne viendra plus ; comprenez-le : lorsque survient la lumière du Christ, elle dissipe les ténèbres du démon, et elle n'est pas suivie par la nuit du péché ; elle chasse par sa splendeur permanente l'obscurité présente, elle arrête la progression sournoise du péché. ~
C'est le Fils en personne qui est le jour, car le Père qui est aussi le jour lui dévoile son mystère. Je dis bien : il est le jour, lui qui a dit par la bouche de Salomon : J'ai fait se lever dans le ciel la lumière sans déclin.
De même que la nuit ne succède jamais à ce jour céleste, de même les ténèbres du péché ne succèdent pas à la justice du Christ. C'est pour toujours que la lumière céleste resplendit, éclaire et brille, et aucune obscurité ne peut l'emprisonner. De même, c'est pour toujours que la lumière du Christ étincelle, rayonne, illumine, et ne peut être arrêtée par aucune obscurité des péchés, ce qui fait dire à saint Jean : La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. ~ 
Donc, mes frères, nous devons tous exulter en ce saint jour. Que personne ne se soustraie à la joie commune parce qu'il a conscience de ses péchés, que personne ne soit écarté des prières communes par le fardeau de ses fautes ! En un tel jour, même le pécheur ne doit pas désespérer du pardon ; c'est en effet un grand privilège. Si un malfaiteur a obtenu le paradis, pourquoi le chrétien n'obtiendrait-il pas le pardon ?(1)
(1) Maxime de Turin, homélie de Pâques, source AELF office des lectures du 5eme dimanche de Pâques 

18 mai 2019

Au fil de Jean 13, 31 - ébauche d’homélie du 5eme dimanche de Pâques - hommage à Jean Vanier

Ébauche n.4 pour samedi...et dimanche (commentaires bienvenus)

« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
 À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13)

Quelle est la gloire dont nous parle Jésus?
La question mérite d'être travaillée en entendant l'Évangile.
D'autant qu'elle mérite un énorme déplacement par rapport à notre vision humaine 
À développer : 
  1. le contexte du discours  : le dernier repas, après le lavement des pieds ! À contempler !
  2. La kénose décrite par Paul en Ph 2, 11 : c’est de comprendre que c’est dans l’abaissement et l’humilité que le Christ dévoile sa gloire
  3. Le commandement : aimer vous comme, n’a de sens que sur le comme 
La question légitime m'a été posée en groupe de lecture (lectio divina) sur ces deux versets de Jn 13 : « Νν δοξάσθη  υἱὸς το νθρώπου, κα  θες δοξάσθη ν ατ· ε  θες δοξάσθη ν ατ, κα  θες δοξάσει ατν ν ατ, κα εθς δοξάσει ατόν.» («Maintenant le Fils de l'homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui, il le glorifiera aussitôt.») 
Difficile, avec nos yeux du XXIème siècle de voir la gloire divine dans le lavement des pieds et la bouchée à Judas. Et pourtant, à l'aune de Ph. 2,11 et de la kénose, il faut entendre les deux versets non sous l'angle de la gloire mondaine, mais sous celui de la révélation kénotique de la faiblesse divine : en paraphrasant et remplaçant « gloire » (doxa, kabod au sens d'Exode 34) par « lumière de la révélation » on obtient une version peut-être plus accessible à l'homme d'aujourd'hui : « Maintenant le Fils de l'homme s'est dévoilé et Dieu a été révélé en lui comme Dieu humble et aimant. Si Dieu a été révélé en lui, Dieu aussi le/[se] révélera en lui, [et] il le glorifiera aussitôt.»

Aimons-nous les uns les autres...
Pas à moitié, en passant, en critiquant par derrière 
La critique de l'autre trahit notre orgueil, notre jalousie 
Aimons-nous les uns les autres comme
Comme le dit Paul à plusieurs reprises dans ses lettres: imitez moi qui imite le Christ. Ce n’est pas sur l’apparence que cela se joue, mais bien dans cette course infinie où je me laisse saisir par lui (cf. Ph 3).
Il est le chemin...
C’est là un commandement nouveau. Il ne s’agit pas d’aimer comme le fond tous les hommes, dans une logique d’échange : je t’aime parce que ou pour que tu m’aimes. Non, la nouveauté du Christ c’est d’entrer dans le don gratuit, immense, sans limites, débordant d’un Dieu qui s’oublie pour se donner jusqu’à la Croix. 
C’est peut-être sous les pas de Jean Vanier que nous avons à chercher le chemin de l’amour gratuit.
Quelle est la découverte de Jean Vanier, c’est peut-être de regarder les choses à l’envers. Le petit, le faible, le rejeté, le fêlé nous donnes accès à Dieu. Comme le diacre Philippe pendu par les pieds laissons nous retourner. La gloire de Dieu, c’est de voir le monde à l’envers des hommes : aimer le petit et le faible. 
C’est le chemin du Christ, la kénose, Écoutons ce que nous dit Paul en Ph. 2. Il s’est abaissé, c’est fait esclave, c’est pourquoi Dieu l’a relevé et lui a donné la gloire.