13 septembre 2010

Des hommes et des dieux - Plaidoyer pour une église de la faiblesse


Depuis des années mes recherches tournent autour de cet extraordinaire dévoilement d'un Dieu de faiblesse qu'Urs von Balthasar décrit à partir de la triple kénose du Père, du Fils et de l'Esprit. Alors que je commence mes études en ecclésiologie, il me semble se dessiner un axe de recherche qui peut poursuivre cette course infinie dans cette direction. Il s'agirait de vérifier que l'idée qui domine la révélation de Dieu vers l'homme n'est pas de construire un église belle et forte mais une église de la kénose qui n'est jamais plus belle que lorsqu'elle est faible, vulnérable, hésitante, blessée, torturée.
Pourquoi le Christ en croix est-il le signe élevé ? Doit-il être prolongé par une église forte et robuste qui résiste au mal par des murailles épaisses, des prêtres rayonnant de savoir et de certitudes, enfermé dans une carapace reluisante que surmonte une carte de visite d'un blanc immaculé ?
En sortant de l'excellent film "Des hommes et des dieux", j'étais surpris de voir dans mon quartier cette foule immense qui se pressait à la sortie du film. Elle était plus importante que celle qui sortait de la messe dominicale... Elle était dans le silence et dans le recueillement intérieur, visiblement marqué par la densité spirituelle, mystique du message de Thibérine... Or qu'avons nous vu ? Une communauté veille, hésitante, pauvre... Des hommes qui hésitent, s'affermissent ensemble dans la faiblesse. Cette église est celle que je cherche à aimer... Elle n'est pas dans un message hypocrite mais dans la fragile kénose d'un tout donné à l'humanité.

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