Extrait du conte interactif Silo le berger
"1. Silo et le vieil homme
Notre histoire commence il y a plus de
deux mille ans, sous le règne du grand César Auguste, alors que
Quirinius gouvernait la Syrie et le roi Hérode la Palestine. Quelque
part, dans les montagnes de Juda, tu es là, petit homme de
Palestine. Tu t'appelles Silo, tu es berger.

Tu as les cheveux tout
roux. Ta mère, parfois, t’appelle le petit David, du nom de ce roi
d’Israël qui a tant marqué le peuple juif. Parfois, ce surnom te
fait rêver et tu t’imagines roi de Palestine.

Un cri rauque attire ton
regard. C’est un faucon. Profitant de la brise légère, il se
laisse porter vers les hauteurs. Par de brefs coups d’aile, il se
maintient en dessus d’un point que tu cherches à deviner. Est-ce
un petit rongeur, une vipère du désert ? Soudain, il plonge et tu
le vois disparaître, derrière la colline. Comme le jeune David, tu
t’amuses alors avec ta fronde, cherchant à atteindre, la grosse
pierre, à plus de trente mètres devant toi. Tu n’as pas la
dextérité légendaire du jeune roi et tu te lasses de ce jeu.


- Bonjour petit, tu peux me tirer de l’eau. Mes mains sont usées et le puits est profond.
Tu hésites. Tu ne connais pas l’homme. Il est habillé comme un prêtre, mais sa tunique est rapiécée. Pourtant tu te lèves, un peu malgré toi. Toi non plus, tu n’es pas riche. Et tes sandales sont usées par ces courses sans fin derrière le troupeau.
Tu lâches le seau. Il arrive au fond du puits et tu tires sur le bout de chanvre, pour qu’il se redresse et se remplisse à moitié. Et puis tu le hisses, à nouveau. Tes mains calleuses sentent les nœuds de la corde. La sueur coule sur ton front. D’un œil, tu surveilles tes brebis, qui boivent lentement. Bientôt le seau apparaît, tout près. Tu le soulèves dans un dernier effort et le présentes à l’homme.
- Comment t’appelles-tu, petit ?
- Silo, fils de Bénabath.
- C’est ton troupeau ?
- Oui, enfin, une partie. Mon père est là-haut, sur la crête.
L’homme te regarde, te dévisage. Il a une bonne tête, le regard qui pétille, au milieu de ses rides. Il ne dit rien. Puis soudain, il se met à parler.
- Je m’appelle Zacharie, dit-il, de la tribu d’Aaron. Je vais à Jérusalem, au Temple.
Tu ne réponds rien. Son regard t’intimide.
- Je vais prier le Dieu de nos pères, lui demander de nous envoyer le Messie.

- Oui, le sauveur de notre peuple. Celui que l’on attend.
Tu restes en silence. Il te parle encore un moment, assis sur la margelle. Tu l’écoutes, tout en surveillant tes brebis. Elles semblent ragaillardies. L’homme se lève, sourit et reprend sa route. Tu rejoins ton troupeau. Le soir, tu retrouves les tiens dans le campement itinérant, installé par ta mère, Judith, et tes deux grandes sœurs, Esther et Rebecca. Le petit Tobie est là, lui aussi, dans les bras de ta sœur aînée. Il n’a que six mois, mais déjà il pousse sur ses jambes et te tend les bras. Tu l’attrapes, le fais sauter en l’air, par trois reprises. Il rit de bon cœur.
Quand le soleil s’approche des collines, tu t’empresses d’y pousser tes brebis. Quand tout va bien, l’ensemble du troupeau est réuni par Félix et Nestor les deux chiens de ton père. Tu aides à la traite, puis tu retrouves ton frère et tes sœurs, au coin du feu. Là, tu manges en silence, les yeux tournés vers le ciel qui chaque nuit s'emplit d'étoiles. Ta vie est toute simple. Pourtant, la phrase du vieux Zacharie te taraude. Un Messie ? Est-ce possible ?"
Pour en savoir plus : voir post précédent....
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