Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
31 mai 2017
Visitation, tressaillements et inhabitation
À contempler.
Ces femmes qui dérangent nos prêtres
Question complexe et projet de réponse caricaturale et discutable : La lecture sexiste et cléricale du sacerdoce féminin pose question. Est-ce parce que la psychologie masculine et les tentations qu'elle sous tend fait craindre à nos pasteurs la présence des femmes à l'autel pour deux raisons inavouables ? : la distraction que le corps de la femme implique sur la concentration spirituelle de nos assemblées, mais aussi un risque de perte de pouvoir, plus souterrain ?
La femme, dans sa sensibilité propre apporterait pourtant un plus à l'Église.
Elle l'apporte déjà à sa manière.
Est-ce qu'en cassant la tradition nous changerions les choses ? L'Église, encore crispée sur des questions de tradition n'est pas prête à faire ce pas. Pourtant il n'empêche pas de s'interroger.
Sur ce point les arguments de Borras semblent insuffisants.
On oublie trop vite la place des femmes dans l'Église primitive. Les premières au tombeau, les diaconnesses sont occultées à dessein, alors qu'un sitz im leben permettrait d'aller plus loin.
Il y aurait intérêt à pousser plus loin l'argumentaire.
À méditer.
Précarité pastorale
L'analyse d'Alphonse Borras dont je viens d'achever la lecture(1) n'est pas d'un optimisme béat. Il rejoint malheureusement mes propres observations sur le terrain et notamment dans deux des trois diocèses que je fréquente. La raréfaction des prêtres comme des fidèles soulève des enjeux que l'on ne peut ignorer. Les solutions proposées par Borras, du 517.2 à l'utilisation de prêtres étrangers n'adressent pas le fond du problème, celui de la remise en route de la dynamique sacramentelle propre et commune des baptisés.
Borras repousse le sacerdoce féminin, n'exclut pas la question du diaconat féminin et prône l'utilisation parcimonieuse et raisonnable des viri probati,
Mon expérience pousserait plus dans les directions de fond proposée par Moingt(2) ou Théobald(3), celle d'une nouvelle évangélisation des fidèles qui met plus l'insistance sur l'évangile que le rite. Cela demande d'adresser le coeur du problème : mon expérience propre est que l'évangile n'est plus au coeur de la foi. Remettre le Christ au centre, par la lecture pastorale et commune des évangiles en maison d'Evangile comme nous tentons de le faire(5) ne porte plus sur des questions de présidence qui semble obséder Borras, mais sur l'inhabitation de l'homme en Christo qui conditionne tout le reste. Les travaux de la nouvelle école d'évangélisation de Versailles va probablement aussi dans ce sens(4). Elle ne vise pas la conversion des autres mais notre propre rapport au Christ. Alors la question du pouvoir n'est plus, car nous n'agissons plus. C'est Christ qui agit malgré nous.
A discuter.
(1) Quand les prêtres viennent à manquer, op. Cit.
(2) cf. L'Évangile sauvera l'Église (voir mes notes sur le tag Joseph Moingt).
(3) cf. ses analyses sur la Pastorale d'engendrement
(4) hommage discret à ma petite soeur....
(5) en lien avec les recherches du diocèse d'Arras. Voir aussi mes travaux sur ce thème.
24 mai 2017
Monopole 3
Quelles sont les conditions d'une vie paroissiale féconde pour la communauté ?
"Soit le curé collabore et la vie paroissiale se développe, soit il ne collabore pas et la vie paroissiale végète" (1) nous dit Borras.
L'adage est vrai aussi pour les laïcs.
Cela demande pour le canoniste due soit identifiable :
1. une cible (une mission définie),
2. une cohésion (faire corps)
3. et un ancrage dans l'Évangile (faire sens).
4. Borras ajouté l'importance d'une loyauté institutionnelle (faire face)(2),
L'ensemble permettant de créer une Église participative qui stimule et encourage chacun.
Bien sûr tout cela demande que "le vent souffle" au sein même de la communauté, ce qui suppose d'y être à l'écoute pour que les tentations du pouvoir et du valoir soient tempérées à bon escient.
(1) p. 122
(2) p. 124
18 mai 2017
Monopole 2
17 mai 2017
Corpus permixtum 4 - l'oeuvre commune
La suite va plus loin et j'y adhère d'autant plus qu'elle rejoint là encore ma quête sur la dynamique sacramentelle. Borras évoque, à la suite des propos du Pape déjà commenté sur le "flair du peuple", l'idée qu'une Église synodale a pour responsabilité commune d'entrer dans une "dynamique" où les baptisés ne sont pas seulement suscités pour leur participation à la mission mais aussi dans sa réforme :"la reformatio de l'Église l'entraîne à se conformer à la forma Christi dans une dynamique de discernement et de purification de ce qui la "déforme"(2) au sens d'une "conversion ecclésiale".
Il y a bien là une extension du sens rituel du sacrement en ce qui devient signe réel et efficace...
(1) p. 73
(2) p. 75, cf. aussi EG 30
NB : Borras rappelle par ailleurs p. 76 les propos du Pape sur les deux obstacles majeurs à une Église vraiment synodale : le cléricalisme et l'ecclésiocentrisme (EG 102).
16 mai 2017
Corpus permixtum 3
C'est là en effet le danger principal auquel s'ajoute certainement la difficulté de ne pouvoir départager des prises de pouvoir qui s'instaurent entre laïcs, en dépit de leur désir de faire communauté.
On rejoint l'oxymore de l'autorité et du service qui incombe aux ministres.
On est au coeur du sujet.
Pourquoi le prêtre aurait-il plus de pouvoir que les laïcs est en droit de se demander un observateur extérieur ?
On répondra probablement (2), en se basant sur le droit canon, par deux ou trois arguments : parce qu'il est image du Christ (ce qui doit être probablement modulé et restreint au sacrifice eucharistique), parce qu'il a reçu le sacrement de l'ordre et la grâce associée et qu'il est berger/pasteur de son troupeau...
Cela n'empêche pas, dit en substance, Ratzinger dans les principes de la foi catholique(3) qu'il puisse être incompétent. Pour autant, on doit lui reconnaître une autorité qui ne vient pas de lui...
L'enjeu est de maintenir cette tension, qui relève in fine de la surveillance de l'épiscope et probablement du pape. Cette dimension verticale n'empêche pas la conscience des laïcs et l'importance d'une horizontalité. Elle apporte néanmoins un contre pouvoir à ces derniers et aide à structurer l'ensemble. On voit bien aussi le danger : l'excès de pouvoir où l'excès de contestation. L'art est d'introduire tout ça dans une dynamique trinitaire qui conduit le pasteur lui-même à considérer sa double fonction : berger et serviteur.
La question de l'autorité est toujours à relire à l'aune de celle du Christ, qui lui-même s'en réfère au Père. "Tu n'aurais pas d'autorité si elle ne t'avait été donnée"... dit-il à Pilate.
El l'enjeu, comme le souligne Borras page 68ss est de garder en tension unité et catholicité.
(1) p.67
(2) J'anticipe probablement sur les développements à venir de Borras. Mais c'est le jeu de ces "chemins de lecture : se laisser interpeller, quitte à trouver ensuite des éléments de réponse et de contradiction.
(3) Je commente et développe ce point dans "Humilité et miséricorde, tome 3".
15 mai 2017
La tête et le corps - corpus permixtum 2
C'est là où Borras intègre l'analogie du corps, pour marquer l'importance du Christ-tête de l'Église. Difficile argumentation qui soutient pourtant depuis l'origine la difficile articulation de l'unité et de la diversité.
"Ce rapport d'altérité tête-corps est proprement symbolique car les ministères ordonnés signifient le lien intrinsèque du corps à la tête (...) il instaure un rapport à un tiers et, de ce fait, il y a trois termes : le corps ecclésial de tous les fidèles, les pasteurs à leur tête et le Christ-tête de son corps."(1)
Est-ce comme le dit Borras un modèle et plus encore un modèle normatif qui structure toute communauté ecclésiale.
J'en parlais avec un ami prêtre qui me racontait en retour l'expérience dun retour de pèlerinage en terre sainte et à Rome où des protestants présents lui avait fait part de leur découverte à Rome du sens et de l'importance de la primauté papale. Le danger d'un corpus permixtum est d'oublier la transcendance et l'unité au milieu de la diversité.
Il y a un balancier à toujours reconstruire entre communion et unité, liberté et autorité, charismes et relectures, corps et tête.
(1) ibid. p. 66
14 mai 2017
Corpus permixtum
(2) p. 64
13 mai 2017
Monopole du prêtre ?
Pour autant son analyse est disruptive puisque plus loin, rejoignant d'ailleurs la lettre du pape au cardinal Ouellet, il invite tout chrétien à un "sacerdoce d'existence" qui est pour lui "plus radical encore qu'un sacerdoce de fonction"(2). Cela ne nie pas la grâce sacramentelle de l'ordre mais donne à celle du baptisé toute sa puissance. C'est bien cela que je qualifie de dynamique sacramentelle.
(2) p. 61
12 mai 2017
La danse trinitaire - Élisabeth de la Trinité
(1) Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, cité par le CEC
11 mai 2017
Sacerdoce commun - Alphonse Borras
Je reprends la lecture de Borras(1) Ce qui me frappe dans son chapitre 2 tient d'abord à la dynamique sacramentelle qu'il développe pour tous les baptisés, appelés et convoqués à la même fonction sacerdotale.
Pour lui, l'enjeu reste que tous baptisés se sentent "disciples missionnaires" et qu'ils "intercèdent devant Dieu pour le monde" au sein d'un "sacerdoce commun à tous les baptisés [qui] s'inscrit dans le Sacerdoce du Christ qui s'offre au Père et reconduit vers lui toute l'humanité"(1).
Il évoque nos églises actuelles comme des "minorités témoins, au sens sacramentel", rejoignant ce que je décris de mon côté dans "la dynamique sacramentelle"(2).
C'est pour moi à la fois l'enjeu et l'interpellation. Comme je l'écris après Theobald, la question sacramentelle doit être vue ici au sens le plus large. L'enjeu est une communauté qui est signe pour le monde, plus que dans la seule commémoration de l'eucharistie pour autant essentielle, mais à travers elle dans ses fruits d'unité et de charité, ce que Borras developpe en évoquant la multitude des charismes.
(1) Alphonse Borras, quand les prêtres viennent à manquer, Paris, Mediaspaul, 2017, p. 59
(2) cf mon livre éponyme.
10 mai 2017
Circumincession - Cardinal Journet
La relation intra-trinitaire est de l'ordre de la danse. Les pères de l'église parle à ce sujet de la circumincession. Il nous faut contempler la Trinité "qui vient à nous dans ce chemin de l'Incarnation, cette voix de la tendresse de Dieu venant au milieu de nous pour nous parler, non plus à distance du haut du Ciel, mais nous parler à travers une voix humaine, un langage humain" (1).
(1) Cardinal Charles Journet (1891-1975),
Conférences données à Genève de 1972 à 1974 sur l'Évangile selon S. Jean (Texte publié par la fondation Cardinal Journet, pp.253-257 ; rev.)
09 mai 2017
La danse des âmes
(1) retrouve-t-on ici une idée déjà citée de Thérèse d'Avila : "tout est rien" ?
(2) Sainte Thérèse d'Avila, Les relations, œuvres complètes, tome 1 p. 418
08 mai 2017
De la beauté à la grâce -Saint Basile
"SI les prémices sont aussi belles, qu'en sera-t-il de la plénitude totale ?" (1)
(1) Saint Basile, traité sur l'Esprit Saint, source AELF
07 mai 2017
Ultime renoncement - Simone Weil
06 mai 2017
L'âme et la beauté
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(1) variation personnelle sur une allusion à Bach par François Cheng, De l'âme, Paris, Albin Michel, p.139
05 mai 2017
La douceur
"Sur ce bois [de la Croix] (...) fut greffée la douceur, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste nulle créature." (1)
(1) Saint Ephrem, Homélie sur le Seigneur, source AELF
04 mai 2017
Voyage of Time -Terence Malik
Quand un film devient prière...
Malik a transformé l'essai...
À la différence de ses films précédents, il entre dans le bruit d'un fin silence.
Dès les premières images, on est subjugué...
A voir et revoir sans modération.
Voir la bande annonce : https://youtu.be/YlWe_YcBWDY
L'épée de l'infini - Kierkegaard
(1) François Cheng, De l'âme, op cit. p. 79.
03 mai 2017
Le flair du peuple de Dieu - Pape François
Mais il y a là comme un contrepoids à une lecture trop figée de la Parole et des traditions, qui permet au souffle d'agir, de déplacer, de réveiller ce qui pourrait se statufier. C'est peut-être cela la dynamique à venir : voir dans le flair pastoral des baptisés une porte de sortie à un cléricalisme qui se meurt de son auto-référence. Il faut relire la lettre du pape au cardinal Ouellet qui insiste pour dire qu'avant d'être prêtre tout le monde est baptisé : "Personne n’a été baptisé prêtre ni évêque. Ils nous ont baptisés laïcs et c’est le signe indélébile que personne ne pourra jamais effacer. Cela nous fait du bien de nous rappeler que l’Église n’est pas une élite de prêtres, de personnes consacrées, d’évêques, mais que nous formons tous le saint peuple fidèle de Dieu(3)". Il nous faut percevoir le souffle d'une communauté qui s'éveille et bouge dans le sens du bien.
En disant cela je ne critique en rien les efforts des ministres. Je défends plutôt une vision synodale qui sans nier la primauté voit dans le flair d'une communauté plus que les perceptions individuelles (4)
(3) Lettre du pape François au Cardinale Marc Ouellet du 19 mars 2016
(4) cf. sur ce thème mes développements dans Cette Eglise que je cherche à aimer.
02 mai 2017
L'incarnation du Verbe - Athanase
Il a eu pitié de notre race, Il a eu compassion de notre faiblesse ; il a condescendu à notre corruption ; il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps, ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est notre corps qu'il a pris. ~
Dans le sein de la Vierge, il construisit pour lui-même le temple de son corps ; il en fit son instrument adapté, pour se faire connaître et pour y demeurer. Après avoir pris parmi nos corps un corps de même espèce, comme nous sommes tous soumis à la corruption de la mort, il le livra à la mort pour nous tous, et l'offrit à son père. Il a fait cela par amour pour les hommes." (1)
Sans commentaire
(1) Saint Athanase, discours sur l'incarnation du Verbe, source AELF
01 mai 2017
Lectures pastorales
Pour avis, mes "Lectures pastorales" sont devenues une longue saga qui compte maintenant une quinzaine de tomes, la plupart vendues à prix coûtant et publiés en "créative commons*" (parce que ces commentaires ne m'appartiennent pas et me dépassent) :
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1- A genoux devant l'homme, (Jean) 2012
2- Chemins de miséricorde, (Luc) 2013
3 - Chemins d'Eglise (Actes des apôtres)
4 - Serviteur de l'homme, kénose et diaconie (n°3 + lettres de Paul) 2014
5 - Sur les pas de Marc, 2015
6 - Sur les pas de Jean, 2015
7 - Chemins croisés (Matthieu), 2015
8 - Chemins d’Évangile (Recueil rassemblant les n° 2, 5, 6 et 7), 2015
9 - Le chemin du désert (de Gn et Ex à Mat 4 et Jn 21)
10 - Nouveau testament commenté, tome 3 (autres lettres)
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12. Décentrement et communion, tome 2
13. Miséricorde, un chemin en Église, tome 3
Puis elles viennent d'être complétées par :
14 - Lire l'Ancien Testament, tome 1 - une lecture pastorale des livres d'Osée et de la Genèse, 2016
15 - Dieu n'est pas violent, lire l'Ancien Testament, tome 2 (à partir des travaux publiés en 10,11 et 19)
16 - Chemins de prière, nouvelle édition - lire l'Ancien Testament, tome 3 (les psaumes)
Reste en préparation :
17 - Lectures pastorales (une version synthétique des tomes 14, 15 et une relecture du n°5).
18 - Une lecture pastorale des prophètes ?
* Libres de droits, ils sont reproductibles avec mentions de la source.
Les premiers tomes sont aussi disponibles en epub gratuits.
Discours du Pape François au Caire
(...) Trois orientations fondamentales, si elles sont bien conjuguées, peuvent aider le dialogue : le devoir de l'identité, le courage de l'altérité et la sincérité des intentions. (...)
Dieu, qui aime la vie, ne se lasse d'aimer l'homme et c'est pourquoi il l'exhorte à s'opposer à la voie de la violence, comme présupposé fondamental de toute alliance sur la terre."
Refusant tout syncrétisme facile, le pape nous invite à progresser dans "
l'effort qui tend à instaurer une fraternité universelle".
À méditer
PS : lire bien sur l'intégrale sur Vatican.va
http://m.vatican.va/content/francescomobile/fr/speeches/2017/april/documents/papa-francesco_20170428_egitto-conferenza-pace.html
La vie partagée
(1) Cheng, op. Cit. p. 77