27 juin 2020

Dépouillement 13 - prendre sa croix - 13eme dimanche

Projet 3

Les textes de ce treizième dimanche de l’année A nous demande un pas de plus, mais quel pas !
Je regardais cette semaine, faute d'y avoir assisté à l'ordination diaconale d'une dizaine de jésuites à saint Ignace.



Dans le rituel d'ordination des diacres en vue du sacerdoce, on leur demande de s'engager au célibat en avançant d'un pas...
C'est pour eux une vie nouvelle, une belle façon de prendre sa croix, non pas un effort contre nature, mais peut-être une mort à sa nature pour entrer dans une dynamique différente.
A la lumière de cet « impossible à l'homme » de Mathieu 19, que soulignait Pierre Grelot (cf. mon billet précédent) l'enjeu est d'avancer vers cette « vie nouvelle » qu'évoque Paul dans Romains 6... un vrai dépouillement...
Il faut méditer sans cesse ce « non pas ma volonté mais la tienne » de Jésus à Gethsemani pour comprendre qu'à l'impossible humain, nul n'est tenu, mais que nous sommes appelés à nous en remettre à Dieu pour avancer, prendre sa croix et continuer la course au sens donné par Paul en Philippiens 3.
Je suis diacre, non en vue du sacerdoce mais ce qu'on appelle permanent. Je ne suis pas engagé au célibat mais « dans mon état » c'est à dire que si ma tendre épouse me « quittait » je devrais rester alors dans le célibat. J'ai donc fait à ma manière un petit peu ce pas, inouï de m'engager à une vie de dépouillement. Je me sens bien petit...
Ma vie maintenant est d'accueillir - le mot reviens souvent dans l'Evangile d'aujourd'hui...donner un verre d'eau, accueillir le prochain, le migrant, l'étranger. Je trébuche à chaque pas, je recule bien souvent au lieu d'avancer. C'est déjà un chemin impossible à l'homme. Seigneur donne moi la force d'avancer, de prendre, soulever cette croix, à ta suite, de me dépouiller de cette paresse constante, de tout ce qui m'empêche d'aimer.

Revenons à Grelot :  « En  face  de  ce  mystère  du  mal  qui  pèse  sur  notre  liberté  et auquel  nous  participons  à  notre  tour,  deux  attitudes  complémentaires  sont  en  même  temps  nécessaires.  D’une  part,  il  y  a place  pour  la  conversion  (...) d’autre  part,  cette  conversion même  est  affaire  de  grâce.  C’est  pourquoi (...)  l’auteur du  Ps 51  implore  de  Dieu  une purification  intérieure  (51,  3-4.  9), un changement de son cœur,  un don de l’Esprit divin  (51,  12-13), qui  seuls  lui  assureront  la  joie  du  salut  (51,  14-17).  Il  ne  s’agit pas   seulement   d’un   pardon   accordé   au   pécheur   repentant (cf.  Ps  32,  1-5  ;  130),  mais  d’une  recréation  de  son  être  qui  le rendra  capable  de  fidélité  (Ps  51,  12).  La  grâce  ainsi  demandée anticipe  sur  les  dons  rattachés  ailleurs  à  l’économie  eschatologique. » 

Au bout du chemin il y a l’inaccessible... mais sur la route, se trouve les dons de Dieu, la foi, la charité et l’espérance. L’espérance est si petite disait Péguy. On peut le comprendre à la lumière de nos limites humaines. Elle est là pourtant et la première lecture nous laisse, à ce titre, quelque chose à espérer.

(1) P. Grelot, ibid. p.29

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