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02 mars 2016

Macaire et Grégoire de Nysse

Balthasar voit également une continuité entre Grégoire de Nysse et Macaire dans cette course infinie que nous avons déjà longuement commentée chez le cappadocien. Pour Macaire, "l'effort absolu de l'homme pour correspondre à la grâce" nous donne accès, "par la pleine liberté de Dieu, et sans qu'une proportion visible existe ‎[à ] la réponse qui élève l'homme" et donne "un goût anticipé de Dieu" qui ne protège pas pour autant de l'Adversaire. L'alternance "de consolation et de désolation" étant part intégrante de "la pédagogie de Dieu" (1)

(1) Hans Urs von Balthasar , GC1 p. 231

18 février 2016

La miséricorde chez Grégoire de Nysse

"La miséricorde est une disposition bienveillante qu'on éprouve pour ceux qu'afflige ‎quelque malheur. Car de même que l'inhumanité et la férocité ont leur source dans la haine, ainsi la miséricorde a la sienne dans l'affection". Cette définition du cappadocien n'a d'intérêt que dans le contraste qu'elle met en avant. Elle rejoint ce retournement du coeur évoqué en Osée 11, 8 qui transforme notre vision de Dieu en Dieu de tendresse, pris aux entrailles...

(1) Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes, traduction de l'abbé Pelletier, 1856-1857, cité in Le livre de la miséricorde, op. Cit p. 72



18 juillet 2014

Kénose chez Grégoire de Nysse

Mes lecteurs réguliers savent combien j'attache de l'importance au thème de la kénose (cf. notamment ma dernière allusion chez Bonhoeffer). Voici un petit texte découvert chez saint Grégoire de Nysse, moine et évêque (335-395) qui me semble utile à citer dans cette direction :

  "Le fait que Dieu, qui est tout-puissant, ait été capable de s’abaisser jusqu’à l’humilité de la condition humaine constitue une preuve plus grande de sa puissance que l’éclat et le caractère surnaturel des miracles. En effet, quand la puissance divine accomplit une action d’une grandeur sublime, c’est, en quelque sorte, conforme et approprié à la nature de Dieu… Par contre, que Dieu soit descendu jusqu’à notre bassesse est, en quelque sorte, l’expression d’une puissance surabondante qui n’est pas du tout entravée par ce qui est à l’opposé de sa nature…       Ni l’étendue des cieux, ni l’éclat des astres, ni l’ordonnance de l’univers, ni l’harmonie des choses créées ne révèlent la puissance magnifique de Dieu autant que son indulgence qui l’amène à s’abaisser jusqu’à la faiblesse de notre nature… La bonté, la sagesse, la justice et la puissance de Dieu se révèlent dans ses desseins en notre faveur : la bonté dans la volonté de « sauver celui qui était perdu » (Lc 19,10) ; la sagesse et la justice dans sa manière de nous sauver ; la puissance dans le fait que le Christ est « devenu semblable aux hommes » (Ph 2,7-8) et s’est conformé à l’humilité de notre nature. "

A contempler.

Source : Le Discours catéchétique, 23-26 ; SC 453 (trad. SC p. 253 rev.) 

13 septembre 2010

Des hommes et des dieux - Plaidoyer pour une église de la faiblesse


Depuis des années mes recherches tournent autour de cet extraordinaire dévoilement d'un Dieu de faiblesse qu'Urs von Balthasar décrit à partir de la triple kénose du Père, du Fils et de l'Esprit. Alors que je commence mes études en ecclésiologie, il me semble se dessiner un axe de recherche qui peut poursuivre cette course infinie dans cette direction. Il s'agirait de vérifier que l'idée qui domine la révélation de Dieu vers l'homme n'est pas de construire un église belle et forte mais une église de la kénose qui n'est jamais plus belle que lorsqu'elle est faible, vulnérable, hésitante, blessée, torturée.
Pourquoi le Christ en croix est-il le signe élevé ? Doit-il être prolongé par une église forte et robuste qui résiste au mal par des murailles épaisses, des prêtres rayonnant de savoir et de certitudes, enfermé dans une carapace reluisante que surmonte une carte de visite d'un blanc immaculé ?
En sortant de l'excellent film "Des hommes et des dieux", j'étais surpris de voir dans mon quartier cette foule immense qui se pressait à la sortie du film. Elle était plus importante que celle qui sortait de la messe dominicale... Elle était dans le silence et dans le recueillement intérieur, visiblement marqué par la densité spirituelle, mystique du message de Thibérine... Or qu'avons nous vu ? Une communauté veille, hésitante, pauvre... Des hommes qui hésitent, s'affermissent ensemble dans la faiblesse. Cette église est celle que je cherche à aimer... Elle n'est pas dans un message hypocrite mais dans la fragile kénose d'un tout donné à l'humanité.

24 septembre 2007

« Heureux les pauvres de coeur »

La « pauvreté en esprit » me semble désigner l'humilité. L'apôtre Paul nous donne en exemple la pauvreté de Dieu, « qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, pour nous faire partager sa richesse par sa pauvreté » (2Co 8,9). Tout ce que nous pouvons percevoir par ailleurs de la nature divine dépasse les limites de notre condition, mais l'humilité nous est possible ; nous la partageons avec tous ceux qui vivent sur terre, façonnés de la glaise à laquelle ils retournent (Gn 2,7;3,19). Si donc tu imites Dieu en ce qui est conforme à ta nature et ne dépasse pas tes ressources, tu revêts comme un vêtement la forme bienheureuse de Dieu.

Qu'on ne s'imagine pas qu'il est facile d'acquérir l'humilité. Au contraire, ceci est plus difficile que l'acquisition de toute autre vertu. Pourquoi ? Parce qu'à l'heure où se reposait l'homme qui avait semé le bon grain, l'ennemi a semé la part la plus considérable de la semence, l'ivraie de l'orgueil, qui a pris racine en nous (Mt 13,25)... Comme presque tous les hommes sont naturellement portés à l'orgueil, le Seigneur commence les Béatitudes, en écartant ce mal initial de l'orgueil et en conseillant d'imiter le vrai Pauvre volontaire qui en vérité est bienheureux, de manière à lui ressembler, selon notre pouvoir, par une pauvreté volontaire pour avoir part à sa propre béatitude. (1)

(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes, n° 1 (trad. DDB 1979, p.32)

10 août 2007

Théologie négative - III



« Le fait même que, d’après la Bible, l’homme soit l’image de Dieu, que celui-ci ait imprimé son sceau au plus intime de l’homme, que cette image ait été rétablie et restaurée en Jésus-Christ, selon son modèle originel, tout cela empêche déjà que n’importe quelle négation subséquente n’ébranle le statut originaire de Dieu par rapport à l’homme. ».

Selon Grégoire de Nysse, il existe de ce fait une transcendance tout à fait originaire dans la nature de l’homme, un dépassement de soi vers l’infini puisque l’être image renvoie de par lui-même à un archétype inaccessible. (1)

Pour lui cette course vers Dieu qui fait aboutir à la vie en Dieu est si essentielle qu’il l’a fait continuer (comme d’ailleurs saint Irénée) dans toute l’éternité, sans que cela empêche notre béatitude. (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.105
(2) ibid p. 106

27 juin 2007

Etre source

« Celui qui boit à la source, d’après la parole du Seigneur, devient lui-même la source, recevant la Parole divine il est fait lui-même parole (...) celui qui reçoit devient aussi une plaie saignante, une blessure d’amour qui pénètre au plus intime du cœur, c'est à dire jusqu’à la participation à la divinité, car l’amour est-il dit, c’est Dieu » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, il s’agit de quelque chose comparable à ce qu’exprime le Cantique des Cantiques : « blessée par la flèche d’amour, l’épouse à une plaie qui se transforme en joie nuptiale »

(1) d’après Grégoire de Nysse, cité par Hans Urs von Balthasar, p.363

18 juin 2007

Pépites - II

Il a fallu toute la réaction moderne contre le poids de la tradition augustinienne pour dégager des restrictions qui la contraignent encore chez saint Thomas, l’idée que l’on puisse espérer pour les autres, quels qu’ils soient. Thérèse de Lisieux y arrive au prix d’un geste héroïque de consécration totale de la miséricorde divine : cette espérance sans limites, elle ne pensait pas pouvoir l’acheter pour moins cher que par cette substitution en faveur des pécheurs ».

« L’espérance ne peut qu’attendre dans l’obscurité le miracle qui s’est déjà accompli à la mort du Christ. » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, il est étonnant que l’on n’ait pas rapproché la phrase d’Heidegger : « La mort est la possibilité qui appartient le plus à l’existence. (...) Il s’agit là de l’être du Dasein pur et simple. » (2) de celle de Grégoire de Nysse « c’est à cause de la mort que Dieu a pris sur lui de naître ». (3)

(1) Balthsar, ibid p. 291-293
(2) Sein und Zeit 1927, p. 263
(3) Discours catéchétique 32,3

01 juin 2007

Judas, premier destinataire de la communion

L’amour de Dieu ne peut connaître aucune exception. C’est pourquoi on n’a « jamais le droit de désespérer du sort du pécheur, et cela vaut même pour Judas. (...) il est le seul mentionné dans la communion et il est de ceux pour qui le Christ meurt ». Son cas « n’est réglé qu’au-delà de la mort, c'est à dire dans l’enfer et c’est notamment pour lui que le Christ va jusque là. (1)

« Le jugement de la croix est définitif mais le Seigneur attend le dernier jour pour en révéler le résultat » (2) ajoute Adrienne von Speyr et ce au nom d’une liberté qui demeure.

Le péché devait s’accroître jusqu’à la dernière limite, alors vient la rédemption et celle-ci s’emparera de la victoire, nous dit Grégoire de Nysse (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 256-7
(2) Adrienne von Speyr, Corinther I, 163
(3) Cardinal Jean Daniélou, dans l’Etre et le temps chez Grégoire de Nysse p. 186-204 258

15 février 2007

Le Don - IV

Pour Balthasar, l'essence divine n'est pas un bloc inerte d'identité mais "une réalité qui se communique dans le Père, se reçoit dans le Fils, est donnée en commun à l'Esprit par le Père et le Fils, étant elle-même de la part du Fils et de l'Esprit quelque chose de reçu"

Il y a donc un mystérieux échange trinitaire qui fait transpirer pour moi la triple kénose des personnes divines. Le Père s'abandonne au Fils qui s'abandonne par amour du Père et se transmet par l'Esprit. Je retrouve ce que Maurice Zundel décrivait comme un "Dieu à une distance infinie de lui-même", un don parfait.

Cela rejoint Grégoire de Nysse qui affirmait que stabilité et mobilité sont comparables. "Plus quelqu'un demeure fixe et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. Sa stabilité est pour lui comme une aile".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 64

(2) Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, PG 44, 405 BD, trad. J. Danièlou, Sources chrétiennes, 1, 146-147