21 février 2019

Sagesse 3 - Procope de Gaza


« La Sagesse a bâti sa maison. La puissance de Dieu le Père, qui subsiste par elle-même, a construit pour sa demeure le monde entier où elle habite par son activité ; et elle a construit l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et dont la nature est à la fois visible et invisible.

Elle a sculpté sept colonnes. À l'homme qui, après la création, a été formé selon le Christ, elle a donné les sept dons du Saint-Esprit, afin qu'il croie au Christ et observe ses commandements. Grâce à ces dons, la vertu est animée par la connaissance et, réciproquement, la connaissance s'incarne dans la vertu. C'est ainsi que l'homme spirituel devient parfait, s'accomplît dans l'accomplissement de la foi, en participant aux biens qui dépassent la nature.

Ces dons rectifient la lumière naturelle de l'esprit. La force prépare à rechercher et à désirer avec ardeur les vraies raisons des choses, c'est-à-dire : la volonté divine par laquelle tout a été fait. Le conseil discerne ces vouloirs de Dieu parfaitement saints, incréés et immortels, et il enseigne à les mettre dans la pensée, la parole et l'action. L'intelligence y fait acquiescer et consentir en refusant ce que s'y oppose. ~

Elle a mélangé son vin dans la coupe et a dressé sa table. De même qu'on fait un mélange dans une coupe, la Sagesse a mêlé dans l'homme la nature intellectuelle et la nature sensible ; c'est-à-dire qu'elle a uni à la connaissance des choses créées la connaissance d'elle-même comme cause de toutes choses. Et cette connaissance de tout ce qui concerne Dieu, comparable à du vin, enivre l'esprit. C'est ainsi que par elle-même, qui est le pain du ciel, elle nourrit les âmes par la vertu ; elle les abreuve et les réjouit par la doctrine. Elle a donc apprêté tout cela comme une table magnifiquement servie pour le banquet spirituel de ceux qui désirent y participer.

Elle a envoyé ses esclaves inviter à sa coupe, en proclamant à haute voix. ~ Elle a envoyé les Apôtres, ces servants de sa divine volonté, pour qu'ils proclament la bonne nouvelle de l'Évangile. Celui-ci est au-dessus de la loi écrite et de la loi naturelle, parce qu'il est la loi de l'Esprit qui invite à le rejoindre lui-même. En lui comme dans une coupe, selon le mystère de l'économie rédemptrice, s'est réalisée l'union étonnante de la nature divine et de la nature humaine, sans confusion, en une seule personne. Et c'est par la bouche de ces serviteurs que la Sagesse proclame : Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! Celui qui manque de sagesse est celui qui pense dans son cœur que Dieu n'existe pas. Qu'il rejette son athéisme, qu'il me rejoigne par la foi, qu'il sache que je suis le Créateur et le Seigneur de l'univers. 

À l'homme sans intelligence, elle dit : Venez manger mon pain et boire le vin que j'ai mélangé pour vous ! Et à ceux qui n'accomplissent pas les œuvres de la foi, afin qu'ils accèdent à une connaissance plus parfaite, elle dit : Venez manger mon corps qui, comme du pain, vous nourrit pour la pratique de la vertu ; buvez mon sang qui, par la connaissance, vous réjouira comme du vin et vous enivrera pour vous diviniser. Car ce sang, d'une façon étonnante, je l'ai mélangé à la divinité, pour votre salut » (1)
A méditer 

(1) Procope de Gaza, commentaire sur les Proverbes, source AELF, offices des lectures de la 6eme semaine du temps ordinaire 





19 février 2019

Sagesse 2

Comme il y a une progression dans la révélation, il y a une évolution dans la compréhension de la Sagesse divine.

Il faut toujours se méfier de nos interprétations et de nos anthropocentrismes.

Écoutons sur ce thème saint Athanase :
«  La Sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, est créatrice et réalisatrice de toutes choses. En effet, dit le Psaume : Tu as tout fait avec sagesse, la terre est pleine de tes créatures. Afin que les créatures non seulement existent, mais existent bien, Dieu a décidé que sa propre Sagesse descendrait vers les créatures afin d'imprimer en toutes et en chacune une certaine empreinte et représentation de son image ; ainsi serait-il évident qu'elles ont été créées avec sagesse et qu'elles sont des œuvres dignes de Dieu.
De même, que notre verbe humain est l'image de ce Verbe qui est le Fils de Dieu, ainsi notre sagesse est, elle aussi, l'image de ce Verbe qui est la Sagesse en personne. Parce que nous possédons en elle la capacité de connaître et de penser, nous devenons capables d'accueillir la Sagesse créatrice, et par elle nous pouvons connaître son Père. Car celui qui a le Fils a aussi le Père, et encore : Celui qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. Parce que l'empreinte de cette Sagesse existe en nous et en toutes ses œuvres, il est tout à fait juste que la Sagesse véritable et créatrice, appliquant à elle-même ce qui concerne son empreinte, dise : Le Seigneur m'a créée comme une de ses œuvres. »

Plus loin, il insiste et c’est là ce que nous pouvons peut-être méditer : « Puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la Sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Désormais Dieu ne veut plus, comme dans les temps primitifs, être connu par l'image et l'ombre de la Sagesse : il a voulu que la véritable Sagesse en personne prenne chair, devienne homme, subisse la mort de la croix, afin qu'à l'avenir tous les croyants puissent être sauvés par la foi en cette Sagesse incarnée.
C'est donc elle qui est la Sagesse de Dieu. C'est elle qui, auparavant, par son image introduite dans les choses créées (et c'est en ce sens qu'on la disait créée), se faisait connaître et, par elle, faisait connaître le Père. Par la suite, elle-même, qui est le Verbe, est devenue chair, comme dit saint Jean ; après avoir détruit la mortet sauvé notre race, elle s'est manifestée plus clairement elle-même et, par elle-même, elle a manifesté son Père. Ce qui lui a fait dire : Donne-leur de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Toute la terre a donc été remplie de sa connaissance. Car il y a une seule connaissance : du Père par le Fils, et du Fils à partir du Père. Le Père met sa joie en lui, et le Fils se réjouit de la même joie dans le Père, ainsi qu'il le dit : J'y trouvais ma joie, je me réjouissais jour après jour en sa présence. »

Saint Athanase d'Alexandrie, discours contre les Ariens, source AELF

Les portes du ciel - Christophe Gripon

Un bel essai qui nous ouvre à la contemplation de Dieu dans les multiples facettes de sa révélation. L’approche originale de Christophe Gripon nous fait découvrir comment Dieu se révèle à l’homme au sein même de son désir très humain pour le conduire plus haut, vers l’inaccessible.
A partir des textes sur la Sagesse dans l’Ancien Testament et rejoignant l’approche de Benoît XVI in Caritas in Veritate, mais également de quelques mysthiques, les Portes du ciel (1) constituent un véritable chemin spirituel. Mérite un détour....!




(1) Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018

Écouter l’homme dans le silence - 7


C'est au cœur d’un véritable silence,
que l'on peut entendre le cri de l'homme souffrant, 
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de Dieu souffrant.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de notre conscience,
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que Dieu appelle l'homme, dans le jardin du monde.

« Où es-tu ? » cf. Gn 3

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Pour toi le silence est louange, ô Dieu, dans Sion;
on  des vœux qu'on t'a fait.»
‭‭Psaumes‬ ‭65:2‬ ‭

«Iles, faites silence pour m'écouter! Que les peuples renouvellent leur force, qu'ils s'avancent et qu'ils parlent!.»
‭‭Isaïe‬ ‭41:1‬ ‭

«Moïse et les prêtres-lévites dirent à tout Israël: Israël, fais silence et écoute! Aujourd'hui, tu es devenu le peuple du SEIGNEUR, ton Dieu.»
‭‭Deutéronome‬ ‭27:9‬

«Garde le silence devant le S EIGNEUR, et attends-le; ne te fâche pas contre celui qui réussit dans ses voies, contre l'homme qui mène à bien ses intrigues.»
‭‭Psaumes‬ ‭37:7‬ ‭

«Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit: Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si c'est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu.»

‭‭Matthieu‬ ‭26:63‬ ‭

Voir aussi sur ce thème :

17 février 2019

Au fil de Luc 6,17.20-26 - Béatitudes - Une joie profonde - Paul VI - Larmes du Père 7

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes. 
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)

Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19)  transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »

A méditer...

(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt 
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)

16 février 2019

Au fil de Marc 8,1-10. - Multiplication des pains - Les portes Christ

« En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n'avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit :
« J'ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n'ont rien à manger.
Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d'entre eux sont venus de loin. »
Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »
Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. »
Alors il ordonna à la foule de s'asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule.
Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer.
Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles.
Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya.
Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha. » Marc 8,  Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

« Notre berger se donne lui-même en nourriture
« Qui dira les prouesses du Seigneur ? Qui fera retentir toute sa louange ? » (Ps 106,2) Quel berger a jamais nourri ses brebis de son propre corps ? Mais que dis-je, un berger ? Souvent des mères confient leurs enfants à des nourrices dès la naissance. Mais Jésus Christ ne peut pas accepter cela pour ses brebis ; il nous nourrit lui-même de son propre sang, et ainsi nous fait devenir un seul corps avec lui.  (...). S'il s'est fait homme, s'il est venu prendre notre nature humaine, cela concerne le salut de tous les hommes. Et s'il est venu pour tous, il est aussi venu pour chacun en particulier. Dans l'eucharistie Jésus Christ s'unit à chacun de ses fidèles ; il les fait renaître, les nourrit de lui-même, ne les abandonne pas à autrui et ainsi il les convainc une fois de plus qu'il a vraiment pris notre chair. » (1)

Ce corps brisé et répandu nous en sommes les porteurs. 

Écoutons saint Paul : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » (1 Co 6,15) Lorsqu'il dit : « Vos corps sont les membres du Christ », qu'est-ce à dire, sinon que nos corps, joints à notre tête qui est le Christ (Col 1,18), font ensemble un temple unique, le temple de Dieu ? Avec le corps du Christ, nos corps sont ce temple… Laissez-vous construire dans l'unité, pour ne pas tomber en ruine en restant séparés ». (2)

Quel est l'enjeu sinon de devenir ce que nous recevons. « Ce n'est pas moi, mais le Christ qui vit en moi » dit Paul. 
"Car, sous la figure du pain, c'est le corps qui t'est donné ; sous la figure du vin, c'est le sang qui t'est donné, afin que tu deviennes, en participant au corps et au sang du Christ, un seul corps et un seul sang avec le Christ. C'est ainsi que nous devenons des « porte-Christ », son corps et son sang s'étant répandus dans nos membres. De cette façon, selon saint Pierre, nous devenons participants de la nature divine."(3)

Nous devons d'abord être,  comme le dit ce texte des porte-Christ et que pour ce faire,  conscients  d'être temple du Christ nous devons nous nourrir de la contemplation de ce que nous portons, pour ne pas diluer dans le monde la force de ce que  nous révèle la prière silencieuse. 

Mais la contemplation ne peut être valable que si elle nous transforme utilement en "porte-Christ" et Dieu nous attends dans l'agir.

Cette expression des premiers siècles nous conduit à le laisser agir le Christ en nous. L'Eucharistie n'est donc pas un moment de la vie mais un tout : "Dieu nous a donné son fils pour habiter en nous, non seulement dans le temps où nous communion à son corps et à son sang, mais encore dans tous les moments de la vie" (4)
Dieu habite en nous par la foi, disait Paul en Eph 3, 17.

Immense responsabilité que nous avons à contempler et vivre que cette inhabitation de Dieu en nous. Elle doit nous faire autre, engendrer en nous une metanoia, une conversion telle que Benoît XVI la décrivait : une fission nucléaire du coeur (5) pour effacer ce qui en nous n'est pas temple du Christ.

———
Petit rituel pour ceux qui portent le Christ au malade

Le porte-Christ est lui-même en paix avec le Seigneur, par une confession régulière, revigoré par une attention particulière pendant la messe au « je confesse à Dieu », tourné vers la Croix, Il n'attend pas longtemps si possible entre la messe et la communion du malade, en portant la custode sur son cœur.
Après une brève salutation où l'on s'interroge sur sa santé, on prépare le lieu en disposant la custode idéalement sur un linge blanc, avec une bougie et des fleurs au besoin. Puis l'on prie.

Introduction 

Si le ministre n'est pas prêtre ou diacre, il salue les assistant en disant par exemple: Mes frères, bénissez le Seigneur qui dans sa bonté nous (ou vous) invite à la table du Corps du Christ.

Tous répondent:
Béni soit Dieu, maintenant et toujours!

Le ministre invite à la pénitence ceux qui vont communier, en disant par exemple:
Préparons-nous à la célébration d'aujourd'hui en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

On fait une brève pause en silence.
Vient ensuite la confession qui peut se faire selon l'une ou l'autre des formules suivantes:

1. INVOCATION AU CHRIST

Le ministre, ou un participant, dit les invocations suivantes ou d'autres:
Seigneur Jésus, par ton mystère pascal tu nous as acquis le salut, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

O Christ, tu ne cesses de renouveler au milieu de nous les merveilles de ta Passion, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, par la communion à ton Corps tu nous fais participer au sacrifice pascal, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

2. SUPPLICATION

Seigneur accorde-nous ton pardon.
R. Nous avons péché contre toi.

Montre-nous ta miséricorde,
R. Et nous serons sauvés.

3. ACTE DE CONTRITION
Tous font ensemble la confession:
Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission; oui, j'ai vraiment péché. (On se frappe la poitrine.) C'est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

Puis le ministre dit la prière pour le pardon:
Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde; qu'il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle.

Tous répondent: Amen.

  1. LECTURE DE LA PAROLE

On relit idéalement l'Évangile du jour, puis on partage ce que l'on a reçu de l'homélie
A défaut' si le malade n'est pas en état on peut se contenter d'un texte suivant.

1. Jésus nous dit: «Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel: si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» (Jn 6,51)


  1. NOTRE PÈRE
Le ministre prend alors la custode contenant le Corps du Seigneur, le dépose sur le lieu préparé à l'occasion et fait la génuflexion. Ensuite, il introduit le Notre Père en disant par exemple:

Comme nous l'avons appris du Sauveur, et selon son commandement, nous osons dire:

Et tous ensemble poursuivent:
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal. Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.

  1. COMMUNION

Cela fait, le ministre fait la génuflexion, prend le pain consacré et, le tenant un peu élevé au-dessus de la custode, dit, tourné vers les communiants:
Heureux les invités au repas du Seigneur! Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

Et les communiants ajoutent:
Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir; mais dis seulement une parole et je serai guéri.

Si le ministre communie lui-même, il dit à voix basse: Que le corps du Christ me garde pour la vie éternelle.

Et il mange avec respect le corps du Christ.
Ensuite, il prend la custode, s'approche des communiants; il montre à chacun d'eux le pain consacré en l'élevant légèrement et dit: Le corps du Christ.

Le communiant répond: Amen. Et il communie.
La distribution de la communion achevée, le ministre, s'il reste des fragments les consomme lui-même avec dignité.
On peut alors prier un moment en silence. On peut aussi chanter un psaume ou un cantique de louange.


Ensuite le ministre conclut en disant par exemple  :
Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion; Donne-nous de vénérer d'un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. Toi qui règnes pour les siècles des siècles.


Amen.

Si le ministre n'est pas prêtre ou diacre, il dit en demandant la bénédiction de Dieu et en se signant:

Que le Seigneur nous bénisse, + qu'il nous garde de tout mal, et nous conduise à la vie éternelle.

Tous: Amen.(6)



(1) Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°82 ; PG 87, 737, source Évangile au quotidien. 
(2) Saint Augustin, Sermon Morin n°3, 4 ; PLS 2, 664 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 3, p. 916 rev.)
(3) Catéchèse de  Jérusalem aux nouveaux baptisés
(4) Gilles Chaillot ibid p. 16
(5) JMJ de Cologne
(6) source : extrait du  livre des bénédictions, AELF

15 février 2019

Au fil de saint Marc 7,31-37.- ouvre toi - Saint Claude La Colombière

« il soupira et lui dit : « Effata ! », c'est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
Ses oreilles s'ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement » (Marc 7)

Double ouverture, celle du cœur et celle qui délie nos langues pour proclamer les louanges du Seigneur 

« Le Seigneur m'a rempli de paroles de vérité
pour que je puisse l'exprimer.
Comme un cours d'eau,
la vérité coule de ma bouche,
mes lèvres montrent ses fruits.(1) 

(1) Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)
N°12, source Ėvangile au quotidien 

14 février 2019

Les larmes du Père - 6 - Emmanuel Durand

Après ses travaux déjà commentés ici sur la circumincession, saluons la publication d'Emmanuel Durand sur les Émotions de Dieu.

"Dieu peut-il éprouver des émotions ? C'est à cette question que cherche à répondre Emmanuel Durand.
Par son sujet principal : « Dieu éprouve-t-il une passion d'amour ? » et à partir du Livre d'Osée, le théologien constate "la persévérance de l'élection, les bienfaits de la création, l'envoi du Fils, la passion du Christ, l'effusion de l'Esprit qui sous-tend le témoignage de la communauté chrétienne." (...)  « La pure tristesse de Dieu se fait humaine lorsque le Fils de Dieu pleure dans sa chair. Dieu est inaltérable en lui-même, tant le Père que le Fils ou l'Esprit. Mais il est une modalité sous laquelle la tristesse créée est réellement la tristesse de Dieu. Elle est toutefois propre au Fils venu dans notre chair. (…) La non-défiguration de Dieu dans sa tristesse a pour expression la défiguration de son propre Fils dans la chair. (…) Le visage altéré de Jésus révèle en termes créés l'affection très réelle de Dieu inaltérable, face au mal et au péché du monde. » (1) Il y a ici une façon originale d'explorer les relations entre le Père et le Fils au sein du mystère de la Trinité" nous dit   
David Roure dans son article paru dans la Croix d'aujourd'hui.

Comme l'indique le numéro de mon post, ce sujet le travaille depuis des années. Personnellement, j'ai du mal avec la notion d'un Dieu inaltérable, qui ne rime pas avec amour.

A suivre.
y
(1) Extraits cités par D. Roure, in la Croix du 14/2/19 : Emmanuel DurandLes Émotions de Dieu. Indices d'engagement, Cerf, 2018.




Au fil de Luc 10,1-9 - ni sac ni sandales - Fête de Cyrille

« En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.'
S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous »

Que dire en cette fête de saint Cyrille ?
Il y a peu d'ouvriers pour la moisson et ces derniers n'ont ni sac ni sandales...Qu'est-ce à dire si ce n'est que le travail n'est pas fait par eux, mais par l'Esprit « qui plane sur les eaux » (cf. Gn 1), c'est à dire qui devance l'homme et agit au fond des cœurs ?

Envoie ton Esprit Seigneur, qu'il renouvelle la face de la terre.

Nous sommes appelés à être des agneaux parmi les loups... Notre message n'est pas agressif mais faible, aimant et miséricordieux. C'est l'amour qui transpire de nos actes, de nos pensées et nos paroles qui est lieu de conversion et d'annonce. La bonne nouvelle c'est que Dieu s'est fait homme, serviteur, dépouillé de tout et que ce Dieu agenouillé est signe efficace qui convertit et sauve. (Cf. Phil 2).

Église de toujours, 
Aux écoutes du monde,
Entends-tu bouillonner 
Les forces de l'histoire ?
La terre est travaillée 
D'une sourde violence,
Affamée d'unité, 
En mal de délivrance.

Église de toujours, 
Au service du monde,
Enracine la foi 
Au creux de nos détresses.
Dégage de ses liens 
Cet espoir qui tressaille,
Engagé sur la voie 
D'angoisse et de promesse. 

Église de toujours, 
Évangile du monde,
Affranchis de la peur 
La terre qui enfante.
Baptise dans l'Esprit 
L'éclosion de son germe,
Coule en fleuve de paix, 

Emporte notre histoire (1)

(1) Hymne de l’office des lectures, source AELF 

13 février 2019

Au fil de Marc 7,14-23 - pureté intérieure

« Rien de ce qui est extérieur à l'homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur. (...)
Car c'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur. » Marc. 7, 15 sq, Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Au cœur de nos vies, de notre agir, ou de nos paresses, nous devons bien reconnaître quelques un de ces désordres et ces débordements qui nous dépassent. Comment lutter face à ces adhérences au mal, à nos tentations de pouvoir sur autrui, d'avoir ou de valoir... pour reprendre la trilogie johannique (1 Jean 2, 16) des désordres du cœur ?

Il nous faut passer par le silence pour prendre conscience de tout cela, méditer sur nous-mêmes et se laisser 'pousser au désert' (cf. Osée 2)

« Dieu, crée pour moi un cœur pur » (Ps 50,12)
« Où est-ce que notre fragilité peut trouver repos, sécurité [et guérison intérieure] sinon dans les plaies du Sauveur ? J'y demeure avec d'autant plus de confiance que sa force pour me sauver est plus grande. Le monde chancelle, le corps pèse de tout son poids, le diable tend ses pièges : je ne tombe pas car je suis établi sur un roc solide... Ce qui me manque par ma faute, je le prends avec confiance dans les entrailles miséricordieuses du Seigneur, parce que son corps est percé d'assez d'ouvertures pour que tout son amour se répande.
Ils ont percé ses mains et ses pieds et, d'un coup de lance, son côté (Jn 19,34). Par ces trous béants, je peux goûter le miel de ce roc (Ps 80,17) et l'huile qui coule de la pierre très dure, c'est à dire voir et goûter la douceur du Seigneur (Ps 33,9). Il formait des pensées de paix et je ne le savais pas (cf Jr 29,11)... Mais le clou qui pénètre en lui est devenu pour moi une clef qui m'ouvre le mystère de ses desseins. Comment ne pas voir à travers ces ouvertures ? Les clous et les plaies crient que vraiment, en la personne du Christ, Dieu se réconcilie le monde (2Co 5,19). Le fer a transpercé son être et touché son cœur, afin qu'il sache compatir à ma nature vulnérable. Le secret de son cœur paraît à nu dans les plaies de son corps : on voit à découvert ce mystère de bonté infinie, cette « tendresse du cœur de notre Dieu par laquelle le Soleil est venu nous visiter d'en haut » (Lc 1,78). Comment ce cœur ne serait-il pas manifesté par ces plaies ? Comment montrer plus clairement que par tes plaies que toi, Seigneur, tu es doux et compatissant et d'une grande miséricorde ? Car il n'y a pas de plus grande compassion que de donner sa vie pour ceux qui sont voués à la mort (cf Jn 15,13).(1)

(1) Saint Bernard, Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°61, 3 (trad. Œuvres mystiques, Seuil 1953, p. 630 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

Au fil de Marc 6, 53sq - Jésus guérisseur

« Tous ceux qui le touchèrent étaient sauvés »

« Non seulement il confère à sa parole le pouvoir de ressusciter les morts, mais encore, pour montrer que son corps est vivifiant, il touche les morts, et par sa chair il fait passer la vie dans leurs cadavres. Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à un corps qui se décompose, quel profit ne trouverons-nous pas à son eucharistie vivifiante quand nous ferons d'elle notre nourriture ? Elle transformera totalement en son bien propre, qui est l'immortalité, ceux qui y auront participé » (1)

(1) Saint Cyrille d'Alexandrie, Commentaire sur l'évangile de Jean, 4

11 février 2019

L’amour est en toi - 28 - Sainte Thérèse d’Avila

« c'est un échange d'amour si suave (...) des ravissements si grands, que je ne pouvais y résister même en présence des autres... » (1)

(1) Sainte Thérèse d'Avila, cité par Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018, p. 114

L’amour est en toi - 27 - Sainte Élisabeth de la Trinité

« je sens tant d'amour sur mon âme ! C'est comme un océan en lequel je me plonge, je me perds. (...) Il est en moi, je suis en lui, je n'ai qu'à l'aimer, qu'à me laisser aimer et cela tout le temps, à travers toutes choses s'éveiller dans l'amour, se mouvoir dans l'amour, d'endormir dans l'amour, l'âme en son âme, le coeur en son coeur ». (1)

Un amour sans bornes à contempler.

(1) Sainte Élisabeth de la Trinité, cité dans l'excellent ouvrage de Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018, p. 109

08 février 2019

Au fil de Gn 1, 1-19 et de Marc 6, 53-56 Discerner entre ce qui est de l'ordre du bien et du mal

Pistes de réflexion pour une homélie lundi 11/2/19 à Saint Philippe 

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Introduction 
Comment trouver sa voie au sein du chaos ? Certains d’entre-vous on peut-être entendu la conférence de mercredi dernier dans cette Église. Elle m’a laissé rêveur sur ma capacité à trouver ma voie dans mon univers professionnel. Comment distinguer en effet dans le tourbillon de nos vies le chemin d’un chrétien ?

Plan 
Contemplation de Marc 5
Puis de Gn 1
Cheminement éthique
Discernement 


A - Contemplation de Marc 5
L’Évangile d’aujourd’hui rejoint ce que beaucoup d’entre nous ont fêté hier : la journée des malades. On peut le lire sous l’angle historique et contempler Jésus guérisseur. On peut aussi le lire sous forme de lecture spirituelle comme une invitation à voir comment Jésus nous sauve.  Il y a, en effet, comme une vision du Paradis dans cet Évangile. Jésus à traversé la mort et le voilà qu’il sauve tous ceux qui ont été touchés par lui.
Ne sommes-nous pas là dans une contemplation du Dieu sauveur ? 
Cela fait le lien avec la lecture que nous entamons cette semaine de Gn. la première  lecture introduit en effet deux clés de contemplation :  
  1. L’esprit planait sur les eaux. 
  2. Dieu nous donne la lumière dans les ténèbres 
Peut-être est-ce ce que nous pouvons méditer aujourd’hui 
C’est l’Esprit qui fait la différence entre le bien et le mal. Notre aptitude à sortir du chaos vient de lui. Dieu nous guérit de nos adhérences intérieures au mal par le discernement. Mais Ce discernement ne s’acquiert pas tout seul.

Il demande une prise de distance
Quel discernement ?

B - méditation 
On distingue 3 types de discernement :
  1. Le discernement pratique qui nous permet de choisir le choix le moins mauvais
  2. discernement éthique:, fondement de la morale...
Avec plusieurs variantes : 
  1. éthique à Nicomaque : qui nous conduit à la tempérance au sein de la société 
  2. La recherche du bien commun (st thomas)
  3. Celle d’une plus grande fraternité (Spinoza ?)
  4. Celle qui comme le souligne Emmanuel Lévinas nous interpelle sur autrui
Tout cela doit néanmoins se nourrir d’un discernement spirituel de type ignatien.(1)
Un temps de désert...pour écouter Dieu parler à notre conscience 
L’enjeu c’est l’humain dans nos vies, notre place dans la création et le plan de Dieu, c’est d’être au service de l’humanité.
On en vient à la règle d’or : 
2 versions : 
  1. ne pas faire aux autres...ce que l’on ne veux pas pour nous 
  2. règle d’or positive que l’on trouve dans Mat 7 et Luc 6 : fait aux autres ce que tu voudrais qu’il fasse pour toi...

Quelle activation pratique ?
C’est ce que notre groupe de réflexion cherchera à découvrir chaque mercredi de carême au fond de cette Eglise de Saint Philippe du Roule à 12;30 autour du texte de notre pape Gaudate et exultate. Je vous invite à nous y rejoindre.
Nous ne pouvons avancer seul sur le chemin de la foi  ! 

Pour que ces dons que Dieu nous fait porte des fruits, il nous faut les partager, les mettre en commun, et peut-être les dépenser sans compter au profit de nos Frères. Alors nous deviendrons des véritables instruments du Dieu sauveur.

(1) d'après une Conférence d'Etienne Perrot, s.j. à Notre Dame de Pentecôte le 7/2/19

05 février 2019

Les larmes du Père - 5 - au pied de la Croix

"Plus grandit le sérieux de la participation à la passion du Seigneur plus grandit aussi la conscience de la différence. Le Seigneur souffre comme un innocent; je souffre, mais comme coupable de souffrance" (1)

La vision de la Croix, comme la contemplation des larmes du père ne doit pas conduire pour autant à une culpabilité malsaine qui nous vient du diviseur. Elle est cette épée tranchante qui nous libère de nos adhérences au mal. Elle nous fait grandir et progresser vers l'espérance de notre salut.

Et dans l'accomplissement final de l'incarnation kénotique du Fils, dans la contemplation de cet aboutissement qui devient révélation de l'amour infini de Dieu, je trouve enfin poindre la joie de croire que Dieu est plus grand que la haine, que l'amour me relève et me rend enfin digne, par sa miséricorde, de m'approcher de lui, même si ma tentation toute pétrinienne est de fuir.

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 273

04 février 2019

Au fil de Marc 5 - légion

La guérison du possédé est racontée avec de grandes différences chez les évangélistes synoptiques, ce qui pour l’exegète John P. Meier suscite une difficulté historique et classe le texte dans l’ordre de la méditation spirituelle. Raison de plus pour prendre de la distance et vorace que cela dit pour nous.
Ne sommes nous pas, nous aussi, enchaînés au monde, tiraillés par ces milliers d'adhérences et d'addiction ?
Et pourtant Seigneur, Tu t'agenouilles pour nous relever. Tu t'abaisses pour nous redresser, tu te penches vers nous, nous libère et fait de nous des témoins.
Louange au Dieu sauveur.

03 février 2019

Au fil de Luc 4, 21sq Jésus à Nazareth - Saint Augustin

En guise de corrigé de mon homélie...

« Passant au milieu d'eux, il allait son chemin »
Un médecin est venu parmi nous pour nous rendre la santé : notre Seigneur Jésus Christ. Il a trouvé la cécité dans notre cœur, et il a promis la lumière « que personne n'a vue de ses yeux, que personne n'a entendue de ses oreilles, que le cœur de l'homme n'a pas imaginée » (1Co 2,9).
L'humilité de Jésus Christ est le remède à ton orgueil. Ne te moque pas de ce qui te donnera la guérison ; sois humble, toi pour qui Dieu s'est fait humble. En effet, il savait que le remède de l'humilité te guérirait, lui qui connaît bien ta maladie et sait comment la guérir. Tandis que tu ne pouvais pas courir chez le médecin, le médecin en personne est venu chez toi... Il vient, il veut te secourir, il sait ce dont tu as besoin.
Dieu est venu avec l'humilité pour que l'homme puisse justement l'imiter ; s'il était resté au-dessus de toi, comment aurais-tu pu l'imiter ? Et, sans l'imiter, comment pourrais-tu être guéri ? Il est venu avec humilité, car il connaissait la nature du médicament qu'il devait t'administrer : un peu amère, certes, mais salutaire. Et toi, tu continues à te moquer de lui, lui qui te tend la coupe, et tu te dis : « Mais quel genre de Dieu est-il, mon Dieu ? Il est né, il a souffert, il a été couvert de crachats, couronné d'épines, cloué sur la croix ! » Âme malheureuse ! Tu vois l'humilité du médecin et tu ne vois pas le cancer de ton orgueil, c'est pourquoi l'humilité ne te plaît pas...
Il arrive souvent que les malades mentaux finissent par battre leur médecin. Dans ce cas, le médecin miséricordieux non seulement ne se fâche pas contre celui qui l'a frappé, mais il tente de le soigner... Notre médecin, lui, n'a pas craint d'être tué par des malades atteints de folie : il a fait de sa propre mort un remède pour eux. En effet, il est mort et ressuscité.

(1) Saint Augustin, Sermon Delbeau 61, 14-18 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 2, p. 343 rev.), source Évangile au quotidien 

Création et accomplissement

« La création toute entière et l'homme en particulier ne sont-ils pas créés et disposés en vue du Christ ? Et celui-ci en tant qu'il achève le cosmos, en tant qu'il est la plénitude divine insérée dans le cosmos et remplissant le ciel et la terre, et la tête qui récapitule en lui [l'univers]. »(1)

A l'heure où je prépare mon homélie de Dimanche ce texte me semble un bon résumé sur l'implication de la Parole d'Isaie prononcée par le Christ. « c'est aujourd'hui que cette Parole s'accomplit ».

Le mot accompli est prononcé plusieurs fois par le Christ et notamment au début et à la « fin » de son ministère englobant une vie et une mort pour l'homme. N'est-ce pas ce que nous pouvons contempler ?

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 237

Les larmes du Père - 4

Croire en la souffrance du Père, c'est croire en sa miséricorde. Peut-on oser prononcer pour autant prononcer les phrases du cardinal Bona ? : "En toi, Seigneur, j'ai espéré, dans l'éternité je ne serai pas confondu. Et quand bien même un ange du ciel m'assurerait que je suis chassé de ta présence, je ne le croirais pas. Et quand bien même toi, Dieu suprême, me dirait: je t'ai damné pour l'éternité, je ne voudrais pas entendre tes paroles. Pardonne moi, Seigneur: sur ce point, je ne te croirais pas, car (...) j'espérerais pourtant toujours en Toi" (1)
Il faut pour cela avancer et persévérer dans notre foi.

Précisons pour être objectif qu’Hans Urs von Balthasar ajoute “dans la foi vivante, je ne peux au fond jamais croire qu’a ma propre damnation; pour le prochain, la lumière de la résurrection ne peux pas s’obscurcir à mes yeux, au point que je pourrais ou devrais cesser d’espérer pour lui.” (2)

(1) Cal Bona, Via compendii ad Deum, c. 12, decas 9, cité par Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 271
(2) ibid. p. 271-2

01 février 2019

Les larmes du Père - 3

Si j'avais du temps et de l'énergie je reprendrais la plume sur ce thème.
Même si l'expression est anthropomorphique, il y a sur ce sujet beaucoup à contempler, depuis un Dieu qui se lamente sur Adam, trompé par le serpent, qui pleure la mort d'Abel le Juste et la folie de Caïn, d'un Père qui déplore la violence humaine et sa folie des grandeurs.
Combien de larmes ne cessent-ils de verser depuis qu'il a conçu le monde ? Quand on comprend le temps qu'il a mis pour ciseler une plante, un oiseau ou la fragile rondeur d'une épaule d'enfant, on doit percevoir que ses larmes salées ont remplis déjà les océans et que la neige de ses silences couvrent les hauteurs des monts. Il est souffrance, parce qu'il est amour. Et ses entrailles se serrent encore à chaque fois que la création détourne le projet il y avait du monde.
Si le Christ nous raconte l'histoire du Vigneron et de sa vigne, il nous cache par pudeur les larmes du Père, sans ignorer celle qu'il versera quand il sera en Croix.
On peut même aller jusqu'à contempler dans le sang et l'eau qui jaillit du cœur blessé du Christ, l'excès de larmes que verse le Père malgré le silence qu'il s'impose devant cette amour donné et abandonné.

La tradition n'a pas tort de considérer que cette eau jaillissant n'est autre que le don de l'esprit fait au monde. Mais je me rêve à croire qu'il y a plus qu'un don. Le fleuve jaillissant du cœur du Christ est infini à la hauteur de l'amour du père.

Que dire des larmes qu'Il verse encore à chaque fois que nous refusons d'entendre son cri, que nous passons à côté de sa Parole, que nous négligeons nos frères, que nous oublions d'être amour, à la mesure de son Amour.

Passer à côté de la souffrance de Dieu, c'est négliger une part essentielle de son amour, c'est refuser de voir à quel point il souffre de nos hésitations, de nos renoncements et de tout nos silences.