15 novembre 2007

Kénose de l’Esprit - VI

Pour Thomas, l’Esprit Saint n’a pas besoin d’être représenté comme personne de la même manière que nous représentons comme tels, le Fils et le Père, chaque hypostase divine à son propre tropos hyperarxeôs ou son modus existendi » (1). En effet, pour moi la kénose de l’Esprit est telle qu’il ne vient pas "apparaître comme personne saisissable, puisque son mode d’être est justement d’être où il veut et insaisissable, tout en étant vecteur de l’unité de tous", en christoï .

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.130

14 novembre 2007

Kénose du Père

Bien que reposant sur lui-même, Dieu est toujours "kinèsis pros ti" : "tourné vers autre chose que lui-même". Il est Dieu pour lui-même et en même temps pour les autres ». (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 120

13 novembre 2007

Unité

« Ce qui impressionne Basile tout aussi fortement que Cyrille de Jérusalem, c’est précisément l’unité de l’Esprit dans l’immense diversité de ses dons. C’est justement cette unité qu’il met sur un pied d’égalité avec l’unité du Père et du Fils ». (1)

Au-delà de la kénose, je pense qu’il faut ici introduire un autre aspect, qui ne fait pas voir l’Esprit comme un manipulateur, mais comme un souffle qui trouvera toujours un moyen pour souffler, malgré et au-delà de nos résistances individuelles. Et comme un torrent qui dévale au dessus des rochers, l’Esprit est la dynamique (dynamis) de Dieu en dépit de sa tendresse kénotique. C’est le paradoxe et c’est pourtant lumineux…

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.110

[limite sur une théorie, problème du nombre, cf. 114-115 et notamment le problème de la taxis des processions (ordre) introduit par Basile] 110

11 novembre 2007

Kénose de l’Esprit - V

Dans l’Ancien Testament, il y a une distinction entre Parole et Esprit. L’Esprit y apparaît toujours comme la « puissante présence de Dieu, qui s’impose dans la nature, dans l’histoire de l’alliance en son ensemble ». C’est ce qui transparaît en effet dans la nuée sur le Thabor où l’Esprit qui pousse le Christ au désert dans le Nouveau Testament.

C’est ainsi que pour Tertullien, « il est le vicaire du Christ ».

En ce sens se joue sa kénose car autant il est force dans l’Ancien Testament, autant sa manifestation s’efface à mon avis devant l’incarnation, avant pour la permettre, après pour la révéler, ce à quoi, dans l’amour, le Fils répond lui-même par un effacement qui lui laisse toute responsabilité dans le message… Peut-on sur cette base parler de triple kénose ? C'est ce que j'ai essayé de développer dans Retire tes sandales

(1) Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 89 à 95

07 novembre 2007

La Chair et l’Esprit

Il y aurait deux cercles pauliniens : celui de la sarx (chair) qui ne comprend pas et celui du pneuma, qui est une folie inaccessible pour ceux du 1er cercle. (1)

Peut-on en tirer une explication de ces interventions de Jésus sur ceux qui ne veulent pas entendre, ce peuple à la nuque raide ? La question (mais est-ce une question) est où nous situons nous ?
Dans le cercle de la chair ou celui de l'esprit...
Malheureusement, il me semble que je reste dans le 1er cercle.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p.78

04 novembre 2007

Les trois temps de la révélation

Il y aurait pour moi trois temps, sans pour autant ébaucher une théologie de l’histoire :

1) Dieu créateur et préparateur de l’incarnation
2) l’incarnation
3) l’interprétation, la relecture et la transmission kénotique avec une certaine forme de retrait des deux autres personnes divines ? ainsi qu’une préparation de l’homme à recevoir le Christ par l’intermédiation de l’Esprit Saint.

Chez Paul, on retrouve ce mouvement Oblation du Fils qui manifeste l’amour du Père (Rm 8, 32-39) jusqu’à la croix, centre et gond du kérygme paulinien (1 Co 1, 1 Ph 2,8) (...) et débouchant sur la dynamis de la résurrection, plus particulièrement attribuée à l’Esprit de Dieu (Rm 1, 4-8, 11) (1). C’est en cela, ajoute Hans Urs von Balthasar que l’Esprit doit être conçu comme « Introducteur et exégète »

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 76-77

30 octobre 2007

Kénose de l’Esprit - IV

De la même manière, Dieu n’est pas visible (ou rarement) en tout cas dans le présent mais dans le retour en arrière sur nos vies. La vérité est en même temps grâce. Pour Hans Urs von Balthasar, l’ouverture de l’espace d’amour entre le Père et le Fils se produit dans le Fils par son oblation au monde. Pareillement l’introduction de l’Esprit dans cet espace d’amour ouvert, qui est la vérité, est en même temps l’oblation de l’Esprit dans l’intériorité de celui qui accueille son témoignage. (1)

Cela nécessite pour moi deux choses :
1) une ouverture au message,
2) un décentrement pour laisser s’emplir du don du Christ.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 65

27 octobre 2007

Kénose de l’Esprit - III

« Pourquoi le Fils ne suffit-il pas comme interprète, pourquoi faut-il encore l’envoi de l’Esprit ? » interpelle Hans Urs von Balthasar (1). C’est pour moi encore une question de pastorale où le Christ trace un chemin dans les cœurs mais n’impose pas la vérité. Il faut qu’il passe par la kénose et la mort pour que l’Esprit-Saint devienne interprète de ses actes et en cela révélateur de l’amour trinitaire.

Pour le théologien, une exégèse du Verbe fait chair dans sa totalité, la « vérité toute entière » ne peut être réalisée qu’à partir du moment où il est proféré jusqu’au bout : dans sa mort et sa résurrection » (…) « Ce n’est que [lorsque] elle est ainsi « embrassée et explicité dans son unité et sa profondeur (…) qu’est réalisée la vérité toute entière » (un message que seul le Paraclet peut transmettre à l’aune de l’Amour en actes et en Vérité du Christ) (2)

(1) Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.62

(2) ibid p. 64

25 octobre 2007

Témoignage

Pour Benoît XVI l’annonce de la foi est inséparable du témoignage de vie car celle-ci n’est pas crédible lorsque le chrétien se présente comme un acteur qui se limite à jouer un rôle.
(...) « Il est évident que le témoignage personnel du prédicateur et le niveau d'exemplarité de la communauté chrétienne conditionnent l'efficacité de la prédication », a déclaré le pape.
Pour cette raison, a-t-il expliqué « la catéchèse est inséparable du témoignage de vie ».
« Celui qui éduque à la foi doit être « comme le disciple bien-aimé, qui a posé sa tête sur le cœur du Maître, et qui a appris là la façon de penser, de parler, d'agir ».

Source : Zenit.org

24 octobre 2007

Evangellein

Le sens d’Evangellein est l’annonce, l’introduction. Proclamer l’Évangile serait alors mettre sur le bon chemin (hodègein) cf. Jn 16, 13 (1)

Il me semble que cette formulation est dans la lignée de ce que j’ai essayé de développer dans Chemins d’humanité, chemins vers Dieu, c'est à dire une pastorale qui se doit d’être une introduction à la lumière et qui laisse un choix libre advenir.

J'espère que la réunion en cours sur la catéchèse n'oubliera pas de prendre cet aspect des choses en perspective.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 61

23 octobre 2007

Kénose de l’Esprit - II

« Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous introduira dans la vérité toute entière ; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira et vous annoncera les choses à venir ». Jn 16, 13

Sans commentaires

21 octobre 2007

Binité et Trinité

Pour Hans Urs von Balthasar, le simple amour du Père et du Fils ne produit qu’une « binité » (Binität). Ce qui manque, ajoute-t-il, c’est « le miracle de la fécondité, du cadeau qui dépasse l’un et l’autre ». (1) On ne peut s’empêcher de penser, quand on a la joie d’être père, à ce toujours plus que constitue l’enfant. Car c’est bien de la même « image et ressemblance » qu’il s’agit. Le conjugal s’épuise quand il est tourné sur soi-même et qu’il n’intègre pas le don, ce débordement que constitue toute fécondité, dont l’enfant naturel n’est que la face la plus visible.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 39

19 octobre 2007

Pneumatologie

Pour Karl Barth, seul les personnes disposant d’une base spirituelle et intellectuelle très solide, des Thébains authentiquement instruits, seront capables d’ébaucher une théologie du 3ème article [l’Esprit-Saint] » (1)

Il me semble, à la lecture de ces pages qu’Hans Urs von Balthasar rentre dans cette catégorie et que, comme toujours, je ne perçois que le dessus de la crème de ce nectar…

C'est ce que j'ai essayé de traduire partiellement dans Retire tes sandales, dont je viens de mettre en ligne une 4ème version (orthographe révisée par ma fille, qui l'a trouvé accessible... Elle a 16 ans et demi - un critère pour ceux qui hésiteraient....)....

(1) Karl Barth, Postface sur Friedriech D.E. Schleirmacher, dans la théologie protestante du XIXème siècle, Genève, Labor et Fides, 1969 463-464 cité par Hans Urs von Balthasar p.27

18 octobre 2007

Inépuisable lumière

« Adrienne von Speyr va jusqu’à dire que cet excès [de lumière] fait partie de l’essence même de Dieu qui dans sa vie trinitaire elle même, se trouve toujours de nouveau confronté à la surprise de la grandeur toujours plus grande qu’il est pour lui-même ». (1)

(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 24

16 octobre 2007

Demeurez dans mon amour

Si le Seigneur veut être cru par ceux auxquels il a fait don de la foi, il veut que tout ce qui fait de ceux-ci des hommes lui rende gloire, lui soit remis dans l'amour.

II ne veut pas de nous une intelligence au chômage, une raison démissionnaire; il veut que l'une et l'autre rendent gloire en devenant capables d'adoration. II me semble que l'adoration est comme leur état de sacrifice. Je pense qu'il faut croire tout à fait pour pouvoir adorer tout à fait.

Je pense aussi qu'il est difficile de croire tout à fait si on n'a pas appris à croire pendant des temps plus ou moins courts ou interminables, sans voir clair du tout.

La vie de foi n'est pas une évasion, elle est notre vocation chrétienne. Mais elle deviendrait une évasion si elle devenait une sorte de lieu spirituel qui, pour aller vers lui, permettrait de quitter le lieu où l'on est.

Madeleine Delbrel, Indivisible amour, Centurion 1991 p. 32