06 octobre 2015

Beauté de l'Église

Cette beauté que nous peinons souvent à trouver est d'abord de notre responsabilité. Il ne sert à rien de critiquer l'Église si nous n'avons pris à bras le corps ses enjeux, si nous ne retroussons pas nos manches.
Écoutons encore une fois Madeleine : "L'Église, il faut s'acharner à la rendre aimante. Son amour est en grande partie à notre merci." citant saint Ambroise, Madeleine ajoute "c'est dans les âmes que l'Église est belle". Dans nos vies, ajoute-t-elle, "l'Église doit être bonne; dans nos vies, le Christ-Église doit aimer à l'aise, dans le sens même de son amour, dans les règles de son amour, dans les exigences de son amour". (1)

(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op Cit, p. 137

04 octobre 2015

Obéissance ecclésiale

La question de l'obéissance est souvent le point d'achoppement de notre relation ecclésiale. Car, souvent, nous la conditionnons instinctivement à un désir de liberté intérieure, mêlée à un besoin de reconnaissance. Madeleine la conçoit quant à elle comme "une obéissance à la fois passive et active parce qu'elle est obéissance à un ordre vital, à une propagation vitale. De cette obéissance on ne se tire pas avec une oraison dite à la messe, avec un dévouement à un prêtre ou à un mouvement. On ne s'en tire même pas avec une vie sacramentelle fidèle, ni avec une vie de prière fervente, mais en assumant notre vie sacramentelle et notre vie de prière jusque-là où elles doivent aller jusqu'à ce pour quoi elles ont été faites". (1)

On sent chez Madeleine une contemplation de l'obéissance du Christ à son Père, de cette course infinie (Ph 3) de l'apôtre véritable qui se laisse conduire par l'Esprit.

Pour elle, l'Église est "le signe le plus prodigieux du mystère de Dieu, car en elle sont les fameuses dimensions de la charité" (...) que nous ne pourrons incarner qu'en "acceptant d'abord l'incarnation de cette charité dans l'Église‎, dans le Corps mystique de Jésus-Christ".

Il est évident que beaucoup rejette cette image
Elle est pourtant de notre responsabilité commune, tant l'Église n'est faite que de ce que nous en faisons.‎ Nous sommes ses "cellules intelligentes et aimantes". Si ces cellules étaient capables de comprendre et d'aimer elles exploseraient de "reconnaissance pour chaque prêtre qui donne le sang du Christ, ‎ seraient en anxiété priante pour chaque évêque qui a des décisions à prendre..." (2)
Ce discours n'est pas idyllique mais programmation et réaliste :
Pour elle, l'Église est "la Passion du Fils de Dieu fait homme perpétuée au milieu de nous" (3)

‎(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op. Cit. p. 134
‎(2) p. 135
(3) p. 136 

03 octobre 2015

Aimer l'Église - 2

"Même quand nous vivons d'une vie très unie à Jésus, il faut je crois, nous demander (...) si nous ne le voyons pas comme il a été et non comme il est dans l'Église ‎" (1)
 Une piste de contemplation à creuser, car c'est la qu'est aussi l'Esprit.

Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, p. 134

02 octobre 2015

Le risque de la soumission

Sous ce titre se cache le lent travail intérieur de Madeleine Delbrel à la suite de l'interdiction des prêtres ouvriers. Il faudrait citer toutes ces pages (1) ce que le respect des droits d'auteur  m'interdit. Une révolte intérieure s'y lit face à l'incompréhension compréhensible de cette décision qui met un arrêt brutal à 10 ans d'élan ‎missionnaire de ce que notre pape actuel appellerait peut-être (ironie du temps) un essai brillant d'Église en sortie, qui n'hésite pas à "marcher dans la boue" (cf. Evangelii Gaudium).
En 1954, les choses sont moins simples et Madeleine s'interroge intérieurement sur les causes de cet échec. Si l'on sent son attachement à l'Église, souvent cité dans ces pages, elle note qu'il y a aussi une question plus structurelle qui demeure, celle de cet "énorme péché collectif" (2) qui a conduit à ce gouffre entre l'Église et le monde. L'athéisme contemporain n'est pas né par hasard, à nous de percevoir ce qui dans nos indifférences à pu le conforter. Car cette question de la pastorale du seuil, sur laquelle je ne cesse d'écrire reste l'enjeu de notre temps. Je suis sensible à cet égard à ce que dit une étude américaine récente qui interpelle la réalité même de notre vie en Christ. Tant que celle ci reste façade, tant que le Christ ne rayonnera pas dans le jusque au bout de nos choix, nous ne serons que des cymbales qui résonnent. Hier soir je contemplait le chemin de deux amis étudiants en théologie avec moi. L'une est partie en Colombie dans une oeuvre pastorale de première qualité, l'autre est médecin des réfugiés porte de Saint Ouen. Si la théologie conduit à cela, elle est force de l'Esprit. A leurs côtés je me sens petit....

‎(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op Cit p. 133 à 144
(2) ibid p. 144

01 octobre 2015

Faire aimer l'Église

De son voyage à Rome en 1952, Madeleine Delbrel nous ramène quelques pépites : 
1. Être auteurs de l'oeuvre de Dieu
2. Contempler le ministère de Pierre à l'aune du "M'aimes-tu ?" de Jean 21
3. Prendre conscience de l'importance de l'évêque 
4. Comprendre "ce qu'il fallait faire passer d'amour dans tous les signes de l'Église".

A contempler pour ce qu'elles sont, dans la lignée de "Cette Église que je cherche à aimer".‎ L'art est délicat, la critique facile. Prions pour que l'Église soit image de ce qu'elle représente.

Source: Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, p. 127ss

30 septembre 2015

Misère de l'esprit - 2

"Il nous faut prendre conscience des ruptures de pont entre l'homme et le mystère de tout ce qui est. Le pont homme terre est rompu. L'homme de la terre (...) et de la mer, même s'il n'est pas chrétien [voit son esprit conduit] à quelque chose qui le dépasse. C'est une orientation du même ordre qui serait à rétablir entre chaque homme et le mystère du réel avec lequel il est en contact. Ce n'est certes pas donner la foi. Mais où est la capacité de recevoir la foi chez celui pour qui Dieu est absurde ? "

On retrouve dans cette citation ce que Danielou signalait sur ces failles qui conduisent à Dieu (amour, naissance, mort). Autant de lieu que l'on doit travailler car ils sont au coeur du lien ténu entre humanité et transcendance. Une piste pastorale à creuser.

Cf. mes développements sur ce point #pastorale

Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op. Cit p. 125

29 septembre 2015

Misère de l'esprit

Auteur de Pastorale du seuil, je ne peut être insensible aux propos de Madeleine Delbrel sur la misère de l'esprit‎, sur cette "intelligence qui n'a plus ce pour quoi elle est faite", (...) "une misère spirituelle" à l'image de ce qu'on lit quelque part dans les Actes des Apôtres : "Nous ne savons pas qu'il y eut un Esprit-Saint". (...) La mort elle-même perd de son mystère prochain. La causalité humaine tend à s'emparer même de la mort. (...) Parce qu'on peut la retarder, on oublie qu'elle vient toujours".
Misère de l'esprit donc pour ceux qui ont un accès "limité à un réel extrêmement restreint" (1)

L'allusion à la mort est intéressante à plusieurs point de vue. Dans mes travaux récents je montre que cette faille de la mort peut être une clé d'entrée à un au delà de l'intelligence commune. "La mort est fin et en tant que fin elle est mystère", (...) elle introduit une relation étrange avec le prochain" (2) nous dit ‎Adrienne von Speyr. De fait, elle ouvre au mystère et à Dieu alors que la vie dans sa routine n'est qu'une course au bonheur que l'on achète : "bonheurs chiffrables en prix d'achat" (3).
Un point qu'il me semble sensible.

(1) Madeleine Delbrel, Nous autres, gens des rues, Paris, Seuil, 1966, p. 120ss
(2) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, culture de vérité, Namur, Letheilleux, 1989, p. 11
(3) Madeleine Delbrel, ibid. p. 122

28 septembre 2015

Chemins de désert - 2



A la suite de mes recherches sur ce thème, je note les commentaires toujours pertinents de Madeleine Delbrel : " Pour quitter l'Égypte il faut s'en dégager. A toutes les époques de son histoire l'Église a porté en elle des gens, qui perpétuels nomades, partent sans cesse du monde où ils sont mais dont ils ne sont pas, vers cette Terre où, par le Christ, ils sont déjà." (1)‎ 

Etern‎elle tension, ajouterai-je, à maintenir entre l'être au monde, qui ne peut être échappée par une fuite mystique, et l'être "en Christ", qui nourrit notre route.

Soumission aussi au bon vouloir de Dieu.  En effet,  "c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir". ( 2)

(1) Madeleine Delbrel,  Nous autres gens des rues,  p. 118
(2) Philippiens 2,  13

25 septembre 2015

Danser - 2

"La foi, dans le sens chrétien parfait, ne pourra être autre chose que l'attitude dans laquelle‎ l'homme se fait tout à fait réceptacle pour recevoir le contenu divin; dans laquelle il est tout entier accordé à cette musique, prêt à réagir à ce toucher divin, violon tout prêt pour ce coup d'archet, matériau pour cette maison à édifier, rime préparée pour ce vers à composer", piles d'un pont dont le tablier est posé par Dieu, corps prêt à danser à la musique de Dieu....

‎(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 186

Le mystère de l'Église

Loin de cette Église triomphante que dénonçait le cardinal de Smedt dans l'aula du Concile Vatican II, Madeleine nous conduit à un réalisme qu'il ne faut pas perdre de vue.

"Parce-que nous rêvons d'un Christ-Église triomphant aux yeux des hommes, nous ne savons pas toujours nous souvenir que le mystère du Christ est le mystère de l'Église et que fin des temps il sera le sauveur humilié, camouflé sous des hommes, des hommes limités et pécheurs, et que c'est en eux qu'il faudra le reconnaître.‎ (...) Le laïc le plus majeur est moindre dans un certain ordre de grâce que le prêtre le plus mineur parce que dans ce prêtre il y a une communication du Christ à laquelle le laïc ne participe pas." (1)

Cela me rappelle des propos du même genre chez Benoît XVI à propos des prêtres minables qui en célébrant sont pourtant signe d'autre chose(2).

Madeleine ajoute " cela ne veut pas dire que le laïc doit être un passif. Il a à devenir ce qu'il est".



(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op. Cit p.110
(2) Joseph Ratzinger Les principes de la théologie catholique, op. Cit. 

24 septembre 2015

Christ et Église - 2

Au delà des propos rapportés plus haut, il faut entendre l'appel au renoncement qui en découle. "La lumière de la foi n'est lumineuse que si l'homme, se détachant de lui même et renonçant à sa propre évidence, se livre tout entier à la Source qui se tient ouverte pour lui par grâce. Mais il ne peut accomplir de dépassement intérieur correctement et sans identification mystique secrète, que s'il reconnaît l'origine de la lumière dans la figure du Christ, telle qu'elle vient à lui dans le domaine de l'Église". (1)

C'est pro‎bablement là que l'indépendance franco-française résiste le plus. Mes propos dans "Cette Église que je cherche à aimer" le disait à leur manière. Il y a pourtant là une voix que je prends à petit pas, éclairé également par ce que dit, d'une manière finalement assez similaire Madeleine Delbrel. Il y a là une voie difficile, l'ultime renoncement, celui qui nécessite kénose et effacement véritable devant la triple nécessité de contempler Écriture, Tradition et Sens des fidèles comme un chemin supérieur à l'indépendance farouche qui vient de mon incurable orgueil.... :-)

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 182

Christ - Église 3

"Le travail du Christ c'est le salut du monde. Le travail de l'Église c'‎est le salut du monde; le monde ne peut être sauvé que par l'Église. L'Église n'est l'Église que parce qu'elle sauvé. Nous ne sommes pas l'Église ‎si nous ne sommes pas toute l'Église : chaque membre appartient à tout le corps. Et nous ne sommes toute l'Église que si nous sommes à notre place en elle" (1)

Il faut avoir lu ce passage pour comprendre ce qu'elle dit ensuite sur l'unité qui a pour elle une cohésion, un sens vital. L'obéissance dans le corps du Christ est aussi un état de fait. Le sang ne coule que dans un sens. (...) L'autorité de l'Église ‎peut nous broyer,  nous enténébrer : il faut obéir parce que pour nous c'est vivre" (2)

Cette unité doit primer. Souvent quand vient en nous la tentation de croire que la hiérarchie se trompe peut être faut il laisser le temps nous éclairer, abandonner la tentation de croire que notre ego prime, qu'il a en main toutes les données et croire surtout dans le travail de l'Esprit que personne ne peut revendiquer pour soi.

"Par le baptême le chrétien a échangé sa liberté contre la liberté du Christ".

(1) Madeleine Delbrel,  Nous autres gens des rues, op. Cit. p. 108
‎(2) ibid p. 109

Hommage à Denis Sonet

Un homme d'exception s'est éteint...
Pour l'avoir invité pendant des années au "cycle fiancé" de l'institut de la famille, je me souviens encore des salles combles, des sourires, des jeunes captivés par sa présence. Un grand homme est parti...

A écouter sur RND, un interview d'Olivier Clément, ce matin à 8h avec Louis Dufraisne

23 septembre 2015

Christ et Église

Long développement de Balthasar sur l'importance d'une doctrine/ dogmatique  ecclésiale. Mais, précise t-il, la fonction ecclésiale est avant tout service, donc renvoie au Christ. Elle prend part à la figure que dessine le Christ. Elle est moyen, là où la vie ecclésiale est but. Nous ne sommes fils de Dieu "que si l'on évite (...) toute confusion entre le membre et la tête. (...) Ce qui est vraiment Saint est toujours celui qui se confond le moins avec le Christ, ce qui lui permet d'être transparent au maximum pour le laisser voir ". (1)

Quel est l'enjeu de cette distinction ? D'abord reconnaître que ‎nous restons blessés et reflétons bien mal la figure du Christ. Ensuite percevoir que l'individuel n'est rien à côté de ce qui se joue dans la dynamique sacramentelle vivante de l'Église, enfin percevoir l'enjeu de la distance qui ne fera jamais de nous des modèles, mais bien des traces et de pâles images de l'amour infini qui apparaît dans la relation intradivine.

(1) Hans Urs von Balthasar, La gloire et la Croix, tome 1 (GC1), op. cit. p. 176ss


L'espérance de l'unité

Impossible obéissance qui ne cesse de diviser nos églises,  au nom d'ego et de refus de communion.  Je suis frappé par l'insistance de Madeleine à défendre justement cette obéissance,  même au temps où ses choix pastoraux semblaient incompris par la hiérarchie.
Nous ne cessons de reproduire les causes et les schémas qui conduisent à la division.  Espérons que le synode sur la famille conduira à la paix.

Ézékiel 37:22 "Je ferai d’eux une seule nation dans le pays, dans les montagnes d’Israël; ils auront tous un même roi, ils ne formeront plus deux nations, et ne seront plus divisés en deux royaumes."