30 janvier 2016

Les nouveaux lépreux

En évoquant l'attitude du Christ envers les lépreux qu'il n'hésite pas à toucher, bravant les prescriptions de l'époque (1), le pape François nous interpelle sur la véritable miséricorde, celle des nouveaux lépreux d'aujourd'hui, ces prochains que souvent nous ignorons volontairement.

(1) Le nom de Dieu est miséricorde, op. Cit. p. 85
























































































26 janvier 2016

Paternité spirituelle

Je termine la lecture de la biographie de Grégoire de Naziance par Jean Bernardi avec d'autant plus d'intérêt que je découvre Grégoire comme un homme hypersensible et solitaire. 

Son "affectivité frustrée cherche une compensation dans cette écriture qui donne le moyen de se confier à autrui sans être blessé par son contact. Dès lors qu'on a grandi au milieu des livres et appris à se couler dans leur langage, on sera enclin à mettre ses pas dans les pas des grands ancêtres en leur empruntant leurs mots et leurs rythmes" (1)

Je pense que cela me touche, parce que c'est un peu ce que je fais dans ces lignes.

Plus haut, je suis heureux de lire chez ce spécialiste de Grégoire que l'hymne célèbre attribué à Grégoire (À toi, l'au delà de tout...) est bien, pour lui, de l'auteur (2) Il base son analyse sur l'utilisation au verset 9 du mot synthema qui désigne "l'union ‎dans la personne du Christ des deux natures divines et humaines" que Bernardi retrouve chez Grégoire dans ses discours (3), mais aussi chez Basile et Grégoire de Nysse.

(1) Jean Bernardi op. Cit p. 312
(2) ibid p. 305
(3) Grégoire de Naziance, Discours 29, 18 et 19

Contemplata aliis tradere

"Communiquer aux autres les fruits de la contemplation". Je découvre dans la biographie de Grégoire de Naziance de Jean Bern‎ardi, cette devise des frères prêcheurs que je n'ai eu de cesse de mettre en pratique depuis la création de ce blogue. Vanité ? Probablement, parce que nul n'y échappe. Mais aussi "patate chaude" si vous m'excusez l'expression, que ces fruits de la lecture que l'on ne peut garder pour soi parce qu'ils vous conduisent à contempler, derrière les mots, le goût de Dieu.

(1) Jean Bern‎ardi‎, Grégoire de Naziance, introduction aux Pères de l'Église, Cerf, 1995, p. 230

21 janvier 2016

Église et miséricorde

Poursuite de ma lecture. Cette citation par notre pape d'Ambroise de Milan pourra faire grincer des dents.: "Là où il s'agit de dispenser la grâce, le Christ est présent. Lorsque l'on doit exercer la rigueur, seuls les ministres du culte sont présents, mais le Christ est absent". (1) 

Elle interpelle nos "tentations de frère aîné" selon Luc 15. Le texte cité aujourd'hui entre en écho :"Si Dieu avait été prompt au châtiment, l'Eglise n'aurait pas connu l'apôtre Paul ; elle n'aurait pas reçu un tel homme dans son sein. C'est la miséricorde de Dieu qui transforme le persécuteur en apôtre ; c'est elle qui change le loup en berger, et qui a fait d'un publicain un évangéliste (Mt 9,9). C'est la miséricorde de Dieu qui, touchée de notre sort, nous a tous transformés ; c'est elle qui nous convertit." (2)


(1) Ambroise de Milan, De Abraham, cité par  Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde, Paris,Robert laffont et Presses de la renaissance 2016‎, p. 84

(2) Saint Jean Chrysostome,  7eme homélie sur la conversion,  source AELF


Le nom de Dieu est miséricorde - Pape François

Leçon d'humilité ?  J'ai décidé d'attendre avant de publier ma trilogie sur humilité et miséricorde, à la fois pour laisser la première place à notre pape François et pour prendre le temps de lire cet opus imbibé d'humilité et d'humanité de notre "Serviteur des serviteurs". Je ne peux que recommander la lecture de cet ouvrage qui nous rappelle que Dieu est "caresse" (p. 17), qu'il est "surabondante miséricorde" (p. 67) et que notre Église doit découvrir sa vocation "d'hôpital de campagne" (p. 28) et de "ventre maternel de la miséricorde" (p. 74)

(1) Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde, Paris,Robert laffont et Presses de la renaissance 2016

16 janvier 2016

Passivité plus que passive.

L'expression "Passivité plus que passive" est de Lévinas, mais elle s'accorde avec ce que je trouve chez Irénée :
"Toute activité de la créature repose sur une passivité plus profonde : pour grandir, elle doit se couler dans les mains formatrices de Dieu et se livrer à elles". (1) Rappelons que ces deux mains qui sont pour Irénée le ‎Fils et l'Esprit. (2)

(1) Irénée. Contre les hérésies, 2, 299 cité par H. Von Balthasar , GC2, p. 57
(2) ibid p. 54

Humilite de Jacob

Qu'est ce que la foi ? C'est  d'abord un don de Dieu.  Mais c'est aussi une rencontre où l'humilité de l'homme se fait le creuset d'un possible. 

Parfois l'humilité est-elle même don de Dieu,  car en nous voyant prendre des chemins sans issue, il nous conduit,  avec bonté et miséricorde,  vers la prise de conscience de notre faiblesse.  

Nous avons vu dans notre analyse des grands patriarches des exemples de ce cheminement vers Dieu.  Écoutons ce qu'en dit Saint Clément : "C'est par la foi que Dieu nous a justifiés dès le commencement.

Attachons-nous à la bénédiction de Dieu et voyons quels en sont les chemins. Reprenons les faits depuis le commencement. Pourquoi Abraham notre père fut-il béni ? N'est-ce pas pour avoir pratiqué justice et vérité dans la foi ? Isaac, avec confiance, sachant ce qui allait arriver, se laissa volontiers conduire au sacrifice. Jacob, avec humilité, quitta son pays à cause de son frère, s'en alla chez Laban et le servit, et c'est à lui que furent attribuées les douze tribus d'lsraël.

Si l'on considère un par un, d'un regard sincère, les dons faits par Dieu, on reconnaîtra leur grandeur. (...)

Tous ont reçu gloire et grandeur, non par eux-mêmes ni par leurs œuvres ou par la justice qu'ils auraient pratiquée, mais par la volonté de Dieu. Et nous, appelés par sa volonté dans le Christ Jésus, ce n'est pas par nous-mêmes que nous sommes devenus des justes. Et c'est ni par notre sagesse, notre intelligence, notre piété, ni par les actions que nous aurions accomplies dans la pureté du cœur, mais par la foi. Depuis le commencement, tous les hommes que Dieu a rendus justes, c'est par la foi qu'il les a justifiés". (1)

(1) Saint Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens

14 janvier 2016

Marc 1 - résonances avec Mat 25 et Luc 10

Le texte de l'évangile d'aujourd'hui entre en résonance avec la parabole du bon Samaritain (Luc 10) et l'interpellation de Mathieu 25. Dans le commentaire offert aujourd'hui par l'Aelf on y trouve un autre écho,  le cri de mère Thérèsa : "Les pauvres ont soif d'eau, mais aussi de paix, de vérité et de justice. Les pauvres sont nus et ont besoin de vêtements, mais aussi de dignité humaine et de compassion pour les pécheurs. Les pauvres sont sans abri et ont besoin (...) aussi d'une main secourable et d'un sourire accueillant. Les exclus, ceux qui sont rejetés, ceux qui ne sont pas aimés, les prisonniers, les alcooliques, les mourants, ceux qui sont seuls et abandonnés, les marginalisés, les intouchables et les lépreux..., ceux qui sont dans le doute et la confusion, ceux qui n'ont pas été touchés par la lumière du Christ, les affamés de la parole et de la paix de Dieu, les âmes tristes et affligées..., ceux qui sont un fardeau pour la société, qui ont perdu toute espérance et foi dans la vie, qui ont oublié comment sourire et qui ne savent plus ce que c'est que de recevoir un peu de chaleur humaine, un geste d'amour et d'amitié –- tous, ils se tournent vers nous pour recevoir un réconfort. Si nous leur tournons le dos, nous tournons le dos au Christ." (1)

( 1) Bienheureuse Teresa de Calcutta, Lettre à ses collaboratrices du 10/04/1974 

13 janvier 2016

Saint Jean - Décentrement et unité

Pourquoi choisir Jean au coeur de mon analyse sur l'humilité de Dieu ? (1) Cela peut paraître en effet un paradoxe alors que cet Évangile est celui qui insiste le plus sur la gloire. Mais cette vision est réductrice de l'oeuvre, tant la tension qui habite le texte dépasse le paradoxe initial.‎ Comme le souligne Balthasar,  "Pour Jean, ce don de soi à celui qui s'est fait homme, à l'aimé absolument, ne fait qu'un avec l'amour. La foi souligne le mouvement de renoncement à soi‎ dans cet amour et l'adhésion à l'aimé, à son être et à ses attitudes, comme à sa loi propre. C'est pourquoi l'acte de la contemplation permanente de l'aimé, chez Jean, est indissolublement un acte esthétique et un acte éthique : le voir comme il est, non seulement suppose une disposition de renoncement à tout ce qui est propre, mais l'implique à tout instant." (2)

Si Jean insiste beaucoup sur la révélation, on sent combien cette contemplation perpétuelle de Jésus agissant, dans l'humilité et le constant renvoi au Père, est aussi un chemin éthique pour ceux appelés à le suivre.‎ C'est sur cette voie que nous voulons progresser.

(1) ‎déjà abordé dans "A genoux devant l'homme", cette recherche va paraître fin janvier ou en février sous le titre "Humilité et miséricorde".
(2) Hans Urs von Balthasar , GC1 op Cit p. 200

12 janvier 2016

Miséricorde

Dans une trilogie à paraître sur "l'humilité et la miséricorde", je cherche à mettre en tension ces deux concepts et leurs qualités théologales‎. Chez Adrienne von Speyr qui, après Madeleine Delbrêl et Jacques Loew m'ont accompagné pendant un temps sur ce chemin, je trouve en conclusion cette contemplation d'A. von Speyr qui donne à penser : "La miséricorde de Dieu et son amour sont plus grands que sa volonté de châtiment. (...) Dieu a accordé à la mort le caractère de la confession, en faisant de la mort, conjointement avec le purgatoire une purification. Mais ce n'est pas encore assez ; il permit que sa Mère fut reçue dans le ciel avec son corps, (...) afin que le mourant acquiert la certitude que l'amour est plus fort que la mort (...) la mort est anéantie dans la vie éternelle. (1)

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, op. Cit p. 124


11 janvier 2016

La démesure de Dieu

Intéressante discussion mercredi sur les Psaumes vengeurs et l'idée du châtiment. Plus je médite sur le thème de la miséricorde, plus il me semble que l'amour de Dieu étant par essence débordant, il ne peut qu'être lié à cette démesure dont parle Adrienne : "l'homme trouvera infiniment plus qu'il ne pourrait jamais atteindre, parce que l'accomplissement du ciel comparé au monde est encore bien plus exaltant que ne l'est la nouvelle alliance comparée à l'ancienne. La démesure de ‎Dieu est elle-même la réalisation qui ne peut cesser de combler en toute réalité" (1)

(1) Adrienne von Speyr,  Le mystère de la mort, op. Cit p. 92

10 janvier 2016

Transparence et humilité

‎Intéressante réflexion d'Adrienne von Speyr sur la transparence : "Celui qui sème doit faire don à ses semblables ce qu'il a saisi de Dieu par expérience d'une manière qui leur soit compréhensible et qui les engage. Cela n'est possible :

  • que s'il devient lui-même transparent et que la Parole de Dieu ne subisse aucune réfraction en passant par lui, 
  • que s'il transmet sans altération l'essentiel de cette Parole : l'Amour" (1)

C'est aussi une leçon d'humilité pour tous ceux qui ose ajouter par leurs commentaires à ce que la Parole est seule capable de dire. On pourrait se contenter de se taire... Si une longue expérience pastorale me pousse à continuer dans mes travaux de lecture commentée de la Parole, je dois reconnaître qu'il demeure toujours un risque d'utilisation de la Parole dans le sens de sa pensée, alors qu'elle devrait au contraire nous conduire toujours à un déplacement vers l'amour. Si je ne prêché pas l'amour,je ne suis "qu'une cymbale qui résonne" (1 Cor 13)

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, Culture et Vérité, 1989, p. 86.

09 janvier 2016

Chemins d'humilité et déréliction

Prendre conscience de nos abandons réguliers c'est entrer en contemplation, avec toute l'Église, de la déréliction‎ et de l'abandon du Christ à l'aurore de sa vie.
A chaque fois que nous célébrons sa mort, nous contemplons sa solitude dans le jusqu'au bout de l'amour. Et à chaque fois que nous percevons combien son amour nous dépasse, nous percevons combien nous avons besoin de sa venue en nous...
De même, A. Von Speyr fait écho de cela a propos de ce qu'elle appelle les chargés de mission, ceux qui sont suffisamment décentrés pour percevoir combien notre vie n'a de sens qu'en diaconie pour Dieu. "Tout ce qui arrivera désormais dans la vie du chargé de mission se trouvera sous le signe de l'amour de Dieu, y compris ce qu'il ne comprend, y compris ce qui accentue, par nécessité, sa solitude et sa déréliction, ce qui ne permet plus de témoigner sa communion avec les hommes autrement que comme une communion en Dieu(1)".

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, op. Cit p. 87







08 janvier 2016

L'ultime kénose

On s'attache souvent à décrire l'humilité du Fils dans son incarnation, dans sa vie cachée puis dans sa vie publique en mettant le sommet dans le double agenouillement du lavement des pieds et de la Croix. On oublie par contre de souligner que son départ post-pascal est aussi l'humilité du Fils qui disparaît pour laisser place à l'Esprit. S'il se donne ensuite, ce n'est finalement que dans l'infime présence d'un pain rompu. Mais sa présence est alors si humble que nous passons à côté et négligeons le fait qu'une fois encore il se donne pour nous conduire au Père.

05 janvier 2016

Le sens de notre mort - 2

En première lecture, ni la mort des saints innocents, ni la mort du Christ n'avaient de sens pour le témoin direct du drame. Et pourtant, ils participent à ce plan de Dieu, à cette révélation profonde du drame de la violence et nous appelle à l'amour. La mort d'un proche, la mort d'un enfant est l'objet d'un cri et d'une souffrance extrême jusqu'à ce que nous prenions conscience de la communion qu'elle a engendré, de l'amour et de l'entraide qui jaillit au delà de la peine et nous pousse à l'amour véritable. C'est ce que j'exprime entre les lignes dans certains de mes romans comme "La caresse de l'ange, La danse des anges, mais aussi Le collier de Blanche ou Le chant du large".
"Il nous faut confier à l'anonymat du service ecclésial le sens ultime que notre mort peut revêtir pour l'humanité" disait Adrienne von Speyr (1)
"Il y a dans la vie terrestre du Seigneur une concentration de toute sa fécondité en direction de sa mort sur la Croix, et parce que son incarnation signifie communion avec nous, nous pouvons avec lui, dans l'Église, concentrer sur sa croix notre volonté (...) voir dans notre mort, quelle qu'elle puisse être, l'ultime récapitulation de notre oblation à Dieu." (2) l'idée centrale, inscrite dans la dynamique sacramentelle est de voir notre vie, comme participation à "l'explosion en force de toute vie humaine dans" (3) celle du Christ, Lui qui est "la résurrection et la vie".


(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de notre mort, Culture et Vérité, 1953-1989, p. 61
(2) ibid

(3) p. 66‎

04 janvier 2016

Le sens de notre mort

Si nous percevons l'ampleur de la danse à laquelle nous sommes invités, nous percevons que notre mort n'est pas anodine. Elle a une double finalité : celle de rencontrer Dieu‎, danser avec lui l'éternelle danse, mais aussi créer un manque sur terre qui entretient le désir. Au delà de la souffrance de la séparation, l'absent est aussi celui qui fait naître en nous le désir de l'au-delà, le désir de Dieu. En cela, Dieu est plus grand que sa création, car en la laissant agir, il fait naître chez l'homme de nombreux mouvements qui conduisent à lui, du cri au manque, de la frustration au désir et du manque à la contemplation du chemin parcouru et à parcourir. Bien sûr tous ces mouvements ne sont pas immédiats et, à l'image des Apôtres désemparés par le tombeau vide, comme par l'ascension de leur maître, il faut laisser le temps du décentrement, pour qu'en nous la souffrance de la séparation laisse place à la quête ultime et l'accueil du Consolateur.

Nous ne sommes pas immunisés

Il règne parfois un utopie véhiculée par certains courants religieux au sein de notre Église qui nous laisserait croire qu'une pratique régulière nous protégerait du "mal de peine"(1), de la maladie et de la mort. Adrienne von Speyr nous précise avec raison que "le Fils n'est pas venu nous faire le don d'une vie de foi qui serait d'entrée immunisée contre toutes les difficultés et tous les doutes, qui serait une sorte de bonheur inconscient qui se déroberait à toute difficulté et à toute souffrance. Une vie de ce genre ne serait pas une vie à la suite du Christ." (2)
Elle serait utopie et renfermement ‎communautariste dans l'illusion.

(1) Saint Thomas d'Aquin, dans sa Somme théologique distingue mal de peine et mal de faute‎. Le mal de peine est le mal subi.
(2) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, Culture et Vérité, 1953-1989, p. 58

Hymne de la lampe

Joyeuse lumière de la sainte gloire du Père céleste, immortel, saint et bienheureux Jésus Christ. 
Parvenus au déclin du soleil, contemplant la clarté du soir, nous chantons le Père, le Fils et le Saint Esprit de Dieu. 
Tu es digne d'être toujours chanté pas des voix sanctifiées, Fils de Dieu qui donnes la vie. 
Tout l'univers te rend gloire ! » 

Hymne d'action de grâces pour la lampe dans les vêpres byzantines

03 janvier 2016

Chemins de miséricorde - 7


"Pourquoi déclare-t-il avec tant de soin sa miséricorde, au point de faire sienne notre misère elle-même ? Pourquoi est-il rempli d'une bonté telle que la parole de Dieu, pour nous, s'est faite herbe fanée ? Seigneur, qu'est-ce que l'homme, pour que tu penses à lui ? Qu'est- il pour que ton cœur en fasse tant de cas ? Voici où l'homme doit porter son attention pour découvrir quel souci Dieu prend de lui ; voici où l'homme doit apprendre quelle pensée et quel sentiment Dieu nourrit à son égard. N'interroge pas ce que tu souffres, toi, mais ce qu'il a souffert, lui. À ce qu'il est devenu pour toi, reconnais ta valeur à ses yeux, afin que sa bonté t'apparaisse à partir de son humanité. En effet, l'abaissement qu'il accomplit dans son humanité a été la grandeur même de sa bonté, et plus il s'est rendu méprisable en ma faveur, plus il me devient cher.

Voici manifestées la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur, dit l'Apôtre. Oui, qu'elles sont grandes et évidentes, la bonté de Dieu et son humanité ! Quelle grande preuve de sa bonté il nous a donnée, en prenant tant de soin pour ajouter à l'humanité le nom de Dieu."

Saint Bernard,  Sermon pour l'épiphanie,  source AELF

01 janvier 2016

Irénée - Miséricorde

"Adam n'est pas racheté seulement par une "opération" morale du Christ, par une passion "représentative", par une justification forensique, mais il est assumé dans le Rédempteur tel qu'il est, avec toute sa corporalité authentique. (...) toutes les actions du Christ doivent posséder cette force d'intégration, de même que par exemple, il ne lava symboliquement que les pieds de Pierre, mais par là rendit pur tout son corps : il racheta tout le corps de l'humanité par sa croix particulière (1)

Que nous dit Balthasar derrière ce commentaire d'Irénée ?  ‎N'est ce pas, l'infini de la miséricorde de Dieu, qui en soi dépasse toute idée humaine de la justice. En relevant Adam et l'associant à sa résurrection, le Christ nous permet de percevoir que son amour pour l'homme n'est pas representatif, théorique ou imaginaire, mais bien le but ultime de Dieu.

Irénée, Contre les hérésies, ‎2, 228 in Hans Urs von BalthasarLa Gloire et la Croix, tome 2 op. Cit p. 47
,

31 décembre 2015

Dynamique sacramentelle - 6

La logique trinitaire en invitant l'homme le rend participant au mystère même de la mort. Ses souffrances, comme son agonie, ne sont pas étrangères à cel‎les du Christ. Avec lui nous mourons, avec lui nous ressusciterons. Dans ce sens, notre mort est unie elle-même à la joie du Christ comme à celle des anges, car elle n'est pas finitude mais danse. 

30 décembre 2015

La tentation du mystère

Irénée combat cette tentation du mystère en insistant beaucoup sur l'ostentatoire de la religion catholique qui révèle une vérité simple et accessible à la différence de l'hérésie gnostique. Cette dernière se complaît dans ce que l'on appellerait aujourd'hui le culte de l'inititiation (repris par la franc-maçonnerie). Dans ma quête sur l'humilité de Dieu et de l'Église, y a t-il opposition avec cet ostentatoire ? Oui s'il devient triomphalisme (au sens donné par le cardinal de Smedt dans l'aula de Vatican II), non s'il s'agit seulement de chanter la gloire d'un Christ crucifié, mort pour nous détourner de toute violence et de toute haine.
Notre tentation de l'enfouissement peut avoir cette limite d'oublier que l'essentiel n'est pas dans le fait de rejoindre l'homme où il en est, mais bien, in fine, de l'accompagner plus loin, dans sa quête intérieure d'infini. Difficile dosage entre l'humilité et la Parole, entre le respect et l'engendrement, entre le silence et le cri.
Il faut peut être sentir, à la manière de Jésus, quand l'heure vient où la lumière doit sortir du boisseau, la Parole doit pénétrer jusqu'au jointures du corps. Car alors peut se révéler Dieu. Parfois, il reste néanmoins important de sentir que ce n'est pas notre oeuvre, que cela nous dépassera, que les voies de Dieu sont insondables.



29 décembre 2015

Humilité de Dieu - 5

Intéressante perspective de saint Irénée qui explique que les limites dans la vision de Dieu et donc son invisibilité foncière est lieu de progression pour l'homme (1). Du coup on peut concevoir que l'humilité de Dieu soit un chemin dans la croissance du croire, car elle entretient le désir.

(1) Saint Irénée, AH 2, 219

28 décembre 2015

La miséricorde divine

Jusqu'où va la miséricorde divine ? Penser Dieu comme infini de l'amour c'est accepter que nos limites et nos justices humaines volent en éclat
 Or Dieu n'est-il pas au delà de nos calculs, au-delà de nos justices. Une méditation de Luc 15 peut nous conduire à contempler que "la résurrection du pécheur est la décision extrême, la plus éclatante, que Dieu peut prendre à l'égard d'un être humain. Elle n'est pas seulement victoire mais renversement radical de tout ce qui a existé, à été vécu et espéré."‎ (1)

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, Culture et Vérité, 1953, p. 53

27 décembre 2015

Face à la mort - chemin d'humilité

Intéressante analyse d'Adrienne von Speyr sur la condition humaine, ce monde fictif dans lequel on semble trouver sa raison d'être par nos oeuvres, cet "agir" dirait Bernard Pitaud. "Un monde qui reflète très fortement notre personnalité (...) un monde qui nous est conformé" jusqu'à ce que survienne l'inattendu qui ouvre à la reconnaissance qu'au dessus de notre jugement, "il y a une autre instance, une volonté qui influe sur lui. C'en est fait alors de [notre] monde fictif", nous devons faire tomber nos écailles et trouver le chemin du "vrai monde de Dieu". Cette expérience est une mort de ce qui nous est propre, mais surtout que l'on est "mûr pour le langage de Dieu" (...) " on devient libre pour lui" (1)

(1) Adrienne von Speyr, Le mystère de la mort, Culture et Vérité, 1953, p. 30-31

A l'école de Nazareth

On parle souvent de la Terre Sainte comme d'un cinquième évangile.  Elle l'est dans la mesure où elle nous fait entrer dans la contemplation des sources contemplatives de Jésus.  Elle l'est aussi comme école d'humilité,  comme l'est tout contact avec la nature brute et grandiose du désert,  de la montagne et de l'immensité.  Mais elle l'est aussi dans sa manière de nourrir notre prière,  de nous mettre en route dans les pas du Christ. 

Dans une homélie de 1964, Paul VI nous conduit sur cette voie : "Nazareth est l'école où l'on commence à comprendre la vie de Jésus : l'école de l'Évangile. Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter. Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ. Ici, on découvre le besoin d'observer le cadre de son séjour parmi nous : les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s'est servi Jésus pour se révéler au monde. Ici, tout parle, tout a un sens. Ici, à cette école, on comprend la nécessité d'avoir une discipline spirituelle, si l'on veut suivre l'enseignement de l'Évangile et devenir disciple du Christ. Oh, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth, comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !

Mais nous ne faisons que passer. Il nous faut laisser ce désir de poursuivre ici l'éducation, jamais achevée, à l'intelligence de l'Évangile. Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.

Une leçon de silence d'abord. Que renaisse en nous l'estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hyper sensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu'est la famille, sa communion d'amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu'on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail. Nazareth, maison du fils du charpentier, c'est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur." (1)

(1) Paul VI,  Homélie du 5 janvier 1964 à Nazareth,  source AELF
  

26 décembre 2015

Te voir....

"Ne pas passer un jour sans désirer le voir" (1)
Tout un programme. Et pourtant, n'est-ce pas cela l'amour. Si je peux le dire à propos de ma femme pourquoi ne pourrais-je le dire à propos de Dieu ? Même si Exode 33 affirme que l'on ne peut voir sa face, il nous faut entrenir cette flamme de peur que le feu en nous se meure. 

(1) Paul Xardel, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, p. 224

25 décembre 2015

Humilité de Dieu - 4

Ce n'était probablement pas ce à quoi la Vierge s'attendait après la visite de l'ange. On lui avait prédit l'arrivée d'un grand homme à qui l'on "donnera le trône de David" (Luc 1, 32) et la voilà rejetée de la salle commune,  obligée d'accoucher dans une mangeoire,  lieu impur dans le monde juif et pour cette femme que l'Église acclame comme immaculée. Paradoxe que cette naissance humble,  que ce Dieu qui se cache dans un homme dont la vie sera longtemps faite de fuite et de silence et qui finira dressé sur un gibet au milieu des malfaiteurs.  Il n'est pas venu pour les pharisiens mais les prostituées et les publicains (Mat 21, 30), qui nous précéderons dans le royaume.  

Le Fils de l'homme est né, Noël !
Jésus nous est donné.
Jour de notre grâce :
L'étable accueille un Dieu caché,
Rebut de notre race,
Il vient sauver le monde entier.





Joyeux Noël

Une crèche, mais aussi un mystère...

24 décembre 2015

Présence réelle

Je relis chez Chautard ses pages sur la vie intérieure et trouve ce que je considère comme une pépite : "La présence de Notre-Seigneur par cette Vie surnaturelle n'est pas la présence réelle propre à la sainte Communion, mais une présence d'action vitale comme l'action de la tête ou du coeur sur les membres ; Action intime que Dieu cache le plus ordinairement à mon âme pour augmenter le mérite de ma foi; Action donc insensible habituellement à mes facultés naturelles et que seule la foi m'oblige à croire formellement; Action divine qui laisse subsister mon libre arbitre et utilise toutes les causes secondes, évènements  personnes et choses, pour me faire connaître la volonté de Dieu et m'offrir l'occasion d'acquérir ou d'accroître ma participation à la vie divine." (1)

Ces propos pourraient être considérés comme Rahnériens, mais ont été écrits bien avant les grands développement du dit Karl‎. Ils reprennent cette distinction de l'agis et de l'agir déjà commenté dans ce blog et nourrissent à mon avis une introspection positive.

(1) Dom Chautard , L'âme de tout apostolat, op Cit  p. 13

23 décembre 2015

Le Verbe s'est fait chair

"Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous". En ces derniers temps de l'avent il nous faut contempler l'immensité de ce qui se joue dans cette phrase de Jn 1 que l'on peut mettre en écho avec cette traduction particulière d'Exode 3 : " Je serai qui je serai". Si notre regard se porte depuis le commencement jusqu'au Royaume à venir, nous percevons ce buisson ardent donné à l'homme : un feu déposé en nous, qui nous brûle sans nous consommer, qui nous réchauffe sans nous perdre, qui éveille notre désir sans nous contraindre. Le Verbe s'est fait chair. A quel prix ? Son humilité et sa miséricorde nous emporte sur un chemin non désiré par notre être attaché au monde, mais tant désiré par ce qui élève en nous la vérité et la vie. Depuis l'incarnation dans la beauté du monde, première trace du Verbe, jusqu'à la venue de l'enfant et le don du Fils de l'homme, se révèle en nous l'immensité de ce pain partagé, rompu pour un monde nouveau.
A cela s'ajoute le cri, qui jaillit depuis Gn 3, 9, cette invitation qui résonne dans nos vallées. Où es-tu‎ ? J'ai besoin de toi pour être corps, non pas morceau mais membre de l'Église vivante, comme le précise de Lubac. (1)

Cf. Jacques Loew op. Cit p. 168ss

22 décembre 2015

Nuit - Saint Jean de la Croix

Pourquoi nous parle-t-il‎ de la nuit ? Qu'est-ce que cela dit de l'humilité de Dieu ? "Cette source éternelle bien cachée, pourtant je l'ai trouvée, mais c'est de nuit. (...) ne sais son origine, mais que de toute origine d'elle jaillit, je le sais, mais c'est de nuit." (1)

Prix de notre liberté que cette kénose divine, que cette lumière noire comme le disait Madeleine Delbrêl. 

(1) Saint Jean de la Croix, Poème écrit dans le cachot de Tolède, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, op. Cit p. 152

21 décembre 2015

L'Église c'est vous

Un petit Chinois qui répond aux Gardes rouges qui avaient fermé l'église du lieu et lui disaient : "Va-t'en, il n'y a plus d'église": "De quelle Église parlez-vous ? L'Église c'est moi" (1) nous rappelle s'il en est besoin que l'Église ne vit que par nous. Une immense responsabilité jaillit de ce constat.

(1) Maurice Zundel, Retraite‎ au Vatican quel homme et quel Dieu ? p. 199


16 décembre 2015

Wacite - poète musulman

"Celui qui veut contempler la gloire de Dieu, qu'il contemple une rose rouge." (1) 
Cette citation de Jacques Loew en 1982 a plus de goût à mon oreille que les propos actuels véhiculées par certains médias. Nous n'avons pas le monopole de la contemplation, même si notre vision de la gloire de Dieu est clouée sur une Croix.

(1) Wacite, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, p. 144


15 décembre 2015

Image et ressemblance - 2

"Comme moi et toi nous sommes uns, ainsi qu'eux aussi soient un avec nous". Comme le suggère Origène, cette phrase du discours d'adieu de Jésus est une invitation à progresser dans la ressemblance, pour que "semblable on devienne un" (1)

Elle rejoint les nombreuses concordances relevées dans ces lignes, depuis les Pères de l'Église jusqu'à Bonaventure et Balthasar...

(1) Origène, traité des Principes, III, 6, 1, cité par Jacques Loew, op Cit p. 88

Tendresse et miséricorde - Rahamin et hesed

Revenir à l'hébreu pour en saisir le sens. Hesed exprime l'amour et la miséricorde, la fidélité et la bienveillance. "Qu'elle est précieuse ta hesed, Seigneur, les fils de l'homme se réfugient à l'ombre de tes ailes" Ps 36, 8
Dieu comme refuge dans la souffrance Dieu de tendresse...
On en arrive à Rahamin que l'ont traduit par entrailles ou par sein. "J'ai été tissé dans le ventre [rehem]de ma mère" Ps 139, 13
"Rahamin est la tendresse de la femme pour le fruit que neuf mois elle a mûri"...(1)
J'ai déjà souvent évoqué les splanchna de Dieu qui ne sont autres que le mot grec qui lui correspond. En cette année de la miséricorde, contemplons le sens profond de cet amour ‎maternel de Dieu qui nous conduit aux verts pâturages du royaume. Laissons toucher par cette image de Rembrand sur le fils prodigue, à ces deux mains paternelles et maternelles de Dieu.

(1) Jacques Loew, ce Dieu dont je suis sûr, op Cit p. 129-131
Voir aussi mon "chemin de la miséricorde"...


Où es-tu ? Gn 3

Les lecteurs de ces pages savent combien j'attache de l'importance à cet "Où es-tu ? " de Gn 3. Jacques Loew résume bien, à sa manière la problématique : les deux milles pages de la Bible qui suivent sont pour lui celle d'un Dieu "qui cherche l'homme pour le combler au delà de tout ce qui peut se dire et comment l'homme en réponse se fait chercheur de Dieu ou se dérobe. La nudité que prétexte Adam signifie le refus de se présenter à Dieu tel que l'on est, sans défense" (1)

Saint Jérôme n'a pas tort de dire qu'il s'agit de notre histoire. Même s'il est parfois ridicule de se cacher devant Celui qui "nous sondes et nous connaîs" (Ps 139), il nous arrive de croire que l'on peut échapper à son regard. C'est peut être parce que l'on ne connaît pas l'ampleur de sa miséricorde et de sa tendresse... Ce n'est qu'en la contemplant qu'on sent l'amour...

La fausse image du Dieu vengeur n'est pas morte...


(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr, Fayard / Mame, 1982 p. 109

14 décembre 2015

Chercheur d'humanité

Chercheur d'humanité : C'est un titre que j'ose me donner parfois, dans la lignée de cette contemplation de l'homme avec un grand H découverte chez Mounier, Maritain ou Jean-Paul II. Jacques Loew peut être assurément classé dans cette race là. A partir d'une réflexion du professeur Joyeux, il souligne que l'homme a sur l'animal cette supériorité d'être capable d'admirer. (1)

Cela fait résonner en moi le premier stade de l'Oraison précisée plus haut chez Jean-Jacques Olier : contempler.

L'homme est homme quand il contemple, c'est à dire quand il est capable d'humilité devant le Beau qui se révèle à lui. Et ce faisant, il se dépouille de sa puissance, de même que le Christ dépose son vêtement avant de s'agenouiller devant l'homme...

(1) op Cit p. 75

12 décembre 2015

La théologie du coquelicot

"Inviter l'homme a un certain type de regard (..) à regarder la nature dans son environnement premier" (1), telle est la théologie du coquelicot de Jacques Loew ‎parue dans un Fêtes et Saisons de 1953 sous le titre de "Dieu existe", récit d'une pastorale en milieu urbain et ouvrier. Le prêtre se justifie avec cette phrase de Vatican I, reprise dans Vatican II : "Dieu principe et fin de toutes choses peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées : "depuis la création du monde, ses perfections invisibles se laissent voir à l'intelligence par ses oeuvres" (Rom 1, 20)" ..

On peut toujours objecter à cela l'imperfection de la nature, mais c'est peut être se cacher devant une évidence : derrière ce qui nous est donné de contempler se cache l'amour infini. Y résister est finalement faire preuve d'orgueil. Croire que l'on peut seul trouver une explication au mystère, se substituer à ce que Dieu a écrit entre les lignes et dont nous contemplerons in fine le but ultime (2)
Qui suis-je dit ? Job devant tant de mystère.

(1) Jacques Loew, ce Dieu dont je suis sûr, op. Cit p. ‎70
(2) cf. à ce sujet le post récent de saint Jean Chrysostome




11 décembre 2015

Dynamique sacramentelle - 4


Jean Paul II, dans une intervention à Rio de Janeiro en juillet 1980‎ nous invitait à ce que "notre personnalité disparaisse devant [celle du Seigneur], puisque c'est Lui qui agit par notre entremise". Dieu nous exhorte à faire de "notre vie une intime, progressive et ferme imitation du Christ Rédempteur" 

Ce texte entre pour moi en résonance ‎avec ce que je cherche à traduire dans la dynamique sacramentelle

10 décembre 2015

Le mal

Après une longue contemplation sur le coquelicot et la beauté du monde créé, sur les pas de François d'Assise, Loew nous conduit, comme en contraste à envisager le mal comme lancinant et pernicieux. "Le mal m'apparaît comme n'étant pas la réponse définitive (...) Dieu ne peut laisser le dernier mot au mal, Dieu est innocent du mal : la seule définitive certitude est là, mais elle ne peut être dite qu'avec une douloureuse humilité, à genoux en quelque sorte. (...) plus l'un s'abaisse dans les ténèbres, plus nous sommes obligés de placer l'autre dans la lumière. Alors je puis affronter cette idée (...) plus lucidement, plus humblement, sans demander des comptes à Dieu".

A genoux devant l'homme, y compris devant l'homme porteur du mal, comme ce Christ à genoux devant Judas, allant jusqu'à lui laver les pieds, allant jusqu'à chercher à communier avec lui. Tel semble être le chemin tracé par Dieu face au mal dont il reste innocent puisque face à nos pulsions de mort, il se tait et il souffre. Son discours s'arrête sur la Croix, ultime abaissement de Dieu devant le mal, ultime signe aussi du jusqu'au bout de sa miséricorde.

(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr, Fayard Mame, 1982, p. 67-68

09 décembre 2015

Jacques Loew - chemin spirituel

Nous poursuivons notre quête avec la lecture de Mon Dieu dont je suis sûr, de Jacques Loew (1) prêtre déjà croisé, car proche de Madeleine Delbrêl‎. Ce livre est avant tout une contemplation de ses 50 ans de vie chrétienne. Les premières pages retracent sa conversion intérieurs ponctuée d\'un verbatim de saint Augustin que l'on peut citer comme un itinéraire : 
1) Tu nous a fait pour Toi mon Dieu ! Et notre coeur est inquiet jusqu'à ce qu'il ne repose en toi (2)
2) Les choses restent muettes pour l'un, tandis qu'elles répondent à l'autre. Ou, pour mieux dire, elles parlent à tous, mais ceux-là seuls qui comparent cette voix venue de dehors avec la vérité qu'ils portent en eux (3)
Maritain se glisse dans cet itinéraire avec cette phrase sublime qui invite à une réceptivité "où nous sommes devenus assez disponibles assez vacants, pour entendre ce que toutes choses murmurent et pour écouter au lieu de fabriquer des réponses" (4)
Viens alors cette dernière citation de Augustin que l'on n'a pas fini de déguster : 'tard je t'ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimée ! Mais quoi ! Tu étais au dedans de moi, et j\'étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c'est au dehors que je te cherchais (...) Tu m'as appelé, et ton cri a forcé ma surdité' (5)

Si l'on peut trouver dans la première phrase des accents rahnériens la dernière évoque pour moi Gn 3, ce cri de Dieu vers l'homme : 'où es-tu ?'. Ce cri que l'on ne veut pas entendre, quand nos adhérences nous conduisent loin du chemin, nous éloignent de Dieu.‎
‎(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr,‎ fayard Mame 1982
(2) Cité p. 34‎
(3) Confessions X, 10‎
(4) Jacques Maritain, Sept leçons sur l'être. P. 56, 60‎, cité par Loew p. 45
(5) Confessions X, 27

Le voile du temple - Marc 15, 38 et Isaïe 25, 7-9

Une étude cursive de Marc souligne combien la révélation de la nature du Christ culmine dans la croix, avec ce verset qui précède le cri du centurion sur la nature divine du Christ : "Et le voile du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas." (1)
La lecture d'Isaïe 25 vient souligner ce trait :
"Et il déchirera sur cette montagne le voile qui voilait tous les peuples, et la couverture qui couvrait toutes les nations,  Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur Yahweh essuiera les larmes sur tous les visages il ôtera l'opprobre de son peuple de dessus toute la terre; car Yahweh a parlé.  On dira en ce jour-là : "Voici notre Dieu ; en qui nous espérions pour être sauvés; c'est Yahweh, en qui nous avons espéré; livrons-nous à l'allégresse et réjouissons-nous en son salut." (2)

Alors le cri du Christ que nous entendons dans l'évangile d'aujourd'hui prend sens : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. 
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » ( Mat 11, 29-30)

(1) Marc 15:38 BCC1923
(2) Isaïe 25:7-9 BCC1923




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07 décembre 2015

Création et économie trinitaire chez les Pères de l'Église.

Intéressante thèse de Pierre-Marie Hombert sur la Création chez les Pères de l'Église. Pour en résumé l'axe central c'est d'abord une longue insistance trouvée chez les Pères sur la création ex Nihilo qui tranche avec les discours grecs ou manichéistes de la préxistence de la matière et/ou du mal. Mais ce qui m'a le plus touché c'est probablement cette vision trinitaire de la création (peut-être parce qu'elle entre en résonance avec mes travaux sur la danse trinitaire (2). La création est pour lui une longue histoire dans laquelle les trois personnes divines ont leur rôle et qui a pour finalité la divinisation finale de l'homme en Christ (cf p. 93) dont le Christ en s incarnant trace le chemin et pré-dévoile une partie du plan divin. La citation de St Jean Chrysostome est pour moi la pointe du texte : "Oh homme, ne pose surtout pas de question à notre maître à tous, attends la fin des événements (...) dans la vie future. Le plan de Dieu est organisé en fonction (...) de notre salut et de notre gloire. S'il est fragmenté par le temps, le but lui donne son unité".
‎Suivre la distinction entre image et ressemblance faite notamment par Irénée, Clément d'Alexandrie, Origène, Basile et Maxime (cf. P. 67) c'est contempler notre chemin à accomplir, c'est entrer dans la danse Trinitaire qui nous invite à imiter Christ, passer comme le souligne Bonaventure(4) de la trace à l'image, de l'image à la ressemblance dont Christ en s incarnant dévoile lLa Gloire et la Croix, Styles, a gloire à venir.

(1) Pierre-Marie Hombert, La Création chez les Pères de l'Église‎, Parole et Silence, Collège des Bernardins, 2015
(2) ‎La danse trinitaire, in L'amphore et le fleuve. Voir aussi Où es-tu mon Dieu, kénose et création.
(3) St Jean Chrysostome ‎Sur la Providence IX, 5, cité par Hombert, op Cit p. 62
(4) cf. à ce sujet les éléments notés chez Hans Urs von Balthasar, dans La Gloire et la Croix, Styles, tome 2 (GC2), op. Cit p. 273ss. 


05 décembre 2015

Les trois étapes de l'Oraison

Jean-Jacques Olier nous invite à trois étapes. La première est une contemplation ou une adoration. "Jésus dans les yeux"(1), c'est à dire voir et méditer tous les dons qu'il nous fait à commencer par cette humilité même de Celui "qui enrichit les autres en s'appauvrissant, car Il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, Il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude. : ‎" (2)

La deuxième étape est une étape de communion ‎: "Jésus dans le coeur". Personnellement je garde toujours ces images des saints représentés par la peinture médiévale, à genoux devant la Croix pour recueillir le précieux sang. Elle nous permet d'ouvrir nos coeurs à cette source immense, ce fleuve du don de Dieu qui se donne et nous embrase, sans compter.
Olier invite lui au silence "pour recevoir l'étendue des dons".

La troisième étape est une coopération à l'oeuvre divine : "Jésus dans mes mains" qui nous fait actualiser ces dons reçus, qui nous transforment en "instruments de Dieu" (3) dans cette dynamique sacramentelle (4) souvent évoquée dans ces pages.

Elle est aussi une manière de rendre Dieu présent dans nos vies, en faire le centre, la source et l'horizon...

(1) Cité par Gilles Chaillot, op Cit p. 20-21
(2) Homélie de Grégoire de Naziance, source AELF 
(3) cf Etty Hillesum. ‎"C'est par l'homme que l'homme doit connaître le chemin du salut" disait aussi Léon XIII en 1889, cité par Dom Chautard, L'âme de tout apostolat, 1915. p.5
(4) voir aussi mon livre éponyme



04 décembre 2015

Vivre en Christ

Faire toutes ses œuvres en esprit d'oraison, ‎dans une interaction régulière avec la sainte trinité avec lequel Olier nous invite à "entrer en la force du Père, en la splendeur du Fils et en l'ardeur du Saint-Esprit" (1) en commençant par nous vider de nous mêmes, dépouillés de ce qui nous encombre, faisant notre l'attitude kénotique par excellence (cf Ph 2, 7), afin d'avoir "notre Seigneur devant les yeux, dans le coeur et dans les mains" (2)


(1) Cité par Gilles Chaillot, op. Cit p. 17-18
(2) p. 19

03 décembre 2015

Devenir porte-Christ

Devenir porte-Christ ! Cette expression des premiers siècles rejoint bien l‎à spiritualité d'Olier. Il affirme en effet que nous devons le laisser agir le Christ en nous. L'Eucharistie n'est donc pas un moment de la vie mais un tout : "Dieu nous a donné son fils pour habiter en nous, non seulement dans le temps où nous communion à son corps et à son sang, mais encore dans tous les moments de la vie" (1)
Dieu habite en nous par la foi, disait Paul en Eph 3, 17.

Immense responsabilité que nous avons à contempler et vivre que cette inhabitation de Dieu en nous. Elle doit nous faire autre, engendrer en nous une metanoia, une conversion telle que Benoît XVI la décrivait : une fission nucléaire du coeur (2) pour effacer ce qui en nous n'est pas temple du Christ.

(1) cité par Gilles Chaillot ibid p. 16
(2) JMJ de Cologne

02 décembre 2015

Anéantissement

Qu'Olier introduise "l'anéantissement de soi" (1) comme une piste spirituelle semble abrupt pour Chaillot, comme probablement pour le lecteur d'aujourd'hui. Deux remarques sont à faire.
1) L'image qui évoque d'ailleurs le mystère de l'Eucharistie  rejoint ce que nous avons noté encore récemment chez Ignace d'Antioche comme ce "tout est rien" souligné chez Thérèse d'Avila et chez Saint Jean de la Croix.

2) le lien avec l'Eucharistie rapproche des théories kenotiques décrites notamment chez Balthasar et David Brown. On est donc au confluent de plusieurs écoles qui ne font que résonner avec la kénose décrite en Philippiens 2. On rejoint aussi l'image récemment citée chez Madeleine Delbrêl à propos du blé broyé, qui rappelle également le coeur brisé du Psaume 50.
Mais ce qui est en jeu est probablement cette venue en nous du Christ, au point qu'Olier nous appelle à devenir des "Jésus-Christ ‎vivants". (2)

‎(1) Gilles Chaillot, ibid p. 14
(2) p. 15

29 novembre 2015

Une vie apostolique et missionnaire

Cette vie intérieure dont parle Olier n'est pas pour autant une vie individualiste, mais bien ancrée dans le Corps total. Elle est articulation entre prière et vie ecclésiale pour que toute la vie s'imprègne de cette vie intérieure et se manifeste dans sa pleine dimension "apostolique et missionnaire". (1)

Les hommes apostoliques étant les chrétiens "porteurs de Jésus Christ".

Ici s'éclaire ce que nous avions noté chez Madeleine mais qui restait difficile à comprendre dans les propos de Bernard Pitaud : il montrait l'opposition entre apostolat et mission sans en préciser les nuances.

La notion de "porteur de Jésus Christ" renvoie pour moi à cette catéchèse des premiers siècles où cette expression de porte-Christ à été utilisée. Que signifie-t-elle vraiment ? Si l'agir n'est pas habité par le Christ, c'est "une symbale qui résonne". Or que veut dire Paul en 1 Cor 13 ?  La charité ne peut venir de nous. C'est un trésor reçu de Dieu.

Nous ne sommes que des porte-manteaux de Dieu. Petite structure fragile enveloppée d'une gloire qui ne vient pas de nous : la Croix présente et douloureuse ‎de celui qui est tout amour.

(1) Gilles Chaillot : Monsieur Olier, Maître spirituel, la vie d'oraison, supplément au n. 220 des Cahiers sur l'oraison, troussures, 1988, réédition, Langeac 2005, p 13


27 novembre 2015

Le primat de la prière

L'Oraison est pour Olier "l'action la plus importante de la vie chrétienne"‎ (1)

Cette phrase à elle seule mérite d'être contemplée, non pas dans une introspection scrupuleuse, mais pour entrer en résonance comme nous venons de le voir chez Madeleine entre l'agis et l'agir‎, la différence se tenant justement dans la place de la prière dans sa vie.

L'enjeu est bien de rejoindre ce que dit Paul aux Galates 2, 20, arriver à ce que le Christ vivent en nous, pour "vivre intérieurement de la vie du Christ et la manifester dans notre corps mortel".

(1) Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, cité par Gilles Chaillot : Monsieur Olier, Maître spirituel, la vie d'oraison, supplément au n. 220 des Cahiers sur l'oraison, troussures, 1988, réédition, Langeac 2005, p 7
 ‎
(2)Olier, in Gilles Chaillot, ibid p. 12


26 novembre 2015

A la suite de Jean-Jacques Olier - École française du XVIIeme siècle

Après la lecture des deux ouvrages de/sur.  Madeleine Delbrêl commentés plus haut, chemins de lecture vous conduit sur l'école française et la  figure de Jean-Jacques Olier, né en 1608 et qui fut à l'origine de la fondation des Sulpiciens. Nous citerons l'excellent petit ouvrage de Gilles Chaillot : Monsieur Olier, Maître spirituel, la vie d'oraison, supplément au n. 220 des Cahiers sur l'oraison, troussures, 1988, réédition, Langeac 2005

Utilité de la souffrance

A propos de la souffrance, sujet constant de réflexion sur ce blog depuis mon mémoire de licence, je ne peux ignorer ce petit texte de Madeleine, tiré d'une lettre à une amie polonaise. Il fait pour moi résonner encore cette Lettre au Romains d'Ignace d'Antioche déjà évoqué plus haut sur le froment du Christ. Face à la souffrance, dit Madeleine, "il ne nous est pas demandé à ce moment là d'être fort. On ne demande pas au blé d'être fort quand ‎on le broie mais de laisser le moulin en faire de la farine (...) Il est rare à ces moments là que nous comprenions en quoi que ce soit l'utilité de la souffrance. Elle ne nous apparaît que comme une monstrueuse contradiction... Nous ne reconnaissons pas la Croix en elle. C'est après seulement qu'il nous arrive de comprendre que par cette souffrance, nous sommes devenus ce que nous sommes" (1)

Qu'est à dire, si ce n'est le même mouvement de décentrement auquel aboutit Job : "j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien" (2) ?


(1) Madeleine Delbrel, lettre à Joanna Muni, 5/11/62 in Gilles François / Bernard Pitaud op. Cit P. 288
(2) Job 42, 3

25 novembre 2015

L'apostolat de la bonté - Charles de Foucauld

Je tombe sur un article à lire dans La Croix du 13 novembre sur la figure du Père Charles de Foucauld qui vient en écho avec les propos tenus sur ce blog à propos de la "pastorale du seuil". 
Quelques phrases du bienheureux Charles comme ce "crier l'évangile par sa vie" donne à penser. Il est "prophète des déserts d'aujourd'hui".
A lire...

Voir aussi :
- Le chemin du désert
- Pastorale du seuil

24 novembre 2015

Pain brisé

A propos de mon étude en cours sur les chemins de l'humilité, ce petit extrait (1) de Madeleine est à ranger à côté de cette belle phrase de saint Ignace d'Antioche(2) qui voulait être la farine du Christ. Je vous laisse contempler ce qu'elle écrivait le 18/11/53 à un prêtre ouvrier, en plein milieu de la crise de leur dissolution. 
"Ce sont toujours les mêmes contractions qui ont toujours broyé les saints (...) appauvri et rapetissé à travers les secousses cruelles et sanglantes mais organiques de l'obéissance, le Christ-Église à continué de naître dans le monde".

On y retrouve cette expression de Christ-Église, déjà croisée dans Nous autres gens des rues et qui souligne‎ l'indissoluble unité à laquelle Madeleine restera attachée jusqu'au bout.

On y retrouve le drame de ces renoncements si caractéristiques de la période pré-conciliaire (voir des accents identiques dans le journal de Yves Congar de la même époque). Ces souffrances de l'obéissance sont les germes qui ont permis, à leur manière, le Concile. Il trace le chemin de l'Esprit au sein de l'Église.

(1) cité par Gilles François / Bernard Pitaud, ibid p. 235
(2) Lettre au Romains

23 novembre 2015

Alliance ou salut

Dans la foulée de ses propos sur apostolat et mission, Bern‎ard Pitaud poursuit sur la distinction de Madeleine entre alliance et salut. L'alliance (qui n'est pas à prendre au sens biblique) c'est finalement ne pas se contenter de côtoyer l'incroyant. Le salut, c'est lui ouvrir la porte de la miséricorde et l'accès au divin, qu'il rejette au non d'un "isme" quelconque (qu'il soit marxisme, laïscisme, rationalisme ou autre). 

(1) ibid p. 231

22 novembre 2015

Mission ou apostolat ?

Bernard Pitaud (1) insiste plus que ne l'avait fait Jacques Loew (2) sur la distinction chez Madeleine entre apostolat et mission. A son retour de Rome, il semblerait que Madeleine ait cherché à comprendre pourquoi Pie XII lui avait répété 3 fois ce terme d'apostolat qu'elle semble interpréter comme une urgence à annoncer "la gloire de Dieu"(1)
On pourrait gloser sur cette différence et sur le risque que la mission peut être donnée par soi et non donnée de Dieu. A la suite des propos de Ratzinger (3) sur l'importance du lien apostolique on pourrait aussi souligner que l'apostolat est affaire de prêtre. Mais l'apostolat des laïcs en ligne avec la "théologie du Laïcat" chez Congar n'est pas à prendre à la légère. Se faire témoin de la gloire de Dieu n'est pas annoncer naïvement son existence alors que la mort de Dieu est proclamée. C'est peut-être retrouver le chemin d'une théologie de la Croix où cette dernière est la plus manifeste. C'est aussi le culot de ne pas nier son existence, sans l'imposer, mais en le laissant habiter et transpirer en nous.

(1) Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl Poète, assistante sociale et mystique, Paris, Nouvelle Cité, 2015, p. 228
(2) in Nous autres gens des rues 
(3) Les principes de la théologie catholique

21 novembre 2015

Femmes

J'ai envoyé cette citation à une amie qui insiste beaucoup sur la place des femmes dans l'Eglise.
"L'église a toujours besoin qu'on prenne la veille... et depuis le Soir du Jeudi Saint, il vaux mieux ne pas laisser les hommes seuls" (1)
J'aime sa réponse : "Il ne faut pas non plus laisser les femmes seules".

"Homme et femme il les créa", suggère un texte bien connu. (cf. Gn 2)

(1) Madeleine Delbrel, la femme, le prêtre et Dieu, p. 113

20 novembre 2015

Archaïsmes religieux ? - Luc 19, 27 - René Girard 2

Existe-t-il dans le nouveau Testament des traces de l'archaïsme religieux, que l'on trouve plus présent dans l'ancien et qu'il nous faudrait corriger ?  
La phrase sévère de Luc 19, 27, lue mercredi pourrait probablement être classée dedans : "Quant à mes ennemis,ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi" (1).
Ce texte qui suit la parabole des dix mines est propre à Luc, même si on lui met en parallèle celle des talents en Mat 25. Pourtant, on trouve chez Luc des traces de violence qui contrastent avec les chemins de miséricorde propre au même auteur (Luc 15).
Matthieu envoie celui qui ne fait pas fructifier son talent aux ténèbres, ce qui n'est pas mieux, mais moins violent. L'égorgement ‎propre à Luc serait-il un hapax, c'est à dire un terme unique dans le NT ? Et le terme serait-il de Jésus ou propre à Luc. On peut espérer que la deuxième réponse soit la bonne, tant elle a dans les jours actuels des résonances avec d'autres archaïsme tout aussi violent. En prenant de la distance avec toutes les violences, à l'école de René Girard, on met en lumière ces faiblesses d'une transmission orale et de l'importance d'une exégèse construite.

Pastoralement, ces phrases mériteraient d'être expliquées, plutôt qu'ignorées en oubliant l'impact qu'elles ont sur les âmes sensibles.
En toutes hypothèses, il faut entendre en contrepoint la phrase qui elle vient de l'AT : "Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive". Ezéchiel 18,23

(1) traduction liturgique, source AELF

Ajout du 23/11 qui me semble bien compléter le post ci-dessus :

"Dans une parabole, Jésus se cache souvent et il n'est pas toujours là où on le pense. (...) Dieu n'est pas d'abord celui à qui nous rendons des comptes mais celui que nous avons en dépôt et dont nous avons la charge. Dieu ne nous confie pas son argent, c'est lui même qui se donne à nous" (2).

'2) Patrick Lauder, diacre, la Croix du 17/11/15

Au fond de notre coeur

A la suite de Charles de Foucauld, mais tels des porte-Christ ordinaires, il nous reste à établir nos âmes "comme autant de creux de silence où la Parole de Dieu peut se reposer et retentir" (1)

(1) Madeleine Delbrel, ibid p. 191