Je vous confie le CR d'une réunion à Saint-Philippe :
Lecture-prière :
« La foule l'interrogeait,
disant: Que devons-nous donc faire?
Il leur répondit: Que celui qui a
deux tuniques partage avec celui qui n'en a point, et que celui qui a
de quoi manger agisse de même.
Il vint aussi des publicains pour
être baptisés, et ils lui dirent: Maître, que devons-nous faire?
Il leur répondit: N'exigez rien au
delà de ce qui vous a été ordonné. Des soldats
aussi lui demandèrent: Et nous, que devons-nous faire? Il leur
répondit: Ne commettez ni extorsion ni fraude envers
personne, et contentez-vous de votre solde.» Luc 3, 11-14
Après une lecture de Luc 3, un
participant interroge le groupe sur la méthodologie. Doit-on
privilégier raisonnement ou témoignage ?
Réponse unanime des autres
participants : Il serait bon de conserver les deux, pour ne pas
rester dans les « grandes idées » et tenir compte de nos
diversités et des apports de notre vie.
La lecture du chapitre 8 de notre livret ne portait pas
uniquement sur le droit de faire la guerre mais était double. Outre
la question de la juste guerre, on peut aussi parler de la violence y
compris dans notre environnement et de notre capacité d'y répondre.
Un participant souligne que la réponse
du Christ à la violence est le lavements des pieds de Judas et la
mort sur la Croix. Un chemin qui fait signe pour discerner notre
manière de répondre à l'agression ?
Mais, dit un autre participant, le
Christ n'a pas été tendre avec les changeurs et les vendeurs de
colombes du Temple.
Marc 11 : « Ils
arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit
à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il
renversa les tables des changeurs, et les sièges
des vendeurs de pigeons ; et il ne laissait personne transporter
aucun objet à travers le temple.
Et il enseignait et disait: N'est-il
pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes
les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. »
Etait-ce une sainte colère ? D'autres
précisent que le Christ a renversé les tables mais n'a pas ouvert
les cages. S'il est en colère, c'est parce que l'on a fait du Temple
un lieu de marchandages.
A propos de la guerre juste que dit le
Catéchisme ?
Extrait cité :
2307 Le cinquième commandement
interdit la destruction volontaire de la vie humaine. A cause des
maux et des injustices qu’entraîne toute guerre, l’Église
presse instamment chacun de prier et d’agir pour que la Bonté
divine nous libère de l’antique servitude de la guerre (cf. GS 81,
§ 4).
2308 Chacun des citoyens et des
gouvernants est tenu d’œuvrer pour éviter les guerres.
Aussi longtemps cependant " que
le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité
internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne
saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les
possibilités de règlement pacifiques, le droit de légitime défense
" (GS 79, § 4).
2309 Il faut considérer avec
rigueur les strictes conditions d’une légitime défense par la
force militaire. La gravité d’une telle décision la soumet à des
conditions rigoureuses de légitimité morale. Il faut à la fois :
– Que le dommage infligé par
l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit
durable, grave et certain.
– Que tous les autres moyens d’y
mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.
– Que soient réunies les
conditions sérieuses de succès.
– Que l’emploi des armes
n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à
éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction
pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition.
Ce sont les éléments traditionnels
énumérés dans la doctrine dite de la " guerre juste ".
L’appréciation de ces conditions
de légitimité morale appartient au jugement prudentiel de ceux qui
ont la charge du bien commun. (...)
Il faut donc des moyens adéquats qui
savent s'arrêter !
Questions posées : Quel but,
comment on s'arrête ?
Tout est centré sur les éléments
déjà évoqués de bien commun (cf. post précédent)
Un discernement est à opérer dans ces
choix, en particulier sur les éléments qui conduisent en nous à la
violence.
Le chemin évangélique est plutôt
celui de l'humilité et de la fragilité.
On revient sur les thèmes déjà
évoqués de « Tentation de pouvoir » à opposer à « un
Dieu de faiblesse » dont le message central reste la croix.
Tendre la joue gauche ?
Cela est, de fait, différent de
retendre la joue droite (ce qui serait du masochisme) mais regarder, comme le dit Lévinas, le visage de l'autre, l'interpeller, sans juger la personne,
peut-être en l'interpellant sur les actes.
Doit-on lutter contre l'immoralité ?
Y a-t-il une réponse
binaire ? Non, dit F., la réponse est trinitaire,
elle est de l'ordre de l'expérience de toute vie qui accueille
en son cœur la présence de Dieu comme interlocuteur privilégié.
On évoque aussi la question du
dolorisme, du sacrifice, des chrétiens qui étant dans le sacrifice
oublie la joie...
Oui, mais un participant souligne que
notre « attitude catho » conduit à être mis au banc de
la société. On rappelle à ce sujet le discours de Jn 15 :
« Ce que je vous commande,
c'est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez
qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait
ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que
je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous
hait.
Souvenez-vous de la parole que je
vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître.
S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont
gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous
feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu'ils ne
connaissent pas celui qui m'a envoyé. »
Pharisaïsme et extrémismes sont à
éviter...
Le terrorisme est une notion vague
souligne quelqu'un. Certes, et pourtant toute forme d'extrémisme est
violence...
A propos du Génocide voir aussi ce que
dit la DSE au n°506 :
« Les tentatives d'élimination
des groupes entiers, nationaux, ethniques, religieux ou
linguistiques, sont des délits contre Dieu et contre l'humanité
elle-même et les responsables de ces crimes doivent être appelés à
en répondre face à la justice. Le XXème siècle a été
tragiquement marqué par différents génocides: du génocide
arménien à celui des Ukrainiens, du génocide des Cambodgiens à
ceux perpétrés en Afrique et dans les Balkans. Parmi eux celui du
peuple juif, la Shoah, prend un relief particulier: « Les jours de
la Shoah ont marqué une vraie nuit dans l'histoire, enregistrant des
crimes inouïs contre Dieu et contre l'homme ».
La Communauté internationale dans
son ensemble a l'obligation morale d'intervenir en faveur
des groupes dont la survie même est menacée ou dont les droits
fondamentaux sont massivement violés. Les États, en tant
que faisant partie d'une Communauté internationale, ne peuvent pas
demeurer indifférents: au contraire, si tous les autres moyens à
disposition devaient se révéler inefficaces, il est « légitime,
et c'est même un devoir, de recourir à des initiatives concrètes
pour désarmer l'agresseur ». Le principe de
souveraineté nationale ne peut pas être invoqué comme motif pour
empêcher une intervention visant à défendre les victimes. Les
mesures adoptées doivent être mises en œuvre dans le plein respect
du droit international et du principe fondamental de l'égalité
entre les États.
La Communauté internationale s'est
également dotée d'une Cour Pénale Internationale
pour punir les responsables d'actes particulièrement graves: crimes
de génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et
d'agression. Le Magistère n'a pas manqué d'encourager à maintes
reprises cette initiative. »
Un participant
dénonce l'attitude américaine au Kosowo. D'autres parlent des
guerres entre croates et serbes. Un lieu où l'homme se laisse aller
à la violence. Là aussi, l'Église a été marquée par l'action en
sein du péché des hommes, même si elle demeure en chemin vers la
sainteté.
Le royaume est à
venir et il est aussi, par des endroits, déjà présent parmi nous.
L'amour est plus
fort que la mort. Telle est notre espérance...
V. a le mot de la
fin : « Heureux les artisans de paix ».
Prochaine
réunion, le 2 juillet, pour préparer l'année prochaine.
Parmi
les propositions : Lecture cursive et dynamique d'Evangelii
Gaudium »,
Exhortation apostolique du Pape François, 24 novembre 2013.
Lieu : le premier mercredi de chaque mois à Saint-Philippe du Roule, Paris 8° 12h30 (salle Baltard)
Pour aller plus
loin :
A – Textes de
référence
- La promotion de la paix, in Compendium de la doctrine sociale, § 506
- Pacem in terris, Saint Jean XXIII
- La sauvegarde de la paix, in Catéchisme de l'Église catholique
B – Autres
apports
- Génocide au Rwanda, in « Confessions d'un cardinal »
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