Un petit rappel de Jacques Ellul, trouvé par Gilles Boucomont, que je ne résiste pas de reproduire ici... Tentation pharisienne, vieille comme le monde ?
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La prière obligée ouvrant des réunions d’administration de l’Eglise. Conseils presbytéraux, régionaux, etc. Les hommes, chargés d’un ministère, qui gèrent les finances, font la stratégie de l’Eglise, exercent l’autorité, se sentent obligés de prier lorsqu’ils se réunissent. Assurément l’intention est bonne : placer ce que l’on va faire dans ce domaine « sous le regard de Dieu ». Assurément, ces responsables doivent pouvoir prier ensemble. Pourquoi donc cela paraît-il aussi formel, aussi extérieur, aussi insignifiant ? Je ne puis plus supporter ces innombrables invocations au Saint-Esprit. Je ne puis plus croire à une action quelconque de cet ordre de prières. Alors que nous sommes si manifestement dénués de la présence et de la force du Saint-Esprit, que signifient ces prières de requête dont on sait d’avance que si elles étaient exaucées, si jamais le Saint-Esprit était donné, cela bouleverserait tous les plans financiers, toutes les prévisions, toutes les sages administrations ?Prières de pure forme, même quand celui qui la prononce est plein de piété, pour couvrir la médiocrité de nos décisions. Prière officielle qui nous permet ensuite de gérer selon nos propres idées, avec nos faiblesses, nos incapacités quelque chose que nous reconnaissons être à Dieu sans lui laisser la moindre place pour y exprimer sa volonté. Prière qui sert à nous donner bonne conscience en acceptant que l’Eglise soit encore la médiocre affaire que nous savons. Prière fictive, qui affirme des lèvres que nous sommes au service du Seigneur alors que nous faisons très bien nos affaires tout seuls. Prière de couverture : en règle avec Dieu au début de la séance parce que nous l’avons invoqué, nous nous sentons d’autant plus libre de ne pas tenir compte du Seigneur dans la suite des discussions… Et j’ai toujours considéré que ces prières tombaient dans un grand silence — et que seul le vide nous répondait. Et j’ai toujours été humilié lorsque j’étais chargé, dans de telles séances, de faire de telles prières, acceptant par convention sociale de faire ce que je voyais clairement être en fait une atteinte à l’honneur de Dieu. »(1)
(1) Jacques Ellul L’impossible prière, éditions Le Centurion, 1970, pp. 27-28
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