12 juin 2015

Source du côté du Christ

"Du côté du Christ endormi sur la Croix, surgit l'Église" nous rappelle saint Bonaventure (1) en ajoutant que "la sagesse divine a bien voulu que la lance d'un soldat ouvre et transperce ce côté. Il en sortit du sang et de l'eau, et c'était le prix de notre salut qui s'écoulait ainsi. Jailli de sa source, c'est-à-dire du plus profond du cœur du Christ, il donne aux sacrements de l'Église le pouvoir de conférer la vie de la grâce et, à ceux qui ont déjà en eux la vie du Christ, il donne à boire de cette eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle".

Nous retrouvons là l'essence même de ce que j'appelle la dynamique sacramentelle...

(1) in L'Arbre de vie, 29-30, 47 (trad. cf bréviaire Sacré Cœur et Orval) source AELF,  office des lectures en la solennité du Sacré Coeur.

Oecumenisme du sang - pape François

Dans une belle méditation sur la Samaritaine et la soif du Christ qui est une "soif de rencontre" et de dialogue,  le pape nous invitait à une unité qui "se fait sur le chemin,  (...) en marchant"

« L’engagement commun à annoncer l’Évangile permet de dépasser toute forme de prosélytisme et la tentation de compétition », a-t-il souligné à Saint-Paul hors les murs le 25 janvier 2015.  « Nous sommes tous au service de l’unique et même Évangile ! », a-t-il conclu, faisant de nouveau ressortir le fait que ceux qui persécutent aujourd’hui les chrétiens dans le monde ne distinguent pas l’Église à laquelle ils appartiennent. Ce que le pape François appelle « l’œcuménisme du sang ».

Cela souligne aussi pour moi cette inguérissable souffrance de la séparation. Pouvons nous continuer à déchirer la tunique unique au lieu de travailler sens à construire l'unité, dans et au seuil de nos églises.

09 juin 2015

Lumière du sacrement

La force signifiante du sacrement,  qu'elle soit celle du baptême, du mariage ou de l'ordre est à contempler.  Pleinement empli du Christ l'homme peut sentir la puissance qui se déploie dans sa faiblesse. Car ce n'est pas ses mérites qui sont signes, mais la manière dont Dieu les habitent, les emplit de ses dons. 

Quand les chrétiens réalisent cela, ils ne sont plus serviteurs d'eux mêmes mais serviteur d'autre chose, d'un plan qui est supérieur. De même qu'un couple heureux rayonne de l'amour qui l'habite, le chrétien qui danse avec son Dieu rayonne d'un amour qui l'enveloppe, le fait agir, l'emplit d'une joie qui le dépasse. Il n'est plus lui-même mais passeur (1) de Dieu.
 
On peut entendre à ce titre ce que disait Paul : « Vous brillez comme des sources de lumière dans le monde, vous qui êtes porteurs de la parole de vie » (Ph 2,15-16).  

Reprenant cette affirmation, saint Chromace d'Aquilée, évêque du 3ème siècle précise : "Cette lampe resplendissante, qui a été allumée pour servir à notre salut, doit toujours briller en nous. Nous avons en effet la lampe (...) et la grâce spirituelle dont David disait : « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route » (Ps 118,105)... Cette lampe (...) nous ne devons donc pas la cacher, mais la dresser dans l'Église comme sur le lampadaire, pour le salut d'un grand nombre, afin de jouir nous-mêmes de la lumière de la vérité, et d'en éclairer tous les croyants." (2) 

Il ne s'agit pas pour autant de l'imposer mais plutôt de laisser transparaître en nous cette lumière qui nous habite, nous fait vivre. Car elle ne vient pas de nous mais de la force de l'Esprit que Dieu a déposé en notre coeur. Cette lumière n'est autre en effet que la lumière du Christ,  puissance venue de ce corps glorieux qui jaillit du tombeau. 

(1) cf. Theobald / Bacq la pastorale d'engendrement
(2) Saint Chromace d'Aquilée, Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°5, 1.3-4 : CCL 9, 405 (trad. cf bréviaire 11/06 et Orval) 


Dynamique sacramentelle - suite - présence réelle


Thomas d'Aquin n'affirme-t-il pas que l'originalité de l'Eucharistie c'est à dire son but n'est pas tant la présence réelle du corps et du sang du Christ (qui n'est qu'une réalité intermédiaire) que l'unité ‎de l'Eglise (1).
C'est une idée qui conduit à un déplacement par rapport à l'affirmation de l'Eucharistie comme sacrement central, non pour le nier mais pour le mettre en perspective. Cela conforte en effet cette idée de dynamique sacramentelle qui ne met pas l'acte au centre mais cherche à voir plus loin, cette réalité foncière de l'en Christo, de la koinonia (cf. Paul).

Le même Paul ne critiquait-il pas la manière dont les premiers chrétiens ne mangeaient pas ensemble au sein même de l'eucharistie (cf. 1 Cor 11, 21ss). Ce rappelle à l'ordre et à l'unité reste valable.

(1) Saint Thomas d'Aquin Somme théologique III, 73, 6 cf. SC 47 ; LG 3 ; 7,11 cité par Kasper, Serviteur de la joie, op. cit. p. 124


08 juin 2015

Pratique isolée, catéchèse et pastorale

‎Mon travail de recherche évolue sur le thème la dynamique sacramentelle. Une phrase de Kasper me donne à nouveau à penser dans ce sens : "la distribution des sacrements et la "pratique sacramentelle" ne peuvent pas être isolées et présentées comme le but le plus élevé. Car les sacrements sont les sacrements la foi. La pratique juste et responsable de la participation aux sacrements suppose une évangélisation et une catéchèse préalable". (1)

Même s'il ajoute une ligne sur l'importance de rencontrer des chrétiens habités par leur foi, je le rejoins et met aussi des réserves sur son affirmation qui me semble trop idéaliste. Car pour moi la dynamique sacramentelle ne prend pas naissance nécessairement dans la seule catéchèse ou l'évangélisation. Il y a plusieurs portes d'entrée à une foi agissante (2) et je crois que l'important est de ne pas fermer la porte en chargeant trop la bête. Il nous faut apprendre à donner soif et les chemins de Dieu en l'homme sont innombrables.

(1) Kasper, Serviteur de la joie, op. cit. p. 92
(2) Je développe ce point dans "Pastorale du seuil"

07 juin 2015

Le bon pasteur

Je parle souvent dans ce blog de tension théologique. Il y a dans ces lignes ce que je qualifierai d'une saine tension "pastorale" :
"Celui qui guide et qui a le courage de donner par la foi une direction claire et sûre (...) mais également celui qui réagit (...) avec compréhension, compassion et patience envers ceux qu'il rencontre (....) capable de dire la vérité dans la charité." 

W. Kasper, serviteur de la joie, op. cit. p. 85

Sacrement source

Dans l'octave du dimanche où nous fêtons le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, prenons  le temps de contempler cet hymne magnifique que nous chantons parfois à la messe. Il compare le Christ a un mendiant : 

Mendiant du jour, 
je te prends dans mes mains, (...)
et tu deviens 
la Nuée qui dissout les ténèbres. 

Mendiant du feu, 
je te prends dans mes mains, (...)
et tu deviens 
l'Incendie qui embrase le monde. 

Mendiant d'espoir, 
je te prends dans mes mains (..)
et tu deviens 
le Torrent d'une vie éternelle.

Mendiant de toi, 
je te prends dans mes mains, (..)
et tu deviens 
le Trésor pour la joie du prodigue. 

Mendiant de Dieu, 
je te prends dans mes mains ; (...)
et je deviens 
l'Envoyé aux mendiants de la terre.

On y voit, on y sent le principe même de la kénose,  de ce Dieu à genoux devant l'homme qui nous demande à boire, qui vient quérir en nous le meilleur de nous mêmes. 

Saint Thomas d'Aquin commente ainsi ce sacrement : "il a laissé aux fidèles son corps à manger et son sang à boire, sous les dehors du pain et du vin. 

Banquet précieux et stupéfiant, qui apporte le salut et qui est rempli de douceur ! Peut-il y avoir rien de plus précieux que ce banquet où l'on ne nous propose plus, comme dans l'ancienne Loi, de manger la chair des veaux et des boucs, mais le Christ qui est vraiment Dieu ? Y a-t-il rien de plus admirable que ce sacrement ? (...) Il est offert dans l'Église pour les vivants et pour les morts afin de profiter à tous, étant institué pour le salut de tous. Enfin, personne n'est capable d'exprimer les délices de ce sacrement, puisqu'on y goûte la douceur spirituelle à sa source et on y célèbre la mémoire de cet amour insurpassable, que le Christ a montré dans sa passion.

Il voulait que l'immensité de cet amour se grave plus profondément dans le cœur des fidèles. C'est pourquoi à la dernière Cène, après avoir célébré la Pâque avec ses disciples, lorsqu'il allait passer de ce monde à son Père, il institua ce sacrement comme le mémorial perpétuel de sa passion, l'accomplissement des anciennes préfigurations, le plus grand de tous ses miracles ; et à ceux que son absence remplirait de tristesse, il laissa ce sacrement comme réconfort incomparable." (1)


(1) Saint Thomas d'Aquin, Lecture pour l'office du Corps du Christ

06 juin 2015

Dynamique sacramentelle - Un aller retour

‎Concevoir les sacrements en dehors de la vie, comme un temps à part, c'est nier l'interaction constante qui devrait se faire au service de l'unité intérieure de la personne et de la communauté. Il existe un aller et retour constant entre ce qui se vit dans notre expérience sacramentelle et ce que nous vivons dans notre vie ordinaire. C'est là où la notion de dynamique prend sens.

En lisant les pages de Kasper ‎sur le rôle pastoral du prêtre (1) je retrouve cette idée (ou est ce elle qui vient à moi) à propos de la prière comme lieu d'unité. En effet, j'adhère à cette vision de la messe, non comme un chemin uniforme de prière (ce qu'elle est de fait) mais surtout comme le lieu où, pour reprendre les termes de Varillon (2) nous divinisons ce que nous humanisons, c'est à dire que toutes nos différences trouvent là un terreau d'unité, où le prêtre, pasteur de ses brebis, accueille et met ensemble nos sensibilités, nos différences sans les nier ou y faire violence mais en les concentrant sur leur centre unique : Jésus Christ.

(1) op. Cit. chapitre V
(2) Joie de croire, joie de vivre


05 juin 2015

Kasper - Serviteur de la joie

‎Nous devons être ambassadeur du Christ, nous dit Kasper, reprenant les termes de Paul. A ce sujet il précise que "le service du prêtre doit être marqué dans son ensemble par son origine christologique (...) correspondre au Christ et (...) ne pas exercer leurs charismes de manière orgueilleuse et dominatrice, mais (...) en termes de service pour la construction de la communauté (...) non pas seigneurs de la foi, mais "serviteur de la joie". (2 Cor 1, 24).
Sans surprise, il évoque alors le lavement des pieds...

Je retrouve là des accents de "Cette église que je cherche à aimer" et de "Serviteur de l'homme. Kénose et diaconie", mes deux études sur la place du ministre et des laïcs dans l'Eglise.

(1) Serviteur de la joie, op. Cit p. 67

04 juin 2015

Dynamique sacramentelle


Ne pas connaître l'écriture c'est ne pas connaître le Christ nous rappelle le Concile (DV25), mais, poursuit Kasper (1), l'église continue à se construire. Il rappelle ainsi l'affirmation de 2 Cor 3, 2-3 : "C'est vous-mêmes qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes.
Oui, manifestement, vous êtes une lettre du Christ, écrite par notre ministère, non avec de l'encre, mais par l'Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs."

Cela renvoie pour moi à cette idée de dynamique sacramentelle qui va probablement être mon nouveau thème de recherche théologique. Comprendre que Dieu agit par nous donne un autre sens à notre vie de chrétien, fait de nous des "porte-Christ" mais plus encore des témoins non par nos paroles mais en actes, en Christo...
En cela nous devenons participants à l'oeuvre de l'Esprit.

De nos ossements desséchés (cf. Ez 37), Dieu fait de nous des porteurs de son Amour...


"‎Ce qui était visible en Jésus Christ est passé dans les sacrements" nous rappelle Kasper, évoquant Léon le Grand (2). Qu'est-ce à dire ? Est-ce une apparition fugace, l'oeuvre d'un jour, où bien une dynamique véritable qui nous met en mouvement ? Telle est la question qu'il me semblerait intéressant de creuser, tant elle implique une mise en question de notre façon de concevoir la nature même du sacrement.

(1) Serviteur de la joie, ibid. p. 51
(2) Léon le Grand, Sermons, 74,2 cité p. 65 par Kasper, op. cit.

03 juin 2015

Trinité

Je découvre chez saint Antoine,  une articulation trinitaire qui donne à penser : "La suprême origine, comme le dit saint Augustin, (...) c'est Dieu le Père, de qui viennent toutes choses, de qui procèdent le Fils et le Saint Esprit. La beauté très parfaite, c'est le Fils, la vérité du Père, (...) modèle de toutes choses, parce que tout a été fait par lui et que tout se rapporte à lui. La joie très bienheureuse, la souveraine bonté, c'est le Saint Esprit, qui est le don du Père et du Fils ; et ce don, nous devons croire et tenir qu'il est exactement pareil au Père et au Fils. En regardant la création, nous aboutissons à la Trinité d'une seule substance. Nous saisissons un seul Dieu : Père, de qui nous sommes, Fils, par qui nous sommes, Esprit Saint, en qui nous sommes. Principe, à qui nous recourons ; modèle, que nous suivons ; grâce, qui nous réconcilie." (1)

L'intérêt est pour moi dans cette triple articulation,  et notamment l'appel très paulinien à l'imitation du Christ et la prise de conscience de l'Esprit comme d'une grâce dans lequel on repose. Imiter le Christ et être en lui, tout un chemin vers la paix et l'unité. 


(1) Saint Antoine de Padoue, Sermons pour le dimanche et les fêtes des saints (trad. Bayart, Eds. franciscaines 1944, p. 160) 



02 juin 2015

Reconsidérer le sacerdoce commun

Reconsidérer le sacerdoce commun. ‎Kasper (1) nous invite dans ce sens. Non seulement pour inviter le prêtre à descendre de son piédestal (sic) mais surtout en enrichissant notre rôle de baptisés et redonnant, par conséquence, une conception plus riche de "la compréhension que le prêtre a de lui-même pour lui redonner sa véritable dignité dans le peuple de Dieu". 
Il me semble lire là des accents familiers, probablement type de ce que Congar écrit dans sa théologie du Laïcat.‎..
Mais Kasper va plus loin en citant Paul qui parle de l'offrande d'une vie, du sacrifice et du service de la foi de la communauté (Ph 2, 17) et souligne que d'après lui "toute la communauté doit être une offrande agréable à Dieu" (Rm 15, 16).‎ (2). L'idée souligne Kasper n'est pas d'arriver à une cogestion mais d'une "construction d'une maison spirituelle faite de pierres vivantes, (...) à partir de la pierre angulaire qu'est Jésus Christ."
Afin d'être prêtre pour les autres, le ministre ordonné ajoute t il, doit être chrétien avec les autres et, comme Jean sur la poitrine de Jésus, apprendre dans l'amitié avec le Christ à être ami de Dieu et des hommes" sans s'en isoler, mais en famille.

(1) Serviteur de la joie, op. Cit. p. 32
(2) ibid. p. 35‎ et 36





01 juin 2015

Docta spes - une espérance réfléchie

‎Après son livre sur la miséricorde me voilà plongé dans un livre plus ancien de Walter Kasper : Serviteur de la joie, la vie de prêtre et le service sacerdotal, Paris, Cerf, 2007.
Une première réflexion me fait réagir : il y parle (p. 23) d'une espérance réfléchie loin de l'espérance naïve à laquelle je cède trop souvent, celle de croire que "Dieu pourvoira"...
"Espérer contre toute espérance" dit Paul en Rm 4, 18, mais aussi comprendre peut être que "Dieu a besoin de nos mains", comme le dit Etty Hillesum, de nos intelligences, de nos efforts sans limites pour labourer le champ, préparer le travail du Grand Semeur....Mais aussi, ajoute Kasper, que l'espérance se fonde "‎dans le mystère pascal" (p. 24), ce qui rejoint la conclusion de mon "chemin vers le désert"...



31 mai 2015

Impossible à l'homme, Marc 10, 27

Relisons le contexte : "23 Et Jésus, jetant ses regards autour de lui, dit à ses disciples : " Qu'il est difficile à ceux qui ont les biens de ce monde d'entrer dans le royaume de Dieu ! " 24 Comme les disciples étaient étonnés de ses paroles, Jésus reprit : " Mes petits enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses, d'entrer dans le royaume de Dieu ! 25 Il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. "
26 Et ils étaient encore plus étonnés, et ils se disaient les uns aux autres : " Qui peut donc être sauvé ? " 27 Jésus les regarda, et dit : " Aux hommes cela est impossible, mais non à Dieu : car tout est possible à Dieu. " 28 Alors Pierre, prenant la parole : " Voici, lui dit-il, que nous avons tout quitté pour vous suivre. " 29 Jésus répondit : " Je vous le dis en vérité, nul ne quittera sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de moi et à cause de l'Evangile, 30 qu'il ne reçoive maintenant, en ce temps présent, cent fois autant : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, au milieu même des persécutions, et dans le siècle à venir, la vie éternelle. 31 Et plusieurs des derniers seront les premiers, et des premiers, les derniers. " (1)

"Que Dieu nous comble de ses biens ne fait pas de doute et pourtant",  comme le souligne saint Grégoire le grand, il arrive qu'une "chose créée bonne nous cause de la douleur". Quel sera alors notre réaction ? 
Il faut entendre ce que dit encore ce Père de l'Église, en évoquant Job : "l'âme de celui qui est ainsi corrigé est rétablie par l'humilité dans la paix avec son Créateur." (2)

Car la richesse des biens n'est pas le signe du bonheur intérieur. Relisons à nouveau la tension ouverte par le récit du jeune homme riche. Pierre s'inquiète : "Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jean Chrysostome précise,  "C'est qu'avant même d'être pasteur, il en avait l'âme ; avant d'être investi de l'autorité..., il se préoccupait déjà de la terre entière. Un homme riche aurait probablement demandé cela par intérêt, par souci de sa situation personnelle et sans penser aux autres. Mais Pierre, qui était pauvre, ne peut pas être soupçonné d'avoir posé sa question pour des motifs pareils. C'est le signe qu'il se préoccupait du salut des autres, et qu'il désirait apprendre de son Maître comment on y parvient. D'où la réponse encourageante du Christ : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ». Il veut dire : « Ne pensez pas que je vous laisse à l'abandon. Moi-même, je vous assisterai dans une affaire aussi importante, et je rendrai facile et aisé ce qui est difficile ». (3)
A contempler...
(1) traduction Crampon 1923
(2) saint Grégoire le grand,  Commentaire de Job
(3) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur le débiteur de dix mille talents, 3 ; PG 51, 21 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 297) source : AELF


30 mai 2015

Souffrance de Job, souffrance du Christ

Dans "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?" et "Où es tu ? Souffrance et création", je continue d'explorer l'impossible question de la place de Dieu face à la souffrance. Sur ce chemin, la médiation donné aujourd'hui par l'office des lectures donne une piste supplémentaire :

"Job offrait une préfiguration du Christ. (...) Job est appelé par Dieu un homme juste. Le Christ est la justice, et tous les bienheureux se désaltèrent à sa source (...)  Le diable tenta Job par trois fois. De même, d'après l'Évangile, il a essayé par trois fois de tenter le Seigneur. Job a perdu toutes les richesses qu'il avait. Et le Seigneur a délaissé par amour pour nous tous les biens au ciel ; il s'est fait pauvre pour nous rendre riches. (...) Job fut couvert d'ulcères. Et le Seigneur, en s'incarnant, a été souillé par les péchés de tout le genre humain. (1)
Sur cette piste de Job, voir aussi Philippe Némo et sa réponse par E. Lévinas que je résume dans "Quelle espérance..."

(1) Saint Zénon de Vérone, Homélie sur Job, source : Textes liturgiques © AELF.