20 mai 2005

La souffrance

Je viens de relire la lettre apostolique Salvifici Doloris, la valeur salvifique de la souffrance, Jean Paul II, 11 février 1984.*
Un texte d'une grande profondeur, qu'il est intéressant de relire à l'aune de la vie et de la mort de Jean Paul II.



* disponible sur http://www.vatican.va
voir lien direct dans le commentaire de Phil.

19 mai 2005

Liberté ou pulsion - II

" Sémirimis suit son destin mais ce qu'elle prenait pour une liberté n'est que pulsion.."

Le serf arbitre, encore...

(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 307

18 mai 2005

Liberté et pulsion - I

"Le moi abandonné et rejeté de Dieu qui voudrait revenir à l'ordre saint, fondé en Dieu, mais se voit barrer le chemin par la faute originelle de l'existence et par la volonté qu'aveuglent les instincts ne peut que crier, dans l'angoisse et la misère, à une divinité qui n'est plus un sauveur : protège moi de moi-même " Benno von Wiese, à propos de l'Aïeule de Grillparzer dans Die Deutsche Tragödie von Lessing bis Hebbel, Leibzig p. 387

Cet appel païen peut cependant être relu, dit Urs von Balthasar, à l'aune de Jn 11,25ss : "Qui croit en moi, même s'il meure vivra..."
Et de fait, quand on s'échappe à soi-même, quand le serf-arbitre dont nous parle Luther et repris par Ricoeur dans la Philosophie de la Volonté est tel que nous perdons pied, il nous faut reconnaître ce que nous tardons toujours à admettre. Nous ne pouvons rien de nous-mêmes. Il est notre sauveur...


(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 302

17 mai 2005

Notre place ?

N'est-ce pas au coeur de cette question que nous pouvons nous laisser interpeler par un autre.
Comprendre que notre vie n'est pas ordonnée par la simple servitude des forces intérieures qui nous habitent mais bien par autre chose...

Corps du Christ

Comme le souligne Urs von Balthasar*, on ne peut évoquer la question des rôles sans reprendre la position paulinienne, qui insiste sur la place de chacun dans le corps du Christ. Urs von Balthasar cite quelques textes éclairants à l'aune de nos réflexions des billets précédents. Je me contenterais de les aligner, à titre illustratif.

1 Co 7 (17,20,24) : "Pourtant, chacun doit continuer à vivre dans la situation que le Seigneur lui a donnée en partage, et où il était quand Dieu l'a appelé."
Rm 12, 3-6 : "n'ayez pas de prétentions déraisonnables, soyez assez raisonnables pour n'être pas prétentieux, chacun en proportion de la foi que Dieu lui a donnée en partage. (...) nous avons reçu des dons qui sont différents."
Eph 4,10 : "Les dons qu'il a faits, ce sont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et catéchètes, afin de permettre les saints en état d'accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à l'unité dans la foi et dans la connaissance du fils de Dieu, à l'état d'adultes, à la taille du Christ dans sa plénitude. Ainsi nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à fourvoyer dans l'erreur."

Notre rôle est donc à mesurer de manière relative, ce que nous avons souvent tendance à oublier lorsque nous construisons la tour de notre moi.

* Urs von Balthasar, ibid pages 297-8


Commentaires : Je signale, que la plupart des citations données ici sont issues de la traduction liturgique de la Bible ou de la TOB, en espérant ne pas abuser du droit de citation...

16 mai 2005

Responsabilité et liberté

Le principe de responsabilité nous interpelle au point que là aussi notre liberté de choix est limitée. Mais, la question se situe au-delà du simple questionnement philosophique.

Plus la situation est dramatique, plus notre liberté qui semble limitée est mise à mal par notre peur de la mort.

Conflit dramatique entre Eros et thanatos dirait le père Freud. Oui et non, puisque ici, plus qu'ailleurs notre sens éthique fondamental est en cause. Et face à ce choix, l'éclairage de notre conscience est plus que jamais nécessaire. Ce qui ne garantit en rien notre capacité de répondre oui à l'interpellation.

15 mai 2005

Le souffle de l'esprit...

"Le Seigneur n'était pas dans l'ouragan ; et après l'ouragan,
il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n'était pas
dans le tremblement de terre ;
et après ce tremblement de terre, un feu,
mais le Seigneur n'était pas dans ce feu ;
et après ce feu, le murmure d'une brise légère.
Aussitôt qu'il l'entendit, Élie se couvrit le visage
avec son manteau,
il sortit et se tint à l'entrée de la caverne."

1 Rois 19 -11,13

Comment, en ce jour de Pentecôte, ne pas évoqué ce qui est pour moi un
des textes les plus subtiles de l'Ancien Testament.
On y perçoit la tendresse d'un Dieu que l'on croyait dans la puissance et qui ce révèle,
comme le suggère E. Lévinas dans le "bruit d'un fin silence".
Manifestation fragile de Dieu qui respecte notre liberté et s'incline à notre rencontre.

Mort et action... Face à la peur...

Dans "Jeux de massacres", Ionesco (*) semblent s'attacher aux comportements des acteurs face à la mort. Ici, la menace de mort a définitivement triomphé de l'action. Elle interpelle sur les limites du discours...

On peut toujours parler, faire de beau discours, mais comment serons nous face à la mort ? C'est sur cette question fondamentale que la construction intérieure de l'individu peut utile. Pour un chrétien cependant, on peut ajouter que toute attitude de foi repose sur notre espérance, celle du Christ ressuscité.

Il a vaincu la mort.


Sur cette base, nous pouvons fonder notre foi.
Et face à nos peurs, nous pouvons déposer nos limites au pied de cette croix victorieuse, élevée de terre pour donner un sens à nos doutes et nos espoirs. Comme les juifs qui ont vénéré le serpent d'airan dans leur marche au désert, nous fondons notre espoir sur cette évélation.
Que Dieu nous donne la grâce de dépasser cette peur.

* cité par Urs von Balthasar, ibid pages 287

Dieu aime tout homme

Une des plus grandes convictions de ma foi, c'est de croire que tout homme est aimé de Dieu.
Cet amour n'est pas un amour réducteur, mais un amour qui respecte fondamentalement la liberté de l'homme, au point de se mettre à genou devant son humanité, sans le forcer, sans le brusquer, mais en lui disant simplement, je crois en toi, je crois en ton humanité.

C'est ce qu'exprime le geste de Jésus, la veille de sa passion, lorsqu'il se met à genou devant Pierre, celui qui deviendra le pasteur de son troupeau :

"Tu vas me renier, Pierre, mais je me mets à genou devant toi. Je crois, qu'au delà de tes actes, il y a en toi un potentiel d'humanité"
. C'est pour moi le coeur de ma foi

14 mai 2005

Le visage de l'autre...

Le visage de l'autre est signe. Il nous interpelle par le regard, mais aussi parce qu'il y a au fond des yeux un être de chair, mystérieux, inaccessible que l'éclat du regard nous révèle à petites touches.
Se laisser toucher par le regard, c'est commencer un chemin d'ouverture.

Référence : Autrement qu'être ou au delà de l'essence, E. Lévinas

Jean Paul II - En voie de béatification

Je pense que Benoît XVI a été bien inspiré d'accélerer le processus de béatification de Jean Paul II alors qu'il reste bien présent dans nos mémoires.
Cela donnera peut-être à beaucoup la joie de découvrir la profondeur de son message à la fois philosophique, théologique et pastorale.

Quelques liens :

- Sur PMC, quelques ouvrages choisis.
- Regarder en Vidéo la messe des obsèques de Jean Paul II

13 mai 2005

Solitude

La solitude serait-elle commune à tout homme et ce jusqu'à la mort. Solitude foncière de l'homme qui malgré la course au relationnel traduit un manque de sens, de direction ?

La solitude serait-elle la faille dans le coeur de l'homme qui ouvre à la transcendance ?

Ou est-elle, comme le suggère Abel, une fuite du réel, un refus de s'engager dans la vie, une peur de l'autre...

12 mai 2005

Vide intérieur ?

Dans un monde qui est de plus en plus marqué par une recherche de l'instantané, on peut s'interroger sur une apparente absence de drame intérieur et sur l'existence de personnes qui en apparence ont perdu tout sens à leur vie. Cela appelle deux considérations.

1) Cette apparence de vide est probablement provisoire. Il peut être réel quand rien ne stimule l'homme à une réflexion intérieure, mais c'est ignorer que l'homme est par essence porteur d'un germe de l'Esprit et qu'il suffit d'une faille pour mettre à jour la vie intérieure qui sommeille.

2) Face à ce vide, on peut s'interroger sur l'intérêt de ré-introduire l'hyperbole.

Seul le langage hyperbolique peut en effet, à mon avis ouvrir une faille dans le coeur de l'homme en interpellant la personne dans un coeur à coeur. Cet appel à l'hyperbole doit se faire dans la limite du risque paradoxal d'introduire une idéologie ou un rêve ? Mais une chose est certaine. Quand il n'y a plus en apparence que le néant, seul l'hyperbole vient dépasser le marécage du quotidien. Est-ce un idéal ? Non. L'hyperbole est une direction vers quoi se tourner. Ce n'est ni une idéologie, ni une utopie mais plutôt une victoire, celle qui permet d'introduire l'espérance.

Quand on interroge Jésus sur un conflit d'héritage, il répond à côté. Mais il fait suivre sa réponse d'une parabole sur l'homme riche qui engrange son blé et va mourir le soir même. Le langage de Jésus est hyperbole...

Luc 12 : "Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » (...) Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. 17 Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »

11 mai 2005

Témoignage

"Un témoignage, plus il est contradictoire, plus il est vrai !" Si l'on croit Urs von Balthasar (*), pour Ionesco, ce qui est original est vrai. "Ce qui est déjà pensé, déjà dit, n'est pas vrai..." Notre témoignage n'a de fait un sens que lorsqu'il n'est pas pensé mais implicite, non conditionné par une routine, un projet pédagogique. A tel point que pour moi le témoignage ne peut être cadré, prévu, inclus dans un programme pédagogique. La véritable pédagogie, en particulier pour des adultes sera plus de nature inductive, c'est-à-dire quand chacun apportant le meilleur de soi-même, partage, sans arrière pensée ce qui le touche au coeur.


* Urs von Balthasar, ibid page 279-80

10 mai 2005

Eucharistie - II

Cela ne nie pas que devenir temple du Christ n'est pas une valeur fondamentalement essentielle dans la vie d'un chrétien. Mais, si j'en crois ma modeste personne : ces instants d'intenses communions sont rares.

On peut répondre, et on aura raison que le travail de la grâce dépasse largement tout nos efforts d'humanisation.

Maintenir l'eucharistie régulière a du sens dans ce sens. Il permet de laisser à la grâce le temps de faire son chemin au coeur de nos individus enlisés dans nos contradictions.

Mais, parfois, je persiste à croire que casser le rythme permet de lui donner un sens. Autant la routine a l'avantage de maintenir l'homme dans une interpellation régulière, lui permet d'être porté par la présence, alors qu'il n'est pas présent, autant je pense qu'une rupture peut venir remettre en question la somnolence.

Cela aurait aussi un sens, le jour où l'Eglise lit le texte de la femme adultère. Je pense que ce jour là, si le prêtre peut inviter les fidèles à s'abstenir de l'eucharistie, en communion avec nos frères qui sont en situation de remariage, cela permettrait de faire prendre conscience à ceux qui communient sans souci, qu'il ne s'agit pas d'un droit mais de bien plus, que l'enjeu d'un faire mémoire de la passion douloureuse du Christ se situe ailleurs.

A méditer (et commenter...)