30 novembre 2005

L'obéissance de Jésus

Le thème de l'obéissance ne cesse de me travailler (cf. lien). Peut-être est mes 20 ans de pastorale qui me conduisent à chercher toujours les mots justes.

L'obéissance de jésus est complexe. Jésus meurt parce que la vérité est attaquée ; son obéissance est l'adhésion stable à la Vérité contre la conspiration du mensonge.(1) Mais peut-être que le mot même d'obéissance en français courant à perdu son sens profond. Doit-on parler d'obéissance ou plutôt de la pleine adhésion au Père comme à sa vérité ? Je crois qu'il nous faut chercher d'autres mots, plus adaptés, moins péjoratifs pour exprimer ce qui n'est en fait qu'une harmonie, une symphonie à construire entre la volonté du Père et la liberté du Fils...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 105

29 novembre 2005

Jésus révolution ?

Jésus n'est pas révolutionnaire mais "pieux et libéral" en même temps a dit Ersnt Käseman (1)
Il ne s'agit pas de renier la tradition mais comme l'explique si bien Paul Ricoeur dans son 2ème tome de la philosophie de la Volonté, il faut retrouver au sein même de celle-ci ce qui en est l'essence. Les pharisiens avaient mis en place de nombreuses règles et préceptes pour mettre Dieu au coeur de leur vie, mais en s'attachant trop à la forme, avaient oublié l'essentiel : Dieu.
C'est peut-être cela le coeur de la nouveauté du christianisme. Un décentrement vers l'Unique.

(1) cité par J. Ratzinger, ibid p. 104

28 novembre 2005

Nouveauté et tradition...

Jésus n'a pas pressenti son message comme quelque chose de purement nouveau, comme la fin de tout ce qui avait précédé, il était juif et il est resté juif, et cela veut dire qu'il a relié son message à la tradition d'Israël croyant. Il n'a pas rejeté derrière lui l'Ancien Testament comme chose ancienne et désormais dépassée mais il l'a vécu et ainsi révélé sa signification : son message a été un retour créateur de la tradition jusqu'à son fondement originel. Pour J. Ratzinger, les traditions des juifs sont critiquées par Jésus pour qu'apparaissent en pleine lumière la véritable Tradition. (1)
A l'inverse, il souligne que le progressisme n'est autre qu'un archaïsme cadré qui n'accorde de crédit qu'à la primitive église. Revenir à l'Evangile peut être constructeur, mais faire fi de tout héritage de la Tradition, c'est nier qu'avant nous des hommes et des femmes aient pu être travaillés par l'Esprit et affirmer que nous détiendrions seul la vérité. J. Ratzinger a une image amusante pour décrire cela. Il parle d'un vaisseau spatial qui aurait coupé tout contact avec la terre. La liberté de pensée à des limites...
En un sens, les sectes ont ce type d'archaïsme en quittant l'Eglise à tel moment du déroulement de l'histoire de la foi et s'affranchissant de tout lien avec le passé et l'Eglise vivante.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 103

27 novembre 2005

Projet 289 - Dialogue israélo-palestinien

Un témoignage touchant d'un israëlien et d'un palestinien qui désire de réformer les livres d'histoire de leur pays en laissant à l'autre la parole sur ce qu'il a vécu... Une petite association de professeurs qui se rencontrent des deux côtés de la barrière... C'est un peu comme ce film sur Noël en 1914, sauf que c'est de l'aujourd'hui... un chemin d'espoir.
cf. Projet n°289

26 novembre 2005

Semaines sociales de France

Un bref passage aux Semaines sociales de France, hier pour une grande partie de la journée. Beaucoup reçu et de grandes interpellations. Le thème "Transmettre" n'est pas un thème simple. On y a beaucoup parlé de Tradition aussi. La rejeter, faire sans, revenir à l'essentiel... Avant d'exploiter complètement mes notes, je pense qu'il faudra revenir dessus, à l'aune de mes lectures... Dans l'ouvrage lu actuellement de Ratzinger, le lien à la Tradition est marqué comme essentiel. Il est fondateur. Reste à trouver un chemin de fidélité qui soit aussi un chemin de liberté...
A ce sujet, j'aime bien cet extrait d'Hannah Arendt, qui parle d'un chercheur de perles sous l'océan. Concevoir la tradition comme une mine pleine de pépites à redécouvrir au delà de l'enpoussièrement du temps, pourrait être une façon de redonner goût à l'héritage, à ce qui mérite un détour, au delà de cette hybris d'un présent où je décide tout seul. Un premier chemin vers le décentrement qui nous permet de ne pas réinventer la poudre, mais de tracer au delà de la complexité un chemin de discernement...

25 novembre 2005

Péché originel

"L'humain est fondé par la tradition, l'apparition de celle-ci comporte avant tout la capacité d'écouter l'autre (que nous nommerons Dieu) mais il faudrait ajouter à cela que, dès le début, non seulement cette capacité d'écoute et cette écoute effective mais aussi le péché ont été constitutifs de ce type de construction du sujet qui est lui-même comme de l'être humain en général." Peut-on aller jusqu'à dire que le péché est inhérent à la capacité originelle de liberté de l'homme ?
Je crois que le péché est le don fait à l'homme d'une liberté... Or pour choisir librement l'amour, si l'on est libre, cela suppose aussi de pouvoir ne pas le choisir et c'est là où le péché, cette capacité de ne pas choisir l'amour est originel...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 96

24 novembre 2005

L'Eglise et l'homme

Le point central de la structure de l'Eglise et ce qui la destine à l'universalité, c'est d'être au service de l'humanité, donner à l'homme son caractère humain. On peut ajouter que commencer par l'humain parce qu'il est au coeur de chacun et déjà habité par Dieu permet de révéler en chacun l'humain caché et blessé et en, même temps, c'est révéler Dieu. Et quand la révélation a commencé, Dieu apparaît là où il était alors qu'on ignorait sa présence. Pour reprendre la belle phrase de saint Augustin in Confessions : "Longtemps je t'ai cherché beauté si ancienne et pourtant tu étais là et je ne le savais pas !"...

23 novembre 2005

L'humour

Pour J. Ratzinger, "où manque la joie, où disparaît l'humour, là n'est certainement pas l'esprit du Christ." La joie est un signe de la grâce... "Celui qui a souffert et n'a pas perdu la joie, celui là ne peut être loin de Dieu de l'Evangile dont le premier mot au seuil de la nouvelle alliance est "réjouis-toi"...
Pour un bloggueur aussi sérieux que moi, ça dérride :-)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 90

22 novembre 2005

Un don total

Pour Dieu "il vaut la peine que même son Fils devienne homme (..) celui qui est aimé jusqu'à la mort - celui là se sent vraiment aimé. Si Dieu nous aime libre alors nous sommes véritablement aimé et l'amour est vérité et la vérité amour." (1) Réjouis-toi homme, d'une joie qui va jusqu'aux racines... Car si ce n'est pas dans le monde que se situe la joie véritable, c'est à notre monde qu'elle a été révélée, et cette révélation nous trace le sentier qui y conduit. Il ne s'agit pas d'une utopie, mais d'un chemin périlleux de confiance et d'amour, à travers lequel nous percevons déjà des étincelles et des fragments et qui nous ouvre à la musique, l'harmonie infinie des personnes divines. La joie, c'est la participation fragile à la danse trinitaire.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 87

21 novembre 2005

Réjouis-toi...

"Khairé"... L'histoire du christianisme commence par ce réjouis toi de l'annonce de la naissance de Jésus (Lc 1,28) confirmé par l'annonce aux bergers. C'est une grande joie. Mais est-ce l'illusion de la joie de ce monde. La bonne nouvelle est différente des joies du monde. (1)
Pour moi, il y a par exemple dans la vie conjugale une joie profonde et cette joie c'est de parvenir de manière fragile à être en Dieu (in christoî...).
Le message de l'Evangile n'est pas joyeux car il plaît mais parce qu'il vient de celui qui a la vraie joie. La vérité rend libre et seul la liberté rend heureux. Comme l'affirme Bernanos "la grâce des grâces serait de s'oublier soi-même".

Pour répondre à Phi.L et compléter sur l'hyperbole, l'échange des consentements n'est pas dans un recevoir et un donner immédiat, même s'il prend chair dès les premiers instants. Il est hyperbole, parce que le chemin tracé de cesse de s'affiner, s'invite à un dépassement, qui se construit dans le temps et pour lequel le je te reçois et je me donne à toi du Christ, dans le lavement des pieds puis à travers la passion constitue le sommet, indépassable, inimitable mais qui reste tension dans tout nos chemins de chrétiens...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p.80

20 novembre 2005

Révélation

"On ne peut constater Dieu comme on constate n'importe quel objet mesurable". (1) Cela passe par l'humilité au plan de l'être. Nous sommes appelés au sein même de l'exercice libre de notre intelligence à nous laisser interpellé par l'intelligence éternelle. Pour reprendre les termes déjà commentés dans ce blogue à propos de Balthasar, notre liberté finie doit s'ouvrir à une liberté infinie.
Ce n'est pas seulement un Tu a qui l'on peut s'adresser mais plus que cela ajoute J. Ratzinger. Il faut "s'adresser à celui qui est le fond même de mon être (...) mais en même temps relativiser car je ne puis aimer que parce que je suis aimé..." (2)

Il y a pour moi dans cet échange, le coeur de la révélation. On ne peut aimer, donner, que si l'on a reçu... J'en viens d'ailleurs à regretter la nouvelle version du rituel du mariage, qui ne considère plus comme centrale (3) cette phrase qui avait pour moi tant de sens : "Je te reçois et je me donne à toi". Elle était peut-être au niveau de l'hyperbole, mais elle entrait en raisonnance avec ce don premier de Dieu qui appelait à une réponse.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 77
(2) ibid p. 79
(3) Il ne s'agit plus de la proposition principale, mais de la formulation n°3

(Version amendée le 26/11 suite à vérification, cf. note 3)

19 novembre 2005

Microfinance - Micro-crédit

Dans un monde marqué par une accentuation des différences sociales, par la jalousie et l'échec des assistances / colonisantes, l'espoir que fait germer les expériences de micro-crédit vaut le coup d'être noté. Dérogeant les sujets traditionnels de ce blog, je me fais l'écho ici d'un projet de microcrédit lancé par un collègue et ami : Microfinance

Liberté- V - Sartre et Dieu...

Sartre nie Dieu au nom de la liberté mais il s'agit de savoir si l'homme reçoit la réalité comme un pur matériau ou s'il l'accueille comme un sens qui s'offre à lui : s'il doit inventer les valeurs ou les découvrir. Il s'agit de deux libertés très différentes, deux orientations fondamentales de la vie.(1)
Notre liberté est-elle réduite par la présence de Dieu, où n'est-il pas au contraire le lieu d'accomplissement de notre propre liberté. N'est-ce pas en lui que l'on peut trouver la joie. Sa présence n'est-elle pas ce qui nous libère de l'esclavage de nos manques d'amour, de nos pulsions, de ce qui en nous nie notre capacité à être vraiment homme.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 77

18 novembre 2005

Musique...

Dans son testament spirituel, Teilhard de Chardin évoque cette "musique des choses" qui révèle la musique de Dieu. Je crois qu'on touche là au coeur de la contemplation. Il ne s'agit pas d'un sourire béat sur le monde, mais d'une sensibilité qui nous fait percevoir l'indicible dans les traces subtiles et fragiles où Dieu se révèle, par fragments, afin de ne pas imposer sa présence mais pour nous attirer vers l'essentiel....

17 novembre 2005

On frappe à la porte...

Notre intérieur douillet est bien chahuté... Alors que la violence, la différence, la jalousie éclate à notre porte. Le surgissement d'une relation avec Dieu semble bien différent d'une théorie. Il s'agit de laisser entrer dans cet intérieur douillet une présence véritable, un espace de différence, l'autre. Présence et en même temps distance, infini de possible, liberté infinie qui excite ma propre liberté, la fait grandir, la vivifie et peut-être un jour fera de moi un être contagieux... La contagion de l'amour ? Une pandémie qui serait un autre risque pour l'homme que la grippe aviaire... Un risque de tout perdre ?

Est-ce une utopie ?