23 janvier 2007

Dialogue des carmélites...

Pour Urs von Balthasar, il s'agit d'une initiation à la mort. Les quatre temps qui séparent le texte permettrait une approche de plus en plus subtile de la Croix du Christ.
De Marie de l'incarnation, poussée à s'engager par voeu à offrir sa vie, mais qui sera humiliée dans son orgueil et devra renoncer à la mort..., on avance petit à petit dans les "profondeurs les plus intimes de la Croix du Christ jusqu'à atteindre le "tout est grâce" que Bernanos prêtera à son Curé de campagne".
Personnellement j'ai été frappé dans ce texte par cette lente conversion du coeur, qui n'est autre, in fine, que la préparation d'un décentrement véritable... Un récit au coeur de la pâte humaine, de ses réticences et de ses peurs...

Balthasar, DD3, ibid p. 391

Ruminer l'Ecriture...

Pour E. Bianchi, "La rumination de l'Ecriture nous permet de prendre de la distance sur nos vies et nous tourner vers Dieu." Il me semble que c'est essentiel, à condition de ne pas oublier nos vies... Car rien ne sert de se tourner vers Dieu, si nous oublions ce pourquoi il nous y a placé...

22 janvier 2007

Nos mains...

"L'Univers manque de Dieu et Dieu s'est mis dans la main de chacun de nous pour le lui donner" P. Claudel, Emmaüs, Gallimard 1949, p. 228
Pour moi cette phrase est en écho à ce que disait à peine plus tôt Etty Hillesum, au camp de la mort..."Dieu a besoin de nos mains". Et s'il s'est "retiré", c'est peut-être pour nous laisser la place d'agir.

21 janvier 2007

Fruits du verbe


Pour Balthasar, il existe un lien entre le martyre d'Etienne et la conversion de Saul (1). Pour moi c'est le mystérieux fruit d'une graine semée au vent et qui fécondera plus tard quelque part, peut-être 500 ans après.. C'est là le décentrement, reconnaître que nous sommes des semeurs, serviteurs parfois inutiles des chemins de la grâce, et que tout cela, loin de nos espérances humaines, peut parfois servir aux desseins de Dieu. Et sur cette base, on ne pourra en tirer orgueil, dans la mesure, où au delà de nos actes, c'est le don de Dieu que nous n'avons fait que transmettre.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.383

Prier la parole - VIII

Pour prier la parole et se laisser "traverser" par l'Ecriture, "Il nous faut pour cela plusieurs qualité comme la docilité, la componction, l'illumination, et le détachement" nous dit Enzo Bianchi... Je pense qu'il rejoint ce que l'on a essayé de thématiser dans ces lignes sur le thème du "décentrement".

Enzo Bianchi, Prier la Parole, p. 49

Dans la faiblesse

"C'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de la bonne nouvelle, n'avaient rien à voir avec le langage de la sagesse qui veut convaincre ; mais c'est l'esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu." 1 Cor 2,1-5
Sans commentaires

20 janvier 2007

Prier la parole - VII

Il nous faut pratiquer comme dans le Livre de Néhémie (ch. 8) et construire un ambon, se mettre en attitude d'écoute véritable, puis livrer le texte à notre esprit. Nous devons être ainsi le terreau de la semence du Verbe, le réceptacle vivant de la Parole (1)
Prier la Parole, ibid p. 41.

19 janvier 2007

Décentrement

Pour Urs von Balthasar, "Plus un membre s'en remet au Christ pour le laisser agir en lui, et plus il devient capable d'avoir part au don qui le fait sujet autonome et disposant de lui-même".
Je pense qu'il décrit là ce qui est pour moi la véritable liberté, celle qui n'est pas asservissement aux passions mais cheminement en Dieu...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 382

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18 janvier 2007

Corps mystique

Pour Urs von Balthasar, l'être-avec qui caractérise l'humanité aimante s'achève en s'assimilant dans l'être du Christ à travers l'Eucharistie. Ce n'est que dans le décentrement de nos petits pas d'amour que nous participons à l'être pur du Christ, que nos agirs, aidés par la grâce atteignent et participent à l'Eucharistie de tout les temps... Il s'agit d'un élargissement inimaginable du champ d'action de l'individu qui n'est plus isolé mais greffé sur l'organisme et le mouvement vital du Corps Mystique (1)

Balthasar, DD 3, ibid p.378

17 janvier 2007

Prier la parole - VI

Comme le dit Irénée de Lyon : "Le Christ récapitule en lui-même la longue histoire des hommes, il nous a procuré un raccourci vers le salut" (1) Nous nous trouvons face à un seul livre et ce livre unique c'est le Christ. Si nous lisons l'Ecriture avec ce critère unifiant nous sommes de ceux qui enlèvent le voile de la face du Seigneur (II Cor. 3, 12) (2)

(1) Adv. Her. III, 18, 1 SC 211 p. 342s.
(2) Enzo Bianchi, Prier la parole p. 31

15 janvier 2007

Eglise - sacrifice

Pour Balthasar, notre Eglise s'offre par un sacrifice externe et en cela s'unit au sacrifice du Christ :
a) dans la reconnaissance que le sacrifice s'est fait pour nous (credo)
b) à travers l'adhésion de Marie
c) dans le fait de faire "en mémorial de moi" c'est-à-dire d'offrir l'agneau égorgé pour tous les pécheurs (1)
Cette triple reconnaissance est pour moi la face officielle de la communion des saints, toutes ces "mains de Dieu" qui par leur amour rende visible le don de Dieu

(1) Urs von Balthasar ibid 366 - 370

13 janvier 2007

Prier la parole - V

Cette Ecriture, il nous faut la lire, la relire, la mâcher et la murmurer, la ruminer et la réciter pour fixer dans l'esprit et conserver dans le coeur la Parole, pour parvenir non à la discussion, aux sensations mais à la prière, à la contemplation et donc à l'action.
La Parole de Dieu n'est pas un livre mais une semence (cf. Mat. 13,19). A nous de la laisser germer dans notre vie pour qu'elle nous grandisse, nous sanctifie, nous alimente, nous illumine et dévoile Dieu.
Enzo Bianchi, Prier la Parole p. 28

Porter les souffrances...

"Sans cesse nous portons dans notre corps l'agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps" (2 Co 4,10) Balthasar voit en cela le signe simultané de la mort et de la résurrection. "Que le chrétien soit en marche jusqu'à la croix, c'est ce que Jésus prédit à Pierre (Jn 21,18) (...) mais cela n'empêche pas (...) que le chrétien est foncièrement ressuscité, en route vers le ciel (Ep 2,6 Col 31,4)" Pour lui déjà la gloire de la résurrection brille à travers son être et son action (1)
Il met ainsi en opposition la lumière et les ténèbres. Dans son prologue, Jean montre ainsi l'irruption de la lumière dans le dernier recoin de tout se qui se cache. Il nous reste ou bien à nous abandonner à la lumière ou bien à se fermer plus profondément encore.
Et si "les stigmates" que nous portons dans la chair (Ga 6,27 ou Col 1,24) était aussi proximité et distance. Si le coeur ouvert du Christ nous apparaissait comme la source intarissable de l'amour qui se déverse en nous, à côtés de nous, en dépit de nous, et que nous avons à charge de répandre, de porter plus loin que nos Souffrances et nos joies.
N'est-ce pas là la bonne nouvelle de l'Eucharistie, au delà du signe élevé de la croix.

(1) Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, p.358

Un pavé dans la mare - II (2 ans en ligne...)

Je continue de persévérer sur ce chemin ardu de l'écriture. J'avoue que c'est plus devenu pour moi un lieu de réflexion personnelle, une gymnastique d'esprit qu'un lieu de dialogue. Il faut dire que vos réactions sont peu nombreuses même si le nombre de visiteurs journaliers et d'abonnés à la liste de diffusion est en lente croissance.
A tout ceux qui n'interviennent pas, c'est le moment. Dites moi, par le biais du petit lien "Commentaires" ci-dessous, si mes quelques pattes de mouche quotidiennes continuent à vous intéresser... où si cela restent des "pavés dans la mare"...
Merci d'avance.

12 janvier 2007

Incarnation

"Dieu lui-même, par abaissement est et est appelé homme. Et dans la disposition réciproque qui résulte de là, se manifeste la puissance qui divinise l'homme en Dieu par la charité théologale et qui humanise Dieu en l'homme par l'amour qu'il a pour l'homme; puissance qui ainsi, par le merveilleux échange, rend Dieu homme par la déification (théosis) de l'homme et rend l'homme Dieu par l'humanisation (anthropôsis) de Dieu. Car le logos de Dieu qui est Dieu veut que soit produit, toujours et en tous, le mystère de son incarnation" (1)

Il nous reste à rester disponible à ce merveilleux échange. Et comme le montre l'histoire d'Israël, qui n'est pas différente de notre propre histoire, si Dieu est prêt à entrer dans cet échange, c'est bien pour nous que les choses se bloquent et nous ne cessons de refuser ce dépouillement...

(1) Maxime le confesseur, Ambigua 7 (PG 91, 1084 BD) cité par Balthasar, p. 355