31 janvier 2007

Dieu et le monde - II

Les mouvements du verbe ne sont pas résumé dans son incarnation. Il y a eu, avant cela une "accoutumance du Logos" avant même Abraham" (1)
Le chemin de Dieu dans le monde, peut être conçu ainsi comme le dépôt de germes de vie (spermatikos logos), autant de qualités déposées en l'homme qui sont à développer jusqu'à voir l'incarnation du logos "comme un achèvement du sujet humain et non comme une contrainte numineuse exercée sur la nature et la volonté libre de l'homme". Pour Balthasar, il nous faut "présenter comme modèle au chrétien l'unité de ces deux choses : la libre et parfaite auto-détermination de l'acte personnel et l'ordination parfaite à la liberté divine (...) le premier Adam n'est pas de soi susceptible d'aboutir à un achèvement : ce qu'il doit faire, c'est mourir à lui-même ( Décentrement ) pour être élevé et intégré dans le nouvel Adam" (2)


(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 440

(2) ibid p. 441-2

Dieu et le monde

S'il semble essentiel comme le souligne Balthasar de "considérer avec bienveillance les valeurs que l'on rencontre et montrer avec douceur qu'elles ne s'achèvent vraiment que dans le message chrétien"(1) il subsiste un risque, souligne-t-il, que le sel s'affadisse.

Si Jésus est venu dans le monde, puis s'est retiré (cf. Jn 16,28) il demeure en lui jusqu'à la fin des temps (Mt 28,20). Il subsiste donc une tension permanente qui peut éviter pour Balthasar, l'affadissement de l'Eglise par le monde. De fait, pour lui l'Eglise devrait avoir disparue depuis longtemps. Mais comme le souligne Paul, nous sommes "moribonds et pourtant nous vivons" 2 Co 6,9. Je trouve finalement resplendissante cette Eglise que l'on croit morte et qui rejaillit dans la fleur d'une âme, au milieu de nulle part.


(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 432ss

30 janvier 2007

La foi

La foi est d'abord pour Enzo Bianchi l'espace de rencontre d'un texte qui est né de celle-ci, de cette foi qui se configure comme potentialité herméneutique (1). En cela, rejoignant Origène, il affirme la primauté de la foi : "croit d'abord et tu découvriras, sous ce que tu croyais un obstacle un grand et sain bénéfice". (2)

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 12

(2) Origene, Philoc. I, 2, 8

Science et Charité - II

L'Auflkärung, ce mouvement qui a pris sa source dans l'âge des Lumières et qui a apporté un regard critique sur la religion est "dangereuse pour toute l'Eglise" d'après Urs von Balthasar en "troublant la vision du regard sain par lequel tout le corps est lumineux" (Mt 6,22) (1)

D'une certaine façon je comprends ce point de vue dans la mesure ou notre tendance à décortiquer, analyser la foi, nos repères, nos traditions nous conduisent à prendre de la distance sur ce qui fonde l'essence même de la foi : un saut dans la confiance et une ouverture au mystère et donc d'une certaine manière à l'infini qui nous dépasse.

C'est pourquoi, nous ne devons pas perdre notre regard d'enfant...

Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 431

29 janvier 2007

Grandir avec la Parole

Nous reprenons ci-après notre lecture d'Enzo Bianchi avec son plus récent ouvrage (1) par une citation de Saint Grégoire le Grand : "Scriptura crescit cum legente" : "L'Ecriture croît avec celui qui la lit"....

Tout un programme...


(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 8

Science et Charité - I

"La science enfle, la charité édifie... " 1 Co 8,1

Il me semble que c'est le risque inhérent à toute recherche, s'enfermer dans le monde des idées et oublier que l'homme est fait pour l'homme... J'espère que ce travail que je partage avec vous n'est pas que le simple 'enflement' d'une science, mais une interpellation que j'aimerais plus interactive vers la recherche d'une mutuelle charité...

28 janvier 2007

Prier la Parole - XII

Pour Enzo Bianchi, il nous faut passer par plusieurs étapes que l'on peut résumer dans les quelques "commandement suivants" :
1) Invoque l'Esprit Saint
"Envoie ton esprit, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi, afin que je la connaisse plus profondément et que la connaissant, je l'aime plus intensément".
2) Lis et écoute
3) Interprète l'Ecriture avec l'écriture
4) Prie non pour toi, mais en mettant tout tes pas dans le Seigneur
5) Contemple
6) Conserve le Père dans ton coeur
7) N'oublie pas : Ecouter vraiment c'est obéir.

Enzo Bianchi, Jalons pour la lectio Divina, Prier la Parole, Vie Monastique, nº15 , p. 83 à 86

Contemplation - Prier la parole - XI

Avant de basculer dans le deuxième ouvrage d'Enzo Bianchi, je voudrais reprendre quelques idées sur la contemplation, qui n'est ni une extase, ni une expérience extraordinaire mais le simple fait de "contempler le plus beau des enfants des hommes..." comme nous l'enseigne le psaume 44.
Il s'agit d'une "suppression du voile", de percevoir ce qui est au coeur de la révélation, d'entrer par la manducation de l'Ecriture dans le ravissement qui est en soi un décentrement.
C'est pourquoi, l'écoute de la parole doit conduire à la pratique. Il ne s'agit pas que d'entendre, mais d'aller dans le monde pour faire tressaillir l'homme et le rendre image de Dieu (prenant ainsi son rôle plein de sens du verbe).

Communauté de pécheurs...

Pour Balthasar, l'Eglise est une "communauté de pécheurs, justifiés par le baptême, dont la faillibilité toujours rémanente ou renaissante conduit à la discorde". Comme il le note avec acuité, elle "n'est pas le Corps mystique et vivant du Christ, lequel peut avoir de véritables membres en dehors de la Catholica... et ce depuis l'origine comme le montre déjà 1 Co 11,19, 2 Co 12, Ga 5, 15". Pour Urs von Balthasar l'histoire de l'Eglise est inévitablement tragique.
Mais au delà de ces divisions il souligne que les vraies forces regénératrices de l'Esprit sont les saints. Finalement, la véritable Eglise n'est-elle pas depuis l'origine la Communion des saints...
Et cette vision de l'Eglise est plus large, plus catholique que notre Eglise Romaine, même si je continue de croire que notre Eglise est porteuse de sens, dans sa fidélité apostolique. (cf. mes notes de lecture sur Les Principes de la théologie catholique, Esquisses et matériaux, de J. Ratzinger)

NB : A noter, sur Regard Chrétien, une série de billets sur le thème Mutations religieuses et société en lien avec mon billet précédent...

27 janvier 2007

Pastorale du seuil...

Dans nos sociétés modernes, l'exculturation de la foi a conduit le monde à une individualisation de la pensée. Je crois qu'une véritable pastorale du seuil devrait constituer avant toute chose à restaurer le lien ténu entre l'homme et Dieu, à éclairer la conscience sur la nature de ce lien et lui donner des ouvertures pour que ce dialogue se réinstalle...
On est loin d'une catéchisation ou sens d'une "stratégie d'acquisition de connaissance essentielle". Il me semble que l'enjeu est plus dans le fait de relancer le désir de Dieu, donner le goût à cette interpellation de la personne humaine et satisfaire d'une certaine manière sa recherche de sens...

26 janvier 2007

Le Royaume...

"Le Royaume de dieu ne sera jamais empiriquement constatable " cf. Lc 17,21 : " personne ne pourra dire le voici". Pour Urs von Balthasar il croit invisiblement en traversant une histoire dont les récoltes sont engrangées par anticipation dans les greniers de Dieu.
Et nous ne sommes que les laboureurs d'un champ immense, dont la récolte ne peut être appréciée.

25 janvier 2007

En Christ

Pour Balthasar, "le chemin, la vérité et la Vie n'est pas dans la Religion mais dans le Christ" (1). Nous devons peut-être y réfléchir quand nous érigeons nos pratiques en systèmes, nous enfermons dans des rituels ou des formes de pratiques qui oublie cette référence fondamentale, qui ne se nourrissent plus à la source et à l'essentiel... Vivre en Christ, se nourrir de sa Parole...

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 406

Quand nous sommes prêts...

La venue du Christ coïncide à l'aurore de cette époque "où commençait précisément la prise en charge de l'humanité par elle-même, ainsi que l'évolution de l'homme par le développement des connaissances". (1) D'une certaine manière, on peut dire que Jésus-Christ est venu quand l'homme est devenu capable de faire la différence entre le reçu et le possible, pour poser une limite à la toute puissance d'homme qui se croit maintenant capable de tout, au seuil de l'hybris.
De même, il frappe à notre porte, au moment opportun...

(1) K. Rahner Schriften V, 218 cité par Balthasar, ibid p.406

24 janvier 2007

Les petits pas de Dieu

"Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort" 2 Co 12,10
On m'a signalé récemment que c'est un petit enfant et non un "ministre" qui apporte les 5 pains et les 3 poissons lors de la multiplication des pains. Cela renforce cette idée soulevée très récemment par Claudel et Hillesum, sur le fait que Dieu a besoin de nos mains, frêles et fragiles, non pour changer le monde mais apporter une graine d'humanité... Et avec cette étincelle, il fait des merveilles.

Prier la parole - X

J'achève ici quelques réflexions sur la lecture de la Parole, au fil du livre d'Enzo Bianchi, Prier la Parole (1). Peut-être est-ce chemin longtemps cherché dans nos réflexions sur le décentrement.
Elle conduit surtout l'homme à agir. Faire tressaillir en lui le Verbe reçu jusqu'à ce qu'il devienne semence véritable, image de Dieu dans le sens d'un coeur aimant et actif.

Dans quelques "billets" vous trouverez des notes de lectures de son ouvrage plus récent "Ecoutez la Parole". Elles prépareront la reprise de la Lectio Divina de l'Evangile de St Jean à laquelle je vous propose de vous associer à partir du Mercredi des Cendres

(1) , Vie Monastique, nº15