Pour percevoir l'enjeu des propos précités du Père Georges Njila Jibikilayi, il faut méditer sur la citation qu'il donne de Hans Urs von Balthasar et y percevoir toute la profondeur :"À la croisée de cette fuite vers le haut et de la fuite en avant se dresse la Croix de Jésus-Christ. Et ce n'est qu'en ce point que le hic et nunc du présent, autrement dépourvu de sens, reçoit son approbation, et par Dieu précisément (...) le christianisme constitue donc l'unique conception positive du monde. Toutes les autres commencent par critiquer ce qui existe, elles ont ainsi pour forme la négation de la négation, et portent donc en elle le poison du non et finalement du péché. Mais aimer un monde que Dieu lui-même a aimé jusqu'à en mourir, est-ce que cela ne devrait pas valoir la peine ? (1)
L'enjeu est ici l'incarnation mais plus encore. Hans Urs von Balthasar affirme même qu'à la différence de toutes les religions le christianisme apporte sur la souffrance et la mort un autre regard : "la souffrance et la mort sont la preuve suprême que Dieu est amour"(2).
On conçoit qu'à partir d'ici puisse se dérouler une théologie de la croix qui dans toutes sa dimension anthropologique peut prendre sens. C'est là où Najila nous conduit... Une théologie qui s'orient sur la vie, sur l'homme souffrant, jusqu'à cette kénose du père devant la croix.
Najila nous mène aussi vers une contemplation de la double kénose (3), celle où le Christ et l'Esprit "danse" pour inviter l'homme à la danse.
(1) Hans Urs von Balthasar, A propos de mon œuvre, p. 100-101.
(2) Hans Urs von Balthasar Épilogue p. 25-26.
(3) Georges Njila Jibikilayi, ibid.
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