Poursuivons notre lecture (1) à l'aune de nos travaux sur la violence (2) : l'unique signe qui nous est donné quand nous traversons une crise extrême et radicale (...) c'est la non violence absolue de la vie fragile, celle de l'enfant qui naît face à la bête. C'est à partir de ces deux signes - la violence absolue et la vie qui continue à s'enfanter - que les cinq autres signes se décodent. Dans cette situation limite, il s'agit bien d'une expérience de Révélation. Une relation à la fois individuelle et collective avec le Christ est ici en jeu. Le collectif revient continuellement, et l'on voit ainsi combien il est difficile d'avoir du discernement et l'intelligence des situations (...) le mal ne durera pas. Il est dans une telle auto contradiction qui se brise de lui-même. Et le problème de l'homme, au fond, est qu'il se laisse fasciner par le mal et lui donne son pouvoir. Le mal n'est rien, d'une certaine manière : une fois que l'homme a découvert cela, grâce à ses capacités d'écoute et discernement, le mal implose.» (...) c'est l'aspect le plus consolant du livre de l'Apocalypse : susciter, vivifier en nous les forces de résistance intérieure, pour sortir, en traversant l'imaginaire, de la fascination qu'exerce le pouvoir, l'argent, la bestialité ; finalement, le mal lui-même. (...) [L'apocalypse] nous met devant une responsabilité ultime : au fond, seul le martyr, celui qui ouvre la porte, et la foule anonyme de ceux qui suivent l'Agneau peuvent crédibiliser ultimement la venue effective du Seigneur. Personne ne peut le dire à la place d'un autre. Tel est le message, l'effet du Livre. De ce point de vue-là, le temps de la fin est pour maintenant – si quelqu'un ouvre…(1)
Que nous dit Theobald ? Face au mal, la porte s'ouvre par l'effacement, le martyr, seules brèches qui brise le mal de l'intérieur...
Est-ce là où Christoph Théobald rejoint ses propos sur la pastorale de l'engendrement ?
Il y a pour moi une correspondance qui rejoint les débats actuels sur l'évangélisation : face à un monde déboussolé la porte qui conduit au discernement, la faille, comme le suggérait Danielou est dans ce qui implose le mal de l'intérieur : la naissance, l'amour et la mort. La pastorale de l'engendrement peut "pousser la porte" dans ces expériences où l'homme devient fragile.
(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, parole de Dieu, Salvator, 2015, p. 66
(2) cf. mon livre "Dieu n'est pas violent"
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