12 septembre 2021

Foi, surnaturel et danse - 3

Où est le vrai Dieu ? 

Est-il visible grâce aux miracles, fruit de nos intuition, imagination, concepts ou un rêve, une projection ? 

Notre raison et notre psychologie nous jouent sans cesse des tours, dans notre capacité à cerner, percevoir Dieu. 

Depuis plus de 2500 ans on croit le cerner, le définir et il nous échappe et nous « précède en Galilée », lui l’insaisissable.


Après les tâtonnements Juifs, l’apologie des premiers siècles, la réduction thomiste et organisée du divin, de concepts en définitions, à force de fausses théologies, l’idée même de Dieu s’est effritée dans des philosophies successives jusqu’à se réduire à une projection morale et idolâtre du divin, dernière statue que Nietzsche viendra déboulonner. 


Que reste-il ? 


Peut-être Dieu lui-même, irréductible par nature. Et Jean-Luc Marion de conclure sa deuxième partie par une question : « Dieu peut-il devenir accessible autrement qu’en venant d’ailleurs ? »(1)


Il nous reste en effet, souvent, dans nos nuits obscures, que la Parole à méditer. C’est dans la danse symphonique de ce Verbe aux couleurs multiples, que vient nous interpeller « l’ailleurs », jusqu’aux « jointures de l’âme », sans qu’on puisse pour autant l’enfermer dans des interprétations littérales ou trop anthropologiques.


La Parole en effet nous échappe loin d’une lecture littérale et figée elle est dire, loin du dit, pointait Lévinas (2) et reste chemin d’Ailleurs. (3) « Elle est sur nos lèvres et dans nos cœurs [mais pourtant] dans le secret de l’Esprit, qui est le Seigneur » (4)


Elle est énonciation ou Annonciation/ tressaillements qui nous surprennent.

Elle s’accomplit ou nous transforme dans le processus très rahnérien de l’auto-communication intérieure, tout en restant secrète (5) car il demeure toujours une distance entre la trace et l’accomplissement en nous de notre metanoia/conversion, tant le saisissement reste un devenir, une « course infinie »….(6)


Secret qui nous invite néanmoins à sortir du boisseau pour que la lumière intérieure se transforme en buisson ardent, contagion et joie, danse…


Quand elle nous parle, enfin, nous vient la joie profonde du « Tu étais là et je l’avais pas senti, tu m’aimes et je l’ai pas cru, tu m’as appelé et je n’ai pas répondu… »


Nous sommes de ces Zachee qui grimpent aux arbres sans entendre parfois le « je veux demeurer chez toi » d’un Dieu qui nous guette chaque dimanche sur la place de l’Église et qui pleure de voir son morceau de flûte rester une invitation à la danse qui résonne dans le silence…


Me voici est là musique que rêve d’entendre un Dieu à genoux devant l’homme….


(1) D’ailleurs la Révélation, op.cit. p. 149

(2) cf, Autrerment qu’être 

(3) Karl Barth, kirchliche dogmatik, 1/1, p. 194, cité par JLM, p. 163

(4) Maison d’Évangile - La Parole Partagée

(5) je résume ici encore Marion, ibid. p. 163sq.

(6) voir Ph. 3, Gregoire de Nysse, la vie de Moise, et mon livre éponyme 


Vitrail de Saint Martin de Nonancourt, détail

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