18 juillet 2022

D’agenouillements en agenouillements - 2.73

Au départ rien n’indique en Gn 18 qu’Abraham ait reconnu les visiteurs. Son offre de lavement des pieds et son empressement à proposer de la nourriture sont des signes d’hospitalité et de bienveillance classiques dans ce type de contrée. Mais ils traduisent un état de réceptivité, de disponibilité de l’homme. 

Pourtant une lecture chrétienne de la première lecture d’hier nous interpelle déjà par la disposition intérieure qu’elle suppose. Abraham ne précise pas qu’il va laver les pieds de ses hôtes, mais nous savons maintenant que cet abaissement est en chemin.

Dans l’Évangile, la succession des agenouillements nous prédispose au geste du Christ. D’Abraham à la femme de Luc, de cette femme à Marie de Béthanie se prépare le double agenouillement final du lavement des pieds et de Celui qui tombera, par trois fois, sous le poids de la violence humaine dans un dépouillement amorcé en Jn 2 jusqu’en Jn 13.

Il n’y a pas véritablement de pré-révélation. Les trois visiteurs ne sont pas encore Trinité, mais l’Esprit trace déjà, par des touches discrètes, le grand tableau de la Révélation. 

Il faut entendre de la même manière le « retire tes vêtements » d’Exode 33 pour percevoir le double dépouillement de Jean 13 (avant le lavement des pieds) et le déchirement de la Croix pour percevoir jusqu’où se déchire les entrailles du Père et s’entrouvre le cœur du Christ pour que jaillisse enfin l’Eau vive de celui qui demandait à boire à une exclue, une samaritaine, paria, dont le désir d’infini restait insatisfait.

La danse vers l’homme des « trois visiteurs » ne fait à Mambré que ses premiers pas, mais déjà la musique d’un Dieu qui vient visiter l’homme trace une mélodie qui s’harmonise jusqu’au jaillissement de la foi dont Abram est le premier jalon. 


Ce mouvement n’est pas terminé et attend notre réponse. Il faut lire La Croix du 7/7 pour y voir un écho qui doit réjouir Celui qui nous appelle à aimer : «  Les mains gantées, courbée devant un banc où reposent les jambes d’Imran, un Pakistanais de 18 ans à peine arrivé à Trieste, Lorena sort de son chariot les produits pour désinfecter et panser les blessures, soulager les douleurs. En ce jour d’été 2022, elle soignera une trentaine de migrants du Moyen-Orient et d’Asie, jusqu’à minuit.

D’une délicatesse extraordinaire dans tous ses gestes, elle explique ce qu’elle perçoit. « Les pieds sont comme un parchemin sur lequel est écrite la souffrance de ceux qui gagnent Trieste via les Balkans. Là, ce sont des pieds de tranchée : enflammés, couverts de cloques, après 15-20 jours de marche dans des conditions désastreuses. »(1) 


Pour aller plus loin 

 1. Des mains de fée au secours des migrants à Trieste (La Croix, jeudi 7 juillet 2022)

 2. cf. « pédagogie divine » et «  Dieu dépouillé »


Photo : Jésus à genoux devant la femme adultère ? - Cathedrale de Chartres (DR)

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