"C'est l'amour seul qui m'attire. (..) C'est l'abandon seul qui me guide, je n'ai point d'autres boussole.(1)
À méditer
(1) Sainte Thérèse de Lisieux, Ms A 83r, ibid p. 210
Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
"C'est l'amour seul qui m'attire. (..) C'est l'abandon seul qui me guide, je n'ai point d'autres boussole.(1)
À méditer
(1) Sainte Thérèse de Lisieux, Ms A 83r, ibid p. 210
"Parmi ceux qui sont nés d'une femme, aucun n'est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit du Royaume de Dieu est plus grand que lui" (Luc 7, 28 Tob 88)
Commentaire :
"Il sera grand devant le Seigneur" disait déjà Lc 1, 15. Que pensez de cette limite ? Peut-on dire que la sagesse humaine du Baptiste n'est pas complète ? Elle reste conditionnée à la révélation du Tiduum pascal. Jean va au plus loin du Premier Testament, pourtant cette sagesse partiellement révélée n'est rien par rapport à ce que va révèler la vie et la mort de Jésus. La kénose du cousin de Jésus précède celle de ce dernier et l'introduit. C'est dans la kénose du Fils que Dieu révélera "le Nom qui est au dessus de tout nom". (Ph. 2, 9).
Commentaire 2 :
Certains commentaires donnent au diacre un parallélisme intéressant avec le Baptiste. Comme Jean il est appelé à être signe et instrument (LG1) de la fonction de l'évêque, prologeant la fonction de serviteur de l'évêque(1) Cette fonction prépare et s'efface devant le maître dont il n'est pas digne d'exercer les fonctions. Appelé à être ordonné diacre à Chartres le 22/9/18 je fais mémoire de mon futur saint patron Guildin, diacre appelé à être évêque et qui va jusqu'à Rome pour refuser cette fonction. Le diacre n'est pas appelé à gouverner, sauf dans des cas extrêmes de suppléance. Sa fonction n'est pas un monopole. Il est signe, instrument et "passeur" d'une église serviteur de l'homme (2)
( 1) cf. Tournier
(2) cf. mon livre éponyme
Une expression purement kénotique chez Thérèse mérite notre contemplation :
"Ce n'est pas pour rester dans le ciboire d'or qu'Il descend chaque jour du Ciel, c'est afin de trouver un autre Ciel qui lui est infiniment plus cher que le premier, le Ciel de notre âme, faite à son image, le temple vivant de l'adorable Trinité" (1)
Elle la complète quelques lignes plus loin : "Il s' abaissait vers moi, il m'instruisait en secret des choses de son amour (...) secrets que toute (...) science ne peut découvrir, puisque que pour les posséder il faut être pauvre d'esprit ! Comme le dit St Jean de la Croix en son cantique :" je n'avais ni guide ni lumière, excepté celle qui brillait dans mon cœur" (2).
Ce chemin kénotique prend de l'ampleur après son entrée au carmel :"la vraie sagesse consiste à "vouloir être ignorée et comptée pour rien" (3) (...) Je voulais que mon visage soit vraiment caché, que sur la terre personne ne me reconnaisse. (Ibid).
(1) Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit A, 48v○ , ibid p. 148
(2) 49 r, p. 149 citant Saint Jean de la Croix, Nuit obscure, str. 3 et 4.
(3) Ms A, 71r, ibid p. 189, citant l'imitation 1, 2, 3 et III, 49, 7.
Une des contemplations de Thérèse mérite un arrêt sur image tant elle est charnière de sa vocation :
"Je fus frappée par le sang qui tombait de ses mains Divines (...) et je me résolus de me tenir en esprit au pied de la Croix pour recevoir la Divine Rosée, comprenant qu'il me faudrait ensuite la répandre sur les âmes. Le cri de Jésus retentissait aussi continuellement dans mon coeur.... "J'ai soif !" (Jn 19, 28). Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue et très vive... Je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé et je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes". (1)
Il y a la chez Thérèse une contemplation qui rejoint l'axe de lecture de Jn 4 à 19 (2) alliant la soif de la Samaritaine à celle de Jésus.
On retrouve ce thème dans le début du manuscrit B : "Il n'a pas craint de mendier un peu d'eau à la Samaritaine. Il avait soif... Mais en disant "donne moi à boire" c'était l'amour de sa pauvre créature que l'univers réclamait. Il avait soif d'amour. Ah je le sens plus que jamais, Jésus est Altéré" (3)
(1) Manuscrit A, 46 recto, ibid p. 143
(2) cf. "Sur les pas de Jean"
(3) Thérèse de Lisieux, Manuscrit B, 1v, ibid. p. 221
"Heureux vous les pauvres, le royaume des cieux est à eux" Luc 6, 20
Commentaire :
Il faudrait un livre entier pour traiter du sujet et le hasard me conduit vers "le visage des pauvres" publié en 2016 par l'AES (1).
Dans un premier colloque Emmanuel Aumônier y reprend les propos du cardinal Saliège en 1938 sur les "installés". Une tentation qui nous guette, à nous qui avons tout. La porte est étroite (Mat, 19, 24) pour ceux qui amassent et jouissent de richesse sans entendre le cri du pauvre. Il ne suffit pas d'évoquer Lévinas ou Madeleine Delbrel. Le visage du souffrant doit rester cette épine dans la chair de tout homme. La réponse au cri n'est pas écrite. Elle est aussi infinie que le cri.
(1) François Xavier de Guilbert, Le visage des pauvres, annales de l'AES, 2016
"Aujourd'hui, l'Église de Rome nous invite à fêter le jour où le bienheureux Laurent a triomphé, jour où il a terrassé le monde furieux, où il a dédaigné le monde flatteur et ainsi a doublement vaincu le démon persécuteur. ~ Dans l'Église de Rome, vous le savez bien, il exerçait les fonctions de diacre. C'est là qu'il présentait le sang sacré du Christ, et c'est là qu'il répandit son propre sang pour le nom du Christ. ~ L'Apôtre saint Jean a mis en pleine clarté le mystère de la Cène du Seigneur lorsqu'il a dit : Jésus a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. Saint Laurent a compris cela, mes frères, il l'a compris et il l'a fait ; et ce qu'il avait consommé à cette table, c'est cela qu'il a voulu apprêter. Il a aimé le Christ par sa vie, il l'a aimé par sa mort.
Et nous, mes frères, si nous aimons vraiment, nous devons imiter. Car nous ne pourrons pas produire un meilleur fruit de notre amour qu'en nous montrant nous aussi des imitateurs. Le Christ a souffert pour nous et nous a laissé son exemple pour que nous suivions ses traces. Par cette phrase, il semble que, pour l'Apôtre Pierre, le Christ a souffert seulement pour ceux qui suivent ses traces, que la passion du Christ ne sert à rien, sinon à ceux qui suivent ses traces. En effet, les saints martyrs l'ont suivi jusqu'à répandre leur sang, jusqu'à imiter sa passion ; les martyrs l'ont suivi, mais ils ne sont pas les seuls. Après leur passage, le pont n'a pas été coupé ; après qu'ils ont bu, la source n'a pas tari. ~
Le jardin du Seigneur, mes frères, ce jardin a toutes sortes de fleurs : non seulement les roses des martyrs, mais aussi les lis des vierges, le lierre des gens mariés, les violettes des veuves. Absolument aucune catégorie de gens, mes bien-aimés, ne doit désespérer de sa vocation : c'est pour nous que le Seigneur a souffert. C'est très véritablement qu'il est écrit de lui : Il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité.
Il faut donc comprendre comment, en dehors de l'effusion du sang et du risque de subir la passion, le chrétien doit suivre le Christ. L'Apôtre dit, au sujet du Christ Seigneur : Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu. Que lle majesté ! Mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement. Quel abaissement !
Le Christ s'est abaissé : voilà, chrétien, ce qui est à ta disposition. Le Christ s'est fait obéissant. Alors pourquoi es-tu orgueilleux ? ~ Ensuite, après être allé jusqu'au bout de cet abaissement et avoir terrassé la mort, le Christ est monté au ciel : suivons-le. Écoutons l'Apôtre qui nous dit : Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Pour demeurer fidèle au Christ,
tu n'as pas craint la haine des hommes !
Ardente est la braise de ton supplice !
Plus ardente la flamme de la charité
qui te consume en holocauste !"
(1) Saint Augustin, Homélie pour la fête de Saint Laurent, source AELF, Bréviaire du 10/8
Gf« Pauline me dit d'aller chercher le grand verre à papa et de le mettre à côté de mon petit dé, puis de les remplir d'eau et ensuite elle me demanda de lequel était le plus plein. (...) ma Mère Chérie me fit alors comprendre qu'au Ciel le Bon Dieu donnerait à ses élus autant de gloire qu'ils pourraient en contenir » (1)
Une autre insistance sur le polyèdre...
(1) Ste Thérèse de Lisieux, oeuvres complètes, ibid p. 99
L'Amour est en toi et cependant t'échappe. Par un petit croquis sur le Christ en croix, saint Jean de la croix nous indique « avec un poids presque écrasant, une troisième idée : celle de la solitude de celui qui marche à la suite du Christ et de l'impossibilité de placer cette œuvre d'imitation sur la même ligne que celle du Christ »(1)
(1) Urs von Balthasar, GC2.2 ibid. p. 63
Au coeur de notre désir de Dieu, le monde perd sens... il nous faut abandonner tout désir de comprendre. En effet cela "prive l'aventure de la quête de Dieu" (...) qui n'est accessible que "dans la nuit". Il nous faut parvenir à l'oubli volontaire de toutes les impressions extérieures afin que dans le silence cette faculté se taise et prête seulement l'oreille de l'esprit pour écouter Dieu" (1) La nuit obscure est un long processus qui conduit progressivement à "la perte du goût pour les choses sensibles et les biens finis [qui] prouve déjà qu'on commence à goûter Dieu tel qu'il est en lui-même". Il faut pour Jean de la Croix, comme le précise Hans Urs von Balthasar un "renoncement radical (...) un retrait passif de toute délectation (...) le minuit de la pure foi aveugle (2)" avant le commencement de la lumière.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Styles 2, De Jean de la Croix à Péguy, Paris, Aubier, 1972 p 35
(2) p. 38-39