11 décembre 2007

Source

«L’autoprofération du Père dans le Fils (...) est suprêmement aimante et consentante. Or d’après Augustin, la Génératio Verbi elle-même contient déjà de l’amour car celle-ci est cum amor notitia. De la sorte, cette première procession en Dieu semble déjà contenir toute la circumincessio de la connaissance et de l’amour. Ainsi la mission du Fils par le Père dans le monde se fait elle aussi dans l’amour ».

Peut-on dire que l’Esprit est superflu ?

Non si l’on considère que la mission de l’Esprit dans le monde est d’après Hans Urs von Balthasar « par delà l’amour ici décrit du Père pour le Fils, même pour autant qu’il est la cause exemplaire du monde, peut-être même par delà même l’énoncé de Jn 3,16 « Dieu à tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (1)

Si l’on suit Hans Urs von Balthasar, il faudrait dire que son amour est plus débordant encore, et qu'il se manifeste dans l’Esprit qui telle une source chaude continue de jaillir du cœur de Dieu

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 214-215

09 décembre 2007

Figure et médiation

La figure du Fils se place au centre pour Hans Urs von Balthasar « parce que, maintenant à côté de l’esthétique, c’est la dramatique divine qui s’insère dans l’expérience chrétienne totale. Le combat, qui donne toute l’histoire du monde, entre le libre infini qui est le bien, et la liberté finie qui peut choisir entre le bien et le mal, se récapitule dans la croix et son « envers », la descente aux enfers. Et c’est dans cette concentration que devient finalement visible le troisième volet, la logique, en vertu de laquelle la figure de Jésus peut se désigner comme la vérité. (1)
Ces termes sont probablement un peu fort, mais donnent à réfléchir.

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.195

08 décembre 2007

Image et ressemblance

La doctrine biblique de l’homme créé à l’image et la ressemblance précise pour Hans Urs von Balthasar que l’homme possède, dans son essence, une image non seulement du Fils, mais de la Trinité toute entière, donc aussi de l’Esprit Saint, ce sur quoi celui-ci doit s’appuyer. Et puisque l’oikonomia divine est intérieurement inséparable, il faut qu’il y ait à partir d’elle dans le monde, non seulement des logos spermatikoi*, mais également des spermata pneumatika**, de sorte que le domaine de l’Esprit, s’étende aussi loin que celui du Fils qui recouvre la création. (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.193
* Logo spermatikoi, germes du verbe, théorie qui remonte à Saint Justin et qui dit en substance qu'en tout homme, même non baptisé, réside une parcelle du verbe
** Germe de l'Esprit

06 décembre 2007

Renversement des compétences.

Pour Hans Urs von Balthasar, l’Esprit avait envoyé le Fils dans le monde, maintenant c’est le Fils qui envoie l’Esprit dans le monde. L’un et l’autre sont pour ainsi dire pris dans un mouvement infini qui implique un échange permanent des rôles (1), le Père enveloppant tout dans ce mouvement.

Peut-on dire aussi qu’il y prend part ?

C’est pour moi l’élargissement du principe de taxis à une spirale kénotique éternelle. On atteint là encore le mystère même de l’amour trinitaire

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 167

05 décembre 2007

Abandon

« L’Esprit fut celui qui – en tant qu’Esprit d’Amour et en tant que garant objectif – faisait que l’union entre le Père et le Fils dans la figure de l’abandon fut supportée jusqu’à l’extrême par l’un et l’autre. » (1)

Cela ne fait qu’amplifier ce que je notais plus haut à partir du "dans sur".
L'abandon est à comprendre pour moi dans la kénose des personnes. Le Père donnant tout, le Fils abandonnant tout et l'Esprit supportant et médiatisant le tout ?

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.166

04 décembre 2007

Union trinitaire

« L’Esprit est le mouvement qui rend possible et que réussit cette disposition auprès du Père. L’Esprit fait que l’union hypostatique de la divinité et de l’humanité prend maintenant (sur la croix) une figure telle qu’elle fait apparaître jusqu’à l’extrême la différence entre Dieu et le pur homme. » (1)

« Le Père doit croître par le fait que le Fils dépose tout ce qui en lui est divin auprès du Père » (2)

Nous sommes plongés par là au cœur du mystère de la Trinité, comme un échange incessant entre le don de l’un et de l’autre et cette contemplation est porte du mystère. D’elle rayonne la lumière indicible du plan de Dieu sur l’homme.

(1) Adrienne von Speyr, Passion nach Matthaüs, Einsielden, Johannes Verlag, 1957, p. 154

(2) Adrienne von Speyr, ibid p. 153-154, cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 166

01 décembre 2007

Dans sur

Nous faisons souvent l’erreur, au nom de la déréliction de considérer que la mort n’est pas trinitaire. Il ne faut pas oublier pour autant l’unité du dans-sur nous rappelle Hans Urs von Balthasar : « c’est au nom du Père que l’Esprit lui annonce la passion future, alors même que l’Esprit le ressent de l’intérieur de la conscience du Christ (qu’on pense ainsi aux « gémissements ineffables de l’Esprit » ) Rm 8, 26
Il y aurait donc une présence de l'Esprit au Sein du Christ en Croix, et celle de l'Esprit qui veillerait par sa présence, malgré le sentiment d'abandon, ressenti par le Christ, dans sa compassion vis à vis de toute l'humanité souffrante... Comme le rappelle Benoît XVi dans sa récente encyclique Spe Salvi, citant Bernard de Clairvaux, "Dieu ne peut pas souffrir, mais il peut compatir". La souffrance du Christ en croix est pour moi le signe de l'engagement trinitaire pour l'humanité.

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.166

27 novembre 2007

Les deux mains du Père

Pour Irénée le Fils et l’Esprit forment « les deux mains du Père » et c’est avec ces deux mains que le Père forme l’image, en disant à l’un et l’autre : « Faisons l’homme à l’image de Dieu ». (1) (...) ce n’est pas seulement l’esprit humain mais tout l’homme charnel qui fut façonné par les mains du Père, c'est à dire par le Fils et l’Esprit à l’image et la ressemblance de Dieu (V, 6,1) et ajoute-t-il si cet homme porte comme fruit la foi en Dieu, il « est introduit dans son grenier » (V, 28,4).

Cela rejoint ce que je disais plus haut sur l’excès d’amour du Père et les fruits qui continuent d’être créés par l’élan créateur de Dieu. A cela s’ajoute le fait que le Christ donne sa chair, c'est à dire toute sa personne au sens hébreu de « basar » et que cette chair est nourrie par le Sang (la vie de Dieu) dans son Eucharistie (...) révélateur de la tendresse de Dieu.

(1) Saint Irénée, Adv. Haer. IV Pr 4, cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.159

22 novembre 2007

Kénose du Père - III

L’interpénétration d’amour absolu devrait apparemment se suffire éternellement à lui-même, « mais dans le caractère interne est d’un excès tel que – pour ainsi dire – imprévisiblement et précisément en tant qu’excès, il produit quelque chose qui, a nouveau, est Un ». Preuve que l’interpénétration amoureuse a réussi de même que l’enfant humain est en même temps la preuve de l’amour réciproque des parents et le fruit de cet amour. (1)

A cela, j’ai envie de m’interroger. Pourquoi ce mécanisme, cette taxis de l’économie trinitaire s’arrêterait-elle à trois. C’est le sens même pour moi de la création, parce que l’excès ne pouvait que donner naissance à d’autres, au-delà de la perfection initiale. C’est le pourquoi d’autres hommes « images et ressemblances » de Dieu, qui ne sont « divinisés » que lorsqu’ils sont « en-christoï ».

Cette forme de l’excès, ajoute d’ailleurs Hans Urs von Balthasar et donc du fruit (qui bien entendu peut être spirituel) fait partie de tout amour, précisément de l’amour supérieur. Dans cette mesure précisément chaque amour créatural parfait est une authentique imago trinitatis. (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.150

(2) ibid p. 151

21 novembre 2007

Kénose du Père - II

En engendrant l’homme transfère un part infime de lui-même, mais il garde son être tout pour lui. A l’inverse, pour Hans Urs von Balthasar, Dieu le Père transfère tout – d’après la théologie occidentale, il transfère avec toute la divinité également son pouvoir de produire l’Esprit – Comment alors reste-t-il néanmoins ce qu’il fut ? (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 149

20 novembre 2007

Objectivité - Subjectivité

L’Eglise établie comme « esprit objectif » par Jésus et son Esprit Saint conserve toujours par rapport à l’âme individuelle qui s’est abandonnée à elle, la même autorité que possède le libre agir de Dieu par rapport à l’agir de la créature libéré par lui. Mais le fait que l’Esprit Saint en tant qu’Esprit ecclésial conserve cette double vision découle de sa double figure trinitaire et irréductible. Il est la suprême unité (subjective) du Père et du Fils et le fruit de cet amour, fruit détaché (objectif, personnel) de l’un et de l’autre. (1)

On pourrait dire, que cela se rapproche de l’image d’un enfant comme suprême unité et fruit objectif de l’amour de ses parents, mais là-dessus, Hans Urs von Balthasar souligne que ce ne peut être qu’une comparaison lointaine du mystère de la plénitude interne de l’unité divine absolue.

En toutes hypothèses, cette double oscillation entre l’objectif et le subjectif me semble essentielle. Nous y reviendrons.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p.147

17 novembre 2007

Kénose de l’Esprit - VIII

Calvin et à sa suite, Theo Preiss montre en détail le rôle de l’Esprit-Saint. « Témoin d’un triple point de vue, il énonce et exégètise ce qu’il a entendu lui-même, rendant ainsi présent le Christ vivant. Ensuite, il s’efface dans une sorte de kénose devant le Père et le Fils (et c’est pourquoi il est difficile à appréhender comme personne). Enfin, il détourne – à l’opposé de Montant et de tous les mouvements pentecôtistes – le regard sur lui-même, de sorte que nulle introspection n’est à même d’observer l’agir de l’Esprit Saint. Par tout cela l’Esprit fait signe vers le Christ ». (1)

Cette théorie qui rejoint mes propos sur la triple kénose n’est pas très en faveur des mouvements charismatiques, si elle considère que ces mouvements utilisent l’Esprit, dans leur schéma, sans lui laisser respiration et kénose possible. Il ne peut y avoir monopole de l’Esprit par construction. Cela n’interdit pas la prière de louange et la joie partagée, mais elle doit, comme partout, s’accompagner d’un discernement et d’une distance, sur la réalité de la présence et de l’absence de Dieu à nos côtés. Pour Hans Urs von Balthasar Luther va dans ce sens sur l’Esprit et la lettre : Pour lui, « le Saint Esprit, ce ne sont pas des doutes ou des opinions subjectives qu’il a inscrit dans nos cœurs, mais des affirmations plus certaines et plus fortes que notre vie même et que toute expérience ». (2).

Mais, ajoute Hans Urs von Balthasar, cela introduit à un rétrécissement au regard de l’idée traditionnelle de l’Esprit comme exégète. (3)

(1) T. Preiss, Le témoignage intérieur du Saint Esprit, Cahiers Théologiques de l’actualité protestante, 13, Neuchâtel, 1946, cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.139

(2) Luther, MLO, V, 26 (WA18, 605,32)

(3) Hans Urs von Balthasar, ibid p. 140

16 novembre 2007

Kénose de l’Esprit - VII

Buber, dans le domaine de la pensée juive, a insisté sur « l’ineffabilité de l’Esprit qui a besoin de la rencontre entre les hommes pour pouvoir s’expliciter dans la Parole » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p.137

15 novembre 2007

Kénose de l’Esprit - VI

Pour Thomas, l’Esprit Saint n’a pas besoin d’être représenté comme personne de la même manière que nous représentons comme tels, le Fils et le Père, chaque hypostase divine à son propre tropos hyperarxeôs ou son modus existendi » (1). En effet, pour moi la kénose de l’Esprit est telle qu’il ne vient pas "apparaître comme personne saisissable, puisque son mode d’être est justement d’être où il veut et insaisissable, tout en étant vecteur de l’unité de tous", en christoï .

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.130

14 novembre 2007

Kénose du Père

Bien que reposant sur lui-même, Dieu est toujours "kinèsis pros ti" : "tourné vers autre chose que lui-même". Il est Dieu pour lui-même et en même temps pour les autres ». (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 120