15 décembre 2006

Dieu, principe de division...


Dieu est principe de division, nous dit Balthasar...

Peut-on parler d'un Dieu qui tend vers l'humanité ? Peut-on dire que cette tension se cristallise en Christ, Dieu-Fils qui est différent du Père et expression de cet amour du Père, libre et fidèle au don voulu d'un Dieu aimant ?

Pour Urs von Balthasar, ce don n'est pas externe mais intérieur, "à l'intérieur du premier geste de Dieu". L'amour absolu qui se donne soi-même sans cesser d'être amour et se faisant est "plus fort que l'enfer" dans l'ordre "englobant de la distinction réelle absolue du Père et du Fils". Il se donne sans se perdre. "Il ne s'évanouit pas avec le don". Il est la totalité d'existence divine dans ce don même. Pour le théologien, ainsi se manifeste à la fois toute la puissance infinie et toute l'impuissance de Dieu puisqu'il ne saurait être Dieu autrement que dans cette kénose intra-divine. (1)

Je pense que le paradoxe de la puissance et de l'impuissance est très bien traduite ici. Ne touche-t-on pas ici à la définition même du décentrement comme don qui ne se perd pas mais reste don permanent. Qui ne se perd pas parce que ce don même est reconnu comme moyen d'être, et de ce fait comme existence.

Pour Balthasar, la conséquence, c'est que le Fils ne peut, à son tour exister en possédant le caractère absolu de divinité que sous le mode de la réception de cette synthèse unique de toute puissance et d'impuissance.

Alors voit-on la totalité de l'imago dei comme être de réception totale et étant par ce fait sujet existant, comme "pouvoir de se faire don", perpétuellement régénéré dans l'existence, malgré le don total, parce qu'étant d'abord réception.

Je suis, être temple, passeur, sarment d'une sève reçue. Le grain existe parce qu'il meurt et peut être à son tour touché au coeur du kérygme...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.302
Balises : Don, Image, Décentrement, Balthasar

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