18 mars 2020

Homélie du quatrième dimanche de carême - guérison de l’aveugle né…

Projet 2

Nous qui entrons dans le confinement et la peur, nous pourrions avoir deux tentations. 
  1. Celle de nous replier sur nous-mêmes en oubliant ceux qui vont souffrir plus encore de l'isolement. 
  2.  Celle d'oublier que Dieu est là, à nos côtés, malgré son silence apparent.

Le mal semble frapper le monde et la tentation de certains serait de dire que Dieu se venge de nos aveuglements.
Non l'aveugle né n'avait pas subi la faute de ses pères comme le pensait les juifs de l'époque.
Non Dieu ne regarde pas comme les hommes, nous dit le livre de Samuel.
Non, le temps de la justice divine n'est pas venu.
Malgré l'ombre qui s'étend comme le virus, n'oublions pas que la lumière est ailleurs.

« Conduisons nous comme des enfants de lumière » nous dit Paul (Eph 5)

« Crois-tu au Fils de l'homme ? » nous demande Jésus dans ce texte de Jean 9. Laissons résonner en nous cette question avant de répondre comme le fit un jour la juive Etty Hillesum au camp de Westerbock. : « Dieu a besoin de nos mains. »

Dieu est là.
Dieu est là dans la solidarité qui se met en place.
Dieu est là dans ce dévouement extraordinaire des soignants.
Dieu est là dans ces petits appels que nous faisons, faute de mieux.
Dieu est là qui pleure à côté des proches que nous sommes en train de voir partir et qui doivent souffrir de notre absence.

Dieu est là comme il s'est révélé - déchiré, déchiqueté sur le bois de la croix.
Ne cédons pas à la peur.



Contemplons au contraire les signes d'espérance.
L'espérance c'est de croire que l'amour va vaincre face à nos tentations d'enfermement.
L'espérance c'est de percevoir que Dieu ouvre nos mains.
L'espérance c'est de sentir au fond de nous que l'amour vaincra...

Méditons ce magnifique psaume 22/23 :

Le Seigneur est mon berger : (...) Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi (...) tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur. »

Dieu tout-puissant, Bienfaiteur, Créateur de l'univers,
écoute mes gémissements, moi qui suis en danger.
Délivre-moi de la crainte et de l'angoisse ;
libère-moi par ta force puissante, toi qui peux tout (...).
Seigneur Christ, (...) coupe les mailles de mon filet par l'épée de ta croix victorieuse, l'arme de vie.
De tous côtés ce filet m'enveloppe, moi captif, pour me faire périr ;
conduis vers le repos mes pas chancelants et biaisants.
Guéris la fièvre de mon cœur qui étouffe.
Je suis coupable envers toi, ôte de moi le trouble, fruit de l'invention diabolique,
fais disparaître l'obscurité de mon âme angoissée (...) !
Renouvelle en mon âme l'image de lumière de la gloire de ton nom, grand et puissant.
Intensifie l'éclat de ta grâce sur la beauté de mon visage
et sur l'effigie des yeux de mon esprit, moi qui suis né de terre (Gn 2,7).
Corrige en moi, rétablis plus fidèlement, l'image qui reflète la tienne (Gn 1,26).
Par une pureté lumineuse, fais disparaître mes ténèbres, pécheur que je suis.
Inonde mon âme de ta lumière divine, vivante, éternelle, céleste,
pour qu'en moi grandisse la ressemblance au Dieu Trinité.
Toi seul, ô Christ, es béni avec le Père
pour la louange de ton Esprit Saint
dans les siècles des siècles. Amen (1)

(1) Saint Grégoire de Narek Le Livre de prières, n° 40 (SC 78 ; trad. Isaac Kéchichian, s .j. ; Éds du Cerf 2000 – réimpression de la 1e édition de 1961 revue et corrigée, p. 237-239, – rev.), source  : l’Évangile au Quotidien 

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