17 avril 2005

Marionnettes

Dans les tragédies, l'homme qui souffre est élevé comme un ostensoir. (1) Sommes nous de simples marionnettes ? La vie est-elle un jeu pour autant qu'il reste une imitation, une mimesis comme le souligne Platon dans la Répubique, qui souligne notre propension à imiter les Dieux ? Notre vie qui nous vient de Dieu est-elle conduite par lui (l'amour), le véritable moteur ? Sommes nous de simples marionnettes pour l'amusement des dieux ou est-ce que nos actes ont un but sérieux dans l'existence du monde ? Est-ce que le sérieux de nos vies vient de nous, ou recevons nous un rayon du sérieux éternel ? N'y a-t-il pas ici une poésie, une esthétique d'une église à construire ou chaque acte d'amour est au service de l'édification d'une cathédrale humaine qui pointe sa nef vers l'Eternel.
Nous sommes des baptiseurs. Et notre spectacle dans le monde est au service de cette cité de Dieu, dont la véritable image reste à venir, mais dont nous pouvons ébaucher par petites touches de couleur, les fondations fragiles, conduits et éclairés par le souffle de l"Esprit.
Il s'agit bien d'ailleurs d'un éclairage... Cette lumière qui donne un sens et finalement nous permet d'accéder à la lumière véritable et à une joie qui dépasse tous les bonheurs...

(1) Ibid...

16 avril 2005

Toutes choses nouvelles - II

"Dieu nous a exposés, nous les apôtres, à la dernière place, comme des condamnés à mort : nous avons été donnés en spectacle au monde et aux hommes. Nous sommes fous à cause du Christ, mais vous vous êtes sages..." (1 Co 4,9)
Cette citation reprise par Balthasar (ibid p. 110) m'interpelle. Et si le sacrement avait ce sens, d'être spectacle pour le monde, à mi chemin entre le rôle, la mission, la liberté et l'obéissance, signe fragile d'une réalité invisible, petit scandale, image du scandale véritable, d'un amour fou qui renverse tout les a priori, les jugements tout fait et fait éclater l'amour sur le bois de la croix, signe de la croix glorieuse, couronnée de gloire. Ce n'est que dans cette dynamique que tout prend sens...

15 avril 2005

Dramatique... - I

"Du fait de la liberté de l'homme, Dieu se trouve dès le premier moment de la création engagé dans le monde ; il y a ainsi dès lors une dramatique entre Dieu et l'homme. Le fondement de cette dramatique ? L'homme est sans être interrogé, placé sur la scène du monde. " (1)

Qui suis-je ? Si ce n'est une étincelle de vie dans un tourbillon d'infini. Qu'est-ce que cette étincelle ?
Que vais-je éclairer ?
Vais-je éclairer ?

Oui est-ce que le vent de terre va éteindre ma flamme... ?

(1) Balthasar, ibid 104-105

14 avril 2005

Je fais toutes choses nouvelles... - I

Qu'est-ce que signifie cette phrase chuchotée par le Christ sur son chemin de croix dans le film de Mel Gibson...
Qu'est-ce que la nouveauté profonde si ce n'est un innocent qui porte et subit le poids de la violence humaine, parce qu'il croit qu'il y a là un chemin de vie, un signe véritable de l'amour...

13 avril 2005

Le monde, quelle issue... ? - II

"Une question fondamentale : la lutte-a-t-elle une issue déterminée ou incertaine ? Le 5ème acte? Nous nous gardons ici de répondre"...
Je maintiens (cf. billet précédent) qu'il y a un chemin d'espérance à tracer sauf à tomber dans le nihilisme et donc une aporie stérile.

(1) d'après Urs von Balthasar.., ibid p.102

12 avril 2005

Une église moderne...

Je suis toujours interpellé par ceux qui ont quitté la langue de buis et veulent rénover les choses de l'extérieur. Personnellement je préfère le travail difficile du chrétien qui défend ses convictions tout en respectant chez d'autres, différent le chemin discret de l'Esprit. Qui sommes nous pour dire que l'Esprit n'est pas à l'oeuvre dans l'Eglise ?
Et cependant, je suis peut-être enfermé dans mes culpabilités, mes peurs, bien au chaud dans ma coquille. C'est qu'il a l'air de faire froid dehors...

11 avril 2005

Tragique de la vérité - II

Nous sommes empêtrés de peurs, de demi-mesures, enfoncés dans le mensonge. (...) ce qui nous fait le plus défaut est le courage tragique de la vérité. La vérité n'offre pas de protection, pas de sûreté, pas de paix avec le monde ; elle exige qu'on soit passionné de lutte, prêt à mourir l'âme en paix (1)
Cela fait raisonner en moi ce petit exemple lu récemment dans la Lettre ouverte au futur Pape de Patrice Gourier (2) où il décrit la tentation de l'escargot : "quand tout est calme autour de lui, il sort ses antennes, il les oriente en tout sens, il palpe l'ambiance. Dès qu'il y a un bruit ou quelque chose d'insolite, il rentre ses antennes, se replie dans sa coquille et ne bouge plus, il n'entend plus rien et donc tout est calme."
On croirait une fidèle description de votre serviteur. Il reste donc du chemin à faire...
(1) d'après Urs von Balthasar.., ibid p.99
(2) Flammarion, Desclée de Brouwer, 2005

10 avril 2005

Tragique de la vérité - I

La relation tragique à la vérité - qui ne peut être compris que comme un accomplissement - est le nerf du drame chrétien (1)
Au delà de nos masques, du jeu des pouvoirs, il s'agit pour moi de cette phrase essentielle prononcée par Pilate au Christ (Jean 18,39): "Qu'est-ce que la vérité" et qui ouvre un abîme de réflexion intérieure.
"Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité" (Jean 18,37). Quel témoignage ? En faisant mémoire du chemin douloureux de l'amour du Christ, on touche au tragique même de l'existence. Et cette vérité est à cent lieux de nos hypocrisies.

(1) d'après une phrase d'Urs von Balthasar.., ibid p.99

09 avril 2005

Masque, hypocrisie, rôle

"Le paradoxe de l'existence spirituelle : besoin de l'existence de se regarder au miroir dans quelque chose autre qu'elle même (théâtre) pour aller au-delà de la connaissance de soi et l'éclairement de l'être." (1).
Prendre de la hauteur, ou pour le moins une distance entre le quotidien de nos vies et son sens profond. En cela la projection dans le virtuel et le jeu scénique interpelle le jeu même de notre existence... Nous connaître par le reflet d'un autre même virtuel, par une mimesis naturelle, où au contraire, par le biais d'une construction virtuelle avec laquelle nous commençons un jeu de miroir et de mimésis, une identification originelle, mais qui nous échappe et met en lumière les limites de notre propre rôle, l'hypocrisie de notre discours et nous interpelle sur l'agir.
(1) à propos du livre Le mystère du surnaturel, de H. de Lubac, Urs von Balthasar.., ibid p.72

08 avril 2005

Le monde, quelle issue ? - I

L'homme moderne ne voit plus le monde avec les lunettes anciennes ou tout était très bon. Le paysage de l'existence apparaît livide et étranger. Mais Dieu laisse-t-il à l'homme le soin de terminer la création au risque de tout perdre ? (1)
Il y a là une interpellation véritable. Elle repose fondamentalement sur un appel à la responsabilité et une espérance. Si l'on répond non à la question, cela nie toute action et toute liberté. Si l'on répond oui, cela veut÷dire que l'on court probablement à l'échec... Mais la victoire est déjà là. C'est en tout cas l'espérance du chrétien, qui croit qu'en Christ, Dieu a vaincu la mort. Alors, avançons et participons à l'oeuvre, avec nos petits moyens, sans nous laisser aller au doute et au désespoir qui sont le propre du travail en nous du malin...


(1) d'après Urs von Balthasar, ibid page 40

07 avril 2005

Qui suis-je ?

S'identifier au rôle sans se perdre en lui ? Seul importe la permanence de la fonction, peut importe qui y pourvoit ? (1) Je suis un serviteur quelconque nous dit saint Paul, et je crois qu'il y a là au fond deux constats. Je n'existe que dans mes actes féconds, mais cette fécondité, n'est pas de moi, elle m'est "soufflée" d'ailleurs.
Pourquoi moi, alors ?
Pourquoi pas...

Qui suis-je ?
Pour répondre à cette question, il n'y a finalement pas de réponse philosophique mais théologique. Seule la parole me permet d'exister, et me délivre ! ; je suis tout aimé de Dieu dans ma fonction. Parce que et quand je réponds à l'appel...


(1)d'après Urs von Balthasar, ibid page 38

06 avril 2005

Action prime

"C'est dans son action que Dieu nous montre sa vérité, c'est dans l'action - l'amour des frères humains - que le chrétien même s'il est anonyme comme le samaritain montre qu'il marche sur les traces du Christ." (1) Et c'est bien dans l'observation de ces traces de l'auto-manifestation de Dieu dans les actes et l'amour de nos frères, que nous sommes interpellés au fond de nous-mêmes par l'agir de Dieu. Il n'y a pas là de manifestation explicite, dans le sens d'un miracle qui interviendrait sur notre liberté, mais bien des signes discrets, perceptibles à travers révision de vie intérieure ou contemplation du monde, de ces petits pas de Dieu dans notre humanité, au travers de l'orchestration silencieuse mais symphonique de l'Esprit.
(1) Urs von Balthasar, Dramatique Divine ibid page 21

05 avril 2005

Médiation...

"L'Ecriture Sainte n'a aucune valeur si elle n'est pas dans l'Esprit-Saint la permanente médiation entre le drame d'en haut et le drame d'ici-bas. (...) qui nous renvoie comme à un centre à une démarche" (1)
Cela complète probablement les réflexions précédentes dans le sens où les petits pas s'entendent comme des poussées venant d'en haut, au sein même de notre vie, de l'amour. En cela, nos actes ne sont pas issus de nous-mêmes, mais bien des actes poussés par l'Esprit, que l'Ecriture par sa médiation a fait naître en nous.

De plus, il s'agit bien d'un drame, intérieur et extérieur. On ne peut oublier cette phrase du Christ qui parle d'une parole tranchante et dérangeante et traduit l'éternelle interpellation de l'Ecriture.


(1) Urs von Balthasar, ibid page 19

04 avril 2005

Jean-Paul - II, Un grand Pape...

Comment ne pas être touché par la disparition de celui qui depuis 1980 a renouvelé en moi la force de mon baptême. Avant de saluer le successeur de Pierre, je salue l'homme, penseur, philosophe, plein d'humilité et de conviction. Fidèle à son pays, sa foi et sa culture mais également saisi d'une ardeur nouvelle.
Lui aussi à fait incarné le souffle d'un autre.

03 avril 2005

Témoignage et vie - II

La vue peut être belle, la parole peut être bonne mais c'est dans l'action que s'opère vraiment le don.
On retrouve la réflexion du billet précédent, mais aussi toute la question posée par Sibony au texte de Lévinas. Devant la scène, devant la grande interpellation de l'existence ou je dois choisir entre mon moi et la vie de l'autre, que vaudrons mes belles idées et comment me préparez à dire "que ta volonté soit faite" et non la mienne... Peut-être dans les petits pas de tous les jours vers l'autre. Pour que le grand pas ne soit pas un déchirement mais bien la suite logique de toute une vie.