18 novembre 2006

Assumé nos péchés - Sotériologie - VI

Pour Ambroise, le Christ a assumé nos péchés non dans leurs effets mais dans leur réalité. Il a ainsi porté les conséquences du péché.
Pour Jean Damascène, c'est non en tant que lui-même qu'il aurait été ou serait devenu malédiction mais en tant qu'il a assumé le rôle (prosôpon) et s'est mis à notre place. C'est dans ce sens qu'ont les mots : "il est devenu pour nous malédiction".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 228
Voir sur ce thème : Théologie Balthasar Sotériologie

15 novembre 2006

Miséricorde volontaire - Sotériologie - V

Augustin parle d'une miséricorde volontaire : "il assume les passions de l'âme, par exemple la crainte de la mort à Gethsémani, comme des "mouvements de la faiblesse humaine en vertu d'une miséricorde volontaire" (...) il n'avait pas à être tenté (...) ni à craindre la mort, mais il éprouve la crainte de la mort, de la tentation et de l'abandon "en nous" pour nous..."
On perçoit qu'il ne s'agit pas là d'une auto-flagellation, mais d'un vivre-avec, de ce qui constitue l'amour véritable, comme l'élan de la mère qui veut souffrir avec son enfant (ce qui est d'ailleurs la réponse de sa mère : le oui de Marie à Gethsémani, humble et présent...).

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 226
Voir sur ce thème : Augustin Balthasar Sotériologie

13 novembre 2006

Consumer... Sotériologie - IV

"Il veut consumer ce qui est mauvais en moi, comme le feu consume la cire ou dissipe la lumière tandis que grâce à un tel mélange je deviens participant de sa bonté (Or 30 PG 36 108C - 109 C) Grégoire de Naziance. En cela, il joue notre rôle, s'insère dans le drame (dramatourgeita). Balthasar rappelle plus loin que le premier sens de drame c'est l'action. Il ne s'agit donc pas d'un Dieu abstrait, mais d'un spectateur engagé..

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 225
Voir sur ce thème : Théologie Balthasar Sotériologie

10 novembre 2006

Né pour nous... - Sotériologie - III

C'est afin de pouvoir mourir que Dieu a accepté de naître (Grégoire de Nysse - Or Cat 32,3)
Il ne s'agit pas en cela d'un parachutage de Dieu, Deux ex machina qui fait semblant de vivre et fait semblant de mourir. Mais bien la descente kénotique et discrète de Dieu en l'homme, miracle de l'incarnation de l'infini dans la contingence pour nous ouvrir à l'au-delà de nous...

Balise : Kénose

08 novembre 2006

Admirable échange - Sotériologie - II

Cyprien décrit bien la notion d'échange: "Ce qu'est l'homme, le Christ voulu l'être afin que l'homme puisse être ce qu'est le Christ". Et cette notion me permet d'insister sur la double nature du Christ : vrai homme et vrai Dieu, sans laquelle cette affirmation n'a pas sa pleine portée.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 218-220
Voir sur ce thème : Théologie Balthasar Sotériologie

Sotériologie chez Balthasar

Pour Hans Urs von Balthasar, la théologie du salut (sotériologie) se comprend sous 5 aspects complémentaires. Et toute cette analyse de la Dramatique divine cherche à montrer l'importance des 5 aspects complémentaires, dont certains ont été ignorés par des tendances passées de la théologie, au détriment du sens global de notre foi.
Ces cinq points sont les suivants (1) :
a) Le Père livre son Fils comme don
b) ce don est un échange véritable (commercium) identifié au péché (bouc émissaire)
c) la mort du Christ est libération de l'esclavage du péché
d) elle est dans le Saint-Esprit et donc inséré dans la vie Trinitaire, membre du Corps
e) il ne s'agit pas de la colère de Dieu mais d'un signe de l'amour miséricordieux
Pour lui ces 5 aspects sont essentiels et la théologie de la libération a notamment oublié trop les points a, b et d...
Nous reviendrons sur l'interprétation de ces points, sans cacher d'ailleurs notre difficulté à percevoir le point b. Si les billets suivants ne vous permettent pas d'en saisir l'importance, nous réinvitons le lecteur à la lecture ardue mais autrement plus construite du texte original de Balthasar que ce blog ne fait que survoler...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 216 - 217
Voir sur ce thème : Théologie Balthasar Sotériologie

06 novembre 2006

Dieu, le grand compositeur...

Balthasar décrit la période avant la passion comme une série de petites touches qui sont autant de préparation de l'Heure. Pour lui c'est comme une "sorte de projection qui tourne pour éclairer sucessivement tel ou tel aspect d'une réalité qui s'étend à l'infini (le péché du monde) et une foule immense (de pécheurs concrets) pour faire participer chacun à l'évènement. Ce faisant on peut avoir des moments où tout sombre dans le tunnel étroit et sans issue de la passion. La mission est assez large et son déroulement assez souple pour laisser place à tout cela". (1)
Cette vision correspond assez bien à celle que j'ai de l'Ancien Testament, cette intrication d'histoires, de situations, de rencontres et d'alliances qui permettent cette même vision stéréophonique de l'avancée des hommes vers la découverte du Dieu véritable. Tout culmine à la passion. La parbole du vigneron est dans ce cadre très expressive. C'est pour moi ainsi que l'on peut comprendre la kénose de Dieu dans l'Ecriture
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.210
Voir sur ce thème : Bible Balthasar Kénose

04 novembre 2006

Naïveté - II

Et pourtant, je ne peux oublier que c'est la cananéenne qui à interpellé le Christ sur l'ouverture aux païens... Elle n'avait pas toutes les connaissances de l'Ancien Testament et pourtant ce qu'elle disait, ce qu'elle portait en elle était digne d'amour...

03 novembre 2006

Naïveté

J'ai souvent défendu dans ce blog la thèse des "semences du verbes", ces parcelles d'humanité qui seraient présentes chez tout homme, même ceux loin de la foi chrétienne. Est-ce l'expression de ma naïveté traditionnelle ? Hans Urs von Balthasar est plus réservé en tout cas.
Pour lui, ces semences de la Parole (logoi spermatikoi) ne peuvent germer que dans le sol chrétien et seulement après une conversion, celle-ci n'étant pas la simple addition d'un élément qui ferait provisoirement défaut, mais bien la métanioa que la Bible annonce comme mort et nouvelle naissance. Il faut pour lui parler avec une grande réserve d'une fonction salutaire positive des religions pré-chrétiennes. On ferait mieux pour lui de les mettre en relation avec la longue patience de Dieu et sa volonté de "passer condamnation" sur ce qui est momentanèment en désordre.
Je trouve cette analyse un peu dure, mais est-ce que je suis trop naïf sur ce point... ?

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.203
Voir sur ce thème : Pluralisme Balthasar

31 octobre 2006

Image de Dieu

Pour Urs von Balthasar (1), le concept d'image de Dieu se décline en trois tensions complémentaires. Il y a d'abord la tension entre le corps et l'esprit, mais aussi entre l'homme et la femme (cf. Gn 2) et enfin celle qui touche l'individu et la communauté tout entière. Pour lui, ces trois images restent inachevables. Elles ne sont que des esquisses de projets fragmentaires. Peut-on dans ce cadre dire que seul le Christ achève la synthèse de ces trois tensions : Il est esprit et corps transfiguré. Mais il est aussi le lieu d'unité de l'homme et de la femme dans le sens symbolique que lui donne Ephésiens et si l'on considère que son coeur ouvert et transpercé abreuve l'Eglise. Cette deuxième notion est alors complétée par celle de l'unique médiateur, individu qui se fait corps du Christ...
Si nos tentatives humaines, que nous avions déjà commenté chez Bonaventure reste des esquisses partielles, il est alors important de ne pas absolutiser "un seul aspect de l'image de Dieu au détriment des autres qui sont aussi indispensables" (2)
On peut concevoir ainsi l'importance de l'union de l'esprit et du corps dans la sexualité, de l'homme et de la femme comme source de don mutuel, et insister sur le rapport entre l'individuel et l'universel pour défendre l'importance de l'envoi et de la fécondité de tout homme. Mais cela ne reste que des tensions. Je note cependant avec intérêt à ce stade, une théorie que je défends sur les trois aspects qui peuvent mieux approcher la notion d'image que la seule relation ? Cela rappelle en effet, ce que j'ai évoqué sur une sexualité qui doit reposer sur trois piliers : le plaisir (lieu de rencontre du corps et de l'esprit), la construction du couple (lieu de don et de différences assumées) et la fécondité (lieu d'ouverture à l'universel)... Ainsi ces trois aspects contribuent au sein même de la rencontre de l'homme et de la femme à exprimer l'étendue et la tension d'un chemin vers Dieu...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.199
(2) ibid. p. 200

30 octobre 2006

Un chemin...


Quelque soit le chemin que l'homme parcours il y a bien un seuil à franchir et nul ne peut forcer le passage de ce seuil si ce n'est Dieu par le don de sa grâce qui conduit comme un passeur l'homme à percevoir combien sa recherche est dans le plan de Dieu ou qui l'ouvre à voir un autre chemin au delà de l'impasse où il s'enferme. Alors il peut librement faire le saut de la foi et concevoir que l'objet de son désir n'est pas ailleurs. Le choix adulte et libre est une conversion, une métanoia, véritable fusion du coeur qui laisse l'homme ancien de l'autre côté du seuil. Est-ce là que le baptême de l'enfant devient véritablement sacramentel ?

28 octobre 2006

Bonté de Dieu et cadeau du Christ

La "bonté salvifique de Dieu pour le monde repose sur l'unique pivot de l'incarnation de son Verbe en Jésus Christ. Tout le reste, proche ou lointain va vers ce terme ou en émane" nous dit Balthasar (1) Si je reconnais ici l'idée qui m'est chère de l'unique médiateur (cf. Sesboué), je dois avouer que cette vision peut aussi laisser un arrière goût d'un Dieu vengeur si l'on retire le Christ du système. Dieu serait-il bon sans le Christ ? Je préférerai une idée plus vaste de la bonté de Dieu où le Christ n'apparaît que comme point focal ou sommet mais peut-être est-ce réduire le Christ à son incarnation alors qu'il était, est et vient...
A méditer...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.185
Voir sur ce thème : Christ Balthasar Médiateur

26 octobre 2006

Ancienne et nouvelle alliance.

Pour Balthasar, il faut éviter de tomber entre les deux extrêmes que sont

a) une théorie protestante qui met une opposition radicale entre la loi et l'Evangile et
b) la pensée de certains Pères selon laquelle ces "connaissants" de l'ancienne alliance auraient eu part anticipativement à la nouvelle.

Pour Urs von Balthasar on doit laisser subsister ce flottement, qui montre d'abord le coté extrèmement positif de la loi mosaïque puisqu'elle rend possible la proximité avec Dieu dans l'alliance mais révèle postérieurement (dans les évangiles et de manière plus radicale dans Paul) son côté dangereux pouvant conduire à l'orgueil.

J'aime bien aussi sur ce thème l'intéressant développement de Beauchamp dans "D'une montagne à l'autre"...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.185
Voir sur ce thème : juif Balthasar Orgueil

22 octobre 2006

Toutes choses nouvelles...

Voilà que je fais toutes choses nouvelles Ap 21,5 "Cela ne signifie pas voilà que je fais du tout nouveau, mais bien : voici que je refonds à neuf tout ce qui est." (1)
Toute tentative (...) tout effort tenté par les religions extra-bibliques pour briser les structures contraignant l'existence terrestre, ne pouvait, si on les pousse à la dernière logique, qu'aboutir à une auto-dissolution de l'humain. Ni la faute, ni la souffrance ne peuvent, pour l'existence prise en son ensemble être éliminés, quelle que soit la façon dont on s'y prenne". En ce sens, pour Baltasar, "tous les projets conçus effectivement en vue d'une auto-rédemption ne pouvait consciemment ou non qu'enfoncer l'homme plus profondément dans la faute. Au lieu de cela, c'est un pathos tout autre qui doit intervenir dans le drame, celui de Dieu qui lui-même entre en scène (...). Et pour lui, c'est ainsi que la "finitude et la mort sont transcendés d'une manière inimaginable".
D'une certaine manière, c'est la faillite de la gnose, de toute tentative humaine d'auto-résolution du monde qui s'effondre. Et dans la toute faiblesse de Dieu, apparaît en filigrane, la faiblesse véritable de l'homme, non pas comme une violence à sa liberté, mais comme la tendre démonstration qu'il n'est rien sans la grâce...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.178
(2) ibid, p. 179
Voir sur ce thème : Souffrance Balthasar

21 octobre 2006

Souffrance...

La souffrance est bien trop forte, trop innommable pour qu'on puisse l'ignorer. Pour certains, elle éloigne même de Dieu mais à cette incompréhensible somme de souffrance, Dieu n'a d'autres réponses que celle de la croix, l'homme élevé sur le bois de la croix. Tout est dit et rien ne peut être dit d'autres qui ne soit parole, vent. Pour Balthasar, "Dieu ne donne autre chose que la folie de la croix qui triomphe seule du non-sens de la souffrance du monde (...) Ce n'est que dans l'Apocalypse que l'agneau égorgé remporte la victoire (...) le Dieu de Job ne répond pas "car la réponse se trouve dans le Christ. Job est plus fort que le Dieu ancien "

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.172-3
Voir sur ce thème : Souffrance Balthasar