31 janvier 2015

Théologie des remplacements

Il y a chez Jean une succession de remplacements, nous suggère Meier*, entre :
- l'eau changée en vin (Jn 2),
- le temple changé en corps du Christ (Jn 2, 13-22),
- [le puits changé en source (Jn 4)...]**
- les sanctuaires en adoration en Esprit et en vérité (Jn 4, 20-26)
- le sabbat 5, 1-18
- la Pâques et sa manne en Eucharistie (Jn 6)
- la fête des tentes (7, 1-9, 41)
- Hannoukkah ( 10, 22-39)
- [la mort en vie éternelle] (Jn 11)
- [Le messie tout-puissant en messie humilié] Jn 12
- [Le maître en esclave/serviteur] (Jn 13)
- [Le serviteur en ami (Jn 15,15)]
Une clé de lecture cursive intéressante que je vous laisse découvrir...

Elle s'inscrit dans la série des ponts que je décris dans "A genoux devant l'homme"

* op. cit. p. 724
** Les crochets ne sont pas cités par Meier....

29 janvier 2015

Retiré même ce qu'il a... Marc 4, 25

"Celui qui n'a pas, on lui enlèvera même ce qu'il a".

 Ce verset de Marc 4 nous a fait buter dans notre dernière réunion de lectio divina (Maison d'évangile), mon interprétation,  probablement critiquable est de lire ce verset en lien avec la parabole des talents. Si  l'on refuse le don de Dieu, que l'on ne détient pas, tout peut nous être retiré.  Mais,  aie je ajouté, Dieu n'a de cesse,  pourtant,  de nous en donner plus.  Pris isolément,  ce verset est terrible.  
Mis en tension avec le récit de la brebis il devient acceptable. 

28 janvier 2015

La colère de Dieu

‎On a beaucoup écrit sur la colère du Christ vis à vis des marchands du temple en faisant un argument qui permet de justifier ses propres colères. A partir de l'analyse de John P. Meier*, je propose une interprétation différente. Selon lui, le récit qui s'enchasse dans la malédiction du figuier n'est pas une remise en cause du fonctionnement du Temple mais juste une annonce de sa fin, souligné non sans ironie par Marc dans d'autres récits de la Passion. 
J'avais déjà remarqué combien Jésus ne faisait que simuler pendant l'épisode puisqu'il se contentait de renverser la table des changeurs mais n'ouvrait pas les cages des colombes. 

De fait sa colère n'est pas dirigée spécifiquement sur eux mais sur l'ensemble du système qui n'a rien compris des enjeux.
A méditer sur le sens des cultes dépourvus de diaconie.

* Tome 2, op. cit., p. 649ss

Christologie ascendante

‎Le kénoticien qui dort en moi (dort-il vraiment?) trouve chez Meier un soutien inattendu dans la note 143 de la page 692 du tome 2 d'un juif marginal. Selon Martin Hengel dans The Son of God de 1976 et À. Fitzmeyer in The Aramaic Background of Phillipians 2, 6-11, CBQ 50 (1988) p. 470-483, le passage qui révèle la kénose serait de facture ancienne et "pourrait remonter à la première ou à la deuxième décennie du christianisme". 

En clair, ce thème qui sous tend ma thèse sur l'humilité du Christ comme pivot de la théologie de Paul, cf. "Le serviteur de l'homme" serait plus ancien encore et remonterait aux tous premiers chrétiens. 

27 janvier 2015

Contre un Jésus raisonnable ?


La conclusion de John P. Meier sur son étude des miracles de guérison est interpellante. Il commence par passer Matthieu 11, 5 et parallèles au critère de l'embarras. Que l'on rapporte que Jean Baptiste est pu douter du Christ est par l'embarras qu'il produit probablement historique et que Jésus lui réponde "les aveugles voient et les morts ressuscitent" n'est pas anodin et valide selon lui tout son travail sur l'historicité probable d'un certain nombre de miracles. Sa conclusion est amusante : ne tente t'on pas ‎de faire de lui un homme raisonnable pour évacuer le fait qu'il fait des choses que seul Dieu peut faire. Cette approche universitaire n'est pas cohérente avec notre foi dans le fait qu'il est fils de Dieu.

John P. Meier, op. cit. Tome 2 p. 634-636

22 janvier 2015

La loi du trop tard

Je reprend mes commentaires de Un certain juif Jésus, tome 2, ou John P. Meier après un long passage de recherche sur les miracles "historiques" commente la résurrection de Lazare. Il a un commentaire qui m'interpelle sur "la loi du trop tard" (p. 601) où il défend, à la lumière de Jn 12, 35-36, qu'à "chaque individu est accordée un temps de grâce déterminé"‎ à l'issue duquel il est trop tard. Une interprétation à mettre en tension avec la parabole des ouvriers de la dernière heure de Mat 20, 1-15 ?
Je pense que ce discours ne peut s'appliquer qu'à nous mêmes. On ne peut juger du travail intérieur d'autrui. Par contre, notre mouvement est toujours trop lent.

27 décembre 2014

Noël et le tombeau vide



« Ce qui était depuis le commencement..., ce que nous avons contemplé..., nous vous l'annonçons » (1Jn 1,1-3)

La liturgie nous redonne aujourd'hui deux textes qui nous renvoient à la fois aux premiers temps de Noël et de Pâques. La mise en parallèle est saisissante. Nous sommes à l'aube, dans les deux cas, d'un nouveau jaillissement de la vie. Le premier est le prologue du second, il s'éclaire d'ailleurs du second. Car c'est bien à la lumière de la résurrection que les évangélistes nous le font percevoir.

Le tombeau vide est ce temps où l'on erre sans savoir, entre souffrance et interrogation. Seuls ceux qui sont portés par la foi et l'intelligence de la foi nous permettent de passer au delà de cette impression d'abandon du monde par Dieu. De même que pendant les temps de la Nativité, le monde semblait livré à lui-même, au matin de Pâques, les apôtres étaient dans le doute, jusqu'à ce que pointe une étoile, qu'un lumière apparaisse dans la nuit. Alors ils courent, n'osant espérer la lumière. Écoutons Jean Scot Erigène : "Pierre et Jean courent tous deux au tombeau. Le tombeau du Christ c'est l'Écriture sainte, dans laquelle les mystères les plus obscurs de sa divinité et de son humanité sont défendus, si j'ose dire, par une muraille de rocher. Mais Jean court plus vite que Pierre, car la puissance de la contemplation totalement purifiée pénètre les secrets des œuvres divines d'un regard plus perçant et plus vif que la puissance de l'action, qui a encore besoin d'être purifiée. Pierre entre cependant le premier dans le tombeau ; Jean le suit. Tous deux courent, et tous deux entrent. Ici Pierre est l'image de la foi, et Jean représente l'intelligence... La foi doit donc entrer la première dans le tombeau, image de l'Écriture sainte, et l'intelligence entrer à sa suite... Pierre, qui représente aussi la pratique des vertus, voit par la puissance de la foi et de l'action le Fils de Dieu enfermé d'une manière inexprimable et merveilleuse dans les limites de la chair. Jean, lui, qui représente la plus haute contemplation de la vérité, admire le Verbe de Dieu, parfait en lui-même et infini dans son origine, c'est-à-dire dans son Père. Pierre, conduit par la révélation divine, regarde en même temps les choses éternelles et les choses de ce monde, unies dans le Christ. Jean contemple et annonce l'éternité du Verbe pour le faire connaître aux âmes croyantes Je dis donc que Jean est un aigle spirituel au vol rapide, qui voit Dieu ; je l'appelle théologien. Il domine toute la création visible et invisible, il va au-delà de toutes les facultés de l'intellect, et il entre divinisé en Dieu qui lui donne en partage sa propre vie divine." (1) 

(1) Jean Scot Érigène (?-v. 870), bénédictin irlandais, Homélie sur le prologue de l'évangile de Jean, §2 (trad. Jean expliqué, DDB 1985, p. 27 rev.), source Evangileauquotidien.org

25 décembre 2014

Il s'est fait chair...

Il s'est fait chair. Contempler la nativité, c'est prendre en compte, à la suite de Luc et Matthieu que la venue du Christ ne s'est pas faite en un jour, mais est le fruit d'un long processus qui vient de l'origine et se dévoile progressivement, selon le plan de Dieu, jusqu'à la "prise de chair" du Verbe.

Si, comme le dit saint Augustin, c'est par "le cœur seul qu'on voit le Verbe" il nous faut aussi passer par la chair. C'est pourquoi l'évêque d'Hippone ajoute "tandis que la chair est vue aussi par les yeux. C'est la chair qui nous permettait de voir le Verbe. Le Verbe s'est fait chair, une chair que nous puissions voir, afin que soit guéri en nous ce qui pourrait voir le Verbe." (1)


Que faut-il guérir en nous ? Rien d'autre que nos aveuglements, ce qui obscurcit notre coeur de la contemplation du mystère. Dieu a tout donné, jusqu'à remettre dans le sein d'une Vierge, le fruit d'un long travail de révélation. Abandon du père, kénose, dira Balthasar.

(1) Saint Augustin, commentaire de la première lettre de saint Jean



23 décembre 2014

Miracle - suite


L'analyse de Meier est pertinente quand il établit une opposition entre le type idéal du miracle et celui de la magie. Dans le deuxième cas, on a affaire à une utilisation du nom de Dieu à son profit, jusqu'à oser dire : "A cause de ton nom que je possède, donne moi la santé, (...) les biens en abondance" (2)
A l'inverse les miracles de Jésus s'en repose à la volonté de Dieu et sont signes pour le royaume.

(1)‎ p. 420ss
(2) PGM XIII 760-821"


18 décembre 2014

Croyons nous au Miracle ?

‎L'introduction du chapitre XVII du tome 2 d'un certain juif Jésus nous plonge dans un dilemne qui agite tout chrétien "raisonnant" depuis les Lumières. Son aparté(1) nous met au coeur de la question qui sépare :
- un Bultmann " universitaire" et septique qui refuse toute idée de miracle
- et 82 % des américains(2) qui osent encore y croire.

Et nous, de quel côté sommes-nous ?

La question méritait d'être posée. Je vous laisse y répondre, elle interpelle en effet l'idée même de la toute-puissance de Dieu. Varillon contournait le problème en parlant de la toute-puissance de l'amour. Il n'avait peut-être pas tort.

Meier nous conduit sur une voie plus ardue, celle de s'interroger sur le sens même du miracle. Pour quoi, à qui sert-il, est-il crédible ? Un chemin qui laisse probablement des traces en nous, mais peut aussi nous conduire à l'essentiel.



(1) Op. Cit. Tome 2, p. 400
(2) institut Gallup, 1989

16 décembre 2014

La face du Père, Adrienne von Speyr - 2 - Marie et la kénose du Père.

On contemple souvent Marie sous l'angle de l'humanité et nous émerveillons non sans fondement sur son "Fiat" ("qu'il me soit fait selon sa parole")
Je trouve dans "La face du Père" d'Adrienne von Speyr un autre point de vue complémentaire,  celui du Père, qui en confiant son Fils au sein d'une Vierge, amorce le mouvement même de la kénose (1).
Quel pari fou sur l'homme. N'est-on pas déjà dans le mouvement même de l'abandon et de l'agenouillement de Dieu.
Cette contemplation n'est pas sans rejoindre ce que j'ai écrit,  à la suite d'Emmanuel Durand (2) sur la Danse Trinitaire (3). Elle entre en résonance avec ce qu'écrivait Hans Urs von Balthasar sur la kénose du Père  : "Il a tout donné"

(1) La face du Père, Editions Lethielleux, 1984, p. 56
(2) La circumincession des personnes divines, Cerf.
(3) repris in A genoux devant l'homme

13 décembre 2014

Serviteur de l'homme - Un nouvel essai

Je l'ai annoncé et en ai distillé quelques extraits dans ce blogue sous le titre de "Christ serviteur". La première édition du livre vient de paraître en version papier sur Amazon à prix coûtant et sous forme d'epub en version gratuite sous ce lien.

"Serviteur de l'homme" est la suite d'une série de "Lectures pastorales" qui a commencé par la publication de mes lectures de Marc, mais surtout de Jean (A genoux devant l'homme), de Luc (Chemins de Miséricorde), puis des Actes des Apôtres (Chemins d'Eglise).
"Serviteur de l'homme" reprend Chemins d'Eglise (inclus dans ce nouveau recueil) et le complète par :
- Une lecture chronologique des lettres attribuées à Paul
- Une longue annexe sur l'humilité du Christ (Kénose) et sur son invitation au service (Diaconie)

Extrait : Serviteur ou ami ?

Selon John P. Meier , la version originelle du Notre Père en araméen devait commencer par « abba », qu'il traduit par "notre père chéri". Même si la notion de père est parfois difficile à porter pour certains enfants de nos générations blessées, on peut contempler le Christ appeler son Père ainsi et nous inviter à faire de même. En soi, cette invitation dit beaucoup de la relation intra-trinitaire.
Plus encore, alors que Meier souligne le contraste saisissant entre cette appellation familiale et l'idée de royaume qui suit dans les deux versets suivants de la prière de Jésus, notre contemplation d'un Christ serviteur peut nous conduire à une autre voie.
N’y a-t-il pas, en effet, un biais à étudier, celui du serviteur qui devient fils ou ami ? On a là en effet une tension qui s'ouvre entre distance et proximité, entre puissance et faiblesse, volonté et renoncement.
C'est peut-être dans ce sens que le texte de Jean 15 est à méditer : « Je ne vous appelle plus serviteur (doulos), car le serviteur ne sait point ce que fait son maître, mais je vous appelle amis (philios), parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de votre Père ». (Jn 15,15).


Saint Paul note une progression similaire dans le chapitre 4 de Galates, avec l’utilisation plus forte de « fils » : « 1 Aussi longtemps que l'héritier est enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, quoiqu'il soit le maître de tout; (...) 3 De même, nous aussi, quand nous étions enfants, nous étions sous l'esclavage des rudiments du monde. 4 Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils (...) 5 pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l'adoption. 6 Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! 7 Ainsi tu n'es plus esclave, tu es fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu. ».

Nous avons noté déjà, dans notre étude des lettres de Paul que la reprise au verset 6 de Galates de la notion de Père, dans la langue araméenne (Abba) implique que notre humilité de serviteur laisse advenir en nous ce qui est plus grand que nous et dont nous ne sommes que le temple (1 Co 6, 19). Notre liberté, c’est d’accueillir en nous l’Esprit, de faire en nous sa demeure et d’entrer ainsi dans sa danse.

NB : Photos de couverture :
1. La poutre de gloire de l'Eglise de Dampierre sur Avre
2. Eglise de Saint Lubin de Cravant dans l'Eure et Loir




Ce Jésus qui se cache...

Dans la même lancée que le post précédent, en ce temps de l'Avent, nous pouvons chercher les traces du Jésus humble (kénotique) qui se cache derrière les métaphores. C'est ce que souligne Meier :  "Il persiste à se cacher derrière le voile de référence indirectes et de métaphores. En Mc 3,27, il fait allusion à  lui-même sous l'image étrange d'un voleur. Devant les envoyés de Jean, il parle des miracles de la fin des temps sans jamais prononcer le "je" Mt 1, 26". (1)
Qui est-il si ce n'est un Dieu qui se cache, pour qu'en cherchant à le trouver explose en nous la vérité de l'amour ?
‎Qui est il si ce n'est l'humble serviteur, pour qu'à la suite du centurion nous puissions dire, vraiment celui-ci était le fils de Dieu ?

(1) John P. Meier, op. cit. tome 2, p. 380

Voir Dieu - Le rêve des prophètes.

L'Avent nous permet de faire le long chemin des prophètes. Je retombe sur un livre commencé de A. von Speyr, qui a de très belles phrases sur ce temps de l'Avent : "Il entend la voix de Dieu", dit-elle (1), "il a maintenant une oreille pour la percevoir (...) l'obscure captivité de ce monde est suspendue (...) il est entré dans le monde de Dieu, avec des sens qui peuvent le saisir. (...) Il se voit soudainement tout entier transporté dans une nouvelle existence (...) il découvre
tout d'un coup le sens du nom de "Père". Plus loin (2) elle précise qu'il est "affaibli, aveuglé, chancelant". Il est pris de "tremblement".  "Il se sent comme un jeune garçon devant son père, il guette sa parole, la comprend jusqu'à un certain point, mais la cohérence et les motifs lui de ce que fait le Père lui restent voilés." (...) il obéit (...) avec une obéissance qui fait voler sa vie en éclats et la recompose de façon neuve selon un plan pour lui intelligible (...) il est dépouillé de lui-même, car Dieu l'a tellement associé à la sphère de sa volonté (...) qu'il exécute".

C'est sous cet angle que l'on peut contempler le texte de Matthieu 11,11-15 "En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : " Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.
Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s'en emparer.
Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu'à Jean.
Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c'est lui.
Celui qui a des oreilles, qu'il entende !"

 Saint Augustin dira à ce sujet : "Jusqu'à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d'annoncer l'avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l'annonce de plus près.  Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l'accomplissement de ce qu'ils discernaient déjà dans cet avenir dont l'Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu » (Mt 13,17). C'est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu'il était « plus que prophète » et qu'« aucun des enfants des femmes ne l'a surpassé » (Mt 11,9-11).       En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d'annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l'annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C'est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l'annonce du Christ qui vient, mais à l'extrême limite de l'attente. Jusqu'à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame." (3)

Voir Dieu... Dans la deuxième partie de l'Amphore et le fleuve, j'ai donné une longue analyse du texte d'Exode 33 et 34 où je décris le désir de Moïse de voir sa face et la façon dont Dieu lui répond. C'est dans cet axe Moïse, Elie, Isaïe, ..., Jean, Jésus que nous pouvons entrer, à l'aube de Noël. C'est notre chemin de l'Avent.

(1) Adrienne von Speyr, La face du Père, P. Letheilleux,1984 p. 47
(2) ibid. p. 49ss
(3) Saint Augustin, Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87 (trad. Bibliothèque augustinienne,  DDB 1986, vol. 30, p. 341), source : Evangile au quotidien