Pour Balthasar, Marie est dans une position dramatique entre les deux testaments. En elle, le Christ rejette la chair et le sang ("qui ne peuvent hériter du royaume de Dieu" (1 Co 15,50) mais "en humiliant ainsi toujours plus profondément sa mère, Jésus la prend, inconnaissable aux autres, toujours plus profondément dans sa propre humiliation, qui le mène à n'être plus sur la croix que "chair et sang" nus. (...) Toute la figure de Marie est tellement conçue d'une manière intra-biblique et intertestamentaire que sa conception virginale doit tout à fait être vue dans le parallélisme qui surenchérit à l'égard des naissances merveilleuses d'enfants que mettent au monde des femmes de l'Ancien Testament."
Pour moi cependant, cela reste accessoire par rapport au message et par rapport à cette possible médiation d'une femme bénie entre toutes les femmes, qui ne peut en rien être comparée à l'unique médiateur, mais dont la conduite à la fois simple et archétypique, s'est révèlée pleinement au pied de la croix. Stabat mater dolorosa. Elle se tenait debout, la mère des douleurs. Et cette compassion est déjà pour nous chemin et signe indépassabe.
Cela permet de comprendre d'une certaine manière, cette nécesssaire double polarité qu'évoque Balthasar (287) entre une sainteté mariale et subjective et celle pétrinienne et objective. On est au coeur de la dramatique interne, insoluble en vertu de laquelle Marie prend part structurellement en tant que prolongement (plénitude, corps) et partenaire (épouse du Christ) à sa mission rédemptrice.
Peut-on aller jusqu'à justifier le sacerdoce masculin comme cete garantie objective de l'homme dans une dualité ou la part subjective est tenue par la femme ?
(1) d'après Dramatique Divine, II-2, Urs von Balthasar, ibid p. 264-5
(2) ibid p. 287
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