27 juillet 2015

Accent rahnérien

En citant Paul et cette "lumière de Dieu qui brille en nos coeurs" (2 Cor 4, 6), Hans Urs von Balthasar nous précise que la foi chrétienne est "le témoignage de Dieu en nous qui ne peut ‎être comprise que comme réponse à cette auto-attestation interne, intime de Dieu s'ouvrant et se donnant dans ses mystères intimes" (1)

En dépit des différences qui séparent les deux théologiens on ne peut pas dire que cet extrait ne rejoint pas l'intuition de Rahner.


Mais ce serait faire trop crédit au théologien allemand puisque Urs von Balthasar montre que l'on trouve cette notion déjà chez Augustin, Bernard et Thomas d'Aquin. Elle trouve pour lui sa source dans la philosophie de l'antiquité tardive chez Philon, Plotin et Denys (p. 134). Albert le Grand parlait déjà d'une certitude secundum pietatem qui nous ouvre les yeux à la volonté première. Thomas et Eckhart parle ainsi de l'introduction "par grâce de la créature dans l'acte de génération et de naissance trinitaire (...) et de prépondérance entitative de Dieu dans le cœur et l'esprit de l'homme. (...) Ce n'est pas nous qui exigeons la grâce en fonction de notre dynamisme, c'est elle qui nous appelle et nous désapproprie". (2)

Nous retrouvons à la foi ici une idée qui s'approche de ce que nous voulons signifier par la danse trinitaire, mais aussi nos commentaires sur le décentrement et l'effacement (cf. tags). Plus haut Balthasar citait d'ailleurs Jaspers et sa "foi philosophique", cet acte qui ne gagne tout qu'en abandonnant tout. (ibid p. 134)

(1) Hans Urs von Balthasar ,La Gloire et la Croix, GC1 op. Cit p. 131-132
(2) ibid. p. 136


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