Peut-on prendre le risque d'ignorer l'économie du salut ? demande en substance Joseph Moingt. "Est-ce que l'amour de Dieu pour les hommes ne serait donc pas constitutif de son éternité, ni son inspiration à être "tout en tout", l'épreuve et la sortie de la mort serait exclu de l'éternité de Jésus, de le devenir homme du Verbe, exclu de l'amour éternel que lui porte le Père, et l'Esprit de Dieu, que nous ne connaissons que par sa venue en nous, serait-il soudain privé de toute raison d'être ? Comment s'étonner que les hommes de notre temps ne soit plus intéressé par la foi en Dieu si la théologie ne peux pas les assurer que Dieu s'intéresse à eux de toute éternité ? Prenons garde, en effet, que la seule nouveauté révélée au monde par la Bonne Nouvelle qu'est l'Évangile, c'est que Dieu nous aime : « Nous », pas seulement le peuple de Dieu que le judaïsme avait conscience d'être, puis que le christianisme a prétendu être rénové en lui, mais tous les hommes, juste et pécheurs, croyants et incroyants, à l'exemple de tous les gens si divers que Jésus entraînait à sa suite ou appelait à le suivre". (1)
Dieu serait-il incapable de nous communiquer sa vérité parce que sa toute-puissance serait impuissante à sortir de soi ? Dieu est-il un mouvement immobile ?
Les contraintes de la philosophie ne peuvent enserrer le mystère de la Révélation. La dimension immanente ne se révèle pour moi que parce que Christ nous conduit au Père dans et par son humanité.
Tout schéma qui n'intègre pas cela risque de rester une vision détachée du coeur de l'Evangile. Dieu n'est pas impassible. Depuis Exode 3 ou Osée nous savons qu'il pleure, à sa manière sur l'homme, que ses entrailles maternelles sont bouleversées par le mal et que la mort du Fils est le dernier ou le premier cri d'un Dieu crucifié.
Le Dieu impassible est un dieu stérilisé (ou cléricalisé). Il n'est pas le Dieu qui s'agenouille devant Judas.
(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 156sq
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