07 juillet 2021

Danse ou lutte de Jacob ?

Le texte d’hier est une belle source de méditation.  Selon Paul Beauchamp les deux rencontres, celles de Dieu et celle d’Esaü, sont liées. Jacob lutte pour franchir le torrent, mais cette lutte symbolique face « aux forces qui dépassent l'homme » reste énigmatique et pleine de sens. Car la force de l'adversaire est sans limites. 


Qui était l'adversaire ? écrit Beauchamp, homme ou Dieu‍ ? Le Targum considère que c’est un ange : « Laisse-moi aller, dit-il, car le moment est arrivé pour les anges d’aller célébrer ; et c’est moi le chef de ceux qui célèbrent »

Quelle que soit la nature de cet opposant, Beauchamp considère que l’on peut inférer de sa réponse, que tout ce qui s'était joué jusqu'ici avec les hommes, audace ou ruse, se jouait ici avec Dieu. 


Comme le souligne F. Garcia, l’homme/ange sans nom symbolise chacun des personnages contre qui Jacob a lutté (Esaü, Isaac, Laban). Celui qui apparaît comme un homme au début du récit se révèle en finale être « Dieu ».


Et cela préfigure le destin d’Israël, mais aussi de tout homme. 

(…)


Est-ce à dire que, dans une démarche de pardon, il nous faut franchir le pas de la lutte intérieure contre notre désir ?

Trouver dans l’isolement le temps d’un décentrement véritable. Le franchissement est une étape. Beaucoup de textes présentent le franchissement d’un fleuve (Jos 3,…) ou de la mer (Ex 14) comme un rite initiatique. À nous de repérer puis de traverser cet obstacle. Les chrétiens ont donné plus de sens à ce type de franchissement, à la suite de la plongée du Christ dans le Jourdain, en instituant le sacrement du baptême. Un baptême qui nous fait traverser la mort pour naître d’une vie nouvelle. Un franchissement que nous sommes appelés à renouveler, à actualiser, face aux reculs de la vie.


Mais la cristallisation chrétienne sur un sacrement ne doit pas occulter les autres obstacles qui nous empêchent d’aimer, nos adhérences.

La lutte de Jacob prend alors une “ne doit pas occulter les autres obstacles qui nous empêchent d’aimer, nos adhérences.

La lutte de Jacob prend alors un sens plus vaste. Elle symbolise nos combats entre ce qui mène à la vie et ce qui mène à la mort. Ce combat se rejoue à chacune de nos rencontres, dans notre capacité à croiser un frère, à dépasser nos désirs de victoire et de pouvoir sur l’autre. Le passage du fleuve signe la mort de notre désir tout puissant et l’ouverture d’un dialogue. Et la blessure reçue n’est pas qu’une marque qui fait souffrir, elle peut être aussi lieu de progression et de

discernement. Dans ce combat, le pardon donné au frère prend une place privilégiée. Alors le fruit de ces rencontres surmontées peut être chemin vers la rencontre de Dieu.


A méditer

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