27 novembre 2013

Evangelii Gaudium - II - Sur la lectio

Deux pépites en lien avec nos essais de lectio divina...


§ 264 "La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend, et nous séduit chaque fois. Donc, il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres."

§ 266 : "On ne peut persévérer dans une évangélisation fervente, si on n’est pas convaincu, en vertu de sa propre expérience, qu’avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, que marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, que pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose que pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne."

Source : Pape François, Evangelii-Gaudium, voir lien post précédent.



26 novembre 2013

Evangelii gaudium, premier commentaire...


L'exhortation du pape François est en ligne

Que du bonheur... Et en plus, son écrit est lisible.
Un texte qui ne dénote pas avec les ouvrages déjà commenté sur ce blog.
On notera les mentions fréquentes des écrits des conférences locales et des pages centrale sur une pastorale qui nous pousse à "sortir"... sans compter l'invitation à sentir "l'odeur des brebis." §24
A lire jusqu'au bout, en particulier ce qui fait sa spécificité "l'option préférentielle pour les pauvres". §197ss.

En tant qu'apprenti théologien, j'apprécie la pique : "Engagée dans l’évangélisation, l’Église apprécie et encourage le charisme des théologiens et leur effort dans la recherche théologique qui promeut le dialogue avec le monde de la culture et de la science. Je fais appel aux théologiens afin qu’ils accomplissent ce service comme faisant partie de la mission salvifique de l’Église. Mais il est nécessaire, qu’à cette fin, ils aient à cœur la finalité évangélisatrice de l’Église et de la théologie elle-même, et qu’ils ne se contentent pas d’une théologie de bureau." § 133

13 novembre 2013

Selon saint Luc - Déjà 5 chapitres

Le projet continu... Et comme toujours, la Parole conduit à des déplacements.
A consommer sans modération :

18 octobre 2013

Homosexuels catholiques

Je viens de terminer la lecture d'Homosexuels Catholiques, sortir de l'impasse, aux Editions de l'Atelier, de Claude Besson.
Un livre dont je ne peux que recommander la lecture. Plein de sagesse pastorale, il invite à s'interroger en profondeur sur la souffrance des personnes, leur tiraillement intérieur. Il présente une recherche argumentée qui d'une certaine manière est pastoralement plus riche et plus actuel que les ouvrages de Xavier Thévenot (même si la lecture de ce dernier, et en particulier de sa thèse vaut le détour).
Claude Besson nous donne des pistes pour avancer, sans jugement, dans une situation qui a été trop explosive et souvent peu respectueuse de la complexité du sujet.
A l'heure où notre pape appelle à regarder la personne avant ses actes, il y a là un chemin pratique pour tous.

PS : Ce livre est un pendant à mes propres recherches sur le sujet, un petit roman "pastoral", qui fait suite au "vieil homme et la perle", récemment publié sous le titre : "Le désir brisé" chez Amazon.


Mise à jour du 24 Juin :
A noter aussi la parution du texte de l'instrumentum laboris qui reprend certains soucis pastoraux sur ce sujet.

17 octobre 2013

Le vieil homme et la perle - Accueil des divorcés remariés

Comment aborder sereinement la question du remariage dans l’Église ? Plusieurs amis paroissiens m'ont demandé comment je pouvais leur répondre. Auteur de plusieurs livres sur le mariage, je ne pouvais esquiver de m'intéresser à la question. J'ai choisi d'articuler cette réponse sous forme de roman. Le vieil homme et la perle est d'abord le récit romancé de ces vieux prêtres qui m'ont fait aimer l’Église. En les mettant en scène dans un roman, en leur faisant aborder la situation de l'accueil d'un couple de divorcés dans une paroisse parisienne, je cherche à traduire, de manière pratique et accessible, les débats actuels sur le sujet. Je repars notamment de la "disputatio" qui en son temps avait tracé une ligne pastorale dans l’Église, entre les cardinaux Kasper et Ratzinger. Ce débat illustre bien deux directions et deux approches, entre celle qui veut protéger le sens de l'indissolubilité du mariage et celui qui traduit la miséricorde de Dieu pour tout homme. Le vieil homme et la perle, en racontant les discussions entre prêtres et paroissiens sur ce thème, cherche à articuler des éléments de réponse sur un sujet qui reste complexe...

Post publié à l'origine en novembre 2012
NB : Dernière mise à jour du 15/3/2014
Le sujet continue de diviser notre Eglise. Espérons qu'un compromis soit accessible.

14 août 2013

Lectio Divina

Après plusieurs lectures cursives de Jean (cf. http://selonsaintjean.blogspot.fr) j'initie une lecture cursive de Luc à laquelle vous pouvez participer par vos commentaires (ouverts mais modérés). La lecture cursive d'un évangile est toujours une aventure spirituelle particulière. Elle nous décentre et permet un retour au coeur de notre foi.
Principaux posts :
- Pourquoi une lecture cursive de Luc
- Bibliographie
- Premiers versets commentés

12 juillet 2013

Pourquoi j'ai mal - III


Après un an de travaux, je vous informe de la publication de mon petit travail sur la souffrance que vous trouverez sous le titre " Quelle espérance pour l'homme souffrant ? Approches pastorales de la souffrance " chez Createspace/Amazon. Ce texte très théologique a été rédigé dans la lignée ou parallèlement aux trois romans suivant, qui constituent de ce fait un complément "pratique" à cette approche théorique et difficile de la souffrance :
  •  Le collier de Blanche (rédigé de 2009 à 2011 est un roman historique qui nous plonge dans l'histoire d'une famille en Normandie pendant la guerre de cent ans)
  • - La barque de Solwenn (publié fin 2012 est l'histoire d'une famille de pêcheurs à la fin du XIX° siècle)
  • - Le désir brisé (est une petite nouvelle "pastorale", histoire d'un jeune prêtre contemporain à l'écoute de personnes en souffrance : veuvage, homosexualité, deuil, mort d'un enfant). 

  • Ces trois approches très différentes nous permettent de percevoir, au delà des questions posées par la peine, qu'elles peuvent être les moyens de sortir de l'abîme et envisager des chemins de vie et d'espérance.
    Ces quatre livres constituent un ensemble cohérent avec la pensée et les recherches de l'auteur, dans l'accompagnement et la prise de distance, sur un sujet qui reste délicat.
    Ici, la question de la place et de l'existence de Dieu est questionnée, remise en cause, jusqu'à percevoir les solutions esquissées par les nouvelles avancées d'une réflexion sur l'humilité et la souffrance de Dieu (à la suite des réflexions de Varillon, Balhasar, Moltmann, Metz, Gutierrez et Moingt)...

    07 juin 2013

    Je t'ai aimé bien tard

    Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas, si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi. 
    Saint Augustin, Confessions

    29 mai 2013

    Pénètre mon âme...

    "Tu es la vie de mon âme ; pénètre donc en elle, modèle-la à ton image, qu'elle soit sans tache ni ride pour que tu l'habites et la possèdes entièrement. Telle est mon espérance, voilà pourquoi je parle, et cette espérance fait ma joie, quand ma joie est saine. Quant aux autres biens de cette vie, plus on les pleure, moins ils méritent d'être pleurés ; moins on pleure sur eux, plus ils méritent d'être pleurés."
    Saint Augustin,  Confessions

    09 mai 2013

    La mulotière, retour en 1942

    Avis de publication... Vous le savez, en dehors de mes études théologiques, l'écriture des romans restent une passion. Ci-joint un extrait de la dernière nouvelle publiée chez Lulu et Amazon. "Des enfants, portant des habits de la ville et tous marqués d’une tache jaune qui ressemblaient à une étoile, descendirent des camions en silence, sous la conduite de deux prêtres en soutane. Bientôt les deux camions firent demi-tour et disparurent. Ce qui nous surprit le plus, ce fut le silence de ces enfants. Au lieu des rires joyeux, on sentait qu’un drame pesait sur eux, et les oppressait. Dans les bras d’une jeune fille, un bébé pleurait." Il y a des rencontres qui s'écrivent en lettres de feu dans notre mémoire. Rien ne peut les effacer. Au cœur d'un drame contemporain, un homme se souvient de la Mulotière, le moulin de son enfance. Entre un passé oublié et son présent, des liens se font et interpellent sa vie. "La Mulotière " est une nouvelle qui nous replonge dans l'histoire d'une Vallée perdue.... Une autre histoire en vallée d’Avre

    16 avril 2013

    De la douceur !

    Il nous faut, comme le souligne certains, y compris Mgr Poitevin ce matin sur RND, relire la lettre de Pierre Mendes France : « Il n’y a des choses qu’une majorité fragile ne peut imposer à une minorité ardente. La majorité doit toujours éviter de procéder par violence. Des hommes d’Etat dignes de ce nom doivent chercher le plus grand dénominateur commun ». Dans une lettre au responsable de la pastorale familiale de Buenos Aires, notre pape parlait aux ardents, sur le même sujet d'une nécessaire "douceur". op. cit. p. 79

    15 avril 2013

    Dieu dans la ville - 2

    Mea culpa. C'est d'ailleurs le véritable intérêt d'une lecture. Dans le post précédent, je parlais de tension entre distance et proximité, reprenant un concept cher à Jean Luc Marion (1), mais notre pape François nous appelle à aller plus loin, à marcher à la rencontre de la ville. Il critique ceux qui restent à distance (2), où se réfugie comme moi à cet instant même, dans la distance du virtuel. Il nous demande d'aller dans la ville, de sortir à la rencontre, comme le "Père miséricordieux qui sort chaque matin et chaque soir sur la terrasse de se demeure, guettant le retour du fils prodigue" (cf. Lc 15) et dès qu'il le voit" court à sa rencontre pour l'embrasser. A méditer. (1) Jean Luc Marion, L’idole et la distance,Poche, 2003 (2) Jorge Maria Bergoglio, Seul l'amour nous sauvera, Rome / Paris, librairie Vaticane, Parole et silence, 2013, p. 31

    14 avril 2013

    Dieu dans la ville

    "La foi nous enseigne que Dieu est présent dans la ville (...). Les ombres (...) ne peuvent nous empêcher de chercher et de contempler le Dieu de la vie jusque dans les milieux urbains." (1). A propos de ce texte, notre nouveau pape François,  nous invite, "pour voir la réalité (...) à avoir un regard de foi, un regard de croyant (...) à élargir l'espérance commune que nous partageons avec tous les habitants de notre ville, et (...) susciter une action commune conduite par la charité":. (2)

    Il rappelle à ce sujet la marche de l'Exode. Dans un étude exégètique d'Ex. 33, je soulignais que la tente de la rencontre n'était pas dans le campement, mais à l'écart. (3). Il y a là une invitation à une tension entre proximité de la ville et transcendance, qui pour moi ne contredit pas la citation mais la complète. Nous avons à rester écartelé entre proximité et vie spirituelle. Ne pas se contenter d'être une ONG humanitaire, mais nous dit encore le pape dans sa première  homélie,  "confesser Jésus-Christ". (4)

    (1) Aparecida, n○ 514, conférence des évêques latino-américains
    (2) Jorge Maria Bergoglio, Seul l'amour nous sauvera, Rome / Paris, librairie Vaticane, Parole et silence,  2013, p. 23 à 27
    (3) l'amphore et le fleuve
    (4) J-M Bergoglio, ibid p. 14

    15 mars 2013

    Habemus papam jesuitam : le pape François

    On ne peut que se réjouir, dans ce blog, des premiers gestes de notre pape François, de son humilité (je parlerais même de sa kénose). Les lecteurs de ce blog ont en effet souvent noté mon insistance sur l'abaissement, sur ce geste du Christ qui ne se met pas en avant, mais se penche vers l'homme, s'agenouille devant lui et devant le père. Ce pape penché à la fenêtre, devant Dieu et son peuple de Rome, est le signe que j'attendais d'un pape. Il va dans le sens d'une pastorale du seuil. C'est cette église que j'ai envie d'aimer.

    25 décembre 2012

    La barque de Solwenn - Pourquoi j'ai mal ? - II

    En septembre 2012, je lançais un avis de recherche sur la pastorale des souffrants. Ce travail de mémoire d'année de licence me conduit à un certain nombre de déplacements. La question du "pourquoi j'ai mal ?" me semble au coeur de l'actualité d'un monde souffrant, à la recherche d'un Dieu qui puisse aborder une réponse au scandale du mal être. Dans cette quête, et conformément à une habitude que j'ai développé depuis 2008, mon travail se nourrit d'une activité romanesque parallèle. C'est dans ce cadre qu'est paru, fin décembre, la barque de Solwenn tome 1. Un petit roman breton, situé à la fin du XIX° siècle qui explore le monde de la souffrance, dans une situation particulière : un petit village de pêcheur confronté à une vie rude, à une mer sans merci. Cette analyse d'une vie familiale simple, d'une fratrie qui se serre les coudes face à l'adversité, vient compléter mes autres recherches romanesques sur la souffrance comme Simon le vieux, les enfants de l'Avre et le Collier de Blanche. Issu il ne s'agit plus du terroir mais de la mer, dans ce qu'elle a de beau et de tragique. Une contemplation où l'amour et la mort se croise et se conjugue en un roman. Ce travail est suivi de deux tomes : - Maria la rousse - La souffrance d'Elena Le tout réuni dans un texte intégral qui gardera le titre original de la Barque de Solwenn. Mais nous en reparlerons.

    20 octobre 2012

    Je viens de finir la lecture des "deux pieds dans un bénitier" d'Anne Soupa et C. Pedotti... On ne peut plus l'éviter maintenant que Christine Pedotti a fait son coming out... et que Pietro de Paoli perd un peu de sa masculinité légendaire. Au fil de la lecture, si je retiens avec intérêt leur leitmotiv : "ni se taire, ni partir", je préfère, à la suite de mon propre chemin de relecture (cf. lien) qui m'a conduit chez Congar et Lubac, une version plus positive... Un "je veux hurler parfois, mais je cherche à aimer"... Certes notre église est pécheresse pardonnée... Certes elle faute parfois... Pourtant, les propos du livre manquent parfois de retenue. Je ne suis pas femme et donc la souffrance du mépris m'échappe peut-être. Il y a des analyses qui provoquent un déplacement. Il reste des choses que je n'aurais pas écrites et d'autres sur lequel je signe... Leur chemin ne laisse, en tout cas, pas indifférent...

    14 septembre 2012

    Pourquoi j'ai mal ? - Avis de recherche

    Depuis la nuit des temps, la question de la souffrance interpelle l'homme ? Cette question, il la pose aussi à Dieu, dès qu'il en perçoit la présence. La Bible nous fait état, à plusieurs reprises de cette question et les psaumes retentissent, souvent de ce cri. A la suite de l'exil, cette question de la souffrance et en particulier de la souffrance des justes, se cristallise dans le texte de Job. Il rebondit ensuite, plus tardivement, dans la question posée par la mort des martyrs d’Israël. Jésus se fait écho de cette question dans l'épisode de la tour de Siloë. Et l'explication qu'il donne, reste alors sous forme d'une aporie. Peut-être, parce qu'une seule réponse nous est offerte, celle de la Croix..., signe élevé pour le monde. Cette question fondamentale pour l'homme affleure dans toutes les rencontres avec les gens du seuil. Un des exemples les plus criants, m'a été rapporté par un jeune, l'année dernière, dans cette phrase : « Quand je vais bien, je regarde le ciel et je lui demande, qu'est-ce que tu vas m'envoyer encore, comme malheur ?»... Face à ce lien entre la peine et Dieu, nous sommes souvent démunis. Et pourtant, l’Église n'a cessé de tenter d'apporter une réponse à cette question. Elle y est parvenue avec plus ou moins de conviction et a peut-être manqué en tout cas de clarté dans sa réponse. Nous chercherons, chez des théologiens comme Moltmann et Balthasar, des clés d'interprétation. Peut-être que ce chemin nous conduira ailleurs, notamment sur la question de la déréliction, mise en avant par A. von Speyr. Une certitude : au delà des concepts, la traduction pastorale ne cessera d'être notre préoccupation... Parce que les mots de l’Église, ses références, ne parlent plus aux hommes d'aujourd'hui. Cet argumentaire trace en quelques mots, mes préoccupations de cette année à venir, puisque je vais y consacrer l'année, dans le cadre de ma dissertation de licence de théologie. Les suggestions de lecture sont les bienvenues...

    14 juin 2012

    L'ineffable

    Plus je cherche à dire Dieu, plus je trouve du sens à la position juive de l'imprononçable... YHWH... Le nom même ne devrait pas être prononcé. La lecture récente de Symbole et Sacrement (1) de Louis-Marie Chauvet m'incite notamment à cette distance sur l'être et l'ontologie.

    On y retrouve la difficulté de dire autre chose que ce qui se révèle en Jésus-Christ. Je comprends ce que dit mon ami Philippe Lestang sur "Le fait Jésus" (2), même si je reste un tout petit peu sur ma faim dans son livre (je ne dois pas être le public visé :-).

    Au fond du fond, la contemplation des rencontres du Christ dit plus sur Dieu que tous les manuels et, comme à Emmaüs, au moment où l'on pense le reconnaître, il s'échappe encore... Ineffable donc, impossible à décrire, à cadrer où enfermer, y compris dans un Tabernacle, sa présence est plus large que dans la seule eucharistie (cf Sacrosanctum Concilium § 7) et comme le disait Pierre Teilhard de Chardin (3), lorsque l'on communie, il nous échappe déjà, en dépit de tous nos désirs de le maintenir au sein même de notre "Temple" personnel. Peut-être parce qu'il n'est pas en l'homme mais "en" l'Eglise et pas "en" l'Eglise seulement, mais dans la danse d'un amour qui dépasse toutes les limites humaines... Peut-être aussi parce que son mode de manifestation, folie pour les sages, est plus dans l'humilité et la faiblesse...

    (1) Symbole et sacrement Une relecture sacramentelle de l'existence chrétienne Par Louis-Marie Chauvet, Février 1987 [2008, 2011]
    (2) Philippe Lestang, le fait Jésus, Actes Sud, 2012
    (3) Pierre Teilhard de Chardin, La custode...

    28 avril 2012

    Eglise et sacrements - I

    Depuis le concile de Latran IV et la définition du septénaire, l'Eglise s'attache, non sans raisons à son auto-limitation à sept sacrements. Ce choix qui se fonde en partie sur la tradition, n'exclue pas l'existence de ce que l'on appelle les sacramentaux, que peuvent être tout signe expressif au sein ou non d'une liturgie appropriée (prise de voeux, consécration, prière, lavement des pieds). Pour le lavement des pieds, les Pères de l'Eglise s'étaient même interrogés sur le fait que cela puisse être un autre sacrement avant de conclure que c'était de fait, toute l'Eglise qui devait vivre dans cette symbolique... Tout cela nous interpelle sur la place et le centre de ces sacrements dans nos vies. Louis-Marie Chauvet, note dans Symboles et sacrements, combien ces sacrements peuvent aussi constituer un goulet d'étranglement, hors de lequel toute vie ecclésiale semble limitée. Cette trop grande focalisation interpelle, aujourd'hui, ceux qui se sont exclus de certains sacrements et cette exclusion décidée par le Magistère est pour nous tous une question posée. Sommes-nous capables d'apprécier à leur juste mesure ce qui se joue ? Avons-nous pleinement conscience de l'enjeu des sacrements, de ce qu'ils disent des dons de Dieu ? La miséricorde divine se limite-t-elle à cela ? Sont-ils des lieux "liturgiques" où l'Eglise se rassemble et exprime, par ce biais, son désir de participer au corps du Christ ? Ceux qui sont exclus de certains sacrements sont-ils exclus du corps de l'Eglise ? Bref, y a-t-il une vie possible hors des sacrements ? Ces questions, je me les pose depuis quelques semaines, dans le cadre de ma formation à l'ICP. Cela fait naître en moi quelques travaux de recherche, dont le plus original est probablement celui-ci, que je vous laisse découvrir... Nous en reparlerons...

    16 février 2012

    Marions-nous ! Un sacré chemin

    Après une longue collaboration avec les Editions de l'atelier, E. Grieu, des équipes CPM, de la JOC et des prêtres de la Mission de France, j'ai la joie de vous annoncer la parution de Marions-nous ! un sacré chemin. Un guide pour ceux qui s'interrogent sur l'éventualité d'un mariage à l'Eglise... Ce guide de 96 pages est l'aboutissement d'un travail sur la pastorale du seuil, déjà longuement commenté dans ce blog.
    Pour en savoir plus...

    25 janvier 2012

    Où est l'Eglise ?

    En cette semaine de l'unité, on peut encore se poser la question de la réalité de ce que l'on appelle l'Église ...
    Notre point de vue catholique attache une (trop ?) grande importance à la tradition apostolique, c'est-à-dire à cette transmission depuis les apôtres de l'héritage par l'onction. L'argumentation se tient. Pourtant, l'affirmation fondamentale de Jean 3 : "le vent/l'Esprit souffle où il veut" vient toujours mettre en question toute tentative de récupération de l'icône du Christ. De fait, si l'on suit Moltmann, la sainteté de l'Église est eschatologique, ce qui sous entend qu'elle est déjà là mais surtout pas encore totalement visible. C'est dans cette direction qu'une vision plus large de l'unité dans la diversité reste possible et que personne, moi en premier, ne peut revendiquer être l'Église. Par contre, une communauté, rassemblée à la double table de l'écoute de la Parole et dans une charité humble et vivante, peut y tendre. Cf. également sur ce point, ma version remise à jour de "Cette Eglise que je cherche à aimer"...

    06 janvier 2012

    A genoux devant l'homme - l'humilité de Dieu...

    J'arrive au bout de mes travaux annoncés plus bas : " A partir d'une méditation cursive sur l'Évangile selon saint Jean, et tout particulièrement les gestes de Jésus devant l'homme, jusqu'au lavement des pieds, ouvrir une tension entre cet agenouillement devant l'homme, ce ""j'ai soif" de toi" et la réalisation que le message que l'on porte nous dépasse, nous porte et rayonne au delà de cet agenouillement. Voir que dans ces attitudes se révèle que l'humilité de Dieu est le coeur du mystère. Une première version du livre, "A genoux devant l'homme" est en ligne. Cela a été pour moi l'occasion de redécouvrir le texte de F. Varillon, L'humilité de Dieu qui gagne à être connu (il faut passer les premières pages un peu difficiles)... J'ai aussi intégré une découverte, "La tradition kénotique dans la théologie britannique", de David Brown, qui retrace l'histoire de la kénose depuis les kénoticiens allemands et Godet jusqu'aux apports écossais, irlandais et anglicans. Un travail majeur. On y rejoint aussi Boulgakof et une valeur sure : Hans Urs von Balthasar, que les lecteurs assidus de ce blog doivent connaître, depuis ma publication de "Retire tes sandales".
    Le résultat de ce travail est un livre que je trouve maintenant construit, volontairement facile d'accès. Une approche innovante sur l'humilité de Dieu qui allie une recherche exgétique, ecclésiologique, théologique et bien sûr pastorale... Ce livre inclut plusieurs de mes travaux précédents (oui je n'arrête pas de chercher dans cette direction...), qui sont revus et allégés :

    10 décembre 2011

    La souffrance de Dieu - 1

    Sous ce titre, on trouve un cours essai de Varillon sur un thème difficile et décrié qui donne pour certains une vision trop humaine et donc réductrice de Dieu. Cela mérite pourtant un détour. Qu'en dit Varillon ? : "Le paradoxe d'un Dieu humble est apparu violent à plus d'un. Voici que celui d'un Dieu qui souffre l'est davantage encore. Est-il vrai que la souffrance, comme l'humilité, est au coeur de la Gloire ? (...) si Dieu souffre, ce ne peut être d'une émotion vague, en quelque sorte marginale, ou qui effleure sans étreindre. Rien n'est accidentel en Dieu. Si Dieu souffre, sa souffrance a la même dimension que son être et que sa joie. Dimension sans dimension. Sans limite. Infinie. (...). Comment croire que Dieu est Amour, s'il faut penser que notre souffrance ne l'atteint pas dans son être éternel ? Quand je pleure ou me dégrade, est-il "marbre absolu "? Si les gens savaient... que Dieu "souffre" avec nous et beaucoup plus que nous de tout le mal qui ravage la terre, bien des choses changeraient sans doute, et bien des âmes seraient libérées" * * Source : LA SOUFFRANCE DE DIEU, François VARILLON, Le Centurion Octobre 1975

    29 octobre 2011

    A genou devant l'homme

    Je travaille actuellement sur l'humilité... Un sujet aussi vaste que difficile...
    La pointe de mon texte pourrait être cela : A partir d'une méditation cursive sur l'Évangile selon saint Jean, et tout particulièrement les gestes de Jésus devant l'homme, jusqu'au lavement des pieds, ouvrir une tension entre cet agenouillement devant l'homme, ce ""j'ai soif" de toi" (cf. "le dernier pont") et la réalisation que le message que l'on porte nous dépasse, nous porte et rayonne au delà de cet agenouillement. Ce serait peut-être ce que je cherche à tracer depuis longtemps, au travers de mes réflexions sur la "Pastorale du Seuil" et mes contemplations dans l'"Amphore et le fleuve"... Une difficulté demeure... Comment écrire et conserver un soupçon d'humilité... Un écueil qui guette chacun et auquel je n'échappe pas...

    24 octobre 2011

    Doctrine sociale de l'Eglise

    Le Ceras vient de compléter la mise en ligne de la "Doctrine sociale de l'Église ". Plus qu'un simple recueil de tous les textes publiés par le magistère, on y trouve commentaires, contextualisations et annotations. On appréciera aussi son index thématique et les multiples liens dynamiques qui améliore la lecture. Une source complète sur le discours de l'Église catholique sur la société. A ne pas manquer.

    Passion pour l'Avre

    Les lecteurs fidèles de mes romans noteront la création d'un petit site en complément de ces livres : Passion en vallée d'Avre Il recense quelques images, vidéos, bonus qui complètent mes essais en écriture. J'en profite pour vous signaler la mise en ligne de "Simon le vieux" qui vient compléter "Les enfants de l'Avre". Les deux romans historiques qui couvrent la période de 1350 à 1450 sont réunis aussi dans un même recueil : "Le collier de blanche - Drames en vallée d'Avre". Simon le vieux retrace la vie d'un jeune homme en 1350. Confronté à une période dramatique (Peste, Guerre de cent ans, divisions sur une terre frontière avec la Normandie), le héros voit sa foi basculer. Quels sont ses écueils, ses cris ? Ce n'est qu'à travers la rencontre d'une femme, puis de moines, que sa confiance en Dieu va reprendre vie. Cette théodicée nous replonge dans l'histoire. On y croise notamment l'histoire du Bec Hellouin, qui après la période de gloire d'Herluin, de Lanfranc et d'Anselme, subie aussi les affres de la guerre. A partir de ma passion pour la vallée d'Avre, un nouvel essai romanesque.

    30 juin 2011

    Léa (texte intégral)

    Une nouvelle version de Léa est en ligne.
    Elle intègre des travaux de recherche sur la préparation au mariage...
    Mais oui, vous ne rêvez pas. Mette en roman une séance de préparation au mariage s'est avéré pour moi un exercice intéressant, car il permettait de mettre en pratique des idées théoriques. L'interaction entre des personnages de roman et le projet de guide que je suis en train de travailler pour un éditeur catholique m'a permis de détecter les lourdeurs du projet.
    Selon mes premiers lecteurs, Léa est pour tous les couples, une bonne initiation à la préparation de son mariage ou une bonne révision, pour ceux qui ont déjà franchis le pas...
    De fait, cela devient plus qu'un roman. Une initiative intéressante de pastorale de l'engendrement ?
    A travailler.

    25 juin 2011

    La crise catholique

    Je viens de finir la Crise catholique de Denis Pelletier*. Un ouvrage qui vous plonge au cœur de la France en 1968. Pour moi qui ne l'ai connu que de loin, un éclairage intéressant sur l'évolution de notre Église au cœur de la tourmente... Une bonne explication pour certains traits de l'Église actuelle. On ne refait pas l'histoire, mais on apprend et on comprend...

    * Religion, société, politique en France (1965-1978) Paris, Payot, 2002

    07 mai 2011

    Conversion sur l'Eglise


    Après "Cette Église que je cherche à aimer", je continue ma méditation sur l'Eglise*, depuis l'oeuvre de Küng (l'Église), J. Moltmann (L'Église dans la force de l'Esprit) et Y. Congar (Mysterium Salutis, Tome 15, L'Église, Une, Sainte Catholique et Apostolique)...
    Quelques notes en chemin :

    Comment concevoir la sainteté de l'Église, comment accepter son rôle dans le monde, comment prendre conscience de l'importance de sa vocation apostolique ? Il y a peut-être dans la méditation des 4 notes** de l'Église, une clé d'accès qui n'apparaît pas si l'on s'attarde sur l'un des attributs séparés. Si l'Église est sainte, cela n'est pas dans le visible, ni dans l'invisible non plus, mais dans le mouvement perpétuel, dans une tension continue qui passe par sa kénose, par son humilité, par sa capacité à se mettre au service de l'unité, à trouver dans sa Tradition "apostolique" les ressources d'un renouveau, d'une perpétuelle remise en cause, d'une constante vigilance qui font que son rayonnement n'est pas "triomphaliste" mais voilé, discret et pourtant transcendant. L'Église rayonne de la kénose trinitaire. Elle n'est pas l'instrument de la gloire mais le signe discret et progressif d'une dynamique où le Christ et l'Esprit prépare par et au delà de l'Église le dévoilement final. Le royaume n'est qu'au bout du voyage...

    * Ces réflexions sont intégrées dans la nouvelle édition
    ** J'ai découvert que l'on parlait de notes pour les 4 affirmations sur l'Église : Une, Sainte Catholique et Apostolique

    10 mars 2011

    La Confession de Castel Gondolfo

    Il n'est jamais trop tard. Après des années de lecture "sérieuse", je m'octroie une pause pour dévorer l'oeuvre de Pietro de Paoli. Après 38 ans curé de campagne et Dans la peau d'un évêque, que j'ai particulièrement apprécié, je viens de terminer La confession de Castel Gondolfo (*). Hasard du calendrier, je viens d'achever un devoir d'ecclésiologie sur "la sainteté de l'Eglise" chez J. Moltmann et H. Küng. Je reste donc au cœur du sujet.

    Est-ce l'allusion trop directe à Benoît XVI qui me dérange ? J'ai lu avec intérêt le début du livre, trouvant dans les échanges et les réparties, à la fois de bonnes idées théologiques et une grande complaisance pour les thèses de Küng. Au delà des critiques faciles de notre pape, des lourdeurs de sa fonction, je trouve que parfois, ce discours est sans appel. Il s'agit d'un procès sans défense. Certes, notre homme à ses lourdeurs, mais peut-on aller jusque là ? Je suis déçu par la fin, alors que j'étais emballé par le début.

    Je dois être pollué par la lecture parallèle d'un chef d'œuvre d'une autre trempe. Méditations sur l'Eglise d'Henri de Lubac. Ce livre écrit en 1953 est d'une autre volée. Il nous conduit sur les chemins de l'unité dans la diversité et en cela, il est plus dans le ton.

    * Plon 2008

    02 février 2011

    Ethique du mariage


    Autour d’une lecture

    Compte rendu à la suite de la lecture d’Ethique du Mariage (1) et d'un entretien avec l’auteur.

    Ce qui surprend, c’est qu’en dépit du titre de l’ouvrage et de la personnalité de l’auteur, théologien moraliste et doyen du Theologicum, le livre est tout en nuances, j’oserais dire tout en tendresse sur la situation de l’homme dans son rapport avec le mariage. Il faut dire que le P. Bordeyne est aussi délégué diocésain pour la préparation au mariage de Nanterre, ce qui l’oblige probablement à conjuguer morale et pratique pastorale. Lors de la présentation du livre à l’ICP, il a rendu hommage à ceux qui l’ont aidé dans ce sens. Ce qui compte pour lui, c’est probablement de faire état des tensions intérieures qui traversent l’histoire du mariage, son rapport avec le temps et la société, d’en dénoncer les failles et de présenter des ouvertures.
    Pour en savoir plus...

    29 janvier 2011

    Léa


    Après la danse tragique, le destin de Léa la conduit vers Haïti, dans le cadre d'une ONG. Confrontée aux dégâts du tremblement de terre, elle découvre une autre vocation. Autour du roman, ce tisse le combat intérieur entre Marthe et Marie, entre la quête spirituelle et l'action pour le monde. Léa est le sommet, le climax d'une recherche en humanité...

    08 janvier 2011

    La danse tragique


    La danse de l'Espionne continue... Le premier volume, déjà commenté dans ce blog a été renommé "l'Espionne et la grâce" depuis l'adjonction d'un nouveau tome, "La danse tragique", qui explore le thème de la danse trinitaire dans une relation conjugale. Léa et Paul, deux jeunes qui se trouvent confrontés au monde de la guerre électronique et qui cherche à tisser, dans ce cadre mouvementé les premiers pas d'une vie conjugale. En cherchant à travailler des situations extrêmes, l'amour face au danger, à la mort, ce nouvel opus de la saga poursuit l'interaction entre trame romanesque et théologie. Un exercice difficile mais qui n'est pas sans intérêt...

    01 décembre 2010

    La perle


    Il y a six mois, je publiais "Cette église que je cherche à aimer". Ce premier travail de réflexion sur l'ecclésiologie a fait des petits. Je vous annonce avec beaucoup de retard la parution de La Perle. Une petite nouvelle, qui, au dire des premiers lecteurs, prêtres et laïcs est "ma perle". Difficile de résumer un petit livre d'une cinquantaine de pages, qui se lit d'une traite, sauf à dire que c'est, sous une forme romanesque le cœur de ma recherche sur ce thème. La Perle est l'histoire d'une conversion intérieure, de la crise du milieu de vie, mais aussi d'une rencontre peu ordinaire. A lire et méditer. Disponible sous ce lien sous forme de livre ou en téléchargement.

    13 septembre 2010

    Des hommes et des dieux - La danse ultime

    Pourquoi est-ce que je cherche toujours à ramener un message à des schémas que je comprends ? Y-a-t-il là une lecture de récupération ? L'orgueil d'avoir saisi quelque chose ? Probablement... Et pourtant, j'ose encore m'exprimer sur ce point...

    Ce qui m'a frappé dans l'avant dernière grande scène/cène de ce film c'est le loi d'une musique de ballet. Il y a dans ces hommes qui boivent un verre de vin ensemble au son d'une musique tragique la double évocation du :

    a) dernier repas pascal, notamment dans le fait qu'il ne boivent que lorsque tous sont servis, vieux rituel juif repris parfois dans la symbolique de nos eucharisties

    b) et d'une danse, qu'exprime le choix du lac des cygnes et les premiers pas de frère Luc...

    Cela rejoint pour moi ce que j'ai cherché à traduire dans la danse trinitaire. Cette symphonie de Dieu que nous sommes invités à rejoindre... La danse est tragique mais elle est celle de ceux qui renoncent à chercher leur salut pour se joindre à la danse de Dieu vers l'homme, celle qui conduit le Christ à la croix...

    Des hommes et des dieux - Plaidoyer pour une église de la faiblesse


    Depuis des années mes recherches tournent autour de cet extraordinaire dévoilement d'un Dieu de faiblesse qu'Urs von Balthasar décrit à partir de la triple kénose du Père, du Fils et de l'Esprit. Alors que je commence mes études en ecclésiologie, il me semble se dessiner un axe de recherche qui peut poursuivre cette course infinie dans cette direction. Il s'agirait de vérifier que l'idée qui domine la révélation de Dieu vers l'homme n'est pas de construire un église belle et forte mais une église de la kénose qui n'est jamais plus belle que lorsqu'elle est faible, vulnérable, hésitante, blessée, torturée.
    Pourquoi le Christ en croix est-il le signe élevé ? Doit-il être prolongé par une église forte et robuste qui résiste au mal par des murailles épaisses, des prêtres rayonnant de savoir et de certitudes, enfermé dans une carapace reluisante que surmonte une carte de visite d'un blanc immaculé ?
    En sortant de l'excellent film "Des hommes et des dieux", j'étais surpris de voir dans mon quartier cette foule immense qui se pressait à la sortie du film. Elle était plus importante que celle qui sortait de la messe dominicale... Elle était dans le silence et dans le recueillement intérieur, visiblement marqué par la densité spirituelle, mystique du message de Thibérine... Or qu'avons nous vu ? Une communauté veille, hésitante, pauvre... Des hommes qui hésitent, s'affermissent ensemble dans la faiblesse. Cette église est celle que je cherche à aimer... Elle n'est pas dans un message hypocrite mais dans la fragile kénose d'un tout donné à l'humanité.

    29 août 2010

    Cercle des penseurs.: Dire Dieu ? Une triple écoute.

    Cercle des penseurs.: Dire Dieu ? Une triple écoute.: "Comment dire Dieu aujourd'hui ? Journaliste, cette question me hante depuis des années devant le constat que beaucoup de nos contemporains s..."

    22 juillet 2010

    Saisir le Christ

    "« Cesse de me tenir. » C'est à dire : « Ne crois pas en moi dans l'esprit où tu es encore. N'en reste pas à penser à ce que je me suis fait pour toi, sans aller jusqu'à penser à celui par qui tu as été faite. » Comment pouvait-elle ne pas croire encore de façon tout humaine en celui qu'elle pleurait comme un homme ? « Je ne suis pas encore monté vers mon Père. » « Tu me toucheras quand tu croiras que je suis Dieu, et que je suis parfaitement égal au Père." (*)

    La contemplation du tombeau vide amène à un double retournement. Il part du cri intérieur de nos vies, de nos attentes, de nos doutes et de nous souffrances. A cela nous voulons trouver un Christ qui comblerais ce qui en nous manque, notre désir premier. Mais la résurrection est ailleurs. Le deuxième retournement est celui où l'on contemple Dieu tel qu'il est, tel qu'il se révèle, dans l'indicible du silence qui suit la mort. Alors on peut sentir un ailleurs...

    J'ai commencé à mettre en ligne sur ce thème, une réflexion qui prend le titre de "Mort pour nous", à la suite de mes découvertes chez Moingt. Si vous voulez recevoir ce texte et réagir avant la mise en ligne finale, n'hésitez pas à me le faire savoir.

    * Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église Sermons sur l'évangile de Jean, n° 121, 3 ; PL 35, 1955-1959, cité dans Evangile au quotidien

    25 juin 2010

    Symphonie trinitaire


    Suite aux remarques des premiers lecteurs sur la Mélodie trinitaire, publié en début d'année, je viens de mettre en ligne une nouvelle édition, rebaptisée "Symphonie trinitaire". Elle reprend et résume les trois contemplations : Le dernier Pont, Dieu de Faiblesse, Danse trinitaire. Mais ce travail n'est pas qu'un résumé. Il constitue un essai de reprise des grands axes définis dans ces trois contemplations pour les rendre plus accessibles.
    Cette méditation, qui est une résonance sur mes dernières lectures, notamment la théologie de Joseph Moingt, essaye également de suivre et développer les intuitions cumulées de Jürgen Moltmann, Wolfgang Pannenberg, Hans Urs von Balthasar tout en restant compréhensible pour tous, ce qui n'est pas une mince affaire.
    Ce travail cherche aussi à répondre à la quête spirituelle des lecteurs de mon roman le plus théologique, les enfants de l'Avre, où les dialogues qui le terminent (entre Marthe et le moine Timothée) tracent un chemin de rédécouverte de la foi.
    Comment répondre à ce désir de mieux connaître Dieu, au delà des certitudes fragiles du "Dieu trop bien connu" dont la toute-puissance masque le vrai Dieu, celui que révèle Jésus-Christ ?

    Si l'on suit l'intuition de Pannenberg, il faut partir de la croix et de la résurrection, pour faire le chemin des premiers chrétiens. Ils ont commencé par douter, lorsque celui qu'il suivait est mort de façon ignominieuse. Ce temps d'incertitude et de vide, ce samedi saint spéculatif où ne demeure que le cri du souffrant et l'incompréhension de ceux qui l'entourent, n'est il pas le chemin de tout homme face à la violence et au mal. Dieu n'habite pas ce vide, bien au contraire, face à ce mal qui se dévoile, il apparaît caché. Ce temps d'attente, de vide, est proche de celui rencontré par le peuple au désert. C'est le temps de la maturation du désir.
    Puis viens le tombeau vide. Alors des signes fragiles révèlent quelque chose d'impensable. Une rumeur jaillit et se répand.

    Ce chemin est celui des chercheurs de Dieu. Il ira jusqu'à revisiter le sens de la Croix, comprendre la tension qui se dévoile au sein de la symphonie trinitaire, dans le creuset d'une quadriphonie : 4 évangiles... 4 manière de dire l'inconcevable et l'indicible...

    Vous le sentez peut-être, la Symphonie trinitaire est au coeur d'une compréhension du plan de Dieu sur l'homme. On y perçoit les mouvements et la tendresse des trois personnes divines. Contemplation à découvrir...
    Bonne lecture.

    10 juin 2010

    Les amants de l'Avre


    Les amants de l'Avre est un petit roman consacré à la vie conjugale. Sur l'intuition de mon épouse, il m'a semblé intéressant de travailler sur l'histoire au long cours d'une vie de couple. Voici donc l'histoire d'Alice et Charles. Ils se sont rencontrés dans la petite enfance, dans une vallée perdue (celle qui occupe mes dimanches...). Ce qui n'était alors qu'une amitié de jeunesse a conduit à autres chose. Séparés par la vie, dans ce qu'elle recèle souvent de brutalité, ils ont pris des chemins différents mais ce sont recroisés.
    Quel est l'enjeu de ce nouveau roman ? Il cherche à répondre à une question qui touche à l'impossible : comment construire un amour sur 50 ans ? Quels en sont les failles, les pièges et les joies ? Mais, à travers ce récit à deux voix, Les amants de l'Avre propose un peu plus qu'un roman. C'est une manière d'interpeller notre propre idée du mariage, des joies et des peines de la vie à deux, dans un chemin qui peut nous conduire jusqu'au grand départ.
    Au sein de cette histoire, la Parole de Dieu n'est pas absente. Elle habite le discernement de l'un et de l'autre, conduit à des choix et des interpellations. On y retrouve notamment le Cantique des cantiques, qui sert de trame...En cela, ce livre est un peu plus qu'un roman... Une autre manière d'envisager la vie conjugale...
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    07 juin 2010

    Cette Eglise que je cherche à aimer


    A l'heure où notre Eglise est fortement critiquée, trainée dans la boue pour des actes commis par ses membres, il peut être bon de s'interroger sur ce qui la rend aimable. A partir d'une réflexion éclairante de Joseph Moingt (in Dieu qui vient à l'homme, tome 3), l'auteur fait le point sur ses propres arguments en faveur de l'Eglise. Ce constat en demi teinte ne fait pas d'impasse sur les problèmes actuels de l'Eglise. Il insiste sur ce qui déjà est "sacrement du Christ" et trace quelques sentiers pour qu'ensemble nous puissions faire grandir l'Eglise...
    L'une des principales propositions, déjà partiellement entendue, c'est d'arrêter de présenter l'Eglise comme la Cité de Dieu sur terre, mais de reconnaître, à l'image des hommes qui la compose, qu'elle reste traversée par le mal... Alors peut-être, cette Eglise de pécheurs pardonnés pourra être témoin du travail difficile mais actif de la grâce en elle...
    Un texte engagé... A découvrir...
    Comme tous mes ouvrages, "Cette Eglise que je cherche à aimer" est disponible sur http://stores.lulu.com/cheriard

    05 juin 2010

    La Danse de l'espionne


    Quand on commence à laisser ses doigts danser sur le clavier, la magie des mots qui nous arrivent du plus profond du coeur traduit souvent des impressions mêlées. Depuis des années j'explore le monde de la théologie à la recherche d'un dire sur Dieu. Intellectuel... tel à été le verdict amical d'un ami avec qui j'ai souvent la joie de déjeuner. Certes le monde des idées m'habite, envahit mes réflexions solitaires et génère l'envie pour moi de partager avec d'autres ces contemplations multiples.
    Mais le monde du réel est souvent loin de celui des idées. Depuis Le cheval d'écume et Les enfants de l'Avre, mes deux premiers romans, cette confrontation entre le récit et la pensée théologique m'a conduit sur d'autres chemins. Et comme l'un de mes lieux de détente était le monde de l'espionnage (rien à voir avec la théologie, me direz vous), je me suis mis à écrire aussi dans ce sens. Comme ces textes étaient à mille lieux des écrits précédents, j'ai commencé à écrire cette nouvelle série sous un pseudonyme. Mais la théologie m'a reprise... Même le monde violent des armes et du suspense ne peut échapper à l'interpellation de Dieu. C'est pourquoi, après presque neuf mois d'absence, je vous propose de découvrir La danse de l'espionne. Ce roman de plus de 500 pages est en fait un recueil de 4 nouvelles. A partir d'une trame de guerre nucléaire, c'est devenu le roman d'une femme confrontée à ses propres contradictions. Touchée par l'amour, elle n'échappe pas à la grâce. Comme dans Les enfants de l'Avre, c'est la rencontre d'hommes d'exception et notamment de l'aumônier d'une grande école d'ingénieurs qui va la conduire à se laisser habiter par le souffle invisible de Dieu... A découvrir...

    07 mai 2010

    Le cercle - Aimer Dieu et son prochain

    Je trouve que le texte suivant est une autre manière de traduire l'invitation à la danse
    "Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c'est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c'est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l'intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s'approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s'approchent de Dieu. Et vous comprenez qu'il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l'extérieur : il est évident alors que, plus on s'éloigne de Dieu, plus on s'éloigne les uns
    des autres, et que plus on s'éloigne les uns des autres, plus on s'éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l'extérieur et que nous n'aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l'éloignement à l'égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.
    "

    Source : "Dorothée de Gaza (v. 500-?), moine en Palestine, Instructions, VI, 76-78 (trad. SC 92, p. 281-287)" cité par Evangile au Quotidien...

    12 février 2010

    Le don de lui-même

    De même, le Seigneur a formé de la boue avec sa salive et l'a étendue sur les yeux de l'aveugle-né (Jn 9,6) pour nous faire comprendre que quelque chose lui manquait, comme au sourd-muet. Une
    imperfection innée de notre pâte humaine a été supprimée grâce au levain qui vient de son corps parfait... Pour combler ce qui manquait à ces corps humains, il a donné quelque chose de lui-même, tout comme il se donne à manger [dans l'eucharistie]. C'est par ce moyen qu'il fait disparaître les
    défauts et ressuscite les morts, pour que nous puissions reconnaître que, grâce à son corps « où habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9), les défauts de notre humanité sont comblés et que la vraie vie est donnée aux mortels par ce corps où habite la vraie vie.

    Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église
    Sermon « Sur notre Seigneur », 10-11

    Source : L'Evangile au Quotidien, 4 Quai KOCH - 67000 STRASBOURG - FRANCE

    16 janvier 2010

    La danse trinitaire


    La danse c'est l'art de conjuguer ensemble la distance et la proximité, "l'aller vers" et le "retour en", le geste et la musique... Il y a donc une poétique et une esthétique. Pourquoi ne pas essayer de conjuguer ce terme avec une certaine manière de parler de Dieu. Non pour réduire sa manifestation à un jeu codifié mais pour ouvrir une introduction au "pas de Dieu" vers l'homme à une poétique et au mystère, donner un sens métaphorique à ce qui reste de l'indicible.

    La danse trinitaire, ma septième contemplation, maintenant disponible... Elle effleure en quelques phrases la théologie de J. Moingt, mon dernier maître à penser...

    09 janvier 2010

    La Danse

    Je viens de retrouver une vieille image trouvée chez P. Ricoeur. Il y parle de "l'antique rêve de (...) l'innocence et de l'action gracieuse ; l'aisance de la danse (...) comme une percée tout de suite évanouissante en direction d'un stade final de liberté où vouloir et pouvoir seraient sans hiatus, où nul effort viendrait rider de sa disgrâce le cours docile du mouvoir..."(1)

    Il me semble que ce concept de danse pour être utilisé dans une description pastorale de ces mouvements de Dieu au sein de la Trinité économique...
    Je suis en train de préparer un cours essai sur ce thème qui s'intitulerait "La danse Trinitaire"...
    (1er jet à paraître bientôt, je vous en reparlerai...). Il chercherait à centrer l'analyse sur la première partie de l'axiome de Rahner : "La trinité économique est égale à la trinité immanente et inversement". Comment contempler la Trinité économique ? Est-ce que le terme de "danse" apporte un plus dans cette compréhension... Il s'agit bien sûr d'une danse tragique, dont la plus belle image est celle déjà développée dans Le dernier pont...

    Est-ce que je pousse trop loin l'anthropocentrisme ?

    Paul Ricoeur, Philosophie de la Volonté, I - Le volontaire et l'involontaire, Aubier, 1950, 2° éd.1988, p. 292

    05 décembre 2009

    Le Dernier Pont


    Voici le fruit d'une longue méditation sur la Passion chez Jean. "Le Dernier Pont" est celui tracé par l'Evangéliste entre le lavement des pieds et la croix, une invitation à l'homme qui révèle, au delà de l'élévation, l'amour infini de Dieu pour l'homme. Ce livre, qui reprend les méthodes de lecture narrative de l'exégèse moderne, intègre aussi notre dernière méditation "Dieu de Faiblesse" et en annexe l'intégralité du blog de Lectio Divina - Selon Saint Jean avec la plupart de ses commentaires. Ce blog, créé avec quelques amis de 2006 à 2007 avait pour objet de méditer l'Evangile, au jour le jour.

    Le dernier pont est un livre à offrir à ceux qui veulent partir sur les pas de l'évangéliste et méditer sur la mélodie de l'auteur au sein de la symphonie pastorale des 4 évangiles.

    Publié au profit d'une oeuvre d'évangélisation, Le Dernier Pont est la 6ème contemplation publiée par Claude Hériard.

    11 novembre 2009

    Dieu de faiblesse



    Je l'ai présenté entre les lignes dans les posts précédents...
    Dieu de faiblesse est la cinquième contemplation de l'amphore et le Fleuve.
    A la différence des quatre premières et dans la lignée de cette réflexion sur la réception, elle est disponible gratuitement en téléchargement au lecteur. Comment oser d'ailleurs vous demander de payer ce que j'ai reçu d'ailleurs. Si mes autres publications étaient au profit des associations que je soutiens, ces quelques pages sont un cadeau aux chercheurs fidèles qui soutiennent cet essai de lecture. Issu de la contemplation de Varone (Ce Dieu que je cherche à comprendre), Jürgen Moltmann (Le Dieu crucifié, Théologie de l'Espérance) et Joseph Moingt (L'homme qui venait de Dieu, Dieu qui vient à l'homme), Dieu de faiblesse est un petit résumé de ce qui semble être l'axe le plus novateur de la théologie moderne, la contemplation que le "bien connu' de Dieu est mort (un Dieu tout puissant et immuable, fruit de nos projections et de nos philosophies) et que seul un Dieu faible sauvera l'humanité, parce qu'à genoux devant Judas pour lui laver les pieds (cf. Jn 13 et post précédent), Dieu répète encore le cri de l'"où es tu "lancé dans le jardin... (Gn 3).

    Comme tous ces travaux de recherche publié chez Lulu, c'est aussi une invitation au dialogue. N'hésitez pas après lecture à partager vos impressions, soit sous ce post, soit dans la page commentaire de http://www.lulu.com/content/7669266, idéalement dans les deux...

    Lavement des pieds... quatrième relecture

    Une première lecture d'un des sommets de la théologie johannique passe par la double contemplation qui résulte de la structure même du récit en narrativité. La première partie du texte, au sein même du dialogue entre Jésus et Pierre (Jn 13, 6-10) nous invite à nous laisser purifier par le Christ et donc à recevoir le pardon de Dieu, avec une pointe donnée dans le verset 8 : "Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras point part avec moi" (*). La deuxième, donnée par la deuxième partie (12-20) est une invitation à l'amour communautaire et réciproque. Mais au sein même de l'ensemble de l'attitude de Jésus, nous entrons également en résonance avec le propre chemin de Dieu vers l'homme, cet abaissement de Dieu qui depuis la Shékinah (Gloire du Verbe) qui cherche l'homme dans le jardin (Targum de Gn 3) ne va cesser d'exprimer le "j'ai soif" crié par Dieu à l'humanité... Ce cri trinitaire ne cesse de se conjuguer dans l'Ecriture. On le trouvera dans l'entre-deux de la visite à Mambré, entre-les lignes de l'échange entre Moïse et Dieu en Ex 33, dans la voix d'un fin silence où la tendresse de Dieu vient chercher l'homme juste et lui fait entendre le chant des autres chercheurs de Dieu, le coeur des 7000 (cf. 1 R 19). Dans l'Evangile de Jean, nous l'avons déjà entendu dans le "donne moi à boire" prononcé à la Samaritaine (Jn 4), il sera interprété dans la danse du Fils, au pied de la femme adultère et résonnera dans le cri final prononcé sur la Croix. Au j'ai soif de ton humanité, viendra répondre, comme en écho, la symphonie du don trinitaire, jaillissement infini du fleuve d'amour, face auquel notre amphore reste bien petite...

    Plus je médite ce texte plus sa portée, ce sommet théologique, ressemble à cette échelle de médiation présentée en Jn 1,51 où le Christ apparaît à la fois comme l'échelle et le nouveau Jacob (**)... L'échelle est accrochée au sommet du ciel. Ce Dieu de faiblesse révélée dans la kénose du Fils, résonnera chez Paul dans l'affirmation "Dieu lui a donné le nom" (Ph 2)... Jésus est le Christ... (***)


    * cf. Y-M Blanchard, Saint Jean, Edit° de l'Atelier, p. 27
    ** cf. Targum néofiti de Gn 28
    *** cf. W. Kasper, Jésus le Christ, Edit° du Cerf...

    04 novembre 2009

    La nudité

    Le père de François voulait le faire comparaître devant l'évêque pour
    qu'il renonce à tous ses droits d'héritier et lui restitue tout ce qu'il
    possédait encore. François, en véritable amant de la pauvreté, se prête
    volontiers à la cérémonie, se présente au tribunal de l'évêque et, sans
    attendre un moment ni hésiter en quoi que ce soit, sans attendre un ordre
    ni demander une explication, enlève aussitôt tous ses habits et les rend à
    son père... Rempli de ferveur, emporté par l'ivresse spirituelle, il quitte
    jusqu'à ses chausses et, complètement nu devant toute l'assistance, déclare
    à son père : « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais, je
    puis dire avec assurance : ' Notre Père qui es aux cieux ', puisque c'est à
    lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi. »
    L'évêque, un homme saint et très digne, pleurait d'admiration à
    voir les excès où le portait son amour de Dieu ; il s'est levé, a attiré le
    jeune homme dans ses bras, l'a couvert de son manteau et a fait apporter de
    quoi l'habiller. On lui a donné le pauvre manteau de bure d'un fermier au
    service de l'évêque. François l'a reçu avec reconnaissance et, ramassant
    ensuite sur le chemin un morceau de gypse, y a tracé une croix ; ce
    vêtement signifiait bien cet homme crucifié, ce pauvre à moitie nu. C'est
    ainsi que le serviteur du Grand Roi a été laissé nu pour marcher à la suite
    de son Seigneur attaché nu à la croix.

    Source : lEvangileauquotidien.org

    17 octobre 2009

    Le ver est dans le fruit

    Au terme de ce chemin, vient l'ultime révélation, celle du péché d'orgueil. C'est le plus pernicieux, celui que l'on ne veut pas voir.
    C'est le problème de Nicodème, qui reste dans la nuit. Bien que proche du Seigneur, il ne veut pas voir. C'est la poutre et la paille, c'est peut-être aussi l'ultime combat du Christ.
    Non pas ma volonté de puissance mais Ta gloire.

    Entre la nuit de Nicodème et la 6ème heure de la Samaritaine, se tient l'ultime clé, celle du passage sur l'autre rive.
    Lui est dans la nuit, elle s'expose, nue à la lumière de midi.
    Nicodème refuse de voir, il reste dans la nuit.
    La Samaritaine reconnait son sauveur. Il lui demande à boire, en dépit de son péché.
    En elle, malgré ce qui l'a conduit au péché, il y un chemin de vie.
    Chez le pharisien, la nuit demeure.

    Ce problème, ce vers dans le fruit. Je n'y échappe pas.
    Et j'en demande pardon.

    Peut-être que toutes ces pages ne valaient rien, sauf à découvrir ma propre tour d'orgueil, peut-être plus immense que je ne l'imaginais.

    Il me reste plus qu'à passer sur l'autre rive.
    Ce pas est le plus dur.

    Jésus reste à genou devant Judas, ultime geste du Dieu de faiblesse devant celui qui va partir pour sa dernière nuit. Laissons nous laver les pieds sans résister à l'appel.

    13 octobre 2009

    Pastorale du Seuil


    Que tous soient sauvés...
    La foi ne doit pas être réservée à une élite, mais elle est la joie de Dieu pour tout homme.
    Pourquoi le Christ est-il prêt à abandonner son troupeau pour la brebis perdue ? Pourquoi préfère-t-il manger avec les publicains et les pécheurs plutôt qu'avec les pharisiens. Au nom de quoi s'agenouille-t-il devant la femme adultère et demande-t-il à boire à la Samaritaine ?

    Vous le savez, depuis des années tous mes efforts portent sur la question de la "pastorale du seuil"... Comment réduire l'écart entre l'Eglise et le monde, développer cette mission particulière auprès de ceux qui n'osent pas passer le seuil de nos Eglises.
    Je vous signale donc qu'une nouvelle éditions de mon livre "Chemins d'humanité, Chemins vers Dieu" est disponible. Publié sous le titre de Pastorale du Seuil, cet essai reprend certaines réflexions issues de L'amphore et le Fleuve. Cette nouvelle version est plus large que le premier essai plus axé sur la préparation au mariage des "gens du seuil". Cet élargissement me semble important du fait de l'ampleur des problèmes pastoraux que traversent et va traverser notre Eglise...

    06 octobre 2009

    Marthe et Marie

    Ecoutons Saint Augustin : "Vous comprenez, je crois, que ces deux femmes, toutes deux chères au
    Seigneur, toutes deux dignes de son amour, et toutes deux ses disciples...,
    ces deux femmes donc, sont l'image de deux formes de vie : la vie de ce
    monde et la vie du monde à venir, la vie de travail et la vie de repos, la
    vie dans les soucis et la vie dans la béatitude, la vie dans le temps et la
    vie éternelle.

    Deux vies : méditons sur elles plus longuement. Considérez de quoi
    est faite cette vie-ci : je ne dis pas une vie répréhensible..., une vie de
    débauches, d'impiétés ; non, je parle d'une vie de travail, chargée
    d'épreuves, d'angoisses, de tentations, de cette vie qui n'a rien de
    coupable, de cette vie qui était bien celle de Marthe... Le mal était
    absent de cette maison, avec Marthe comme avec Marie ; s'il y avait été,
    l'arrivée du Seigneur l'aurait dissipé. Deux femmes, donc, y ont vécu, les
    deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l'une
    faite de travail, l'autre de repos... L'une de travail, mais exempte de
    compromissions, écueil d'une vie donnée à l'action ; l'autre exempte
    d'oisiveté, écueil d'une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la
    source même de la vie...

    La vie de Marthe, c'est notre monde ; la vie de Marie, le monde que
    nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l'autre en
    plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ?... En ce moment,
    justement, nous menons un peu cette vie-là : loin des affaires, à l'écart
    des soucis familiaux, vous vous êtes rassemblés, vous êtes là à écouter.
    Vous comportant ainsi, vous ressemblez à Marie. Et cela vous est plus
    facile qu'à moi, qui dois prendre la parole. Ce que je dis, cependant,
    c'est du Christ que je le tiens, et cette nourriture est celle du Christ.
    Car il est le pain commun à tous, et c'est pour cela que je vis en
    communion avec vous. (*)"

    Il me semble que cette tension est à retenir. Il ne s'agit pas d'une opposition mais d'une tension. Et c'est dans cette direction qu'il me semble utile de se positionner.
    La fuite du réel n'est pas la solution. La résignation au réel non plus.
    Dans sa "théologie de l'espérance", J. Moltmann (p. 16ss) nous invite à aller plus loin que le consentement. Il me semble qu'il rejoint là la tension ouverte par Augustin...

    (*) Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
    Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)


    Source : http://www.lEvangileauquotidien.org

    30 septembre 2009

    Les 3 humilités

    Les trois sortes d'humilité : La première sorte d'humilité est
    nécessaire au salut éternel. Elle consiste à m'abaisser et m'humilier
    autant que cela m'est possible pour que j'obéisse en tout à la Loi de Dieu
    notre Seigneur. De la sorte, même si on faisait de moi le maître de toutes
    les choses créées en ce monde ou s'il y allait de ma propre vie temporelle,
    je n'envisagerais pas de transgresser un commandement, soit divin soit
    humain... La deuxième sorte d'humilité est une humilité
    plus parfaite que la première. Elle consiste en ceci : je me trouve à un
    point tel que je ne veux ni ne m'incline davantage à avoir la richesse
    plutôt que la pauvreté, à vouloir l'honneur plutôt que le déshonneur, à
    désirer une vie longue plutôt qu'une vie courte, étant égal le service de
    Dieu notre Seigneur et le salut de mon âme... La troisième
    sorte d'humilité est l'humilité la plus parfaite : c'est quand, tout en
    incluant la première et la deuxième, la louange et la gloire de sa divine
    majesté étant égales, pour imiter le Christ notre Seigneur et lui
    ressembler plus effectivement je veux et je choisis davantage la pauvreté
    avec le Christ pauvre que la richesse, les opprobres avec le Christ couvert
    d'opprobres que les honneurs ; et que je désire davantage être tenu pour
    insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, plutôt
    que « sage et prudent » dans ce monde (Mt 11,25).

    Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur des jésuites
    Exercices spirituels, 2e semaine, 12e jour (trad. DDB 1986, p. 103)
    Source : Evangile au quotidien

    24 septembre 2009

    Les enfants de l'Avre


    Souvent la théologie, parce qu'elle reste de l'ordre des mots, n'est pas accessible aux plus grand nombre. Et c'est au travers d'une histoire humaine, au sein d'un chemin d'humanité que la tendresse du Dieu caché peut se révéler entre les lignes.

    L'histoire de Marthe, située au cœur de l'une des crises les plus graves de notre histoire, n'est pas le récit d'une victoire par les armes. En 1424, elle a tout perdu, mais une médiation se fait et entre les lignes, au delà de la violence et de la mort, un souffle se révèle.

    Au plus fort du roman, des paroles sont échangées, un chemin se trace... Est-ce que la révélation peut se faire, au sein même du désespoir... "C'est quand je suis faible que je suis fort"...

    Un peu comme Le Monde de Sophie, c'est au cœur du roman qu'une théologie se dévoile. Un essai de traduction de la tendresse de Dieu.

    Les enfants de l'Avre, une des nouvelles contenue dans Entre-Deux est maintenant achevé. Et attend vos commentaires. Disponible en téléchargement pour les amis... Vendu sur Lulu.com au profit d'un projet d'évangélisation... PS de 2011 : La genèse de se roman vient de paraître en octobre 2011 sous le titre "Simon le vieux" cf ici

    24 juillet 2009

    Dieu de tendresse

    Une des caractéristiques de la prédication de Jésus n'est-elle pas d'être à la fois pleine d'autorité et de verve face aux sages, aux savants et aux hypocrites mais à l'inverse d'être pleine d'attention et de tendresse pour ceux que l'homme rejette, bannit et condamne.

    Faut-il voir dans cette différence de traitement une des caractéristiques même de la tendresse de Dieu. Pourquoi cette attitude face aux brebis perdues, face à ces fils prodigues, qu'ils s'appellent Zachèe, la femme adultère ou le bon larron. Pourquoi critique-t-on ce Jésus qui mange chez les publicains, va au devant des samaritaines considérées comme impures, embrasse les lépreux et s'agenouille devant Judas... N'est-ce pas parce que justement, devant ceux que rejette l'homme; Dieu veut se faire humble. Est-ce là que l'on trouve les traces de la théologie de la Croix, celle d'un Dieu qui meurt au milieu des abandonnés, qui se fait pécheur pour sauver ce qui était perdu...?

    21 juillet 2009

    Chemins de Liberté - Aimer en vérité


    Au-delà d’une fausse liberté qui le conduirait à suivre le chemin de la facilité, l’homme dispose d’une triple assistance. Cette assistance n’est en fait autre que le triple don de Dieu qui se manifeste par une parole qui libère, puis par un signe, un symbole, une figure dressée sur le bois de la croix ; celle du Christ qui a répondu oui à l’appel. A cela, l’Eglise ajoute l’importance du don de l’Esprit, qui renouvelle et aide à interpréter le sens de ce qui est déposé au cœur de chacun et permet d’entendre puis de répondre à l’appel.
    Le don de liberté est de fait le fruit de cette assistance trinitaire qui donne à l’homme les moyens d’avancer dans ce choix. Et c’est au terme de ces trois dons, perçus de manière différente par chacun, que le choix doit se faire, et qu’il reste libre. C’est à l’issue de ce choix que prend sens la réponse à l’appel.
    Au triple don de la liberté peut répondre un triple questionnement. Une interpellation qui ne vise pas l'homme extérieur, mais l'homme intérieur, le soi-même qui seul peut répondre à la question :
    - est-ce que mon acte est digne du crucifié ?
    - est-ce que j'agis pour ma propre gloire ?
    - est-ce que mon amour est vrai ?
    Peut-être faut-il pour cela quitter le domaine de la seule contemplation que nous avons emprunté dans les chemins précédents. En effet, il ne s"agit plus de regarder et contempler l'oeuvre de Dieu reçu ou déployé autour de nous, mais d'avancer dans l'intimité du "me voici" très personnel qui ne concerne personne d'autre que moi. Cela ne peut être une injonction faite aux autres, une morale clamée comme le chemin de l'humanité, mais la simple introspection personnelle...
    On rejoint peut-être le chemin qui passe la triple tentation de l'avoir, du pouvoir et du valoir, que l'on doit écarter au profit d'une vérité véritable. Sur ce chemin, la méditation donnée par Benoït XVI dans sa dernière encyclique n'est pas à ignoer.(*) Caritas in veritate...


    (*) Extraits de notes pour la dernière partie de l'Amphore et le fleuve : Chemins de liberté

    23 juin 2009

    Passons sur l'autre rive


    Qu'est-ce qui sépare les deux côtés du lac... ?
    D'un côté, le temps des paraboles, la recherche du bien, du beau et du vrai en soi...
    Mais cette recherche est stérile, si tout cela est pour soi...
    Il a un passage à faire, une mort à soi-même qui nous fait prendre conscience que cette course aux valeurs est vaine si l'on ne prend pas en compte la souffrance d'autrui... Ce saut intérieur, c'est ce à quoi nous conduit la kénose...
    Dieu dort sur le bateau... Est-ce le sommeil de la mort...
    Nous sommes affolés par cette tempête alors que Dieu dort...
    Mais cette mort de Dieu est le chemin de notre passage et de notre libération.
    C'est l'hyperbole qui nous jette ailleurs...
    Du jeté là au jeté ailleurs...
    Et alors vient la liberté véritable, celle des enfants de Dieu...
    A la tempête succède la paix sur le lac, celle de ceux qui ont quitté leur parure (Ex 33) pour se tourner vers la tente de la rencontre...
    Dans l'amphore et le Fleuve j'ai tracé ce chemin... Mais il reste encore à décrire cela...
    Ce jeté ailleurs doit être développé... La route n'est pas finie.
    Vous la trouverez entre les lignes dans Entre-Deux... Une petite surprise qui n'est pas affichée sur la couverture... Un passage...