Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
13 octobre 2014
Suivre l'église
12 octobre 2014
L'apôtre, par Cheyenne Carron, un film dérangeant
Le nouveau film de Cheyenne Carron nous conduit sur le sentier difficile de la tolérance inter-religieuse. Un film à voir.
--------
Akim, fils d'une famille algérienne et musulmane, appelé à devenir iman, est troublé par l'attitude d'un prêtre qui pardonne à l'assassin de sa soeur.
Il fait un chemin intérieur qui le conduit à se convertir au catholiscime.
--------
Ce film tourné à petit budget, aux images qui tanguent un peu, est plein d'énergie. Plus que la conversion d'un homme, c'est une ode à la capacité de tout homme à accepter la différence. Car le chemin d'Akim bouleverse aussi sa famille, génère violence, incompréhension, puis mouvements intérieurs.
On aimera aussi les balbutiements de la partie catholique...
Ce film nous interpelle sur notre capacité à accepter la différence. A voir.
Je regrette la présence d'un "corbeau noir" trop porté par des gens que je trouve de leur côté bien peu "tolérants". Mais je comprends les arguments de Cheyenne sur la visibilité...
www.cheyennecarron.com/films.php
09 octobre 2014
Divorcés remariés - Synode sur la famille - "Le Vieil Homme et la Perle", Extrait 1
"En s’approchant de la chapelle, il aperçut, une trentaine de personnes, dont plusieurs cadres, travaillant dans le quartier, quelques paroissiens « locaux » et au dernier rang, Sophie et Jean-Marie. Alors il n’hésita plus…
Les lecteurs de ce blog y retrouveront la théologie qui sous-tend mes autres ouvrages et notamment cette lecture particulière de Jean, développée dans "A genoux devant l'homme".
Jésus un juif laïc
Comme quoi il faut de tout pour faire avancer le royaume.
Dois-je rappeler ici mes conclusions sur la diaconie reprise en bonus dans Chemins d'Eglise.
Le chemin pastoral adéquat n'est peut être pas celui qui passe par l'absolutisme des rites. Mais celui qui met ceux ci éventuellement au service de tous nos chemins d'humanité vers une communion véritable.
Contempler le chemin laïc du Christ montre qu'il n'a jamais passé par une stricte obéissance aux rites au grand dam des Pharisiens. Il a toujours mis la charité au premier plan.
07 octobre 2014
Les deux églises - suite IV
03 octobre 2014
Chemin d'Eglise, une lecture pastorale des Actes
Après la lente contemplation de l’Évangile, il nous a paru intéressant de continuer sur la lancée. Un voyage au long cours, où abandonne l’explication de texte pour entrer en résonance et en contemplation avec le récit.
Ici, nous poursuivrons dans cet axe qui se veut plus « pastoral » et « spirituel » que théologique ou exégétique. Comment, 2.000 ans plus tard, pouvons-nous réagir à l’histoire de l’arrivée de l’Esprit sur des hommes peu préparés et un peu désarçonnés par la résurrection de leur compagnon ? Quels écueils et quelles leçons pour notre monde ? Voici les questions de fond qui habitent cette recherche.
Ce livre est disponible gratuitement au format e-pub sous le lien suivant. Il est aussi disponible à prix "réduit" sur le lien suivant et sur Amazon/Kindle.
Du même auteur, une lecture de Marc, publiée en 1999, maintenant sous e-pub.
Modification du 3 octobre : Une nouvelle version est en ligne intrégrant le début d'une lecture des
premières lettres de Paul et notamment Philippiens...
28 septembre 2014
Rémission des péchés - Sacrifice du Christ, II
Mon ami continue : "Pourquoi la mort du Christ était-t-elle un préalable à la rémission de nos péchés ?".
Voici ma réponse :
Le premier constat est que nous sommes tous blessés et donc que nous avons une "adhérence" au mal, que l'Eglise nomme péché, mais je n'aime pas le terme désuet. Cette adhérence ne peut être guérie que par la quête d'une voie meilleure. En nous montrant le chemin de l'amour, le Christ nous rend libre et cette libération est ce que l'on appelle bien maladroitement la rémission du péché. Prends le temps de méditer l'histoire du paralytique (Mat 9,1ss) qui est un peu notre histoire à tous. Son adhérence le cloue sur son lit. Jésus lui redonne le chemin pour marcher, loin d'une culpabilité maladive. Lève toi et marche. Sors de tes passions mortifères, laisse toi porter vers l'amour. C'est le message de ce texte.
L'ancien testament est du même ordre. C'est le récit des adhérences multiples des hommes au mal, de leurs violences. Un regard qui prend de la distance sur le texte voit ce chemin. Il comprend les erreurs, les fausses idées de Dieu qu'il véhicule et perçoit que la révélation n'est accessible que dans le déchirement du voile. Or ce dernier n'apparaît qu'en Marc 15, 38 quand le voile laisse place à la Croix, le signe d'un Dieu qui aime l'homme jusqu'à en mourir.
Tu me dis que l'on devrait plus expliquer tout cela. Tu as raison.
Longtemps l'église à considéré que les laïcs n'avaient pas les moyens de comprendre. Il est temps que nous nous prenions en main pour démystifier ce qui reste désuet et chercher l'essentiel, ce que Balthasar appelle un "retour au centre" : Jésus Christ.
27 septembre 2014
Pour une lecture historico-critique, J.P. Meier, vol.1 - IV
Sacrifice du Christ - I
Je vous livre ma tentative de réponse.
L'erreur est de considérer Dieu comme un sadique qui veut la mort de son Fils.
La solution est de voir Dieu comme aimant le monde et voulant apporter une réponse à la violence
en faisant un choc : la mort de l'innocent qui révèle au monde sa folie.
Il n'a d'ailleurs pas voulu, en soi la mort du Fils, il a envoyé le Fils faire le choix libre d'aller jusqu'au
bout de ce que représente la mort.
C'est notamment la thèse de René Girard dans "Des choses cachées depuis la fondation du monde".
Voici un extrait de ce que j'écris dans "Mort pour nous"... page 17
" «[Christ] est solidaire de notre souffrance »… Ce qui se révèle dans le vide et dans le cri partagé de l’homme et de Dieu, c’est un Christ qui n’est pas loin de nous mais solidaire, marcheur à nos côtés, souffrant plus voire autant que nous… Homme pleinement homme. "
Je poursuis, page 26 : "J. Moltmann, un théologien protestant allemand a ainsi voulu insister sur le fait que souvent nous avions une vision de la croix du côté des persécuteurs, de ceux qui font violence et pour qui la croix interpelle le sens de leurs actes, leur montre le non sens de la puissance et les conduit à la conversion. Il souligne à l’inverse, dans Le Dieu crucifié, le côté des souffrants, ceux qui comme ceux que nous évoquions plus haut sont à jamais marqués par la violence et la mort subie et pour qui la passion est plus qu’ailleurs un être-avec de Dieu. Dans la souffrance de Jésus, résonne alors une proximité extraordinaire, à l’image de celle qu’il évoque à travers un texte d’Elie Wiesel sur les camps de la mort. Ecoutons son propos, tiré d’une conférence récente donnée à Paris.
« Comment prier et parler de Dieu ‘après Auschwitz’ ? L’athéisme est-il la solution ? Est-ce que Dieu est ‘mort’ après Auschwitz ? Ou bien est-ce que beaucoup ont perdu leur confiance en Dieu après ce crime et le silence du ciel ? Je trouvai de l’aide dans le livre d’Elie Wiesel sur ses expériences à Auschwitz, intitulé Nuit :
« Trois condamnés enchainés – et parmi eux, le petit serviteur [pipel], l’ange aux yeux tristes. [...] Tous les yeux étaient fixés sur l’enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L’ombre de la potence le recouvrait. [...] Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants. Vive la liberté ! crièrent les deux adultes. Le petit, lui, se taisait.
Où est le Bon Dieu, où est-il ? demande quelqu’un derrière moi. Sur un signe du chef de camp, les trois chaises basculèrent. [...] Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n’était pas immobile : si léger, l’enfant vivait encore. [...]
Derrière moi, j’entendis le même homme demander :
Où donc est Dieu ?
Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :
Où il est ? Le voici – il est pendu ici, à cette potence ...
Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre. »
Est-ce que c’est une réponse ? Dieu souffrit-t-il avec les victimes d’Auschwitz ? Est-ce que Dieu n’était pas dans le ciel lointain, mais présent dans les chambres à gaz ? Est-ce que Dieu était pendu là au gibet ? J’eus l’impression que toute autre réponse serait hors de propos. Il ne peut pas y avoir d’autres réponses. Parler à ce moment-là d’un Dieu incapable de souffrir, cela ferait de Dieu un démon. Parler d’un Dieu indifférent nous rendrait indifférents nous aussi. Renier Dieu et se tourner vers l’athéisme réduirait au silence le cri des victimes. On priait le Shema d’Israël et le Notre Père à Auschwitz, on peut donc prier Dieu après Auschwitz. Dieu était dans leurs prières. »
(...)
Une mystique comme Anne-Catherine Emmerich a ainsi perçu dans ce texte que Jésus souffrait de l’inutilité de sa mort. Il aurait beau mourir, nous ne changerions pas notre vie. Pour elle, notre insouciance, en dépit même de cette souffrance partagée, serait stérile. Telle serait à ses yeux l’agonie du Christ.
Nous pouvons passer outre cette vision, en rejeter le caractère doloriste, s’il ne venait pas perturber notre façon de voir le pourquoi du « mort pour nous »… Il nous semble néanmoins que cette souffrance a un sens, dans ce qu’elle révèle en nous l’amour. Comme ce serpent d’airain brandi au désert pour guérir des morsures, la mort à un effet sur nous, comme tout être souffrant que nous côtoyons et qui nous interpelle. Ce n’est cependant qu’un des sens de la mort de Dieu.
Souffrant avec nous
L’autre point de vue, déjà esquissé dans le récit d’Elie Wiesel, est cette communion de Jésus avec les souffrants. Que celui qui se dit envoyé du Père accepte de mourir d’une mort ignominieuse, fait historique par excellence, comme nous le soulignions plus haut, n’est pas sans conséquences pour tous ceux qui souffrent encore de la mort. Si ce Jésus est l’envoyé de Dieu, alors peut-on pressentir, au-delà du cri et du rejet que la souffrance fait jaillir en nous, que quelque chose de Dieu se fait proche, qu’il se pourrait qu’il soit encore à nos côtés, malgré son silence. Par rapport au vide que nous évoquions au départ, une piste, une lueur, apparaît dans cet être-avec de Jésus.
Plus encore, cette mort n’est pas un simulacre, puisque justement alors, le Dieu que l’on croyait tout-puissant se tait, qu’il se garde bien d’intervenir.
Dans la contemplation de ce que l’on appelle la déréliction, c'est à dire l’abandon total de Jésus par le Père, nous pouvons, à la suite d’Adrienne von Speyr, et de son ami le théologien Hans Urs von Balthasar (1), méditer sur le sens que revêt cet abandon. Si Jésus a été jusqu’à douter même de la présence, ce ne peut-être que parce qu’il voulait nous suivre au plus profond de notre désespoir, nous accompagner jusque dans le vide du samedi saint, allant jusqu’à ce lieu du « non-dieu », de l’enfer des hommes sans Dieu…
Moltmann évoque d’ailleurs une représentation médiévale de l’enfer où un homme semble s’interroger, suite à la venue du Christ dans ce lieu perdu. « Es-tu venu pour moi ? ». On a parfois du mal à y croire, et pourtant, n’est-ce pas le sens même de la parabole de la brebis perdue, elle même entrant en écho avec un texte d’Ezéchiel, qui affirme que « Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive »…
Ce Dieu qui connaît l’abandon laisse transparaître une lueur de vie à tous les abandonnés. S’il a vécu jusque là, alors nous pouvons espérer contre toute espérance qu’une lumière viendra au bout du tunnel, peut-être pas dans cette vie, mais dans le temps de Dieu.
26 septembre 2014
Historicité du baptême du Christ - J.P. Meier, vol 1 - III
Mais, pour quelqu'un qui comme moi s'attache à la kénose, peut-on dire que le fait que Jésus s'agenouille devant Jean est embarrassant ? Il a probablement raison de dire que c'est original et décalé, voire marginal, comme l'évoque le titre anglais de son livre.
C'est pour moi au contraire néanmoins au coeur de cet abaissement qui fait du Christ un être "à genoux devant l'homme". L'humilité de Dieu va pour moi jusque là.
24 septembre 2014
La folie de Dieu - Jésus marginal II
22 septembre 2014
Jésus marginal - Un certain juif Jésus, vol 1. de John Meier, initiation de lecture.
Le récit de l'enfance par Luc, dont l'historicité reste critiquée** ne doit pas nous éloigner des propos de Meier.
La marginalité de Jésus est un fait historique avec toute l'ambiguïté même du mot. C'est cette marginalité qui le conduit à la mort. Il n'était rien aux yeux des grands de ce monde. Il n'a pas laissé beaucoup de traces "historiques" visibles en dehors de celles partisanes des 4 évangiles. On pourrait s'en lamenter, mais il me semble au contraire que l'on est dans le plan de Dieu . Car la pauvreté et la kénose qui se joue dans la marginalité de Jésus est ce qui provoque chez nous un choix libre, celui d'un "je crois"...
Au delà du discours partisan, il y a finalement peu de choses crédibles jusqu'à ce qu'on fasse le saut de la foi. Folie aux yeux des Sages dira Paul. Mais folie qui nous conduit à Dieu, dans le décentrement même du raisonnable.
* A Marginal Jew: Rethinking the Historical Jesus: The Roots of the Problem and the Person, Vol. 1 - Un certain juif Jésus, les données de l'histoire, tome 1, Lectio divina, Paris, Cerf, 2009 p. 17
** ibid p. 36ss
Voir sur le même théme, un post précédent : Bonhoeffer - II - Incognito christologique
17 septembre 2014
Révélation - II
On revient au thème de la diaconie.
15 septembre 2014
Stabat Mater - Saint Jean bouche d'or
"Vois-tu cette victoire admirable ? Vois-tu les réussites de la croix ? Vais-je maintenant te dire quelque chose de plus admirable ? (...) la vierge, le bois et la mort, ces symboles de la défaite, sont devenus les symboles de la victoire. Au lieu d'Ève, Marie ; au lieu du bois de la connaissance du bien et du mal, le bois de la croix ; au lieu de la mort d'Adam, la mort du Christ.
Tu vois que le démon a été vaincu par ce qui lui avait donné la victoire ? Avec l'arbre, il avait vaincu Adam ; avec la croix, le Christ a triomphé du démon. L'arbre envoyait en enfer, la croix en a fait revenir ceux qui y étaient descendus. En outre, l'arbre servit à cacher l'homme honteux de sa nudité, tandis que la croix a élevé aux yeux de tous un homme nu, mais vainqueur...
Voilà le prodige que la croix a réalisé en notre faveur : la croix, c'est le trophée dressé contre les démons, l'épée tirée contre le péché, l'épée dont le Christ a transpercé le serpent. La croix, c'est la volonté du Père, la gloire du Fils unique, la joie du Saint Esprit, la splendeur des anges, l'assurance de l'Église, l'orgueil de saint Paul (Ga 6,14), le rempart des élus, la lumière du monde entier.*"
** Sur le même thème, mon premier livre, écrit en 1996 et resté inédit "Le troisième arbre" :-)
14 septembre 2014
Révélation - I
** Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, co-patronne de l'Europe, Poésie « Signum Crucis », 16/11/1937 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 65) Source : Evangile au quotidien.org
12 septembre 2014
Diaconie et pouvoir, suite - Congar
11 septembre 2014
L'amphore et le fleuve - Suite
Jean Luc Marion, dans Etant Donné, parle d'un donateur qui s'efface.
A contempler...
Sur le même thème.
06 septembre 2014
Vanité et distractions
"Nous avons un tel amoncellement d'attentions, de distractions, de penchants, de désirs, de vanités, de présomptions, nous avons tellement de monde en nous, que Dieu s'éloigne".
Saint Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), moine trappiste espagnol
Écrits spirituels, 25/01/1937 (trad. Cerf 2008, p. 307)
05 septembre 2014
L'amour n'est pas naturel
Cette citation renvoie pour moi à ce que l'un de mes amis prêtres a considéré comme "osé" ; le titre de mon livre : "A genoux devant l'homme". Que le fils de Dieu s'agenouille devant l'homme, est-il seulement osé ? Il me semble que c'est la clé de voûte de l'ensemble.
!* J Moingt, l’Évangile sauvera l'Église, op. cit. p. 254
04 septembre 2014
Les deux églises, suite et fin
En attendant, écoutons Paul : "Nous sommes les collaborateurs de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu, vous êtes la maison que Dieu construit." 1 Corinthiens 3, 9
03 septembre 2014
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église
On est là dans une considération qu'il ne faut pas nier. Cela rejoint ce que dit notre Pape. Seul l'Esprit donne à l'Eglise sa raison d'être.
Source : John Henry Newman, Texte complet sur Evangileauquotidien.org : Sermon « The Christian Ministry », PPS, vol. 2, n°25
27 août 2014
Les deux églises - 2
"Dans quel sens l'Église est-elle sainte, quand on voit que l'Église historique, dans son chemin tout au long des siècles, a connu tant de difficultés, de problèmes, de périodes sombres ? Comment une Église constituée d'êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? Une Église faite d'hommes pécheurs, de femmes pécheresses, de prêtres pécheurs, de religieuses pécheresses, d'évêques pécheurs, de cardinaux pécheurs, d'un pape pécheur ? Tous. Comment une telle Église peut-elle être sainte ?
Pour répondre à cette question, je voudrais me laisser guider par un passage de la lettre de saint Paul aux chrétiens d'Éphèse. L'apôtre, en prenant comme exemple les relations familiales, affirme que « le Christ a aimé l'Église : il s'est livré pour elle, afin de la sanctifier » (5,25s). Le Christ a aimé l'Église, en se donnant tout entier sur la croix. Cela signifie que l'Église est sainte parce qu'elle procède de Dieu qui est saint. Il lui est fidèle ; il ne l'abandonne pas au pouvoir de la mort et du mal (Mt 16,18). Elle est sainte parce que Jésus Christ, le Saint de Dieu (Mc 1,24), est uni à elle de façon indissoluble (Mt 28,20). Elle est sainte parce qu'elle est guidée par l'Esprit Saint qui purifie, transforme, renouvelle. Elle n'est pas sainte du fait de nos mérites, mais parce que Dieu la rend sainte.*".
Je ne pense pas être loin, dans mon post précédent de cette conclusion.
* Audience générale du 02/10/2013 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
23 août 2014
Les deux églises
"diaconale" c'est à dire au service de tous les hommes, nous parvenons doucement à faire converger les deux. Quand je dis nous, c'est un peu prétentieux. Disons plutôt que l'Esprit en nous y veille.
Parler de deux églises est néanmoins osé. Il serait peut être plus sage de reprendre le mot souvent utilisé dans ce blogue de tension.
* J. Moingt op. Cit.
Photo : C.HD (DR) , Eglise de Saint Lubin de Cravant. Pas très droite, mais si fragile...
21 août 2014
Présence réelle
Cela ne nie pas la présence réelle dans le pain eucharistique, mais évite pour moi d'y attacher une importance démesurée. Non que l'adoration eucharistique soit un mauvais moyen de faire oraison (je la pratique aussi), mais parce que nous oublions souvent qu'en partageant le pain, nous devenons "temple du Seigneur". Alors, la place de l'eucharistie est à la fois le sommet et le départ d'une responsabilité qui nous incombe, devenir le signe visible d'une réalité aimante et pourtant cachée, celle du Christ qui "par nos mains**" rayonne de son amour.
Si nous comprenons cela, la présence réelle ne peut suffire. L'enjeu est ailleurs, dans nos vies, dans nos manières d'exercer la diaconie.
Cela dit, Teilhard, dans un beau texte nommé "la Custode" nous invite à contempler cette indicible présence qui nous échappe. On croit la tenir, dit-il en substance, et pourtant, "elle nous échappe toujours". C'est une leçon d'humilité. Nous ne sommes qu'une pâle image de cette présence. En cela, l'eucharistie devient pour nous une nourriture à renouveler. Elle pourrait être unique, mais reste pour nous une manne, tant nous sommes incapables souvent de conserver en "notre temple" ce don. En attendant cette eau qui comblera toute soif (cf. Jn 4)
* op. cit. p. 161
** Le "par nos mains" est discutable théologiquement. A-t-il besoin de nous ? Je pense que nous sommes invités à participer à sa révélation. Deux auteurs très différents que je cite de mémoire me font penser à cela :
1. Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Romains : " Je suis le froment de Dieu"
2. Etty Hillesum : "Je vais t'aider à ne pas t'éteindre en moi. Une chose m'apparaît plus claire, ce n'est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t'aider, et ce faisant, nous nous aidons nous même." in, Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerbrock, Seuil 1995", p. 175
20 août 2014
Le processus d'émancipation de l'homme
Cette phrase et le passage qui suit souligne le lent processus qui depuis les Lumières conduit notre société à s'affranchir de la religion comme rite et autorité sur les coeurs. Ce qui m'intéresse dans l'approche de Moingt, c'est qu'il regarde tout cela d'un oeil positif, distinguant une religion qui nous met sous la coupe d'une autorité morale coercitive du mouvement intérieur qui cherche à faire de l'homme un être responsable de ses actes, libre devant Dieu.
Bien sûr, beaucoup trouverons qu'il y a là recul. Ce qui m'intéresse, c'est pourtant que cette liberté est un choix qui fait grandir. Déjà, dans le texte de lundi (Mat 19, 21), on lisait ce "Si tu veux" chez Matthieu, commenté ainsi par Clément d'Alexandrie : " Ce mot « si tu veux » montre admirablement la liberté du jeune homme ; il ne tient qu’à lui de choisir, il est maître de sa décision. Mais c’est Dieu qui donne, parce qu’il est le Seigneur. Il donne à tous ceux qui désirent et y emploient toute leur ardeur et prient, afin que le salut soit leur propre choix. Ennemi de la violence, Dieu ne contraint personne, mais il tend la grâce à ceux qui la cherchent, l’offre à ceux qui la demandent, ouvre à ceux qui frappent (Mt 7,7).**"
L'homme peut dépasser la morale imposée pour faire le choix de Jésus. Un choix que Lévinas décrit comme an-arche : avant tout commandement. Un choix qui est la réponse à l'appel de Dieu à tout homme, à cet "Où es tu ?" de Gn 3, posé au jardin après la chute.
Je suis là. Je réponds à ton amour par l'amour.
La vraie liberté est celle de l'homme qui devient écoutant et réponds ce "Me voici" ! non parce qu'on lui dit de répondre, mais parce qu'il a en lui un désir, qu'il est à l'écoute de ce que Blondel appelle la "crypte intérieure" ou de ce que Rahner appelle l'attention à l'autocommunication de Dieu.
Bien sûr, ce choix personnel a ses limites. Mais c'est le début d'un acte de foi qui permettra ensuite de prendre conscience que la Parole de Dieu mérite d'être partagée, vécu en communion et nourrie par l'eucharistie. En respectant la liberté de l'homme, on l'ouvre à la découverte d'une foi partagée.
* Joseph Moingt, L'évangile sauvera l'Eglise, op. cit. p. 131
** Source : http://levangileauquotidien.org/M/FR/
19 août 2014
Diaconie VII - Philanthropie de Dieu et diaconie de l'Église
Je citais dans mon post précédent un extrait des notes de Congar au Concile. On trouve plus loin, dans le même livre une phrase qui m'a aussi marqué : "Dieu m’a amené à la servir et à servir les hommes à partir de lui et pour lui, surtout par la voie des idées. J’ai été amené à une vie solitaire, très vouée à la parole et au papier. C’est ma part dans le plan d’amour. Mais je veux m’y engager aussi de cœur et de vie et que ce service d’idées lui même soit un service des hommes."
Servir l'humain... Quel que soit soit sa forme, sa visibilité, l'essentiel est peut être l'essentiel en ce qu'il rayonne à sa manière de la philanthropie de Dieu.
N'est-ce pas d'ailleurs ce que le monde retient de plus beau à travers les gestes désintéressés des Soeurs Téresa, Emmanuelle ou d'un abbé Pierre ou Ceyras comme d'un Jean Vannier. Si ce service de l'humain est le seul message qui passe, n'est-ce pas en sa manière d'être "à genoux devant l'homme".
Poursuivons avec Congar : "Quand on regarde vivre l'Église, (...) ce qu'elle est et porte en elle (...) Il y a là, de sa part, dans les formes mineures au moins de son sacerdoce, de son prophétisme, l'exercice d'une forme de royauté, non d'autorité et de puissance — elle ne l'a pas — mais d'influence et de service, qui répond à sa véritable situation par rapport au monde. Car on peut dire qu'elle en a la responsabilité (...)". Le dominicain cite à ce sujet précise que "l'Eglise a [notamment] dans ce cadre véritablement le nom de semence ou cellule germinale du Royaume qu'aiment à lui donner en particulier les théologiens de langue allemande (Keimzelle)****".
Ce que saint Justin appellait les spermatikos logos ne sont-ils pas ces germes d'amour qui en scintillant de l'amour humain véritable deviennent signes de la philanthropie de Dieu.
* J. Moingt, L'Évangile sauvera l'Église, op. cit p. 121
** Yves Congar, Mon Journal du Concile I, 1960-63, Cerf, Paris, 2002, op. cit. p. 384
*** Yves Congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Cerf 1953, p. 133
**** ibid. p. 134 et sa note où il cite le livre de H. André, Die Kirche als Keimzelle der Weltgöttlichung (Leipzig, 1920)
18 août 2014
Diaconie VI - Congar - Un nouvel enjeu du laïcat
17 août 2014
Moingt VII - Rite et prière
16 août 2014
Triple dimension (Diaconie - V)
15 août 2014
Primauté de la diaconie sur la liturgie ? (IV)
Les numéros entre crochets renvoient aux notes suivantes du document de la CTI.
[55] Hom. 14,3 in Act.; PG 60, 116: "Quam ergo dignitatem habuerunt illi (sc. les diacres et les évêques)…Atqui haec in Ecclesiis non erat; sed presbyterorum erat oeconomia. Atqui nullus adhuc episcopus erat, praeterquam apostoli tantum. Unde puto nec diaconorum nec presbyterorum tunc fuisse nomen admissum nec manifestum..."
[56] "Et c'est à juste titre; car ce n'est pas un homme, ni un ange, ni un archange, ni aucune autre puissance creée, mais le Paraclet lui-même qui a institué cet ordre en persuadant à des hommes qui sont encore dans la chair d'imiter le service des anges." De sacerdotio III 4,1-8; SCh 272, 142.
14 août 2014
La tentation du jugement
À ceux qui ne cessent de critiquer le monde, tombant dans la tentation du pharisien, il convient souvent d être attentif à ce que nous dit le Seigneur sur la paille et la poutre.
A cet égard, Saint Jean Chrysostome, nous rappelle combien "Le Christ nous demande deux choses : condamner nos péchés et pardonner ceux des autres ; faire la première à cause de la seconde, qui sera alors plus facile, car celui qui pense à ses péchés sera moins sévère pour son compagnon de misère. Et pardonner non seulement de bouche, mais du fond du cœur, pour ne pas tourner contre nous-mêmes le fer dont nous croyons percer les autres. (...) Considère donc combien d'avantages tu retires d'une offense accueillie humblement et avec douceur. Tu mérites ainsi premièrement — et c'est le plus important — le pardon de tes péchés. Tu t'exerces ensuite à la patience et au courage. En troisième lieu, tu acquiers la douceur et la charité, car celui qui est incapable de se fâcher contre ceux qui lui ont causé du tort sera beaucoup plus charitable envers ceux qui l'aiment. En quatrième lieu, tu déracines entièrement la colère de ton cœur, ce qui est un bien incomparable.*"
Une voie adaptée qui semble d'actualité. Car ce qui changera le monde ne sera pas notre jugement mais notre charité et la puissance de sa transpiration : "Aimons donc, aimons suprêmement le Père céleste très aimant, et que notre obéissance soit la preuve de cette charité parfaite qui trouvera surtout à s’exercer lorsque nous sera demandé le sacrifice de notre volonté propre. Ne connaissons pas de livre plus sublime que Jésus Christ crucifié, pour progresser dans l’amour de Dieu.**"
*Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église , in Homélies sur l’évangile de Matthieu, n°61 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 214 rev.), source Evangelio
** Lettre de saint Maximilien Kolbe
12 août 2014
Diaconie et pouvoir (III)
Nicée ira plus loin en affirmant : "qu'ils ne doivent pas siéger parmi les prêtres. "Que les diacres restent dans les limites de leurs attributions, sachant qu'ils sont les serviteurs de l´évêque et se trouvent en un rang inférieur aux presbytres" (can. 19).***"
Citons enfin Jean Paul II : "« La mission du Christ, prêtre, prophète, roi, se poursuit dans l'Église. Tous, le Peuple de Dieu tout entier, participent à cette triple mission. » Les fidèles laïcs participent à la fonction sacerdotale par laquelle Jésus s'est offert lui-même sur la croix et continue encore à s'offrir dans la célébration de l'eucharistie… : « Toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d'esprit et de corps, s'ils sont vécus dans l'Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie…, tout cela devient ‘ offrandes spirituelles agréables à Dieu par Jésus Christ ’ (1P 2,5) ; et dans la célébration eucharistique ces offrandes rejoignent l'oblation du corps du Seigneur pour être offertes en toute dévotion au Père » (LG 34)… La participation à la fonction prophétique du Christ…habilite et engage les fidèles laïcs à recevoir l'Évangile dans la foi, et à l'annoncer par la parole et par les actes… Ils vivent la royauté chrétienne tout d'abord par le combat spirituel qu'ils mènent pour détruire en eux le règne du péché (Rm 6,12), ensuite par le don de soi pour servir…Jésus lui-même, présent en tous ses frères, surtout dans les plus petits (Mt 25,40). Mais les fidèles laïcs sont appelés en particulier à redonner à la création toute sa valeur originelle. En liant la création au bien véritable de l'homme par une activité soutenue par la grâce, ils participent à l'exercice du pouvoir par lequel Jésus ressuscité attire à lui toutes choses et les soumet…au Père, « afin que Dieu soit tout en tous » (Jn 12,32; 1Co 15,28). ****"
* source : CTI, Il, III, op. Cit.
*** CTI, ibid. III, I
**** Christi fideles Laici § 13 et 14
11 août 2014
Diaconie - II
09 août 2014
Transfiguration - tension théologique 2
Accourons donc, dans la confiance et l'allégresse, et pénétrons dans la nuée, ainsi que Moïse et Élie, ainsi que Jacques et Jean. Comme Pierre, sois emporté dans cette contemplation et cette manifestation divines, sois magnifiquement transformé, sois emporté hors du monde, enlevé de cette terre ; abandonne la chair, quitte la création et tourne-toi vers le Créateur à qui Pierre disait, ravi hors de lui-même : Seigneur, il nous est bon d'être ici !
Certainement, Pierre, il est vraimentbon d'être ici avec Jésus, et d'y être pour toujours. Qu'y a-t-il de plus heureux, qu'y a-t-il de plus sublime, qu'y a-t-il de plus noble que d'être avec Dieu, que d'être transfiguré en Dieu dans la lumière ? Certes, chacun de nous, possédant Dieu dans son cœur, et transfiguré à l'image de Dieu doit dire avec joie : Il nous est bon d'être ici, où tout est lumineux, où il y a joie, plaisir et allégresse, où tout, dans notre cœur, est paisible, calme et imperturbable, où l'on voit Dieu : là il fait sa demeure avec le Père et il dit, en y arrivant : Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison. Là tous les trésors des biens éternels sont présents et accumulés. Là sont présentées comme dans un miroir les prémices et les images de toute l'éternité à venir.*"
04 août 2014
Le chant du large
1) La barque de Solwenn
2) Maria la Rousse
3) La souffrance d_Elena
4) La Marie-Jeanne
5) Magda-la-douce
6) Renaissance
Un roman en 6 parties qui nous emmène dans un petit village breton, à l'aube du XXème siècle et se poursuit à l'âge où les grands voiliers se laissent distancer par la vapeur.
Grand amateur de "La rivière espérance" de Signol, je signe une saga plus centrée sur la mer, ses appels et ses dangers.
C'est aussi une suite logique à mes travaux de recherche sur la souffrance (mémoire de licence : Quelle espérance pour l'homme souffrant).
Les 6 tomes numériques sont aussi disponibles en deux tomes papier :
I - La barque de Solwenn, texte intégral
II - Le sourire de Nolwenn, le chant du large, tome 2
Diaconie - I
1) L'Évangile sauvera l'Église, de Joseph Moingt (ESE),
2) Théologie du Laïcat (TDL), de Yves-Marie Congar,
3) les articles d'Étienne Grieu sur la diaconie (EG)
4) certains textes de Vatican II, dont GS et LG.
Abbréviations utilisées dans les posts suivants :
CTI : Commission théologique internationale
ESE : Évangile sauvera l'Église
TDL : Théologie du Laïcat (TDL), de Yves-Marie Congar,
EG : Étienne Grieu
GS : Gaudium et Spes
LG : Lumen Gentium
31 juillet 2014
J. Moingt - VI - dérapage autoritaire
20 juillet 2014
Un long chemin pour l'Eglise
"Le monde occidental n'a pas purgé sa mémoire d'une Église hiérarchique et triomphante [...] Comme elle a tardé à reconnaître ses errements, le monde ne lui en fait pas crédit. [...] le monde n'a pas fini [...] de régler ses comptes avec cette Église-là, qui, je le répète, n'est pas toute l'Église mais qui en fit partie." p. 94-95
"Si vous épousez la vision du théologien, vous êtes naturellement porté à dire au monde qu'il erre dans la mauvaise direction, qu'il a imposé une dictature, celle du relativisme. C'est ce qu'à répété le cardinal Ratzinger depuis des années, [...] c'est ce qu'il a continué de dire, devenu Benoît XVI. [...] Un pape qui privilégierait la vision de l'historien dirait au monde que notre foi ne répond pas à toutes les questions. Que l'autonomie de la pensée et de la conscience est inscrite dans la liberté donnée par Dieu au monde. Que l'Église n'a pas toujours su respecter cette liberté et cette autonomie. Qu'elle a été l'objet de scandales et qu'elle en subit aujourd'hui les conséquences." p. 95
De fait, je crois que notre problème se situe là. C'est probablement pour cela que la kénose a pour moi du sens.
Source : Confession d'un cardinal, Olivier Le Gendre, Paris, Jean-Claude Lattès, 2007
19 juillet 2014
Moingt - Bonhoeffer
Étonnante correspondance avec ce que je notais dernièrement chez Bonhoeffer sur le "pro me".
On rejoint aussi ce qu'écrivais Balthasar sur la triple kénose, d'un Père qui s'efface dans le Fils, d'un Fils qui s'efface pour nous et d'un Esprit qui disparaît en nos coeurs, indicible effacement trinitaire au service de l'amour. Mais n'est-ce pas cela, de fait, l'amour véritable.
18 juillet 2014
Kénose chez Grégoire de Nysse
Source : Le Discours catéchétique, 23-26 ; SC 453 (trad. SC p. 253 rev.)
16 juillet 2014
Beauté symphonique
Il conçoit alors la beauté comme le « rayonnement inexpliqué du foyer de l’être sur le plan extérieur de l’image ». Un rayonnement qui s’imprime sur l’image elle-même et « lui confère une unité, une plénitude et une profondeur représentant bien plus que ce que l’image en elle-même contient. Elle est généralement ce qui donne à la vérité le caractère permanent d’une grâce ». (1)
Cela fait résonner en moi ce que je me plais à affirmer sur le « je te reçois et je me donne à toi ». On reçoit infiniment plus que ce que l’on ne pourra jamais donner, parce que le don de l’autre n’est que la face visible du don de Dieu. L’autre est image d’un mystère plus grand, plus infini qui l’habite et le transcende.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.149-150
12 juillet 2014
L'annonce faite à Marie de Paul Claudel - Bouffes du Nord
L'interprétation de l'Annonce faite à Marie de Claudel allie respect du texte et mise en valeur musicale avec une mise en scène de qualité à la fois respectueuse de l'oeuvre et frappante par son actualisation. Les chants, magnifiquement interprétés, nous font percevoir ce que la lecture laisse de côté, la vision presque "symphonique" au sens large du terme de ce chef d'oeuvre, probablement le plus poignant de Claudel.
Le personnage de Violaine, aux multiples facettes est superbement interprété.
A voir sans hésiter.
http://www.bouffesdunord.com/fr/saison/518905a4eeed2/lannonce-faite-a-marie
10 juillet 2014
Moingt III - L'évangélisation
Cela fait résonner en moi ce que l'on cherche à faire pour l'avent 2014. Veux-t-on conduire à l'église, les peuples sans berger, leur servir un plat tout fait, une messe solennelle, où s'agit-il d'habiter chez eux, de signifier que l'on veut demeurer avec eux. Qu'elle est la véritable "pastorale des périphéries" que l'on veut mettre en place. Pour moi, la réponse est ailleurs. Peut-être ici.
L’Évangile sauvera l'Église, op. cit. p. 46ss
09 juillet 2014
Joseph Moingt - II - La parole des femmes
Certaines de mes amies objecteront peut-être qu'il y a là une forme de discrimination. Il y a pour moi surtout une réflexion sur l'enjeu même de la mission d'un baptisé. Doit-on se focaliser sur l'image officielle, la fonction (prêtre,...) où sur la mission ? On est en là cohérence avec cette première réflexion sur la mission première des baptisés et son enjeu en termes d'évangélisation pour le monde.
Qu'est-ce qui, de fait, est plus près des périphéries, des gens du seuil ? Le prêtre, le diacre, la personne consacrée ? Non, l'humain avec un grand H ou un grand F, qui s'abaisse pour rencontrer l'autre.
op. cit. p. 44
08 juillet 2014
Moingt - Lévinas - Tu te dois à autrui
A partir de cette phrase [Tu te dois à autrui] qui serait pour Lévinas un résumé de la Bible, Joseph Moingt conclu, dans la même veine qu'il faut voir dans tout autrui un autre soi-même. *
Il y a là un chemin éthique qui se nourrit de l'évangile et nous conduit toujours plus loin. J'ai longuement commenté dans mes livres cette problématique lévinassienne de l'appel à la responsabilité, mais aussi de ses limites, notamment telles que soulevées par D. Sibony sur la culpabilité de Lévinas. Mais le débat éthique ne peut fermer cette tension.
Moingt va plus loin en mettant à la fois Dieu dans l'origine du "tu" et dans l'origine de la grâce qui nous permet d'y répondre. Si Dieu nous appelle depuis Gn 3 dans un "où es tu ?" déjà longuement commenté ici, il met aussi en nous cet amour que l'on appelle Esprit, source immense et cachée qui nous fait bondir vers l'autre.
* Ibid. p. 35
07 juillet 2014
Joseph Moingt - Initiation de lecture
Le hasard des rencontres me mène à nouveau sur les pas de Joseph Moingt avec son livre, plus grand public, intitulé L’Évangile sauvera le monde, paru chez Salvator en 2013.
Une première phrase pour vous donner envie de me suivre sur ce chemin.
"Le grand problème de l'église actuelle me semble être... la prise de responsabilité des laïcs... qu'ils prennent la responsabilité de leur vocation missionnaire."*
On retourne ici au coeur de ce qui est pour moi l'un des élans de Vatican II dans la foulée de cette "Théologie du laïcat" que l'on trouve si bien décrite chez Congar.
L'enjeu qui est développé dans les pages suivantes est probablement celle d'une vision de la collégialité de l'Eglise qui ne s'arrête pas aux cardinaux mais descend jusque dans l'articulation entre pouvoir et autorité, entre enseignement et dialogue, passivité et engagement où chacun a sa part sans renier l'apport de la triple dimension de l'Église (écriture, tradition et sensus fidei). Comprendre et articuler cela est l'enjeu des années à venir pour notre Église.
05 juillet 2014
Déréliction - V
Je retombe sur cette citation d'Adrienne von Speyr, qui complète, à sa manière mes propos sur D. Bonhoeffer. Le Christ d'hier n'est pas différent du Christ d'aujourd'hui et tout ceux qui payent de leur sang son message montre l'intemporalité de sa Parole et rendent plus vivent l'espérance de la rédemption.
(1) Adrienne von Speyr Johannes, 386 cité par Hans Urs von Balthasar p. 283
Bonhoeffer - VII - L'image de Jésus
Comment vivre cela, près d'un siècle plus tard. Nous avons longtemps développé dans ce blog l'idée d'un Dieu qui en s'incarnant se fait "faiblesse" pour mieux rejoindre l'homme dans son humanité. L'image d'un Jésus faible, pauvre parmi les pauvres n'est probablement pas la seule voie. Elle doit être pondérée avec celle que l'Eglise relève souvent : son "autorité", la force de sa Parole. Ignorer cette tension serait mettre trop l'accent sur l'un et oublier l'importance de l'autre. L'incognito souligné par Bonhoeffer à la suite de Luther est peut-être une manière de nous rappeler qu'une pastorale du seuil ne peut se faire par la force. Elle demande un travail intérieur, le réveil au plus profond de l'homme d'une prise de conscience du fait Jésus, non plus le "Jésus historique" inaccessible, mais ce "Jésus pour moi" venu en notre chair pour nous conduire vers le Père. Ce qu'il réveille en nous dans la foi n'est pas communicable autrement que par ce que l'Amour transpire de notre être, plus que tout discours. C'est peut-être cela qu'il faut retenir de cette lecture.
Bonhoeffer, en s'opposant au nazisme a payé ce message de son sang.
02 juillet 2014
Bonhoeffer - VI - Genus majestaticum
** Ibid p. 95ss