La mort n'a plus de sens dans une société technocratique ou l'homme est remplaçable, l'homme est jetable, ce qui entraîne d'importantes conséquences sur la personne et même sur la vie en général. Mais cela a aussi un impact sur Dieu car "la présence de l'absolu dans le relatif est escamoté comme insignifiante" (1). L'acceptation de l'absurde d'une existence sans achèvement, relayée par cette médiatisation des morts innombrables qui ne nous affectent plus que comme des statistiques pourrait conduire à deux solutions : "Ou l'on s'abandonne au totalitarisme croissant du collectif, où l'on persiste malgré tout à se réserver une liberté existentiale pour la mort, vécue dans l'angoisse et repliée sur elle-même" (2) mais il y a peut-être une troisième voie, celle du décentrement où l'on persiste à être tout en devenant obéissant à l'absolu qui nous interpelle.
Et en cela, nos réflexions sur le décentrement prennent une importance aigüe. Si l'on reste dans l'individualité, la mort nous prendra tout. Si l'on fusionne dans le tout, nous sommes rien. Si l'on se décentre, au sens d'une inhabitation d'un absolu, proche et distant, interpellant et créateur, alors nos efforts formeront avec la grâce, les ailes d'un même oiseau, pour reprendre l'expression déjà citée dans ce blogue.
(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3, L'action, ibid p.114
(2) ibid
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