Si dans la Parabole nous pouvons voir facilement que le Christ nous invite à sa suite à soigner l'humanité, nous pouvons contempler ce qu'ajoute Sévère d'Antioche : "Le Samaritain voyageur qui était le Christ donc — car il voyageait vraiment — a vu l'humanité qui gisait par terre. Il n'est pas passé outre, car le but qu'il avait donné à son voyage était « de nous visiter » (Lc 1,68.78), nous pour qui il est descendu sur la terre et chez qui il a logé. Car il n'est pas seulement « apparu, mais il a conversé avec les hommes » en vérité (Ba 3,38)... Sur nos plaies il a versé du vin, le vin de la Parole, et comme la gravité des blessures ne supportait pas toute sa force, il y a mêlé de l'huile, sa douceur et son « amour pour les hommes » (Tt 3,4)... Ensuite, il a conduit l'homme jusqu'à l'hôtellerie. Il donne ce nom d'hôtellerie à l'Église, devenue le lieu d'habitation et le refuge de tous les peuples... Et une fois arrivés à l'hôtellerie, le bon Samaritain a témoigné à celui qu'il avait sauvé une sollicitude encore plus grande : le Christ lui-même était en l'Eglise, accordant toute grâce... Et au chef de l'hôtellerie, symbole des apôtres et des pasteurs et docteurs qui leur ont succédé, il donne en partant, c'est-à-dire en montant au ciel, deux pièces d'argent pour qu'il prenne grand soin du malade. Par ces deux pièces, entendons les deux Testaments, l'Ancien et le Nouveau, celui de la Loi et des prophètes, et celui qui nous a été donné par les évangiles et par les écrits des apôtres. Tous les deux sont du même Dieu et portent la seule image de ce seul Dieu d'en haut, comme les pièces d'argent portant l'image du roi, et ils impriment en nos cœurs la même image royale par le moyen des saintes paroles, puisque c'est un seul et même Esprit qui les a prononcées... Ce sont les deux pièces d'un seul roi, donnés en même temps et à titre égal par le Christ au chef de l'hôtellerie... Au dernier jour, les pasteurs des saintes églises diront au Maître qui reviendra : « Seigneur, tu m'as donné deux pièces d'argent, voilà qu'en les dépensant, j'en ai gagné deux autres », par lesquels j'ai accru le troupeau. Et le Seigneur répondra : « C'est bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, je te préposerai à beaucoup. Entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25,23)."
(1) Saint Sévère d'Antioche, Homélie 89 (trad. de Lubac, Catholicisme, Le Cerf 1947, p. 341 rev.), source AELF
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