Poursuivons notre lecture : "Où la créature finit, Dieu commence d'être". (1) "Sa chance suprême est dans sa suprême passivité" (2). Nous approchons là encore de cette kénose de l'homme comme chemin, pour moi, de réponse à la kénose divine (même si ce dernier thème est loin d'être mentionné par Eckhart). Il entre néanmoins pour moi en résonance avec la "passivité plus que passive" dont parle Emmanuel Lévinas.
Plus Dieu agit, plus la créature doit rester passive, car c'est ainsi seulement que les deux deviennent un" (3)
A-t-on là l'aboutissement de l'une seule chair de Gn 2, 24, passer de l'union sponsale au corps glorieux qui nous rendrait tels des anges ? Ce serait la piste de Jésus en réponse à la question du lévirat ?
En attendant, pour Eckhart, cette unité qui naît de l'abandon nous fait entrer dans l'unité trinitaire. "L'événement de la Trinité est un". Toute production, même naturelle est trinitaire, active et passive et amour réciproque qui y respire (4).
(1) Maître Eckhart, Predigten 5b, D I 92, cité par Hans Urs von Balthasar, GC7, op Cit p. 111
(2) GC7 ibid.
(3) Serm. 2, n. 6, L IV 8
(4) Gc7, p. 112.
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