Il y a aussi dans les psaumes, nous dit Balthasar(1), un processus de conversion qui touche à ce que j'essaye de thématiser sous le titre de pédagogie divine (2).
Au fur et à mesure de ses pérégrinations, le peuple Israël met son Dieu au dessus de ceux qu'ils croisent. Il est pour lui « le roi de gloire » (Ps 24,10), le "Très Haut".
L'enjeu nous dit le théologien est une conversion personnelle : « Seul celui qui est arraché à lui-même et placé dans l'Alliance et la Parole de Dieu - comme l'auteur du grand hymne à la parole de grâce qu'est le psaume 119 - peut attester l'unicité de Yahweh et dire pourquoi celui-ci est le roi de gloire »(1).
« De la parole historique, Israël remonte par la pensée jusqu’à la parole créatrice, de la libre puissance de Dieu dans l’histoire, il parvient à l’intelligence incarnée et à l’affirmation de la création du monde par la libre parole divine. Ainsi le psaume 135 : Dieu est bon, aimable et grand car il a élu, c’est pourquoi il peut accomplir tout ce qui lui plaît au ciel sur la terre, dans la mer et dans les abîmes (Psaume 135,3–6) (...) Ce sont encore les démonstrations de grâce du dieu fidèle, qui, dans le psaume 146, incluent comme présupposés sa puissance créatrice (...) seul Israël les connaît pour le moment, c’est pourquoi seul Israël peut réellement apercevoir dans la création de la grâce de Dieu. »(1)
Au fur et à mesure de ses pérégrinations, le peuple Israël met son Dieu au dessus de ceux qu'ils croisent. Il est pour lui « le roi de gloire » (Ps 24,10), le "Très Haut".
L'enjeu nous dit le théologien est une conversion personnelle : « Seul celui qui est arraché à lui-même et placé dans l'Alliance et la Parole de Dieu - comme l'auteur du grand hymne à la parole de grâce qu'est le psaume 119 - peut attester l'unicité de Yahweh et dire pourquoi celui-ci est le roi de gloire »(1).
Ce "dit qui agis et en qui l'on peut avoir confiance" (ps 33,9 - Is 42,9) est celui qui se dévoile.
Le paradoxe viendra plus tard, et la gloire prendra un autre sens, ce sera la grande révélation de la croix. C’est ce que Jésus lui-même va thématisée en montant sur un ânon...
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p. 174 et 175
Je viens, monté sur un ânon,
en signe de ma gloire :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi me ferez-vous sortir
au rang des malfaiteurs,
et des maudits ?
Vos rues se drapent de manteaux
jetés sur mon passage :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi souillerez-vous mon corps
de pourpre et de crachats,
mon corps livré ?
Vos mains me tendent les rameaux
pour l'heure du triomphe :
Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur !
Pourquoi blesserez-vous mon front
de ronce et de roseaux,
en vous moquant ? (3)
Écoutons à ce sujet saint André de Crète : « il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, il ne protestera pas, il ne criera pas, on n'entendra pas sa voix. Il sera doux et humble, il fera modestement son entrée. ~
Alors, courons avec lui qui se hâte vers sa passion ; imitons ceux qui allèrent au-devant de lui. Non pas pour répandre sur son chemin, comme ils l'ont fait, des rameaux d'olivier, des vêtements ou des palmes. C'est nous-mêmes qu'il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, l'humilité du cœur et la droiture de l'esprit, afin d'accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir.
Car il se réjouit de s'être ainsi montré à nous dans toute sa douceur, lui qui est doux, lui qui monte au dessus du couchant, c'est-à-dire au-dessus de notre condition dégradée. Il est venu pour devenir notre compagnon, nous élever et nous ramener vers lui par la parole qui nous unit à Dieu.
Bien que, dans cette offrande de notre nature humaine, il soit monté au sommet des cieux, à l'orient, comme dit le psaume, j'estime qu'il l'a fait en vertu de la gloire et de la divinité qui lui appartiennent. En effet, il ne devait pas y renoncer, à cause de son amour pour l'humanité, afin d'élever la nature humaine au-dessus de la terre, de gloire en gloire, et de l'emporter avec lui dans les hauteurs.
C'est ainsi que nous préparerons le chemin au Christ : nous n'étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d'arbres qui vont bientôt se faner, et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c'est sa grâce, ou plutôt c'est lui tout entier que nous avons revêtu : Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. C'est nous-mêmes que nous devons, en guise de vêtements, déployer sous ses pas.
Par notre péché, nous étions d'abord rouges comme la pourpre, mais le baptême de salut nous a nettoyés et nous sommes devenus ensuite blancs comme la laine. Au lieu de branches de palmier, il nous faut donc apporter les trophées de la victoire à celui qui a triomphé de la mort.
Nous aussi, en ce jour, disons avec les enfants, en agitant les rameaux qui symbolisent notre vie : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël !(4)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p. 174 et 175
(2) Pédagogie divine (615 p.) est maintenant disponible sous ce lien en version Kindle à prix mini de 0,99 euros (gratuit demain lundi pour 5 jours)
(3) hymne de l’office des lectures des Rameaux
(4) saint André de Crête, homélie pour les Rameaux, ibid.
(3) hymne de l’office des lectures des Rameaux
(4) saint André de Crête, homélie pour les Rameaux, ibid.
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