14 décembre 2021

L’Esprit comme don - 2-18

Nous approchons de la conclusion. Et comme esquissé plus bas, la place de l’Esprit se précise comme le travail intérieur et mystérieux qu’il est.

Est-il visible, saisissable cet Esprit qui souffle où il veut ?

Marion nous guide vers un sujet sur lequel il excelle, cette notion du divin comme « grand donateur qui s’efface ». Dans le jeu trinitaire, l’Esprit ne déroge pas à ce concept d’effacement (kénose), au même type d’invisibilité puisqu’il est don, gratuit, icône mêlée et danse d’un don de ce grand Donateur qui disparaît en se dévoilant, à la fois « don du donateur (Le Fils) et le donateur du don (le Père) » (1) qui dans leur communion invisible se donne puis s’efface dans cette triple kénose qu’évoque Hans Urs von Balthasar. 


Danse…


La Trinité nous est finalement invisible parce qu’elle demeure insaisissable étant par essence un don gratuit, qui s’efface totalement après avoir tout donné (comme le Christ après sa mort dans la discrétion d’une résurrection non tangible sans le regard de la foi et le prisme de l’Esprit, cf. 17.5) de peur de devenir une dette qui forcerait notre liberté.


Ici la théologie pratique du baptême peut trouver une piste de méditation de même que les concepts de vertus théologales (cf. 1 cor 13) qui sont les fruits visibles de ces dons gracieux. En donnant à l’homme, foi, espérance et charité, Dieu se donne et se retire tout en invitant, dans le bruit d’un fin silence à danser de ces dons.


Flamme fragile que cet Esprit qui vient et s’enfouit dans le silence intérieur pour germer dans le désert de nos terres desséchées et répandre en nos cœurs des fruits surprenants qui se distinguent de nos habitus.

Comme cet Esprit qui pousse Jésus au désert pour affiner l’homme et le rendre capable d’attendre sa mission de Fils, laissons nous interpeller d’Ailleurs, pour qu’agisse en nos cœurs ce don gratuit et discret que Dieu nous fait…


Je ne me lasse pas, en pastorale du mariage de faire découvrir cette humilité du père qui accepte le départ du fils prodigue (Luc 15) et guette de loin son retour pour courir à sa rencontre. N’est-ce pas l’écho subtile de cet « où es-tu ? » lancé à l’homme dans le premier jardin…


Seul l’Esprit est don fragile qui distille en nous, par le biais du Verbe, le chemin discret de Dieu dans nos déserts. 


Il « donne le premier don, donne en premier (...) dans le secret (...) on ne sait ni ne voit comment on reçoit ce qui se donne »(2), mais on entre dans la danse… 


Cette danse passe par cette découverte toute intérieure, cette contemplation, de l’immensité du don reçu, comme ce fiancé qui s’extasie devant celle qu’il reçoit avant d’entrer à son tour dans le don [je te reçois et me donne à toi]… Contemplation du don immense quel Dieu nous fait, de son pardon et de la communion (danse) à laquelle se destine toute l’économie trinitaire…(3)


Tourbillon…

Kénose…(4)

Danse.


(1) Jean Luc Marion, D’ailleurs la Révélation, ibid. p. 503sq

(2) p. 512

(3) sacrifice, pardon et communion, ibid. p. 527-28

(4) p. 529

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