30 mai 2016

Église et Écriture

Il ne faut pas "prendre l'Écriture pour la révélation (...) elle nest pas quelque chose comme une icône magico-sacramentelle dans laquelle la chose, c'est à dire la grâce, serait substantiellement enfermée et cachée (..) le véritable enfantement de l'Église consiste à porter des âmes pour le Christ." (1)

Nous retombons la sur l'interaction constante et nécessaire entre les trois tables déjà évoquées plus haut. La Parole, les sacrements ne sont pas au centre du système, ils s'articulent dans la construction de l'Église, de ces pierres vivantes qui se rassemblent en Christo (456).

(1) Hans Urs von Balthasar Gc1 op Cit p. 458

29 mai 2016

Les trois tables

L'articulation entre les deux tables (écriture et sacrement) est pour Balthasar liée dans la figure de l'Église qui les conjuguent. Cette Église qui devient temple du Christ est pour moi comme une troisième table. 
C'est l'enjeu de cette dynamique sacramentelle que je cherche à articuler.

"L'Eucharistie n'aurait pas de sens, s'il ne se fait des hommes pour la goûter; elle tend donc plus loin qu'elle même, elle est figure médiatrice(2), ajoute Balthasar. 

Et pourtant l'articulation même de ces trois tables est autant nécessaire que fragile. 
L'Écriture elle même est attaquée sous les coups parfois légitimes de l'historico-critique néo-bultmannienne(3), quand les sacrements apparaissent eux-mêmes fragiles dans leur capacités à être signe, donnant à l'Église, réputée pécheresse par la faute des hommes, peu de justification. 
On peut être effrayé par tout cela. 
C'est sans compter sur le travail de l'Esprit et

l'importance de l'humilité et de la faiblesse, chemin trinitaire par excellence. Il y a peut être à comprendre que la fragilité même des trois tables est figure de la triple kénose : une danse fragile et relative qui est chemin de l'image à la ressemblance. 



(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 op. Cit p. 447
(2) p. 448
(3) p. 449ss

28 mai 2016

Pierres pécheresses

"Une Église qui ne serait que le corps du Christ  c'est à dire en tout que l'expression de sa force vivifiante et en rien celle de la résistance à cette force (...) serait contradictoire, du fait qu'elle n'aurait plus besoin de" s'amender et d'humilité. L'Église reste  pécheresse. "Elle doit croire à l'image de l'obscurité mais aussi la contempler (...) pour qu'elle puisse être transformée en cette même image (2Co 3, 18) par la force spirituelle qui en émane" (1) 
Je retrouve dans ces pages de Balthasar des éléments développés dans ‎mes deux derniers tomes de Humilité et miséricorde, mais aussi dans "Cette Église que je cherche à aimer" à la suite des travaux de Kung, Moltmann et de Moingt.

(1) Hans Urs von Balthasar,  Gc1, p. 441ss.

27 mai 2016

Rédemption et enfouissement

Aux cris des souffrants comme à ceux des curieux qui voudraient voir la gloire de Dieu manifestée dans sa splendeur, il ne sera donné que le signe de Jonas. Paradoxe de l'humilité de Dieu.  "La rédemption du monde ne peut pas se produire au coeur d'une théophanie spectaculaire qui de son éclat éblouirait la misère, mais seulement dans le mystère d'un amour survivant dans la souffrance à toute la honte dont il est revêtu et au fardeau qui lui est imposé" (1)

Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 440

26 mai 2016

Aveugle...

Sommes-nous des Bartimée ? (Cf. Mc 10, 46-52). Souvent nous nous tenons au seuil, parfois même au premier rang de cette route qui monte du monde (Jericho) à Dieu (Jérusalem). Jésus passe et nous le voyons de loin. Il nous attire, mais nous ne le voyons pas de l'intérieur.  Nos soucis nous aveuglent.

Il faut du temps pour percevoir la nuit qui envahit notre coeur.  Et pourtant,  comme le suggère saint Grégoire le grand,  "Celui donc qui reconnaît les ténèbres de son aveuglement et ressent la privation de la lumière éternelle, qu'il crie au fond de son cœur, qu'il crie de toute son âme : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » (1)

(1) Homélies sur les évangiles, n°2 (trad. Tissot, Les Pères nous parlent, 1954, p. 190)

Pierres vivantes

" Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ." (1 P 2, 5)

Cette phrase de l'épître de Pierre, donnée par la liturgie d'aujourd'hui nous invite à la contemplation et à l'humilité.  Nous ne serons jamais en effet le tout de l'Église, même pas une église locale.  Nous ne sommes qu'une pierre, un caillou sur le chemin.  Seul nous ne servons qu'à faire trébucher le passant.  Et pourtant Dieu se sert de notre pierre pour le grand édifice,  parfois comme signe, souvent comme contre signe. Il nous place au bon endroit, caché dans une fondation obscure ou ciselé sur un chapiteau.  Peu importe,  seuls nous ne sommes rien. Ensemble, nous faisons l'Église.

25 mai 2016

Sacrement et sommet

Le sommet de toute dynamique humaine et sacramentelle est l'unité dans le Corps, une unité ‎qui s'ouvre dans la fraction du pain, signe du don du Corps, jamais purement humain ou purement divin, mais toujours divino-humain, source de notre contemplation/appropriation qui nous conduit à une vie "de plus en plus profonde et de plus en plus riche, venant du Christ et s'introduisant dans le Christ, en intégrant progressivement le Dieu vivant trinitaire et la création totale résumée dans le Christ" (1)

Ces propos pourraient être Teilhardien, Balthasar introduit là ce qu'il développera plus tard dans sa Dramatique Divine, sous le concept de "en Christo"‎.

(1) Hans Urs von Balthasar , GC1 p. 414.

24 mai 2016

Contempler et agir

Il y a équivalence pour Balthasar entre contemplation et appropriation. Pour lui la contemplation n'est pas tant une prise de distance qu'une interaction intérieure entre le regard porté sur le Christ, la mise en vibration de cette révélation lumineuse et son effet sur l'agir. ‎On rejoint pour moi ici les trois stades de la vie spirituelle dont parle Jean-Jacques Olier.
La contemplation de la Croix, gloire tragique de notre Seigneur "nous transforme en cette même image/icône" (2 Co 3, 18). Sa lumière, en pénétrant en nous, nous transperce et nous transforme. "La figure qui s'inscrit [ainsi] dans ma propre vie devient pour moi le salut (...) C'est en elle que j'apprends, que je déchiffre" ce qui est "désordre sans figure".
On se trouve là au coeur de la méditation du chemin de tout homme.

Pour le couple, coeur de notre étude et dont nous ne devons pas abandonner la perspective, comme pour tout homme, dynamique sacramentelle et rejoint le chemin tracé par GS 48, faire de sa vie un sacrement.
tout cela s'inscrit au coeur de sa

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1, op. Cit p. 410.


Contemplation trinitaire

Le Christ est un tremblement de terre dans l'histoire de la quête de l'homme vers Dieu. Épicentre de toute révélation, il annule et remplace toutes les quêtes. Les dieux grecs, le Dieu de Moïse comme celui de l'Islam n'atteignent pas la pointe non-violente de l'homme-Dieu crucifié par amour pour l'homme, signe ultime de tout dévoilement et pourtant trace fragile et humble d'un Dieu qui se cache de peur de violer notre liberté de croire.
A ses côtés, tous les essais semblent de bien pales répliques, même si nous devons les respecter et y chercher les semences du Verbe.

23 mai 2016

Ode à l'enfouissement

Les vingt dernières années, certains se sont attachés à déconstruire ‎le chemin de leurs pères dans la foi, les accusant trop facilement de la déchristianisation. La réponse apportée nous a construit un monde docte, de savants, parfois trop sûrs d'eux, qui enseignent avec autorité mais à qui manque parfois une véritable sensibilité pastorale. 
Le chemin idéal est probablement entre les deux, mais l'enfouissement n'est pas la cause principale de nos problèmes. Il fallait peut-être que les graines du moralisme exacerbé meurt pour que l'amour de l'Église rejaillisse du coeur de l'homme.‎ Et l'enfouissement qui est en soi une figure évangélique de l'humilité et de la kénose est probablement une des voies prises par l'Esprit pour préparer les temps nouveaux. Si la formation est devenue nécessité, n'opposons pas trop les deux voies.
Cherchons l'unité dans une véritable démarche pastorale.

22 mai 2016

Figure et enthousiasme

"L'Esprit ‎est à la fois figure et figuration et amour et enthousiasme" (1)
Que veut nous dire Balthasar par cette tension ? J'y vois celle qui existe entre la Croix et la joie, la souffrance et l'amour, la tristesse et l'espérance. Folie aux yeux des hommes, elle n'est pas illusion ou opium mais ce grand écart auquel Dieu nous conduit entre nos désirs d'homme et l'incroyable construction du royaume. Chacun a sa pierre à porter sur ce sentier. Parfois nous ne parvenons qu'a l'un des points cités mais nous savons qu'ensemble nous portons ce projet, poussé par l'Esprit.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 op Cit p. 417

Envoyé de mon smartphone BlackBerry 10 sur le réseau SFR.

19 mai 2016

Le déploiement de la figure

C'est dans la contemplation de la vie cachée des saints que la dynamique trinitaire s'aperçoit et se cache, se révèle et s'enfouit‎ dans le monde. "Elle ne fait pas violence (...) et nous laisse libres, parce qu'elle nous rend libres, et c'est justement en cela qu'elle doit être l'évidence suprême. L'amour qui lui répond librement, elle ne veut le subjuguer qu'à sa manière, par l'évidence de l'amour" (1) Balthasar nous développe cette thèse en évoquant Pascal et son insistance sur le Dieu caché : "toute religion qui ne dit pas que Dieu est caché n'est pas véritable" (2) Jésus-Christ est demeuré inconnu parmi les hommes (...) ainsi l'Eucharistie parmi le pain commun" (3). Pour Balthasar, Pascal ne veut ni d'une clarté trop manifeste, ni une obscurité destructrice. Il vise la contemplation du "mystère de Jésus" qui rassemble et tient captives toutes les évidences de Dieu et de la création (...) fait éclater les véritables dimensions de l'homme : sa grandeur comme sa misère. (4)

(1) Hans Urs von Balthasar Gc1 p. 407s
(2) Pascal, Pensées 598
(3) ibid 638
(4) Gc1 p. 409

18 mai 2016

Christ, discours de Dieu

Une belle contemplation qui rejoint la joie intérieure de ceux qui communient au corps et au sang du Christ : "Le Christ est ce discours de Dieu, adressé à nous tous. Ce n'est pas du dehors qu'il nous parle, c'est en nous ; il nous atteint au plus intime de notre nature (...) par l'incarnation, nous sommes transportés dans la sphère du dialogue (...) introduit dans la lumière merveilleuse du Verbe" (1)

"Cette lumière du soleil, vue par les yeux de notre corps, annonçait le soleil spirituel, le Soleil de justice. C'est vraiment le soleil le plus doux qui se soit levé pour ceux qui, en ce temps-là, ont eu le bonheur d'être ses disciples, et de le regarder de leurs yeux pendant qu'il partageait la vie des hommes" ( 2)


(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 404.
(2) Grégoire d'Agrigente, Commentaire de l'Ecclesiaste

Parler avec autorité

Qu' st-ce qui permet au Christ de parler avec puissance et autorité demande non sans raisons Balthasar ? La question mérite d'être posée tant elle semble contradictoire avec l'humilité du Christ qui est au coeur de sa nature et de sa révélation. "Religieusement, cela rend un son intolérable (...) ce n'est pas le Dieu‎ dévoilé qui parle ainsi, c'est un homme (...) il ne peut y avoir pour cela qu'une seule justification : c'est que cet homme agit dans l'obéissance (...) cela n'est possible que parce que cet homme qui obéit en se "faisant" Dieu, est un Dieu qui obéit en se faisant homme. La première démarche serait hubrys [démesure](...) s'il n'obéissait jusqu'à la mort" (1)

Il reste à contempler une autre question subsidiaire qui a aussi son importance : qu'est ce qui justifie nos propres prises de parole? La limite entre orgueil, vanité et vérité se situe probablement dans une tension identique : celle de trouver avant tout, en dépit de tout discours la vérité en actes, l'humilité et l'obéissance, un chemin qui reste fragile, un chemin de désert.(2)
 
(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 404-405
(2) cf. mon essai éponyme

17 mai 2016

Kénose et accomplissement

En écho avec nos réflexions précédente sur l'image et la ressemblance,  contemplons ce que disait Aphraate de Mossoul au 4eme siècle : "Mon ami, prenons la ressemblance de celui qui nous donne la vie. Alors qu'il était riche, il s'est appauvri lui-même. Alors qu'il était haut-placé, il a abaissé sa grandeur. Alors qu'il habitait les hauteurs, il n'a pas eu de lieu où s'appuyer la tête. Alors qu'il doit venir sur les nuées, il est monté sur un ânon pour entrer à Jérusalem. Alors qu'il est Dieu et fils de Dieu, il a porté la ressemblance de serviteur. Lui qui est le repos de toutes les peines, il a été fatigué de la peine du chemin. Lui qui est la source qui étanche la soif, il a eu soif et il a demandé de l'eau à boire. Lui qui est la satiété qui rassasie notre faim, il a eu faim quand il jeûnait au désert pour être tenté. Lui qui est le veilleur qui ne dort pas, il s'est endormi et s'est couché dans la barque au milieu de la mer. Lui qui est servi dans la tente de son Père, il s'est laissé servir des mains des hommes. Lui qui est le médecin de tous les hommes malades, ses mains ont été percées par des clous. Lui dont la bouche énonçait de bonnes choses, on lui a donné du fiel à boire. Lui qui n'avait fait de mal ni nui à personne, il a été frappé de coups et il a supporté l'outrage. Lui qui fait vivre tous les morts, il s'est livré lui-même à la mort de la croix. Notre Vivificateur lui-même a fait preuve de tout cet abaissement ; abaissons-nous nous-mêmes, mes amis".

On peut mettre cela en écho avec Balthasar :
"En se faisant homme il ne fait pas violence à l'homme, mais l'accomplit justement dans ce qu'il a de plus humain" (2)

(1) Aphraate de Mossoul, Les Exposés, n° 6 (trad. SC 349, p.388), source AELF

(2) Gc1 op. Cit p. 403.


Naître et mourir

"Nous faisons de nous-mêmes des prématurés, des êtres incomplets et inconsistants si le Christ n'est pas formé en nous, comme dit saint Paul. (...) [de même ajoute-t-il que nous devons mourir à] notre fierté. Et encore : C'est pour toi, Seigneur, qu'on nous frappe de mort chaque jour. Et enfin : Nous avons reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort.On voit très clairement comment Paul meurt chaque jour, lui qui ne vit jamais pour le péché, qui mortifie sans cesse les membres de son corps, qui porte en lui-même l'agonie du corps du Christ, qui est sans cesse crucifié avec le Christ vivant en lui. À mon avis, c'est là une mort au bon moment, celle qui est devenue l'introductrice de la vraie vie.C'est moi, dit Dieu, qui fais mourir et qui fais vivre, afin de faire comprendre que, c'est vraiment un don de Dieu que d'être mort au péché et de vivre par l'Esprit. C'est parce qu'il fait mourir que sa parole promet de faire vivre". (1)

On le voit cette mort spirituelle à ce qui nous fait adhérer au monde est la condition de notre salut.  C'est le message du Christ à Nicodeme (Jn 3)

(1) Saint Grégoire de Nysse,  commentaire de l'Ecclesiaste 3

15 mai 2016

Dynamique sacramentelle - 3

Cette conjonction avec l'économie trinitaire se fait presque à notre insu. En nous ouvrant à sa grâce,  l'Esprit qui nous envahit, réalise en nous ce à quoi Dieu nous destine. Comme le suggère Irénée,  "la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l'eau qui vient du ciel" ( 1 )

Paul nous le dit aussi à sa manière :"l'Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prière (...) Il prie pour nous par des gémissements ineffables" Rom 8, 26.

(1) Contre les hérésies

14 mai 2016

Dynamique sacramentelle - suite

Nous avons déjà commenté le mouvement qui nous fait tendre de l'image à la ressemblance. Il se conjugue en fait à celui de l'économie trinitaire qui voit notamment "la descente de Dieu dans la chair et l'ascension de la chair jusque dans l'esprit. Chair est mise ici pour l'homme terrestre et esprit pour la sphère divine" (1) La venue du Verbe qui vient ici planter sa tente (Jn 1, 14) y fait habiter la plénitude de Dieu (Col 1, 19, 2,9), précise Balthasar.

On peut ajouter avec humilité que la dynamique qui en découle n'est presque pas de notre fait. C'est Dieu, qui en suscitant en nous l'amour nous conduit à entrer dans cette danse, lui qui nous a créé pour l'amour.

(1) Gc1 p. 399

13 mai 2016

M'aimes - tu ?

Combien de fois aie-je lu ce texte de Jn 21 en plaignant le pauvre Pierre.  Et si la question m'étais posée à moi. Quelle serait ma réponse ?

12 mai 2016

La clé trinitaire - 2

Dans la fin de LS, notre pape insiste sur la clé trinitaire. J'en trouve un écho chez Balthasar : "Le Fils révèle Dieu dans sa forme d'esclave ; mais le Saint-Esprit,‎ splendeur de Dieu illumine cette forme d'esclave et fait apparaître sa gloire. (...) il est à la fois si humble (...) et si zélé et emporté pour la cause de Dieu (...) [que se révèlent en lui des] tensions qui ne sont compréhensibles et explicables qu'en fonction de ses dimensions trinitaires" (1).

Qu'est ce à dire ? Au delà de l'humilité du Fils qui est la forme la plus évidente et surprenante de la révélation de l'amour du Père se meut en Christ les caractéristiques mêmes du Père, cette attente infinie d'une réponse, ce trépignement d'impatience de celui qui ne peut se résoudre de notre médiocrité. La maternité de Dieu ne peut être soulignée sans évoquer sa paternité, la miséricorde ne peut masquer son désir de justice et c'est le tout de l'amour qui se penche vers l'homme.

(1) Hans Urs von Balthasar, op Cit, Gc1 p. 387.

11 mai 2016

Contre l'élitisme

Imiter le Christ ne consiste pas à devenir un surhomme, souligne Balthasar (1), mais au contraire à devenir celui qui "n'élève pas la voix, reste méconnaissable". Qu'est ce à dire ? Ce n'est pas la sagesse ou la puissance qui distingue le Christ c'est l'amour dans le détail d'une miséricorde gratuite, non pas affichée mais vécue dans le souci du pauvre. Sur ce chemin nous avons beaucoup à faire....

(1) Ibid p. 386‎.

09 mai 2016

Voile

Pourquoi cette révélation qui semble au départ une "époque lumineuse" dans l'Ancien Testament semble-t-elle de plus en voilée ? "Israël n'est jamais plus sûr de son Dieu que lorsque dans l'exil, ce Dieu semble l'avoir abandonné" (1) nous précise Balthasar. Deux explications semblent possibles. L'enfance dite lumineuse est probablement une projection des auteurs en exil qui gomment une partie du passé pour redonner l'espoir. Le présent est de plus en plus noir pour que le "reste" soit capable d'accueillir l'incroyable d'un Dieu qui le rejoint en s incarnant...

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 385 

06 mai 2016

Le pont

"Si la première parole est ordonnée à l'homme en tant qu'il est créature issue de Dieu, la deuxième s'adresse personnellement à lui, enfant de Dieu enrichi de la grâce et l'appelle jusqu'au coeur de Dieu".
Pourtant précise Balthasar, "on n'a pas ‎le droit de sauter le degré de la création pour s'occuper uniquement de la révélation de grâce par la Parole plus élevée. C'est d'abord comme créature que l'homme apprend à reconnaître comme son Seigneur le Dieu toujours plus grand et, du fait même, toujours plus caché. Ce rapport unique entre le voile et le dévoilement est inscrit dans‎ son être même" (1)

Cette première étape me semble essentielle car elle trace ‎les fondements d'une approche anthropologique dans la deuxième édition en préparation de ma dynamique sacramentelle. Elle rejoint ce que nous avons souligné chez Theobald.

Hans Urs von Balthasar, op Cit., Gc1 p. 380.


Le plus petit

"Ne pas être enfermé par le plus grand, mais être contenu par le plus petit, c'est cela qui est divin". Cette phrase, nous dit Spadaro (1) "fait partie d'une longue épitaphe littéraire qu'un jésuite anonyme a composé en l'honneur d'Ignace de Loyola. Elle avait tellement plus à Hölderlin qu'il en fit la devise de son Hyperion".

‎Elle nous fait bien sûr à l'hostie, mais derrière le signe c'est tout le mouvement kénotique qui se révèle, depuis le renoncement du Père jusqu'au silence du Fils et la kénose de l'Esprit. Elle fait apparaître à contre nos tentations récurrentes à l'hubris, cette triple démesure du valoir, du pouvoir et de l'avoir que Jésus rejette en Lc 4/Mt 4.

(1) Le pape François , l'Eglise que j'espère, entretien avec le père Spadaro, s.j. Flammarion, Études, 2013, p. 55

05 mai 2016

Clé de lecture trinitaire - de la contemplation à l'action - pape François

A la suite du billet précédent, je note que le pape François, dans les paragraphes 237 à 239 de Laudato Si nous invite, à la suite de Bonaventure, à une lecture trinitaire des signes de la révélation, jusqu'à la contemplation dans l'hostie eucharistique du don du Père créateur, du Christ donnant son Corps, et de l'Esprit qui embrase la personne qui le reçoit et se laisse habiter par ce triple don. Il nous faut "essayer de lire la réalité avec une clé trinitaire", insiste-t-il en 239.

"Plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure qu'elle entre en relation, quand elle sort d'elle même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. (240).

04 mai 2016

Conversion

Une conversation spirituelle ‎peut se dérouler sans référence explicite à l'Esprit nous rappelle Christoph Théobald (1). Le franchissement du "seuil" qui lui donnera une dimension spirituelle cette fois explicite ne vient que lorsqu'à l'invitation d'un tiers qui "en vit déjà", elle peut advenir par la conversion de la personne à "une écoute responsable ou répondante (ob-auditio = obéissance) à l'Esprit (2).

Comment peut se faire ce passage de l'implicite ‎ à l'explicite ? Quand la proposition peut-elle se faire ? Une chose est de vivre dans l'Esprit (...) une autre est de vivre sous la conduite de l'Esprit (3). La conversation doit se rendre progressivement attentive à ce qui se passe dans l'interlocuteur, renvoyé à sa liberté et confié à ce ou plutôt à Celui qui se révèle en lui et à lui comme véritable "maître intérieur" de son existence (3) 
En cela, la proposition, nécessaire à une première introduction ne pourra jamais produire la conversion (...) qui est toujours l'oeuvre de l'Esprit-Saint qui doit être repéré lui-même dans une autre inaliénable liberté (4)


(1) Paroles humaines, Parole de Dieu, Paris, Salvator, 2015, p. 163
(2 à 4) ibid.‎ p. 164 à 166.

03 mai 2016

Responsabilité et décroissance

. Après une longue diatribe sur la politique et l'engagement chrétien vers le bien commun(1), Christoph Théobald nous conduit sur les pas d'Hans Jonas et son principe de responsabilité. Étonnante application, à la lumière de l'évangile, de ce principe en faveur d'une décroissance responsable pour le bien des générations suivantes. "Acte de foi et d'étonnement"(2) devant l'enfant à naître qui suscite chez nous l'importance d'une nouvelle gratuité, voire d'une kénose. Cette attitude qui est finalement celle du créateur, est appelée pour lui à se transformer en "don de soi" jusqu'au bout, prenant ici une "figure nouvelle et inédite" (3) celle de la "pauvreté spirituelle (...) du partage et de la solidarité" (...) par une "révision de manière drastique de nos modes de vie, entrant individuellement et collectivement dans une autolimitation". Ce mouvement entre dans cette double asymétrie et symétrie évoquée plus haut. Asymétrie des dons reçus du créateur et symétrie dans l'attitude de celui qui rejoint la kénose divine, se perçoit comme hôte de la terre et entre à son tour dans le don.

Quel est l'enjeu ? N'est ce pas cette semence apostolique que décrit Tertullien avec la belle image de la bouture : "Et dans chaque cité ils fondèrent des Églises, auxquelles dès lors les autres Églises empruntèrent la bouture de la foi et la semence de l'enseignement, et l'empruntent tous les jours pour devenir elles-mêmes des Églises. Et par cela, elles aussi sont considérées comme apostoliques, en tant que rejetons des Églises apostoliques" (4)

(1) Christoph Théobald,  ibid p. 125ss.
(2) p. 154.
(3) 156.
(4) Tertullien,  Traité sur la prédication apostolique

29 avril 2016

Asymétrie et rencontres

Qu'est ce qui interpelle Jésus et le met en mouvement : une asymétrie(2) caractérisée chez ses interlocuteurs qui montre leur ouverture de coeur : Jaïre (Mc 4) comme le lépreux (Mc 1), qui se jette aux pieds de Jésus, la femme hemoroïsse qui, impure, ose braver l'interdiction et touche un homme pur, la Syro-Phénicienne qui parle de ramasser les miettes sous la table (Mc 7). Ils font ce que j'appelle des "descentes de tour" et rejoignent ainsi la kénose du Christ. C'est en bas de la tour que la rencontre est possible.

Cf. Théobald ibid p. 97ss

Symétrie et gratuité

Dans son commentaire de Gn 18, Théobald interpelle l'essence d'une hospitalité : y a-t-il volonté de symétrie dans la rencontre ou véritable gratuité ? Cette question qui traverse pour lui toute la Bible de Gn jusqu'à Ap 3, 20 : "je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper" est aussi une interpellation sur notre ouverture réelle à autrui. Elle pose la question de notre confiance en l'autre jusqu'à celle de notre foi en Dieu. Parfois l'hospitalité peut conduire à la sainteté, à cette "mise en jeu de soi, l'offrande de soi dans le martyre, ainsi que le vit Jésus de Nazareth" (1).
Dans ces temps de nos aujourd'hui la question revient sur nos capacités d'accueil d'autrui, les limites de notre charité, une limite qui reste ouverte et en tension comme le trace déjà l'opposition visible en Gn 18 entre l'accueil fait par Abraham et le rejet des mêmes visiteurs à Sodome. Une tension qui interpelle notre conscience.

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, Parole de Dieu, Paris, Salvator, 2015, p. 88 à 95.

28 avril 2016

Création vivante et dynamique - Balthasar

Dans la foulée de ce que nous écrivions sur dynamique sacramentelle, on peut contempler encore une fois ce que Balthasar écrit sur la création. Il nous faut dit-il "dépasser la notion déiste de la création d'après laquelle Dieu produit lui-même, à la manière d'un artiste humain, une oeuvre achevée qui aurait en elle, comme par exemple une oeuvre de Rembrand ou de Bach, tout ce qui est nécessaire pour renvoyer à son auteur (...). Dieu est [au contraire] libre de créer et demeure libre en créant et après avoir créé" (...). Son activité accompagnatrice, conservatrice et vivifiante (...) sa fidélité adaptée à la créature (son engagement jusqu'au bout (...) jusqu'au sacrifice (1) permet de faire de la création une dynamique toujours perfectible qui ajouterais-je donne à l'homme par la triple kénose trinitaire une liberté incomparable de parfaire le dessein initial, de s'y lover et d'atteindre à sa manière l'enjeu de l'amour qui porte le projet créateur de Dieu.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 374-375

27 avril 2016

Peindre l'image en nous - Saint Colomban

Souvent abordé le thème de l'image et de la ressemblance. (Gn 1,26)... J'apprécie d'autant ce qu'en dit saint Colomban : "À nous donc de refléter pour notre Dieu, pour notre Père, l'image de sa sainteté... Ne soyons pas les peintres d'une image étrangère... Et pour que nous n'introduisions pas en nous l'image de l'orgueil, laissons le Christ peindre en nous son image." (1)

(1) Saint Colomban, Instruction 11, 1-4 ; PL 80, 250-252 (trad. Orval), source AELF

25 avril 2016

Dynamique sacramentelle - 9

Après avoir posé l'exhortation apostolique vient le temps de la réception intérieure. Elle se nourrit d'autres lectures qui entrent en résonance. Théobald me conduit indirectement sur une piste. Il évoque la foi des petites communautés, ces églises qui naissent "d'une foi qui engendre"‎, ces petits groupes qui "restent debout même dans les moments difficiles" (1). Et tout d'un coup la connexion se fait. Le couple dont rêve notre pape (2) n'est il pas aussi une petite cellule fragile qui devient sacrement quand elle résiste en dépit des difficultés internes ou exogènes et donne à croire que l'amour est possible, non seuls mais nourris de la bonne nouvelle et de l'espérance glissée en l'homme en des germes parfois indicibles.

Cette dynamique sacramentelle (3) n'est pas brillante de mille feux. Elle est dans la persévérance et j'oserai dire dans la résilience pour inclure ceux qui en apparence seulement n'ont pas trouvé tout de suite ce que aimer veut vraiment dire et mais qui découvrent,  dans une deuxième chance, la force d'espérer encore.


(1) Christoph Théobald op Cit p. 73 et 74.
(2) cf. billet n° 16, conclusion d'Amoris laetitia
(3) cf. notre livre éponyme

24 avril 2016

La non violence absolue

Est-ce parce que je vais être grand-père que cette phrase de Theobald à propos de l'Apocalypse me touche ? : "La non-violence absolue de la vie fragile [est] celle de l'enfant qui naît face à la bête". (1) En ces temps où la violence nous entoure, il y a en tout cas ici un lieu de contemplation. Comme le suggérait Danielou la naissance ouvre une faille spirituelle en l'homme.

(1) Christoph Théobald op. Cit p. 65

23 avril 2016

Tendresse pastorale et rêve - Amoris Laetitia - n. 16 (suite et fin)

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la tendresse pastorale qui se dégage dans ce texte. Mes billets ont eu pour but d'insister à cette lecture. Reprenons en guise de conclusion cette phrase du 9eme chapitre : " Vouloir fonder une famille, c'est se décider à faire partie du rêve de Dieu, choisir de rêver avec lui, vouloir construire avec lui, se joindre à lui dans cette épopée d'un monde où personne ne se sentira seul". (1) 

(1) Pape François, AL 321, citant le discours à Philadelphie du 26/9/2015.

Une seule chair

"Ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père (1) ."

A contempler à l'aune de mes propos précédents sur Gn 2, 24ss
(1) Traité de saint Hilaire sur la Trinité, source AELF

21 avril 2016

Dynamique sacramentelle 8 - AL n15

"La danse qui fait avancer grâce à cet amour jeune, la danse avec ses yeux émerveillés vers l'espérance (...) [qui maintient dans] un chemin de croissance‎" (AL 166) pourrait être une belle définition de la dynamique sacramentelle. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle est réaliste, en ne cachant ni ombre et lumière : "Chaque mariage est une histoire de salut (...) [qui suppose] une part de fragilité‎ qui, grâce au don de Dieu et une réponse créatrice et généreuse, fait progressivement place à une réalité toujours plus solide et plus belle" (AL 221). 
Non seulement notre pape a ici la plume d'un poète mais il fait entrer cette dynamique conjugale dans un chemin d'espérance !
Et il poursuit à propos de Gn 2,7 ss en parlant d'un amour artisanal où le couple sous l'oeil attentif du Créateur se découvre progressivement. ‎"Même dans les moments difficiles l'autre surprend encore et de nouvelles portes s'ouvrent pour les Retrouvailles, comme si c'était la première fois et à chaque étape ils se "façonnent" de nouveau mutuellement. L'amour fait qu'on attend l'autre et qu'on exerce cette patience propre à l'artisan héritier de Dieu". 


20 avril 2016

Dynamique sacramentelle 7 - AL n.14

Leçon d'humilité ? La encore le pape exprime mieux ce que j'ai cherché à dire dans "La dynamique sacramentelle" : "Le mariage ne peut se comprendre comme quelque chose d'achevé (...) ils sont créateurs d'un projet qu'il faut mener à bien ensemble (...) un avenir à construire quotidiennement (...) inachevé, appelé à grandir, en évolution".

AL 218

19 avril 2016

Fécondité - AL n. 13

Après de belles pages sur la maternité, le pape François ouvre en grand la notion de fécondité en y incluant, au delà de l'adoption cette responsabilité du couple à être attentifs à ceux qui ne communient pas aux mêmes joies.
J'aime sa citation d'un poète argentin "bras dessus bras dessous nous sommes bien plus que deux"(1) (AL 181) et surtout son commentaire de 1 Cor 11, 17-34 adapté à la communauté familiale, un "avertissement aux familles qui s'enferment dans leur confort et s'isolent (...) indifférentes à la souffrance des familles pauvres".
 Il ne faut pas oublier que "la mystique du Sacrement à un caractère social" (2) (AL 186).

(1) Mario Benedetti, Te Quiero

(2) Citation de Benoît XVI, Caritas in Veritate, n. 14 AAS 98, 2006



Image et ressemblance - Une dynamique

Cette différence entre image et ressemblance souvent commentée dans la pensée d'Augustin et Bonaventure se trouve déjà dans les réflexions de saint Irénée. Elle n'est pas, nous dit Balthasar (1) entre une trace corporelle et une image spirituelle comme le diront certains pères de l'Église platonisants, mais s'inscrit plutôt dans une dynamique. "L'expression peut osciller [chez Irénée] de telle sorte que le point de départ (...) est appelé tantôt image ou ressemblance, ou bien les deux termes peuvent être distingués aussi  dynamiquement de la manière suivante : par le péché l'image a perdu la ressemblance avec Dieu, mais du fait que Dieu se rend par l'incarnation semblable à la nature tombée et "récapitule en soi l'image du commencement", la ressemblance sera de nouveau acquise. Cette intelligence dynamique de l'image est celle qui révèle l'histoire du salut et qui est proprement biblique et théologique. Car l'image de Dieu est le Fils à l'image duquel l'homme a été fait ; c'est pourquoi dans les derniers temps il est apparu afin de montrer que l'image était semblable à lui-même"(2).

Cette page a pour moi de l'intérêt car elle fonde une partie de mes réflexions sur la dynamique sacramentelle, qui prolonge pour moi en l'homme cette pédagogie divine particulière.

Il y a poursuit d'ailleurs Balthasar un caractère trinitaire à cette doctrine de l'image et de la ressemblance parce que la créature étant en devenir les deux mains de Dieu (Christ et Esprit) "ne cessent pas de lui imprimer leur forme (...) et ainsi la nature montre partout les contours et les présages, le plan de ce qui doit être développé à travers le devenir et le temps en direction de l'image parfaite"(3).

Cette dynamique n'est elle pas la course humaine décrite en Ph3, celle que qui oubliant le passé tâche de nous faire "saisir" par Dieu‎. Nous ne sommes et ne serons jamais image et ressemblance, mais notre course est d'y tendre.

‎"Pour suivre la conduite de Dieu, l'homme doit être libre, et cette liberté apparaît aussi dans la conduite elle même qui est toujours une conduite doucement persuasive, jamais une conduite contraignante (4).

 (1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 2, Styles, d'Irénée à Dante, (GC2) p. 58
(2) Irénée, Contre les Hérésies, 2, 367. 2,145 et D2, cité par Balthasar op‎ Cit p. 58
(3) GC2 p. 59
‎(4) Ibid. citant  saint Irénée AH 2, 289 et 2, 286



18 avril 2016

Le chant de l'amour

La fin du chapitre 4 d'Amoris Laetitia est d'une tendresse pastorale étonnante. On y sent l'oreille écoutante du vieux prêtre qui a accompagné des couples quand le crépuscule d'une vie émousse la passion mais ne met pas un terme au projet commun. A consommer sans modération.

Gn 2 et Irénée

Au delà d'un premier niveau de lecture sur le "ils feront  une seule chair" qui peut nous conduire à la contemplation de la joie de l'amour conjugal, on peut contempler un second niveau dans la naissance de l'enfant chair unique issu de deux chairs qui s'unissent. Une troisième facette de contemplation peut être trouvée dans cette ouverture de la fécondité conjugale qui en se faisant communion devient liturgie et signe sacramentel pour l'Église d'une union du Christ et de l'Église. Un dernier aspect peut être manduqué à la suite de saint Irénée dans la contemplation de l'union de la glaise et du souffle, de l'Adam et de l'esprit où‎ la chair devient éponge du souffle divin. Formée par la main de Dieu, cette glaise modelée par ses mains devient  temple et louange d'une alliance qui le dépasse et, en recevant et rejoignant le corps du Christ , "il participe à la sagesse et la la force artistique de Dieu, car la force de Dieu qui communique la vie s'achève dans la faiblesse (2 Co 12,9), c'est à dire dans la chair(1)".
Le couple saisi de cette dynamique peut alors prendre une dimension sacramentelle véritable.

(1) Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, 2, 327 cité par Hans Urs von Balthasar, GC tome 2 p. 57

16 avril 2016

Ne me touche pas ?

En écho à la phrase célèbre de Jésus, voici une contre résonance chez Theobald : "Nous sommes invités à le toucher, à le rencontrer, à le manger, à nous nourrir de lui et à entrer dans son mouvement pascal d'effacement" (1).

Contre résonance mais aussi résonance, car le "me touche pas" Jn 20, 17 prononcé à Marie Madeleine est compatible avec les propos du théologien. Ne pas toucher c'est entrer dans le cacher dévoiler de Dieu, respecter l'inconnaissable divin et percevoir que bien que nourriture il nous échappe encore.

(1) Christoph Théobald, op. Cit. p. 30

15 avril 2016

Pour une vision positive de la sexualité - AL, note 11

"Dieu lui-même a créé la sexualité qui est un don merveilleux fait à ses créatures. Lorsqu'on l'entretient et qu'on évite sa déviance, c'est pour que ne se produise l'appauvrissement d'une valeur authentique." (1)

Les propos du pape François méritent d'être soulignés tant on véhicule souvent une vision contraire de l'Église‎. Il souligne le trait reprenant sur ce point les catéchèses de Jean-Paul II (septembre et octobre 1980) : "le besoin sexuel des époux n'est pas objet de mépris" (2). Il est "don de Dieu qui embellit la rencontre des époux" (AL 152). 

Le pape ne s'arrête pas là bien sur et il est dans son rôle quand ses propos insistent sur le réalisme et les dangers d'une dépersonnalisation des relations. (AL 153) car on sait d'expérience que cette porte ouverte peut aussi être utilisé à l'envers. J'ai même vu avec stupeur de bons chrétiens utiliser ces propos positifs pour ‎justifier leurs excès. L'enjeu réside dans cette symphonie à construire où chaque Personne est respectée. Un "équilibre fragile" (cf. AL 157) qui est laissé aux soins des époux qui trouvent seulement dans l'expérience le lieu de leur plénitude (3).

Mais j'aime surtout quand il cite plus loin à nouveau Jean-Paul II : Le sens procréatif de la sexualité, le langage du corps et les gestes d'amour vécus dans l'histoire d'un mariage, se convertissent en "une continuité ininterrompue du langage liturgique" et la "vie conjugale devient en un certain sens, liturgie". (4)




(1) Amoris Laetitia 150
(2) ibid
(3) cf. Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale
(4) Jean-Paul II , catéchese du 4 juillet 1984, nn 3.6, cité par le pape François AL 215, cf. Homme et femme il les créa, p. 30


14 avril 2016

Semina Verbi - AL - 8

La mention des "semences du Verbe" en AL 77, les logos spermatikos de saint Justin, déjà apparues dans le rapport intermédiaire du synode, n'étonne pas dans la démarche pastorale de François. Qu'est ce qui est derrière ? Une contemplation du travail de Dieu en l'homme, y compris chez ceux qui n'entrent pas dans les critères sacramentels catholiques. Hors de l'Église, l'amour est possible et les germes de la Parole, déposés en tout homme doivent être contemplés comme tels, accueillis, encouragés voire éclairés....

Syntonie et Trinité

Lire chez Teilhard que "l'instant du don total coïnciderait  alors avec la rencontre divine" (1), n'est-ce pas rejoindre cette dimension trinitaire du mariage évoquée par le pape François dans la joie de l'amour (2).

C'est ce que j'appelle la symphonie conjugale où l'homme et la femme mettent tout en oeuvre pour conjuguer leurs "instruments de musique" dans une quête qui peut devenir, comme le suggère Jean Paul II une liturgie, c'est à dire que leurs dons s'oublient dans une chair‎ unique (Gn 2) qui les dépassent, véritable fécondité à laquelle ils sont appelés.

Car cette chair unique visée par Gn 2 n'est-ce pas in fine le grand Corps du Christ . "La vraie union est celle qui simplifie, c'est à dire qui spiritualise... la vraie fécondité est celle qui associe les êtres dans la génération de l'Esprit". (3)

Teilhard le dira plus tard : " vous ne serez heureux (...) que si vos deux vies se rencontrent et se propagent, aventureuse ment penchés vers l'avenir dans la passion d'un plus grand que vous" (4)

(1) op. Cit p. 89 Cité par Christophe Gripon, p. 159ss
(2) AL n. 11
(3) Teilhard, Eternel féminin, p. 258
(4) Henri de Lubac,‎ L'éternel féminin, p. 72

Se marier, ça vaut la peine - AL 10

Je ne résiste pas à citer presque l'intégrale d'AL 130,tant il y a là l'essence du témoignage : " Après avoir souffert et lutté unis, les conjoints peuvent expérimenter que cela en vaut la peine, parce qu'ils sont parvenus à quelque chose de bon, qu'ils ont appris quelque chose ensemble (...) peu de joies sont aussi profondes et festives". 
Cela me rappelle l'hymne de la Fédération internationale des Centres de Préparation au mariage (FICPM) : "je voudrais qu'en ‎nous voyant vivre ils disent voyez comme ils s'aiment"....

Le festin de Babette dans La joie de l'amour - 9

Le chapitre 4 d'Amoris Laetitia (AL) commence par une très belle manducation de 1 Cor 13 : "l'amour prend patience....". Sur plus de 20 pages le pape commente un à un chacun des versets de cet ode à l'amour. Il y a une pédagogie et une dynamique dans cette lectio divina qui rejoint ce que j'ai longuement commenté dans La dynamique sacramentelle en apportant bien sûr des couleurs plus vives et plus profondes. On sent que ce texte a habité l'auteur et le porte dans sa méditation. En AL 126 il en arrive à une contemplation de la joie de l'amour, élargissement et "dilatation du coeur" qui passe par la prise de conscience de "la grande valeur" de l'autre (AL 127), le don jusqu'à la contemplation de l'autre comme une fin en soi (128), même s'il est malade et sans attraits.
On s'étonnera à moitié qu'après saint Th‎omas d'Aquin le pape François cite le film "le festin de babette" (AL 129)...

13 avril 2016

La dimension sacramentelle - La joie de l'amour 7

Le sacrement de mariage, "signe sacramentel" (AL 71) est aussi un "don pour la sanctification et le salut des époux, (...) rappel permanent de ce qui est arrivé sur la croix (...) vocation (...) réponse à l'appel spécifique à vivre l'amour conjugal comme signe imparfait de l'amour entre le Christ et l'Église" (AL 72).

On note là chez notre pape un léger glissement entre la vision idéaliste de ses prédécesseurs et le réalisme pastoral de François. En liant la vocation sponsale à la Croix, il ne dénature pas le sens commun du sacrement, mais insiste sur la difficulté qui‎ en découle. Comme je l'ai souvent écrit, le mariage est "impossible à l'homme et possible avec Dieu". C'est probablement ce que l'imparfait du n. 71 veut signifier. Dans Aimer pour la vie, j'insiste à la suite d'Augustin et de Bonaventure sur la différence entre l'image et la ressemblance, soulignant que seul le Christ est ressemblance parfaite. 
François nous donne une leçon d'humilité. Nous ne serons jamais à la ressemblance de l'amour trinitaire. Mais c'est à quoi nous sommes appelés.

Balancier ? - Les limites de l'exercice

Je souscris à la "sagesse" de Christos Yannaras sur les limites de l'utilisation de la métaphore érotique dans une pastorale. Dans un monde trop érotisé‎, il faut se méfier plus que jamais de notre utilisation de la Parole plus loin qu'elle ne veut aller. Dans un contexte vétéro-testamentaire, les métaphores de d'Osée 2, des premiers chapitres de Proverbes comme du Cantique des Cantiques, avaient leur place. Mais la sagesse de Paul est de la transformer, de la purifier en une métaphore plus aboutie, celle d'Éphésiens 5, dont l'accent lui-même doit être à nouveau contextualisé, comme je le montre dans Aimer pour la vie. On touche là à la vertu de tempérance.
Et pourtant on sent bien l'intention de C. Gripon  qui en cherchant à combattre l'excès masculin qui pèse sur la théologie depuis Lombard et Thomas, nous réouvre‎, par Teilhard à une poétique du féminin.
Cet effet de balancier me semble nécessaire, tant notre rationalisation de la foi européenne peut nuire à son éclosion. 

Il ne faut pas tomber, à l'inverse,  dans une traduction trop érotisée de la théologie du corps qui dépasse les avancées plus prudentes de JP II sur la liturgie des corps(1). 

On le voit tout est complexe et délicat. Suis-je trop prudent et masculin en disant ça ?  ‎

Aristote avec sa tempérance était plus prudent que Platon.  On peut relire plus bas ce que j'écrivais à la suite de Barth et les limites du platonisme telle que mise en évidence dans GC1 de Balthasar...‎

C'est peut être aussi le chemin de Teilhard entre son Éternel feminin et un ouvrage plus tardif sur L'évolution de la chasteté. On sent dans le premier la faille qui s'ouvre en lui dans la rencontre du féminin et dans le second la conversion intérieure (sublimation ? ) d'un désir qui lui permet enfin de saisir que la force érotique fleurit dans une fécondité nouvelle ce que j'appelle symphonie (quand François nous parle de syntonie (2)‎.
Citons Teilhard : "La femme épanouit, sensibilise, révèle [l'homme]à lui-même" (3) et plus loin "L'amour est le seuil d'un autre univers".  C'est  la flamme jaillie de cette première union [conjugale] qui s'élèvera vers Dieu" (4)
(1) Homme et femme, il les créa, p. 30
(2)  cf. Amoris Laetitia n. 13
(3) Pierre Teilhard de Chardin, L'évolution de la chasteté, p. 77 et 80, cité par Christophe Gripon p. 152‎
(4) Ibid p. 88‎







Famille et sacrement - La joie de l'amour 6

Le pape François reprend ce beau texte de Paul VI prononcé à Nazareth en 64  : "toute famille, malgré sa faiblesse, peut devenir une lumière dans l’obscurité du monde" (AL 66). Il parle bien sûr de la "sainte famille", mais je me doute que sous la plume de François,  ses propos sont plus larges et sonnent comme une exhortation.
C'est ce qui apparaît dès le n.70, dans sa citation de Deux caritas est : “Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain ” (n. 11).

On rejoint ici ce lien particulier mis en avant par Éphésiens 5 et récemment commenté (cf tags).

C'est ce qu'on peut lire juste après :"Le Christ a (...) aussi élevé le mariage au rang de signe sacramentel de son amour pour l’Église (cf. Mt 19, 1-12 ; Mc 10, 1-12 ; Ep 5, 21-32). C’est dans la famille humaine, réunie par le Christ, qu’est restituée ‘‘l’image et la ressemblance’’ de la Sainte Trinité (cf. Gn 1, 26), mystère de tout amour." (AL 71).

Nous rejoignons là ce que j'ai longuement évoqué dans la "dynamique sacramentelle".

L'inconnaissable

À la suite de mes posts sur "l'inconnaissable divin", je tombe sur ce petit extrait de l'apologie de saint Justin  qui entre en résonance : " personne n'est capable d'attribuer un nom au Dieu qui est au-dessus de toute parole, et si quelqu'un ose prétendre qu'il en a un, il est atteint d'une folie mortelle. Ces mots : Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et par ses œuvres. Le mot Dieu n'est pas un nom, mais une approximation naturelle à l'homme pour désigner d'une chose inexplicable" (1)

On pourrait aussi rappeler l'hymne de saint Grégoire de Naziance... : A toi l'au delà de tout"...

(1) Saint Justin,  première apologie,  source : office des lectures du jour, AELF

12 avril 2016

Présence absence - 3

"Il est bien que je m'en aille" Jn 16,7.
"Un seuil que nous avons du mal à passer, car beaucoup occupent la place du Christ. (...) [Celui-ci] s'efface (...) tout en renvoyant à quelqu'un d'autre, à notre origine, à la Parole de Dieu, au Père." nous dit Christoph Théobald. Il appelle cela "une expérience d'inversion  (...) seuil essentiel de l'expérience d'écoute (...) on ne regarde plus vers Dieu mais on se voit regardé par lui" (1).
C'est peut-être le point ultime de l'humilité. S'arrêter de parler à Dieu ou de Dieu et le laisser nous regarder, plonger au fond du coeur, nous aimer, tels que nous sommes et tels que nous pouvons devenir sous son regard, éclairés par sa lumière, portés par ses grâces et conduits à aimer en actes, comme nous le sommes...

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines et Parole de Dieu, op. Cit p. 25.

Une éthique positive

Je rejoins ce que disait Mgr. T. Anatrella ce matin sur Radio N-D sur la façon dont le pape aborde la morale familiale. Les numéros 62ss sont caractéristiques de cette approche. L'indissolubilité n'y est pas présentée comme un "joug", "mais bien plutôt comme un don" (62) et la Samaritaine, comme la femme adultère ne sont pas condamnées mais "la perception de leur péché se réveille face à l'amour". (AL 64) L'approche de François n'est pas celle d'une condamnation, mais d'un éclairage miséricordieux qui éveille, éclaire et aide à discerner.

Quelle est ‎la différence me direz vous ? Elle est dans le respect porté à l'homme au-delà des actes. Et cela change tout... Car l'appel peut alors être entendu, l'interpellation donner du fruit.

Réalité et défi de la vie familiale - Chapitre 2

Je termine le chapitre 2 d'AL. On y trouve une description sans concession de toutes les difficultés actuelles de nos familles : excès de travail, individualisme, manque de communication, violences, migrations, addictions, sans compter d'autres pressions exogènes... François en parle avec la compassion misericordieuse d'un père et fustige les "lanceurs de pierres mortes".

On relira utilement le n. 53 sur la force de la famille.
J'aime la dernière phrase du chapitre qui nous vient des évêques colombiens : "libérer en nous les énergies de l'espérance en les traduisant en rêves prophétiques, en actions qui transforment et en imagination de la charité" (1)

(1) AL 57

Réflexions pastorales - AL 35 à 38

Poursuivons notre lecture de La joie de l'amour. Les paragraphes 35 à 38 semblent opposer une pastorale de l'accompagnement à une morale du jugement. Personnellement j'ai toujours eu une préférence pour la première et n'est pas caché mon agacement aux manifestations contre la décadence du monde qui manque de "capacité dynamique pour montrer les chemins de bonheur (...) reflet des attitudes de Jésus qui en même temps (...) [propose] un idéal exigeant [sans renoncer] à une proximité compatissante avec les personnes fragiles, comme la Samaritaine ou la femme adultère" (AL 38).

On retrouve bien là la priorité pastorale de notre pape et son hôpital de campagne. J'ai conscience que cela peut heurter nos vaillants défenseurs de la morale, mais c'est ce qui différencie pourtant Jésus des Pharisiens en Jn 8. 

Cf. A ce sujet mes développements dans Le vieil homme et la Perle.

Éloge de la tendresse - Amoris Laetitia 28

Nous avons souvent commenté ici le chapitre 11 d'Osèe en ce qu'il décrit les entrailles de Dieu et leur retournement. J'aime ce que dit François dans AL 28 sur la tendresse paternelle et maternelle de Dieu. Il met en rapport le Ps 131 et Osée 11 en décrivant un Dieu qui nous comble "comme un petit enfant contre sa mère". Ps 131, 2.
Est-ce parce que je vais être grand-père en septembre que l'image me touche ? :)

PS : Pour ceux qui n'ont pas le temps de lire l'exhortation (snif :( voici quelques pépites "live"...

11 avril 2016

Individualisme et communion

Si Dieu reste inconnaissable, l'incarnation nous ouvre un champ de contemplation, mais aussi de communion. Il nous révèle un Dieu tendu vers l'homme.  "Yannaras va jusqu'à affirmer que le lieu de la connaissance apophatique - la participation - s'identifie (...) au lieu de l'Église" (1). Il s'en suit une intéressante distinction entre l'individualisme religieux et l'Église.
"La religion est nécessairement individualiste (...) pulsion instinctive [alors] (...) que l'Église constitue l'existence comme communion". (2)
Cette clé de compréhension ouvre pour moi des portes à la compréhension de ce que j'appelle l'invitation à la danse trinitaire, non comme une adhésion mystique individuelle, mais comme le dépassement et le décentrement kénotique de l'individu qui entre au service du grand Corps qu'est l'Église.

(1) Christos Yannaras , cité par Gripon, op. Cit p. 120
(2) ibid p. 121.‎

Amoris laetitia - Pape François, La joie de l'amour

La joie de l'amour, du pape François  tout un programme à consommer sans modération.  On sent un texte emplit de sens pastoral.  Affaire à suivre donc... cf. lien sur le site du Vatican.
Petit extrait: "Le couple (...) est la vraie ‘‘sculpture’’ vivante (...) capable de manifester le Dieu créateur et sauveur. C’est pourquoi, l’amour fécond (...) la relation féconde du couple devient une image pour découvrir et décrire le mystère de Dieu, fondamental dans la vision chrétienne de la Trinité qui, en Dieu, contemple le Père, le Fils et l’Esprit d’amour. Le Dieu Trinité est communion d’amour, et la famille est son reflet vivant" AL,11
On retrouve des accents proches des catéchèses de Jean Paul II,  qu'il cite d'ailleurs juste après.
Cela résonne avec ce que j'ai écrit dans "Aimer pour la vie" et "Dynamique sacramentelle". Notons qu'il utilise le mot syntonie en 13 là ou je préfère symphonie. Cela doit être mon côté poète... :)

10 avril 2016

Sur le toit du monde -3 - M'aimes-tu ?

Quelques jours après la publication d'un post sur Jn 21, je découvre ce texte de Jean Paul II,  qui entre en résonance : " Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd'hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M'aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C'est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d'être vécue." (1)
(1) Homélie à Paris du 30 mai 1980, (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)