Je souscris à la "sagesse" de Christos Yannaras sur les limites de l'utilisation de la métaphore érotique dans une pastorale. Dans un monde trop érotisé, il faut se méfier plus que jamais de notre utilisation de la Parole plus loin qu'elle ne veut aller. Dans un contexte vétéro-testamentaire, les métaphores de d'Osée 2, des premiers chapitres de Proverbes comme du Cantique des Cantiques, avaient leur place. Mais la sagesse de Paul est de la transformer, de la purifier en une métaphore plus aboutie, celle d'Éphésiens 5, dont l'accent lui-même doit être à nouveau contextualisé, comme je le montre dans Aimer pour la vie. On touche là à la vertu de tempérance.
Et pourtant on sent bien l'intention de C. Gripon qui en cherchant à combattre l'excès masculin qui pèse sur la théologie depuis Lombard et Thomas, nous réouvre, par Teilhard à une poétique du féminin.
Cet effet de balancier me semble nécessaire, tant notre rationalisation de la foi européenne peut nuire à son éclosion.
Il ne faut pas tomber, à l'inverse, dans une traduction trop érotisée de la théologie du corps qui dépasse les avancées plus prudentes de JP II sur la liturgie des corps(1).
On le voit tout est complexe et délicat. Suis-je trop prudent et masculin en disant ça ?
Aristote avec sa tempérance était plus prudent que Platon. On peut relire plus bas ce que j'écrivais à la suite de Barth et les limites du platonisme telle que mise en évidence dans GC1 de Balthasar...
C'est peut être aussi le chemin de Teilhard entre son Éternel feminin et un ouvrage plus tardif sur L'évolution de la chasteté. On sent dans le premier la faille qui s'ouvre en lui dans la rencontre du féminin et dans le second la conversion intérieure (sublimation ? ) d'un désir qui lui permet enfin de saisir que la force érotique fleurit dans une fécondité nouvelle ce que j'appelle symphonie (quand François nous parle de syntonie (2).
Citons Teilhard : "La femme épanouit, sensibilise, révèle [l'homme]à lui-même" (3) et plus loin "L'amour est le seuil d'un autre univers". C'est la flamme jaillie de cette première union [conjugale] qui s'élèvera vers Dieu" (4)
(1) Homme et femme, il les créa, p. 30
(2) cf. Amoris Laetitia n. 13
(3) Pierre Teilhard de Chardin, L'évolution de la chasteté, p. 77 et 80, cité par Christophe Gripon p. 152
(2) cf. Amoris Laetitia n. 13
(3) Pierre Teilhard de Chardin, L'évolution de la chasteté, p. 77 et 80, cité par Christophe Gripon p. 152
(4) Ibid p. 88
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