Sortant d'une conférence du P. André Wénin sur la paternité dans la Genèse, on demeure comme travaillé de l'intérieur par ce texte dont Ricoeur disait avec raison qu'il "donne à penser". Les noeuds familiaux, l'apprentissage de la chasteté parentale, qui pousse Dieu à conduire Abram hors de la relation auto-centrée de son père et qui n'aboutira qu'au bout de la 4ème génération au pardon demandé par Juda à Joseph, est un long chemin, qui dépasserait les courts billets de ce blogue. Cela fait rejaillir, un peu comme une contre-figure, cette personnalité unique du Christ, qui n'est pas quant à lui auto-centré mais tout tendu, "à une distance infinie de lui-même"(pour reprendre cette expression de Maurice Zundel).
Dans le "désintéressement personnel de la pure recherche de la gloire de Dieu par Jésus, s'incarne d'une manière dense et personnelle unique toutes les paroles de Dieu adressée au monde; c'est ainsi" nous dit Balthasar "que cet homme totalement désintéressé et pleinement unique peut assumer personnellement une oeuvre intéressant toute l'humanité : l'oeuvre de la réconciliation du monde avec Dieu sur la Croix, attestée comme pleinement accomplie par Dieu dans la résurrection de Jésus." (1)
Nous sommes loin de cette dimension là, tout empêtré que nous sommes des liens intérieurs qui nous retiennent autour de notre "Moi".
(1) Urs von Balthasar, ibid DD 2,2 p. 334
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