En quoi l'homme peut-il être à l'image de Dieu. Cette notion est complexe et j'y ai d'ailleurs consacré plusieurs chapitres d'un livre que je cherche en vain à éditer (sans commentaires). Mais si ma réflexion part de l'approche sponsale de Gn ("Homme et femme ils les créa...), je pense que la véritable dimension trinitaire de l'homme est bien plus vaste. C'est ce que nous explique Balthasar, dans un texte complexe mais qu'il vaut la peine de méditer "à petit pas" : "L'esprit créé doit sortir d'une possession de soi la plus intime, irréfléchie (memoria) et s'opposer à lui-même pour se saisir (intellectus) et par là aussi finalement s'affirmer par amour (voluntas). Le triple pas se produit au sein du même être spirituel, et il est par là un image de la vie intérieure de l'unique Esprit divin ; mais il enferme en même temps l'esprit créé en lui-même ; il ne peut donc pas montrer comment se réalisent la véritable objectivation et le véritable amour, qui visent toujours l'autre. C'est pourquoi l'image de Dieu doit se trouver aussi dans le mouvement opposé de l'esprit, qui le force à sortir de lui-même : du Je au Toi, et au fruit de la rencontre, que celle-ci soit la rencontre sexuelle de l'homme et de la Femme (le fruit peut alors être l'enfant, mais aussi, au delà, un fruit intéressant tout l'humain, qui dépasse la sexualité) ou une autre rencontre dans laquelle le Je se donnant au Toi, deviens pour la première fois lui-même, tout deux se réalisant dans un nous, dépassant la recherche du Je. Ce n'est que dans un tel dépassement que se produit la première image, immanente à l'esprit et puisque ces dépassements sont innombrables dans la société humaine, ils brisent toujours ainsi le modèle clos (par exemple d'un mariage) et forment de nombreux mouvements recoupant comme des vagues."
Je trouve cette image très belle, parce qu'elle élargit encore plus la notion d'image et en même temps elle la relativise. Nous sommes à l'image de Dieu quand nous parvenons à vivre une véritable relation ouverte et féconde, mais notre petite épiphanie, constitue avec d'autres une immense tapisserie, que l'on ne peut percevoir, comme le disait saint Augustin, qu'en prenant de la distance. Toutes ces lueurs d'amour sur terre, éclaire le monde de l'intérieur. C'est le fourmillement de Dieu qui s'incarne dans nos mains et nos coeurs.
Nous sommes les fourmis de Dieu. Mais la métaphore a ses limites, car nous restons des êtres libres et ce n'est que scintillement, à l'image des étoiles qui reflètent à leur manière, la beauté d'une création vivante et agissante.
(1) Urs von Balthasar, ibid DD 2,2 p. 416
2 commentaires:
Ce passage de Balthasar est d'une profondeur inouie parce-que touchant à LA réalité de la réalité de l'homme .Il nous rappelle que sans dépossession profonde de lui-même (de son ego) sans dépassement dans LA rencontre(totale) de l'autre,il lui est carrément impossible de se trouver "SOI"-même,à savoir l'image même Du Dieu Trinité imprimée au plus profond de lui;il lui est carrément impossible de vivre ces retrouvailles avec Lui-même au-delà de lui-même dans ce mouvement d'Amour, ce mouvement même qui circule en Permanence entre les Trois personnes de La Trinité sans jamais "s'arrêter"à l'une ou à l'autre.
Saint-François d'Assise et Mère Teresa l'ont exprimé à leur façon en disant:
"C'est en se donnant que l'on se trouve,c'est en s'oubliant que l'on se retrouve Soi-même"
Puisse les apôtres du nouvel-âge et notre psychologie moderne centrant l'homme sur son nombril ,en prétendant lui faire trouver le bonheur, méditer sur cette réalité!
Seigneur,par Ta grâce ,fais-moi "sortir"de moi-même un peu plus chaque jour.
Merci pour tes encouragements que je ne découvre que tardivement.
Claude
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