Est-ce un anthromorphisme que de croire que Dieu n'est qu'amour. Lecteur assidu de Varillon et de l'excellent ouvrage, "Joie de croire, joie de vivre", j'ai toujours apprécié son affirmation qui mettait l'amour au centre de notre vision de Dieu. Dieu n'est qu'amour, affirme-t-il.
Visiblement Balthasar prend des distances avec cette lecture (en l'occurence à propos de Berdiaev).Il affirme en effet "qu'oter à Dieu sa liberté c'est lui oter sa toute-puissance au profit d'une bonté pure" (1). On tomberait pour lui dans une vision gnostique qui verrait une "tragédie en Dieu".
Certes Dieu est miséricorde, et notre volonté de voir chez lui un Dieu de justice peut être aussi entâchée d'un sadisme propre. N'y a-t-il pas en effet dans notre vision d'un Dieu qui punit, dans notre vision de la colère de Dieu, la transposition de notre propre colère. Je reste persuadé que la clé de ce paradoxe est dans la parabole du bon grain et de l'ivraie. Il y a un temps pour tout. Et si Dieu est miséricorde face à notre liberté finie, cela ne l'empêche pas d'être juste, au delà de notre espace de liberté.
Il me semble qu'il faut pour le moins se laisser interpeller par cette divergence. Mais répondre maintenant serait probablement prématuré. La relecture de Rahner, Moltmann, Girard qui va suivre va nous conduire plus loin dans cette interpellation. Laissons nous en tout cas travailler par ces interpellations.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique divine ibid DD 2, 3 p. 131
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