Quand on commence à rêver du moi comme absolu (ce à quoi notre absolutisation de la liberté peut amener) on peut aller jusqu'à une réduction de la transcendance en un anthropocentrisme qui peut aller jusqu'au fanatisme, l'anarchie ou le terrorisme destructeur. Je deviens "maître de Dieu" en faisant de moi son instrument. On perçoit la peut-être, également les limites d'une absolutisation du don qui conduirait à la perte de l'individu comme fils. C'est le chemin du kamikaze.
Dieu n'est pas moi, et s'il est en moi, ce n'est que parce que je reste rattaché à la vigne. Si je me coupe de la source, je deviens un baton sec et noueux qui ne porte plus que le fruit de la violence qui demeure en moi quand l'amour s'est évaporé de moi...
Pour Balthasar, cela peut conduire à une désincarnation, une fuite hors du temps et du présent. On reste alors soit dans l'intemporel (si l'on choisit le plan vertical) soit dans l'avenir si l'on se projette sur l'horizontal, que ce soit vers le surhomme ou la future société sans classes. On dérive ainsi vers le boudhisme ou le marxisme qui nie le présent.
"Pour échapper à la démesure du moi, l'homme, cette image du Logos a été conçu dès l'origine en vue du dialogue ; donc toute recherche de sens qui le replie sur lui-même ne peut que le détruire" (1)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique divine ibid DD 2, 3 p.127
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