
(1) Christoph Théobald , Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 398sq
(2) cf. sur ce point ma deuxième édition du Mendiant et la brise, où j'ai ajouté une petite méditation très personnelle sur le tressaillement...
Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
Mettons nous à la place de Matthieu, alors que son peuple vient d'être massacré par les Romains. Tout ce qui faisait son bonheur, Jérusalem, le Temple, sa famille, tout est détruit. Que dirions nous dans un tel contexte à ceux qui nous entourent ? Dirions nous, ne vous inquiétez pas, vivez dans l'espérance d'un bonheur pour tous. Non !
Matthieu cherche l'essentiel. Et l'essentiel c'est d'aimer. À ceux qui cherchent avant tout l'amour des frères il promet le règne de Dieu. Il vend l'espérance de temps meilleur, du Royaume annoncé par Jésus. À ceux qui rejettent le message, il ne promet rien. Ils n'auront rien de mieux que ce qu'ils viennent de vivre, l'enfer déjà là, l'enfer qu'ils viennent de subir.
Lire Matthieu comme cela ne doit pas étouffer ce que le Christ a enseigné de la miséricorde. Luc 15 et le Dieu qui court après l'homme pour se convertir n'est pas un rêve, mais Matthieu ne peut effacer les images de désolation.
Les textes qui précédent l'Évangile d'aujourd'hui adoucissent d'ailleurs les propos de Mathieu
Ez 34, 11-12.15-17
Parole du Seigneur Dieu : Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité. C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice. Et toi, mon troupeau, déclare le Seigneur Dieu, apprends que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs.
PSAUME22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
Le Seigneur est mon berger :je ne manque de rien.Sur des prés d'herbe fraîche,il me fait reposer.Il me mène vers les eaux tranquilleset me fait revivre ;il me conduit par le juste cheminpour l'honneur de son nom.Si je traverse les ravins de la mort,je ne crains aucun mal,car tu es avec moi :ton bâton me guide et me rassure.Tu prépares la table pour moidevant mes ennemis ;tu répands le parfum sur ma tête,ma coupe est débordante.Grâce et bonheur m'accompagnenttous les jours de ma vie ;j'habiterai la maison du Seigneurpour la durée de mes jours.
1Co 15, 20-26.28
Le Christ est ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.
Source AELF
Pour aller plus loin :
- Dieu n'est pas violent
- Chemins de miséricorde
La question posée par Christoph Théobald est essentielle. Qui est le sujet de nos célébrations ? Est-ce le prêtre venu parfois de l'extérieur au service d'une paroisse rendue passive ou est-ce la communauté elle-même « sujet collectif qui l'accueille pour qu'il la préside au nom du Christ(1) ». Derrière cette question se trouve l'enjeu de la refondation d'une unité véritablement sacramentelle de nos communautés, une pastorale de l'engagement et de la responsabilité sans tomber dans le double écueil du cléricalisme ou de l'excès d'autonomie des laïcs. Au milieu, la place du diacre est-elle de trancher d'un côté ou de l'autre ou d'avoir toujours en tension l'idée d'être un entre-deux qui favorise la prise de conscience de la dynamique sacramentelle de la communauté.
(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 323sq
Après un long plaidoyer sur l'agir, Blondel en vient au cœur de notre sujet sur l'immanence : Il faut, pour lui, « rechercher s'il n'y a pas un mouvement initial qui persiste toujours, qu'on aime et qu'on veut, même quand on le renie ou quand on en abuse » (1).
C'est la peut-être le creuset de ce que je cherche à définir comme tressaillement, cette interaction fragile entre l'homme et l'auto-communication d'un Dieu agenouillé.
Ce mouvement est-il la symphonie du Dieu trine qui, dans le creuset de notre coeur, nous invite à danser une partition nouvelle ?
(1) Maurice Blondel, l'Action, Paris, Felix Alcan, éditeur, 1893, page XX de l'introduction.