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Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
15 septembre 2017
A l'ombre de la croix - Notre dame des douleurs
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14 septembre 2017
Croix glorieuse, croix lumineuse
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En ce jour de la Croix glorieuse, alors que l'Église nous donne à contempler la kénose (Ph. 2,7) et le signe élevé sur le monde (Nb 21 et Jn 3) regardons celui qui s'est anéanti pour notre salut.
13 septembre 2017
Coruscation
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Alors le chemin qui a conduit Moïse d' Exode 3 à Exode 34 prend fin et notre visage peut rayonner de sa grâce (3)
(1) sainte Thérèse d'Avila, Le château intérieur, premières demeures, chap. 1, cité par François Cassingena-Trévédy, op. Cit. p. 112
(2) François Cassingena-Trévédy ibid. p. 118
(3) cf. Le chemin du désert et Dieu n'est pas violent, une lecture d'Exode.
12 septembre 2017
Dialogismois vs Dia-Logos
C'est tout le combat intérieur de la prière qui est en jeu.
Toutes ces pensées, doit-on les refouler, comme il le suggère, ou les mettre en lumière, les exposer à la lumineuse clarté du ressuscité qui seul peut nous permettre d'en déjouer les ruses ?
C'est le travail intérieur du "courant d'air", de la "brise", du "vent de l'Esprit".
Tâche impossible à l'homme seul, mais possible auprès de Dieu
(1) François Cassigena-Trévédy ibid. p. 104ss
10 septembre 2017
Comme cette eau se mêle au vin
"Comme cette eau se mêle au vin", puissions-nous, par l'effort de nos vies, être admis au mystère de sa danse eucharistique. Puisons donc aux puits où Dieu nous attends, allons remplir nos jarres (cf. Jn 3) de l'effort de nos vies, et laisser Dieu "diviniser ce que nous avons humanisé" (1).
Du geste du serviteur qui mêle l'eau de l'humanité au vin (qui nous attend comme le fleuve jaillissant du coeur du Christ) jusqu'à la présentation finale du corps et du sang, par le diacre, s'est ouvert la porte de Dieu au monde et l'eau vive du Mendiant d'amour jailli à nouveau de son sein transpercé, pour rejoindre dans une danse éternelle, l'humanité souffrante. Alors, en ayant creusé en nous le désir de recevoir son Corps, nous ouvrons en nos corps, la porte au vent de l'Esprit, jusqu'à ce que ce grand courant d'air balaye en nous toutes peurs et toutes adhérences au monde, et nous emporte enfin dans sa danse,
(1) François Varillon, Joie de vivre, joie de croire.
09 septembre 2017
Fuites et croix 2 - Hans Urs von Balthasar
L'enjeu est ici l'incarnation mais plus encore. Hans Urs von Balthasar affirme même qu'à la différence de toutes les religions le christianisme apporte sur la souffrance et la mort un autre regard : "la souffrance et la mort sont la preuve suprême que Dieu est amour"(2).
On conçoit qu'à partir d'ici puisse se dérouler une théologie de la croix qui dans toutes sa dimension anthropologique peut prendre sens. C'est là où Najila nous conduit... Une théologie qui s'orient sur la vie, sur l'homme souffrant, jusqu'à cette kénose du père devant la croix.
Najila nous mène aussi vers une contemplation de la double kénose (3), celle où le Christ et l'Esprit "danse" pour inviter l'homme à la danse.
(1) Hans Urs von Balthasar, A propos de mon œuvre, p. 100-101.
(2) Hans Urs von Balthasar Épilogue p. 25-26.
(3) Georges Njila Jibikilayi, ibid.
08 septembre 2017
Ouvre ta porte
Le Mendiant et le Courant d'air - François Cassigena-Trévédy
(1) François Cassigena-Trévédy, pour toi, quand tu pries, op. Cit. p. 98
(2) cf. dans la même ligne ma "danse trinitaire" in A genoux devant l'homme et mon roman : le mendiant et la brise, dont le titre est directement inspiré de cette citation
Agonisez pour entrer - Luc 13, 24
07 septembre 2017
Double fuite et médiation de la Croix
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Il fonde ici un lieu de dialogue intéressant. À méditer.
(1) Georges Njila Jibikilayi, op. Cit p. 286ss
06 septembre 2017
Dynamique sacramentelle et pneumatologie dialogale
Il cite D. Mollat à propos des premiers chrétiens comme "cette communauté contagieuse parce qu'animée de la vie divine" en écho avec la "contagion du témoignage-langage" chez Hans Urs von Balthasar(2).
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Il y a là pour moi une véritable pastorale d'engendrement au sens donné par Bacq/Theobald.
(1) Georges Njila Jibikilayi, La triple exégèse de la révélation chez Hans Urs von Balthasar, principe fondamentaux de la théologie du témoignage et implications théologiques sur le discours christologique africain, L'Harmattan, 2012, p.279
(2) Hans Urs von Balthasar, l'heure de l'Église, p. 24-25
(3) Georges Njila, ibid.
05 septembre 2017
De tressaillement en tressaillement -3 Diadoque de Photicé
Nous devons à Diadoque de Photicé, évêque du 5ème siècle, ce beau texte sur le don particulier fait à l'homme lors de son baptême (voir tag). Il nous alerte néanmoins sur ces failles qui cachent la lumière intérieure : "Des profondeurs mêmes de notre cœur nous sentons comme sourdre le désir divin, quand nous nous souvenons ardemment de Dieu. Mais alors les esprits mauvais sautent dans les sens corporels et s'y cachent, profitant du relâchement de la chair... Ainsi donc, notre entendement, selon le divin apôtre Paul, se réjouit toujours de la loi de l'Esprit (Rm 7,22). Mais les sens de la chair veulent se laisser emporter sur la pente des plaisirs... « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas reçue » (Jn 1,5)... : le Verbe de Dieu, la vraie lumière, a jugé bon de se manifester à la création dans sa propre chair, en allumant en nous la lumière de sa connaissance divine dans son incommensurable amour de l'homme. L'esprit du monde n'a pas reçu le dessein de Dieu, c'est-à-dire ne l'a pas connu... ; pourtant le merveilleux théologien, l'évangéliste Jean ajoute : « Il était la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant dans le monde... Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a pas connu. Il est venu dans ce qui était à lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (v.10-12)... Ce n'est pas de Satan que l'évangéliste dit qu'il n'a pas reçu la vraie lumière, car dès le commencement il lui est étranger puisqu'elle ne brille pas en lui. Mais il stigmatise justement par cette parole les hommes qui entendent les puissances et les merveilles de Dieu mais qui, à cause de leur cœur enténébré, ne veulent pas s'approcher de la lumière de sa connaissance." (1)
(1) Diadoque de Photicé, Cent chapitres sur la connaissance, 78-80, dans La Philocalie (trad. Bellefontaine 1987, t. 8, p. 159 rev.)
03 septembre 2017
De tressaillement en tressaillement - 2, de Jérémie à Augustin
Mais [ta Parole] était comme un feu brûlant dans mon cœur,
elle était enfermée dans mes os.
Je m'épuisais à la maîtriser,
sans y réussir. (Jr 20, 7-9)
Seigneur, mon Dieu !
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
Mon âme s'attache à toi,
ta main droite me soutient."(Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9)
à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –,
en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu :
c'est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte.
Ne prenez pas pour modèle le monde présent,
mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser
pour discerner quelle est la volonté de Dieu :
ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire,
ce qui est parfait." (Rm 12, 1-2)
On peut alors entendre d'une manière nouvelle ce que le Christ nous demande, jusque dans notre coeur, au plus profond de notre corps, devenir des icônes vivantes du Christ crucifié, porter sa Croix comme l'étendard fragile d'un coeur qui tressaille pour son Dieu: « Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même " : "En ce temps-là,
souffrir beaucoup de la part des anciens,
des grands prêtres et des scribes,
être tué, et le troisième jour ressusciter.
Pierre, le prenant à part,
se mit à lui faire de vifs reproches :
« Dieu t'en garde, Seigneur !
cela ne t'arrivera pas. »
Mais lui, se retournant, dit à Pierre :
« Passe derrière moi, Satan !
Tu es pour moi une occasion de chute :
tes pensées ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes. »
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut marcher à ma suite,
qu'il renonce à lui-même,
qu'il prenne sa croix
et qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra,
mais qui perd sa vie à cause de moi
la gardera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il
à gagner le monde entier,
si c'est au prix de sa vie ?
Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ?
Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges
dans la gloire de son Père ;
alors il rendra à chacun selon sa conduite. »
Tout le monde aime à s'élever en gloire, mais l'humilité est la marche à gravir pour y arriver. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi ? Tu veux donc tomber au lieu de monter ? Commence par cette marche : déjà elle te fait monter. Les deux disciples qui disaient : « Seigneur, accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume », ne prêtaient aucune attention à ce degré d'humilité. Ils visaient le sommet et ne voyaient pas la marche. Mais le Seigneur leur a montré la marche. Eh bien, qu'a-t-il répondu ? « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire (Mc 10,37-38) ? Vous qui désirez parvenir au faîte des honneurs, pouvez-vous boire le calice de l'humilité ? » Voilà pourquoi il ne s'est pas borné à dire d'une manière générale : « Qu'il renonce à lui-même et qu'il me suive », mais il a ajouté : « Qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ».
02 septembre 2017
Ferme ta porte
"Il faut avoir fermé la porte pour que l'orbe du regard divin embrasse notre coeur, pour que là, dans le rigoureux Ad intra, s'esquissent les premiers pas d'une danse sans témoins" (1)
Clin d'œil à nouveau que cette évocation de la danse. Comme ce bruit d'un fin silence qui n'est autre que le chant des anges qui nous invitent à une ronde.
(1) François Cassingena-Tréverdy, op. Cit. p. 78
La porte et le vase
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Courir ensuite, l'amphore à la main, pour recueillir le précieux don.
Danser en suite, au clair de lune, dans la joie des noces éternelles.
(1) D'après François Cassingena-Tréverdy, ibid. p. 84ss
01 septembre 2017
Ascèse et danse
Mes lecteurs habitués souriront à l'évocation de la danse, tant elle est fréquente sous ma plume. Je suis heureux de trouver l'expression chez notre moine de Ligugé. La danse est ecclésiale...
(1) François Cassingena-Treverdy, ibid. p. 72
31 août 2017
Au coeur de l'homme -Saint Macaire
« Que l'âme rassemble ses pensées dispersées (...) comme si elle rassemblait des enfants qui folâtrent. Qu'elle les ramène à la maison de son corps, et qu'elle attende toujours le Seigneur dans le jeûne et l'amour, jusqu'à ce qu'il vienne et la recueillDéfrichez pour vous ce qui est en friche, ne semez pas dans les ronces !04 Soyez circoncis pour le Seigneur, enlevez le prépuce de votre cœur, gens de Juda et habitants de Jérusaleme véritablement... Si notre cœur ne s'enfle pas, si nous n'envoyons pas nos pensées pâturer dans les prés aux herbes folles du péché, mais si, au contraire, nous élevons notre esprit et conduisons nos pensées en présence du Seigneur par une fervente volonté, alors, dans son bon vouloir, le Seigneur viendra certainement en nous et nous unira vraiment à lui...
Empresse-toi donc de plaire au Seigneur, attends-le sans cesse dans ton cœur, cherche-le par tes pensées, incite ta volonté et tes sentiments à tendre à tout instant vers lui. Tu verras alors comme il vient à toi et comme il fait en toi sa demeure." (1)
Comme le précise Jérémie, il nous faut pour cela "défrichez ce qui est en friche, (...) être circoncis pour le Seigneur, enlevez le prépuce de notre cœur" (Jérémie 4, 3-4)
L'enjeu est de creuser en nous ce désir, pour faire de notre corps le temple de son corps, pour devenir les instruments de son amour et danser la danse trinitaire.
(1) Attribué à Saint Macaire d'Égypte, Homélie 31 ; PG 34, 728 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 24), source : Évangile au quotidien
30 août 2017
Beauté intérieure et tressaillement - Saint Grégoire de Nysse
29 août 2017
Tressaillement et splendeur
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entrer dans la transe trinitaire, prélude à la danse des anges.
"Ne savez vous pas que votre corps est un temple ?" (1 Co 3, 16).
En entrant dans notre corps nous reconcilions ce pour quoi nous avons été créé.
(1) cf. François Cassinga-Trévédy, Pour toi quand tu prie, op. Cit. p. 65
(2) Maxime le Confesseur, Mystagogie, 6, PG 91, 684
28 août 2017
Distance et proximité divine -Saint Augustin d'Hippone
26 août 2017
Les deux humilités
« Qui s'abaissera sera élevé ». Mt 23, 12
Le texte d'aujourd'hui nous invite à l'humilité. Mais celle-ci n'est pas accessible par notre seule volonté. Elle exige un déplacement intérieur où notre triple tentation de pouvoir, de vouloir et d'avoir doit se laisser mettre de côté en remettant Dieu au centre. Chemin de désert que ce pas de côté pour accéder aux dénuements de nos désirs humains et vivre pour autrui et auprès de Dieu (cf. Mt 19).
Écoutons et contemplons sur ce chemin la voie d'Isaac le Syrien :"Il y a une humilité qui vient de la crainte de Dieu, et il y a une humilité qui vient de Dieu lui-même. Il y a celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, et il y a celui qui est humble parce qu'il connaît la joie. L'un, celui qui est humble parce qu'il craint Dieu, reçoit la douceur dans son corps, l'équilibre des sens et un cœur brisé en tout temps. L'autre, celui qui est humble parce qu'il connaît la joie, reçoit une grande simplicité et un cœur dilaté que rien ne retient plus." (1)
Je suppose que la deuxième est plus encore le don de Dieu aux simples. Elle se trouve dans ces "fêlés pour Dieu" que l'Arche côtoient avec tendresse.
(1) Isaac le Syrien, Discours 58, 1ère série (trad. Touraille, DDB 1981, p. 313, cité par Évangile au quotidien.
21 août 2017
Les psaumes comme don de Dieu - Divino Afflatu - Saint Pie X
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(2) cf. Chemins de priere et Lire l'Ancien Testament, tome 3
(3) Saint Pie X, Divino Afflatu, par. 1 et 2, 1911, source AELF et https://w2.vatican.va/content/pius-x/la/apost_constitutions/documents/hf_p-x_apc_19111101_divino-afflatu.html
18 août 2017
Des grandes eaux à la source : l'entonnoir ?
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C'est un fleuve immense qui se cache derrière la source fragile (cf Ez 47, 1).
Tout cela est comparable à un grand entonnoir qui de l'abondance des dons ne conserve que l'essentiel.
Tenons nous, comme l'évoque Bonaventure, debout, l'amphore à la main pour recueillir le don de Dieu.
Venons nous abreuver à la source.
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15 août 2017
De tressaillement en tressaillement - Assomption
Ce que Marie a vécu dans sa chair préfigure des déplacements qui nous attendent jusqu'à l'espérance de la résurrection.
En cela, Marie est mère de l'Église.
Si Dieu a habité et traversé sa chair dans la douleur, c'est pour ouvrir en nous le sillon du Verbe.
14 août 2017
Instruments de la grâce - Saint Maximilien Kolbe
Si Dieu se manifeste en nous dans un tressaillement ineffable, c'est pour nous conduire à sa manière vers la prise de conscience progressive que les pas de Dieu vers l'homme ne sont qu'une invitation à danser les pas de Dieu.
Le chemin ultime est de percevoir, à l'image du dialogue de Pierre en Jn 21, que notre amour n'est que philen face à l'agape et que la ceinture que notre Seigneur prépare pour nous est le joug facile à porter de l'amour véritable, celui où Dieu nous conduit pour manifester sa grâce et in fine sa gloire.
Nous sommes les signes imparfaits du don parfait.
" Si nous nous consacrons à Dieu, nous devenons entre ses mains des instruments de la miséricorde divine, tout comme elle-même entre les mains de Dieu. Laissons-nous donc diriger par elle, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses." (1)
(1) Saint Maximilien Kolbe, lettre, source AELF
11 août 2017
Nom, gloire, sainteté et grâce - circumincession
Balthasar reprend deux fois dans deux pages consécutives le terme de circumincession à propos du lien entre sainteté et gloire (p. 60) et du nom et de la gloire (p. 61). Ce terme de Circumincession dont l'origine remonte, comme la démontré Emmanuel Durand, aux pères de l'Église, recouvre un concept que j'ai traduit comme une "danse trinitaire" dans un livre éponyme.
Pourquoi parler de danse à partir de sainteté, de gloire et de nom ? Probablement parce que la sainteté touche au Fils, la Gloire au Père et le nom à l'Esprit, en tant que révélation de la nature de Dieu dans l'histoire du peuple de Dieu, au gré des théophanies de l'Ancien Testament. Il y aurait un lien et une danse entre ces manifestations de Dieu, qu'elles soient visibles ou cachées, révélées ou implicites. Dans ces dynamiques se révèlent la dynamique divine : "La grâce consistant à pouvoir connaître le nom de son Dieu, Israël la comprenait comme un gage de la présence de ce Dieu, un peu comme un sacrement, comme la présence eucharistique du Christ dans la Nouvelle Alliance" (1).
La danse de Dieu vers l'homme s'est faite dans cette pédagogie divine de la révélation vétéro-testamentaire où Dieu se dit et se cache, se manifeste et se retire pour préparer la venue oxymorique d'une gloire souffrante et sainte. Les pas de l'AT se déchiffre dans le langage de la Croix.
Et pour autant il serait faut de parler uniquement de silence, tant la Gloire de Dieu se manifeste déjà par bien des manières à l'homme qui ne passe à côté des révélations de la grâce divine qu'en raison de son aveuglement. "Tu étais là et je ne le savais pas" (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3 Théologie, Ancienne Alliance, p. 61
(2) Augustin d'Hippone, Confessions, chap. VIII
Le reste - porte d'espérance
10 août 2017
Le ministre du sang
On s'interroge souvent sur la symbolique du geste du diacre lors de l'anamnèse. Pourquoi présente-t-il le calice à la foule ? Une des clés de réponse est à trouver entre les lignes chez Ambroise de Milan dans le récit fu martyre de Laurent, diacre de l'évêque Sixte : "Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre ! ... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »... Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... » Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Église. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : 'Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif." (1)
(1) Saint Ambroise, Des Offices des ministres I,84 ; II,28 ; PL 16,84 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 468)
04 août 2017
Le chemin vers Dieu
Sur les chemins de Dieu notre chemin n'est pas tracé. Il ne cesse de deconstruire nos propres certitudes, jusqu'à nous conduire au silence intérieur où il nous parle enfin : " Il faut courir après Dieu, de ruine en ruine, à travers les éboulements successifs des images et des idées que nous nous faisons de Lui » (1)
(1) Gustave Thibon, L'expérience de Dieu, p.76, cité par Bertrand Revillon sur RND dans "Et Dieu dans tout ça"
30 juillet 2017
Les trois tentes
Faisons trois tentes (Mt 17, 4). Pourquoi ne pas mettre ces trois tentes de la Transfiguration en perspective, comme nous y invite François Cassingena-Trévédy, dans un mouvement descendant puis ascendant. Partir du monde, vers l'Église jusqu'à notre corps pour rentrer en nous mêmes, trouver le temps du tressaillement intérieur, du corps à coeur, avec Dieu, pour repartir ensuite vers l'Église et le monde.
(1) op Cit p. 49
25 juillet 2017
Lecture ouverte - Marie Balmary
Dans l'émission de Radio Notre-Dame "et Dieu dans tout ça" j'écoutais avec plaisir Marie Balmary, Sophie Legastelois (1) et Bertrand Revillon commenter leurs manducation de la Parole.
Trois perles :
1. Quand le Christ dit ceci est mon vin, ils ont tous bu. Idem pour le pain. Cela ouvre à une autre méditation de la chair du Christ.
2. De même, traduire à partir du grec, non pas impossible aux hommes, mais possible près de Dieu. Une révolution de perpective...
3. Saint Bernard : Dieu ne parle pas à ceux qui sont à l'extérieur d'eux-mêmes.
(1) cf. Ouvrir le Livre : Une lecture étonnée de la Bible Format Kindle
de Marie Balmary (Auteur, Avec la contribution de), Sophie Legastelois (Auteur, Avec la contribution de)
24 juillet 2017
Exode et apocalypse
Il y a une dimension apocalyptique à la poursuite des Hébreux par l'armée de Pharaon. Loin d'une lecture historique fragile, il nous faut contempler le récit comme celui d'une lutte extérieure ou intérieure avec les forces du mal qui nous entourent.
Alors peut résonner ce "ne craignez pas" que l'on trouve autant de fois dans la Bible que de jour de semaines: 365(1) fois.
Et ce cri est la réponse quotidienne de Dieu à nos soucis. Il est le grand vainqueur. L'oublier c'est nier sa divinité.
(1) source Pray as you go
22 juillet 2017
Tressaillement et embrasement
Saint Grégoire le Grand, dans son commentaire de Jean 20 nous emmène loin sur le thème du buisson ardent : " il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l'âme de cette femme [Marie Madeleine] ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l'avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'était pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité" (....)"Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt Rabboni, c'est-à-dire maître, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher." (1)
"J'ai trouvé celui que mon coeur aime", chante en écho le cantique.
La quête extérieure est intérieure. Augustin parlera de ce qui était là et qu'il ne connaissait pas(2). Auto communication du Verbe (3) au creux de nos reins, Tressaillement de l'infini en nous qui se révèle comme un buisson ardent (Ex 3) qui ne se consume pas.
(1) Saint Grégoire le Grand, commentaire de l'Évangile de Jean, source AELF
(2) Confessions 9
(3) pour reprendre l'idée de Karl Rahner
19 juillet 2017
Dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan
Une belle méditation sur la dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan :
"Dans le baptême trois témoins qui se rejoignent en un seul témoignage : eau, le sang et l'Esprit. Car, si tu en retires un seul, le sacrement de baptême disparaît. Qu'est-ce que l'eau, en effet, sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire, sans aucune portée sacramentelle. Et de même, sans eau il n'y pas de mystère de la nouvelle naissance, car personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Le catéchumène croit, lui aussi, en la croix du Seigneur Jésus, dont il a reçu le signe, mais s'il n'a pas été baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il ne peut recevoir le pardon de ses péchés ni accueillir le don de la grâce spirituelle. (...)
Le paralytique de la piscine de Béthesda attendait un homme. Lequel, sinon le Seigneur Jésus, né de la Vierge ? Avec sa venue, il n'y avait plus seulement une préfiguration qui guérissait quelques individus, mais la vérité qui guérissait tous les hommes. (...)
Ne considère pas le mérite personnel des prêtres, mais leurs fonctions. Et si tu tiens compte du mérite, de même que tu estimes Élie, tiens compte des mérites de Pierre ou de Paul : c'est eux qui nous ont transmis ce mystère qu'ils ont reçu du Seigneur Jésus. Un feu visible leur était envoyé pour qu'ils croient pour nous qui croyons, c'est un feu invisible qui agit. (...) Crois donc que le Seigneur Jésus est là, invoqué par la prière des prêtres, lui qui a dit : Quand deux ou trois sont réunis, je suis là, moi aussi. À plus forte raison, là où est l'Église, là où sont les mystères, c'est là qu'il daigne nous accorder sa présence.
Tu es donc descendu dans le baptistère. Rappelle-toi ce que tu as répondu que tu crois au Père, que tu crois au Fils, que tu crois en l'Esprit Saint. Tu n'as pas à dire : Je crois en un plus grand et en un moins grand et en un dernier. Mais, par un même engagement de ta parole, tu es tenu de croire au Fils de la même manière que tu crois au Père, de croire en l'Esprit Saint de la même manière que tu crois au Fils, avec cette seule différence que tu confesses devoir croire en la croix du seul Seigneur Jésus." (1)
(1) Ambroise de Milan, Traité sur les mystère, source AELF
Pour une lecture spirituelle
(1) Cours au Bernardins, ibid.
(2) cf. notamment de Lubac, Exégèse médiévale.
07 juillet 2017
Kérigmes comparés
"C'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné le nom", dit Philippiens 2. Dans la danse kénotique se dévoile aussi le fait que Dieu ne fait pas de nous des serviteurs mais des amis (cf. Jn 15, 15).
La soumission chrétienne est danse.
(1) conférence de novembre 2016 aux Bernardins
29 juin 2017
Chemins de miséricorde - bouddhas de compassion
En écoutant la conférence de Gérard Donnadieu (1) sur le bouddhisme je découvre un trait commun qui laisse rêveur tout ceux qui contemplent les pas de Dieu vers l'homme. Les bouddhas de compassion du grand véhicule chinois ou japonais nous font découvrir que nous n'avons pas le monopole de l'incarnation et de la compassion. Qu'en dire ? Sur une lecture étroite on peut s'attacher aux différences. Dans une lecture ouverte, on contemplera les pas divers de Dieu vers l'homme avant de croire à un Dieu plus grand et plus aimant que nous, sans nier ce que le christianisme nous apporte et à quoi il nous conduit. L'ouverture conduit au respect, au dialogue et s'inscrit dans la dimension même de l'élan conciliaire lancé par Gaudium et spes et Nostra Aetate
(1) Éléments pour un dialogue avec l'islam et le bouddhisme (Podcast du College des Bernardins)
Oxymore théologique - Trinité et unicité de Dieu
(1) Éléments pour un dialogue avec l'islam et le bouddhisme (Podcast du College des Bernardins) du 03/11/2106
Une morale vectorielle
L'image de Gérard Donnadieu, reprise dans l'introduction de son cours au Bernardins(1), d'une morale vectorielle m'intéresse tant elle rejoint mes travaux sur la dynamique sacramentelle. Son idée qui rejoint les intuitions du pape est de penser la morale, non comme une série d'interdits mais comme des chemins qui conduisent et appellent l'homme plus loin et plus haut. Il y a là une articulation entre morale et miséricorde qui semble intéressante à travailler.
(1) Éléments pour un dialogue avec l'islam et le bouddhisme (Podcast du College des Bernardins) disponible sur iStores.
25 juin 2017
Tressaillement 2 - Jérémie
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Et je dis :
« Ah ! Seigneur mon Dieu !
Vois donc : je ne sais pas parler,
je suis un enfant ! »
Le Seigneur reprit :
« Ne dis pas : “Je suis un enfant !”
Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai ;
tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras.
Ne les crains pas,
car je suis avec toi pour te délivrer
– oracle du Seigneur. »
Puis le Seigneur étendit la main et me toucha la bouche.
Il me dit :
« Voici, je mets dans ta bouche mes paroles !
Vois : aujourd’hui, je te donne autorité
sur les nations et les royaumes,pour arracher et renverser,
pour détruire et démolir,
pour bâtir et planter. »
24 juin 2017
Tressaillement - Saint Jean et Augustin
"L'Église considère la naissance de Jean comme particulièrement sacrée : on ne trouve aucun des saints qui nous ont précédés dont nous célébrions solennellement la naissance. Nous ne célébrons que celle de Jean et celle du Christ. Ce ne peut être sans motif ; et si peut-être nous n'y voyons pas très clair en raison de la noblesse d'un tel mystère, nous le méditerons cependant de façon fructueuse et profonde.
Jean naît d'une vieille femme stérile ; le Christ naît d'une jeune fille vierge. La naissance de Jean rencontre l'incrédulité, et son père devient muet ; Marie croit à celle du Christ, et elle le conçoit par la foi. Nous vous avons proposé d'en chercher la raison, nous vous avons annonce que nous allions y réfléchir. Mais c'était un simple préambule, et si nous ne sommes pas capables de scruter les replis d'un si grand mystère, faute de capacité ou de temps, vous serez mieux instruits par celui qui parle en vous, même en notre absence, celui à qui vous pensez avec affection, celui que vous avez accueilli dans votre cœur, celui dont vous êtes devenus les temples.
Jean apparaît donc comme une frontière placée entre les deux testaments, l'ancien et le nouveau. Qu'il forme une sorte de frontière, le Seigneur lui-même l'atteste lorsqu'il dit : La Loi et les Prophètes vont jusqu'à Jean. Il est donc un personnage de l'antiquité et le héraut de la nouveauté. Parce qu'il représente l'antiquité, il naît de deux vieillards ; parce qu'il représente la nouveauté, il se révèle prophète dans les entrailles de sa mère. En effet, avant sa naissance, lorsque Marie s'approcha, il bondit dans le sein de sa mère. Là déjà il était désigné pour sa mission, désigné avant d'être né. Il apparaît déjà comme le précurseur du Christ, avant que celui-ci puisse le voir. Ces choses-là sont divines et elles dépassent la capacité de la faiblesse humaine. Enfin a lieu sa naissance, il reçoit son nom, son père retrouve la parole. Il faut rattacher ces événements à leur symbolisme profond. ~
Zacharie se tait et perd la parole jusqu'à la naissance de Jean, précurseur du Seigneur, qui lui rend la parole. Que signifie le silence de Zacharie sinon que la prophétie a disparu, et qu'avant l'annonce du Christ, elle est comme cachée et close ? Elle s'ouvre à son avènement, elle devient claire pour l'arrivée de celui qui était prophétisé. La parole rendue à Zacharie à la naissance de Jean correspond au voile déchiré à la mort de Jésus sur la croix. Si Jean s'était annoncé lui-même, la bouche de Zacharie ne se serait pas rouverte. La parole lui est rendue à cause de la naissance de celui qui est la voix ; car on demandait à Jean qui annonçait déjà le Seigneur : Toi, qui es-tu ? Et il répondit : Je suis la voix qui crie dans le désert. La voix, c'est Jean, tandis que le Seigneur est la Parole : Au commencement était le Verbe. Jean, c'est la voix pour un temps ; le Christ, c'est le Verbe au commencement, c'est le Verbe éternel." (1)
(1) Augustin d'Hippone, Homélie sur la nativité de Jean Baptiste, source AELF
18 juin 2017
Lire les psaumes - Ambroise de Milan
17 juin 2017
Église sacrement
Sur ce point j'ai longtemps glosé sur le fait qu'on considérait que le lavement des pieds n'avait pas besoin d'être identifié comme sacrement puisque l'Église serviteur était le coeur même de sa destination. (2)
(1) L'événement Vatican II op. Cit. p. 245
(2) l'idée est ancienne. Il me semble qu'elle est reprise par Moingt. Je la développe dans plusieurs ouvrages
16 juin 2017
Juridisme, cléricalisme et triomphalisme - Mgr de Smedt
Qu'en est-il 55 ans plus tard ? Les propos du pape au cardinal Ouellet déjà cités ne soulignent pas autre chose. La réception de Vatican II n'est pas terminée.
(1) John W. O'Malley op. Cit. p. 206
(2) p. 215
10 juin 2017
Un discours inductif - 3, nouvelles tendances pour l'Église
09 juin 2017
Un discours inductif - 2
"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur." GS 1 (2).
Elles entrent dans cette contemplation de l'humanité, de cette terre si chère à Bérulle où Dieu se fait chair.
Elles préparent aux versets du par. 16 :". Au fond de sa conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c'est une loi inscrite par Dieu au cœur de l'homme ; sa dignité est de lui obéir, et c'est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. C'est d'une manière admirable que se découvre à la conscience cette loi qui s'accomplit dans l'amour de Dieu et du prochain. Par fidélité à la conscience, les chrétiens, unis aux autres hommes, doivent chercher ensemble la vérité et la solution juste de tant de problèmes moraux que soulèvent aussi bien la vie privée que la vie sociale. Plus la conscience droite l'emporte, plus les personnes et les groupes s'éloignent d'une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité." GS 16.
Nous ne sommes pas là dans une morale culpabilisante ou un jugement a priori sur l'homme, mais bien au coeur d'un travail inductif, c'est-à-dire intérieur qui plonge l'homme dans la danse d'un Dieu agenouillé, d'une inhabitation du Verbe, d'un souffle trinitaire et kénotique. Le Concile croit en l'homme.
08 juin 2017
Panégyrique, épidictique, inductif ou pastoral
Le grand saut du Concile dans le monde de notre temps est de comprendre que les temps ont changé, que le monde n'est plus capable d'entendre des condamnations venues d'en haut, mais est avide de sens. Là est la dimension pastorale.
"Sa façon d'enseigner (...) passe par la suggestion, l'insinuation et l'exemple. Il a pour instrument la persuasion, non la contrainte". (1)
"Il vise la réconciliation (...) crée et encourage la prise de conscience" (...) travaille de l'intérieur vers l'extérieur (...) partage l'espérance et la joie" (2)
(1) L'événement Vatican II, ibid. p. 71
(2) p. 73
07 juin 2017
La véritable autorité
" Le véritable enseignement fuit d'autant plus vivement ce vice de l'orgueil, même en pensée, qu'il attaque plus ardemment par les flèches de ses paroles celui qui est en personne le maître de l'orgueil. Il veille à ne pas mettre en valeur par ses manières hautaines celui qu'il combat avec de saintes paroles dans le coeur de ses auditeurs. Il s'efforce de recommander par ses paroles et de manifester par sa vie l'humilité qui est la maîtresse et la mère de toutes les vertus, afin de l'inculquer aux disciples de la vérité par la conduite plus encore que par la parole.
C'est pourquoi Paul a dit aux Thessaloniciens, comme s'il oubliait la grandeur de sa propre fonction d'Apôtre : Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous. L'Apôtre Pierre disait d'abord : Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous. Et il ajoutait, pour montrer la manière dont on doit enseigner, tout en faisant connaître la doctrine : Mais faites-le avec douceur et respect, en gardant une conscience droite.
Lorsque saint Paul dit à son disciple Timothée : Voilà ce que tu dois prescrire et enseigner avec autorité, il ne lui recommande pas une domination tyrannique, mais cette autorité qui vient de la façon de vivre. En effet, on enseigne avec autorité ce que l'on pratique avant de le professer. Car on manque de confiance pour enseigner, lorsque la mauvaise conscience fait obstacle à la parole. Aussi est-il écrit, au sujet du Seigneur : Il parlait comme un homme qui a autorité, et non pas comme les scribes et les pharisiens. Car il fut le seul, d'une façon unique et primordiale, à parler en vertu d'une parfaite autorité, parce qu'il n'a jamais commis aucun mal par faiblesse. La puissance de sa divinité lui permettait de nous servir ainsi par l'innocence de son humanité." (1)
A méditer
(1) Saint Léon le grand, commentaire du livre de Job, source AELF
06 juin 2017
Une tradition dynamique
"Selon cette définition, précise John W. O'Malley, la tradition n'est pas inerte, mais dynamique" (1).
Je m'amuse à retrouver chez l'Américain cette expression qui est l'une de mes préférés dans mon essai sur la dynamique sacramentelle. Elle est l'enjeu pour moi d'une remise en question pastorale des conditions d'inculturation de la foi, non pour sombrer dans un relativisme tiède, mais parce qu'un travail à la périphérie nécessite une souplesse qui permet de rejoindre au plus près ceux qui n'ont plus accès à la source, à l'image de Celui qui mangeait avec les prostituées et les pécheurs.
Mais l'enjeu n'est pas pour autant de changer pour changer, mais bien un retour aux sources évangéliques, à ce qui fait le coeur de notre agir chrétien, un mouvement qui est proche de ce ressourcement prôné par Congar et Lubac (2)
(1) John W. O'Malley, Vatican II, p. 61
(2) ibid. p. 66
03 juin 2017
Pierre et Jean, commentaire du commentaire d' Augustin
La tension ouverte entre Pierre et Jean est pratique et théorique. Elle entre en écho avec celle de Marthe et Marie, mais plus largement entre dans le cercle qui fait danser écoute, contemplation et action. Sans entrer dans la polémique entre Paul et Jacques ou celle soulevée par Luther, c'est surtout en nous que la tension doit demeurer pour que notre réflexion ne soit pas stérile, que notre contemplation porte des fruits de charité.
Là est notre chemin. Les grandes paroles ne suffisent pas. Si moi même prend plaisir dans les grands discours, ma tâche est ailleurs.
(1) Saint Augustin, Sermons sur l'évangile de Jean, n° 124 ; CCL 36, 685 (trad. Orval)
02 juin 2017
Dialogue, charisme, partenariat et amitié
01 juin 2017
Fidélité et changement
Et en même temps, l'unité de l'Eglise est aussi à maintenir. Une danse ?
John W. O'Malley, L'Évenement Vatican II, Bruxelles, Lessius, 2011, p. 22 et 24
31 mai 2017
Visitation, tressaillements et inhabitation
À contempler.
Ces femmes qui dérangent nos prêtres
Question complexe et projet de réponse caricaturale et discutable : La lecture sexiste et cléricale du sacerdoce féminin pose question. Est-ce parce que la psychologie masculine et les tentations qu'elle sous tend fait craindre à nos pasteurs la présence des femmes à l'autel pour deux raisons inavouables ? : la distraction que le corps de la femme implique sur la concentration spirituelle de nos assemblées, mais aussi un risque de perte de pouvoir, plus souterrain ?
La femme, dans sa sensibilité propre apporterait pourtant un plus à l'Église.
Elle l'apporte déjà à sa manière.
Est-ce qu'en cassant la tradition nous changerions les choses ? L'Église, encore crispée sur des questions de tradition n'est pas prête à faire ce pas. Pourtant il n'empêche pas de s'interroger.
Sur ce point les arguments de Borras semblent insuffisants.
On oublie trop vite la place des femmes dans l'Église primitive. Les premières au tombeau, les diaconnesses sont occultées à dessein, alors qu'un sitz im leben permettrait d'aller plus loin.
Il y aurait intérêt à pousser plus loin l'argumentaire.
À méditer.
Précarité pastorale
L'analyse d'Alphonse Borras dont je viens d'achever la lecture(1) n'est pas d'un optimisme béat. Il rejoint malheureusement mes propres observations sur le terrain et notamment dans deux des trois diocèses que je fréquente. La raréfaction des prêtres comme des fidèles soulève des enjeux que l'on ne peut ignorer. Les solutions proposées par Borras, du 517.2 à l'utilisation de prêtres étrangers n'adressent pas le fond du problème, celui de la remise en route de la dynamique sacramentelle propre et commune des baptisés.
Borras repousse le sacerdoce féminin, n'exclut pas la question du diaconat féminin et prône l'utilisation parcimonieuse et raisonnable des viri probati,
Mon expérience pousserait plus dans les directions de fond proposée par Moingt(2) ou Théobald(3), celle d'une nouvelle évangélisation des fidèles qui met plus l'insistance sur l'évangile que le rite. Cela demande d'adresser le coeur du problème : mon expérience propre est que l'évangile n'est plus au coeur de la foi. Remettre le Christ au centre, par la lecture pastorale et commune des évangiles en maison d'Evangile comme nous tentons de le faire(5) ne porte plus sur des questions de présidence qui semble obséder Borras, mais sur l'inhabitation de l'homme en Christo qui conditionne tout le reste. Les travaux de la nouvelle école d'évangélisation de Versailles va probablement aussi dans ce sens(4). Elle ne vise pas la conversion des autres mais notre propre rapport au Christ. Alors la question du pouvoir n'est plus, car nous n'agissons plus. C'est Christ qui agit malgré nous.
A discuter.
(1) Quand les prêtres viennent à manquer, op. Cit.
(2) cf. L'Évangile sauvera l'Église (voir mes notes sur le tag Joseph Moingt).
(3) cf. ses analyses sur la Pastorale d'engendrement
(4) hommage discret à ma petite soeur....
(5) en lien avec les recherches du diocèse d'Arras. Voir aussi mes travaux sur ce thème.