La symbolique des tours que j'utilise depuis 1996 dans Bonheur dans le couple pour caractériser le non dialogue de deux personnes, trouve chez Balthasar un renfort inattendu.
Pour lui en effet, tout pécheur s'édifie une sorte de bastion contre la vérité authentique et il se retranche dans cette illusion "toujours inquiet de voir la vérité qu'il retient injustement (...) se lancer à l'assaut de ses défenses". ("ceux que la vérité rendait captive" Rm 1, 18). Cette allégorie vient en fait de saint Paul qui l'exploite longuement quand il dit que "ses armes à lui ont, pour la cause de Dieu, le pouvoir de renverser les forteresses. Nous détruisons les raisonnements prétentieux et la toute puissance hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu" (2 Co 10, 4-5)
L'idée n'était pas de moi, mais je ne savais pas qu'elle remontait si loin.... Il est vrai qu'en 1990, j'écrivais un long essai resté inédit qui décrivait l'homme et la femme dans le jardin d'Eden comme deux arbres solitaires. Mais à l'époque, je n'avais pas pleinement compris que le second Adam n'était pas un "troisième arbre dans le jardin", mais plutôt le renversement de cette prétention. A l'opposé des tours de Babel, se tient la croix du serviteur, signe élevé d'une kénose. Le nouvel Adam n'est pas la toute puissance d'un Dieu, mais la toute faiblesse de celui qui refuse le "rang qui l'égalait à Dieu" pour se faire tout amour.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.147
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